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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 11:39


 

Bon, mais qu’est ce qui se passe dans l’univers infini ? 2014, année de toutes les résolutions de crise ?

 

Un ami proche vient de vivre un truc assez spécial, il est venu se confier à moi… sachant que je travaille, comme lui, dans un environnement apparemment porteur de valeurs humaines hautes. Et que j'assiste, tout comme lui, interloquée, à des règlements de compte qui valent leur pesant de cacahouètes en termes de cautionnement de trucs pas trop réglos et de protection de personnes qui manquent à leur devoirs élémentaires, tout en arrivant à éveiller la compassion d'une hiérarchie faible au départ, et aux réserves lentement érodées depuis son entrée en fonction. (Tudieu vidame, une seule phrase pour tout ça... écrivez-moi si vous voulez que je la refasse....)

Il a reçu un avertissement complètement inopiné de sa direction, et a été ainsi désigné comme fauteur de troubles, dans un contexte où il a dévoilé, à bout, une politique de mésinformation qui semble ficeler tous les étages ; et qui tient principalement grâce à la culture du confort personnel de gens tacitement investis de pouvoirs divers, et œuvrant à se tenir à la limite de l’incident diplomatique interne, préservant de multiples petites irrégularités habituellement tolérées dans le contexte de son lieu de travail.

Mais bizarrement, ce n'est pas la mise en cause de la communication qui lui est reproché, mais des broutilles du quotidien, de petites déviances; du genre incident technique isolé qui n'a aucune chance de se reproduire - mais en tous cas ce ne sont pas des comportements répétés à corriger, comme il serait logique de le penser. Un truc sans queue ni tête, un avertissement gratuit, qui ne porte pas à conséquence - mais permet, à peu de frais, de rappeler qui commande. Des montages en épingle grotesques, des assemblages de jacques-et-jean, qu'il a d'abord tenté de démonter posément et avec un sourire vite effacé, devant l'attitude sèche et évitante de son interlocuteur. Avec le recul, il s'est rendu compte que ce n'était probablement qu'une mise en scène de théâtre de faubourg, ridiculement hypertrophiée, une comédie de manifestation d'autorité chancelante et bafouée, destinée à rappeler qui est le maître (parce que Marguerite, on s'en tape). 


On en a parlé de longues heures, naviguant entre la charge émotionnelle et l’habitude que nous avons de nous écouter en nous servant de sage-femme l’un à l’autre, au gré de nos parcours de vie.

 

C’est un homme d’une lucidité extrême, qui voit littéralement, et en technicolor, les trafics d’influences ; mais avec le rien de naïveté qui fait croire trop longtemps qu’il suffit de rester authentiquement dans la recherche de solutions et à se décarcasser pour apporter de la qualité à son travail et de l'aura à l'institution employeuse, jusqu’à ce que l’élément qui se met innocemment en évidence se fasse sévèrement fesser, payant pour ce qu’il dévoile. Et voilà qu’après avoir assisté avec de plus en plus de révolte interne à des manœuvres de protection de personnes incapables mais sachant jouer de leur situation personnelle précaire, ou qu'ils ont soin de dépeindre comme telle, c’est lui qui boit la tasse, parce qu'il déjoue ces stratégies.  

 

Il est solide le gars… il a vu les signes et les symptômes, mais pris dedans jusqu’au cou, il lui a manqué de les formuler – bien conscient finalement qu’il en était capable, mais s’en empêchait jusque là. Car réaliser les tenants et les aboutissants de la toile d’araignée dans laquelle il se débattait l’aurait encollé encore plus dans la confrontation avec ses propres valeurs, le menant plus vite vers la sortie de cet environnement qui lui offre un confort extrême, mais fallacieux ; il semble enfin se résoudre, paisiblement, à donner son sac, pour se préserver. Quitte à retrouver sa liberté de penser, pour ne plus avoir à fermer les yeux sur les maltraitances sournoises, jamais éclatantes, dont il est témoin depuis quelques années: à solliciter continuellement les mêmes personnes pour protéger celles qui démontrent de la faiblesse, les cordes tirées à l'extrême lâchent. 

 

Et en bonne documentaliste, j’ai cherché dans diverses bases de données du domaine psychologique les termes et les descriptions qui pouvaient l’éclairer sur les ressorts compliqués de sa situation.

 

On a trouvé des choses cruelles, en fait : comprendre un bout mène un peu plus loin, toujours un peu plus loin, la pente s’accentue, ça glisse inexorablement vers une sorte de dimension fatale des rapports humains. Car il est question finalement de la capacité à se tenir en équilibre entre ses propres valeurs et la supportabilité d’entrer soi-même dans un comportement maltraitant, pour ne pas perdre un travail aux conditions confortables; dans l’absolu, lui-même se sent cautionner quelques saloperies dont sa conscience a pu s’accommoder - jusqu’à un certain point. Il y nage jusqu'aux narines, en plein. 

Ça parle, entre autres, de l’expérience de Milgram http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram, et le choc se révèle assez rude. Il a beau connaître ce syndrome d’obéissance déresponsabilisée à l’autorité, avoir senti qu’il se trouvait dans une géhenne éthique, assistant à des protectorats reposant sur la pitié, se débattant pour trouver comment rester en place dans un réseau moral douteux bien que hautement considéré par les valeurs sociales en cours… le voilà choqué, mais réalisant finalement que pour garder une ligne de conduite en accord avec ses propres valeurs, il lui faut abandonner ce qu’il avait considéré comme le nec plus ultra d’une carrière qui arrive bientôt dans sa dernière décennie.

Ensemble, avec une stupéfaction curieusement calme et allant crescendo, on a mis le doigt sur des notions aussi désagréablement éclairantes qu'un spot de salle d'interrogatoire en pleine gueule. Bon, l’on dit en psychologie que l’on ne réalise sa propre responsabilité que quand on y est prêt… il reste que pour aller mieux et rester la tête haute, il lui faut fuir, carrément.

 

C’est bien de la maltraitance managériale qu’il arrive à présent clairement à mettre en schéma, en arrachant quelques croûtes qui se remettent du coup à saigner, tachant le beau linge altruiste recouvrant des blessures cachées - ses idéaux, toujours plus érodés de jour en jour. 

 

Il est question de voir protéger des personnes engagées, quelque part, pour leur vulnérabilité et leurs incapacités, conduisant à des erreurs d'appréciation professionnelles. La politique humaine qui consiste à offrir des sursis en invoquant la recherche de mesures visant à réduire les échecs, elle a ses limites. Particulièrement lorsque ces sursis déguisés en cadeaux de tolérance ficellent les coupables par leur indulgence calculée… et les mènent à du silence apeuré et redoutant la sanction.

Il voit bien qu’il se trouve embringué, et fait partie, d’un système de harcèlement institutionnel. Lequel participe d’un art subtil en matière de gestion de l'ensemble du personnel : la violence ne relève pas d'un problème épisodique ou individuel mais d'un problème structurel issu d'une stratégie.

Ainsi, son responsable direct, qui lui a « transmis » l’avertissement venant de plus haut, est en fait un manager télécommandé qui rejette sur d’autres la pression qu’il subit. Et le fait de manière à garder sous la main un collaborateur à qui il est reproché de supposées fautes, qui surviennent à cause de l’incapacité de sa hiérarchie propre, justement, à produire des guide-lines claires - la même hiérarchie qui le sanctionne. Ladite hiérarchie se sentant probablement elle-même en danger de sauter pour avoir manqué de produire ces guide-lines; tiraillée entre l'imprégnation du formatage et ses valeurs humaines, indéniables, qui ne peuvent se concrétiser et se déforment juste assez pour que cette hiérarchie puisse continuer de croire qu’elle agit encore selon une éthique honnête.

Mon pote est arrivé lui-même sur la notion de harcèlement à bas bruit, qui vise non pas à l’exclusion, mais à faire rentrer dans le rang les Cassandre en les violentant psychiquement, en manoeuvrant de manière à les faire prononcer elles-mêmes les termes de leur bannissement d’un ordre moral extrêmement puissant, et en-dehors duquel la "mort" est quasi certaine.

Cassandre, c’est une figure de l’Iliade, une des filles de Priam, roi de Troie assiégée par les Grecs. Elle reçoit d'Apollon le don de prédire l'avenir ; mais comme elle se refuse à lui en échange, il lui crache dans la bouche pour que ses prédictions ne soient pas crues, même de sa famille. Elle voit que Troie sera détruite par la ruse, mais nul ne tient compte de sa clairvoyance – elle est même violée dans un sanctuaire, et ainsi maintenue sous domination psychique - pour qu'elle cesse d'attirer le malheur en l'invoquant, en cassant le moral des troupes, peut-être?

 

 

Les personnes harcelées dans le cadre de la maltraitance managériale sont des personnes atypiques ; des personnes trop compétentes ou qui prennent trop de place, et celles qui résistent au formatage. En un temps record, en six mois, il en a vu plusieurs faire ainsi défection, poussées à bout et atteintes dans leur santé, en laissant l'équipe exsangue, privée d'un savoir et d'un savoir-faire tacites qui fluidifiaient la charge de travail. Grippages, merdoyages multiples ont suivi... et les quelques personnes qui venaient combler les trous épisodiquement ont fui devant une désolation compliquant leur travail à l'extrême. La plus résistante jusqu'ici, qui porte littéralement les 3/4 de son bureau sur son dos, a même demandé un licenciement à l'amiable. C'est grave.

 

Mon copain a vu également la dimension à laquelle son chef direct a peu à peu été réduit; au fil de notre longue conversation, sur plusieurs jours, il a pu décrire un rôle de harceleur sous-dimensionné, mis sous pression depuis son arrivée il y a 3 ans par sa propre hiérarchie, qui subit elle-même d’importantes pressions économiques et politiques de la part de son conseil de fondation et des partenaires contractuels étatiques qui la subventionnent.

Par définition, un harceleur sous-dimensionné, est sans malveillance mais ne comprend pas les rapports humains malgré son effort particulier dans ce sens . Maintenu à peu d'envergure sur le plan managérial tout en endossant un cahier des charges trop lourd pour les moyens dont il dispose, il se fixe et fixe à autrui, en conséquence, des objectifs trop élevés, peine à évaluer les compétences et ne sait pas déléguer.  

Et en effet, son chef n’a pas de formation managériale ni de formation en coaching d'équipe; a mis comme priorités pour son secteur des formations institutionnelles prenant un temps de ouf aux collaborateurs déjà pressurés, visant à une cohésion de façade; et, à terme, obéit sans s'en rendre compte à des objectifs voilés émanant de plus haut, visant la destruction de la solidarité d’une équipe aux divers caractères trop bien affirmés et qui fait pièce à la direction générale depuis des années. Jamais il n’a rencontré les membres de son équipe pour faire le bilan de compétences de chacun, mais bien pour leur fixer des contrats de progression dès la première anicroche, posant comme bases que l’employé, quelque part, pouvait bien mieux faire que ce dont il se « contentait ».

 

Ainsi, par le jeu des pressions fortes subies, ce même chef en devient toxique et dangereux en projetant sur ses subalternes une partie des tensions et des contraintes qu’il endure, en restant dans une zone de manifestation d’autorité qui le préserve de perdre un collaborateur très capable, bien que les directives fournies à celui-ci soient assez imprécises pour générer des erreurs absolument logiques au demeurant.

N’étant pas lui-même formé comme les gens qu’il dirige, ni en ce qui regarde leur profession de base, ni en ce qui concerne leur spécialisation (celle qui fait qu’ils ont été engagés), ni même formé tout court pour occuper son propre poste, il reste étranger aux valeurs de ces deux domaines, et entre fatalement en conflit avec eux vu son manque de formation managériale. Il a juste obtenu de se faire récement adjoindre un demi-poste qui consiste à fliquer les heures de présence, à traquer les différences entre les décomptes d'heures et l'agenda informatique de chacun - l'hypercontrôle, pour donner à des équipiers la sensation d'un qui-vive épuisant pour la loyauté des relations, c'est le toboggan vers la défiance mutuelle.

Mon ami a vu maintes fois comment son chef, pourtant ultra-formé en communication, interprétait faussement des attitudes et comportements en vigueur et valorisés dans ces deux domaines auxquels il est et reste étranger. Notamment, dans l’énoncé des raisons pour lesquelles l’avertissement lui a été notifié, mon pote a entendu, sidéré, une liste d’arguments basés sur des incidents mineurs, qui mis bout-à-bout dans une reconstruction paranoïde, posent comme des évidences des relations de cause à effet tout droit sorties de l’imagination du chef en question. De la barbe-à-papa, de l'air brassé pour se cacher la merde au chat. 

Ça s’appelle, toujours en termes de psychologie appliquée, de la projection : une opération mentale par laquelle le sujet expulse de soi et attribue à l’autre des défauts, des sentiments, des intentions qu’il méconnaît ou refuse en lui-même.

La projection des sentiments négatifs permet de se protéger d’affects angoissants, menaçants… et Dieu sait que ce chef tremble probablement pour sa propre place, vu qu’il est lui-même maintenu dans l’insuffisance de remplir son mandat, puisqu’il a été engagé, quelque part, pour ses incompétences… et qu’on lui donne, goutte-à-goutte et de manière régalienne, de quoi penser pouvoir survivre et mener à bien ce pour quoi il a été engagé. Mais toujours en insuffisance, pour le maintenir dans sa zone d’incompétence.

Et à 58 ans, sans réelles qualifications, il doit probablement mesurer qu'il ne lui reste que quelques années  tenir avant de jouir d'une retraite qui va être calculée sur ses 5 dernières années d'activité. A dix mille boules mensuelles, avec la perspective de soutenir encore une dizaine d'années un fils aux prétentions artistiques, la priorité semble évidente. C'est ce même chef qui emmène son rejeton au boulot, dans son bureau, parce que ledit fiston de 17 ans, pour pouvoir obtenir son bac et mener sa précoce "carrière" en même temps, peine à respecter son programme vu qu'il est retiré de la filière scolaire et étudie laissé à lui-même. 

Lorsqu'un chef se permet des entorses aux moyens de respecter la confidentialité institutionelle, il ne faut pas attendre trop de rectitude morale de la part des subalternes... Mon pote se demande à combien de conversations téléphoniques l'artiste en herbe a assisté, conversations censées rester entre les interlocuteurs, avec des partenaires étatiques ultra-importants pour la survie de l'institution... il y a du foutage de gueule dans l'air.

 

Ainsi, un processus de clivage peut faire sa niche dans le burn-out que vit ce chef subtilement manipulé – de nombreuses somatisations et arrês de travail allant crescendo; transformation qui lui permet de mettre à distance sa destructivité et de s’en protéger par peur d’être détruit lui-même. En somme, il pense offrir magnanimement à son employé, mon pote, de quoi « se corriger »… tout en le faisant de manière à se l’assujettir, tout comme sa propre hiérarchie l’assujettit lui-même: un vrai petit soldat obéissant et formaté pour exécuter les ordres.

Et d'où un vocabulaire délibérément culpabilisant pour mon copain, en invoquant la "trahison" ressentie alors que son employé se démène pour trouver lui-même une formation continue extérieure, vu qu'il n'arrive pas à se faire remplacer par ce chef pour suivre la formation institutionnelle, et s'est même vu demander de renoncer à une date prévue pour ce faire. Dans un contexte où ce même chef a réalisé quelques semaines auparavant qu'un mandat important, commandité par un partenaire décisif pour accorder les budgets à l'institution, ne pourrait démarrer à la date prévue faute d'avoir cherché des remplaçants alors que ce problème était pendant depuis plus de six mois, perdant de vue l'insuffisance des prestations  du coordinateur chargé de veiller au grain et se mettant lui-même dans une merde diplomatique interne et externe assez conséquente... ça prend une saveur amère aux papilles de mon ami.

Le coordinateur en question, manquant sérieusement de l'anticipation et de la pro-activité requises pour mener à bien ses tâches, eh bien mon copain se souvient de l'avoir vu errer dans le secteur en crochetant au passage les collaborateurs pour leur demander si, "par hasard", ce n'était pas l'un ou l'autre d'entre eux qui devait remplacer celui qui avait démissionné l'an passé. Et ceci à quelques jours du début du mandat... ça ressemble à quoi? A du protectionnisme mal placé, sur la tête d'un collaborateur insuffisant. A mon pote qui reçoit l'avertissement, il est même reproché d'avoir harcelé ce coordinateur au détour d'un couloir pour obtenir une précision qui s'est avérée fausse; alors que mon ami se souvient clairement d'avoir libellé sa question sur une feuille imprimée où figurait un mail du coordinateur, et d'avoir attendu 2 jours pour obtenir le renseignement qui l'a induit en erreur; renseignement qui a provoqué de la part du partenaire étatique, concerné par la décision erronée prise suite à ce faux renseignement, un téléphone peu amène au chef, qui a du consacrer une heure à débroussailler la situation qu'il avait lui-même provoquée par son laxisme.

L'injustice et le report, à tort, de la faute sur mon ami... tout ça le révolte et l'indigne. Et puis il semble que les assistantes administratives s'en ramassent "pleinlague" aussi: charges de travail augmentées, et demandes continuelles de mettre un coup de colllier (allééé les boeufs, allééééé les boeufs), parce qu'il y a "des délais" - la secrétaire la plus fiable prononce le terme de Gestapo pour désigner les diverses méthodes utilisées - on les oblige, elles et ses collègues, à être à l'heure le matin, en tolérance zéro; par contre, "on"  se fout bien de l'heure à laquelle elles partent le soir pour boucler tout ce qu'il y a à faire en plus. Ambiance...

 

 

Pas propre, tout ça. Et en effet, la décision de donner sa démission semble s’imposer pour mon ami. Encore faut-il retrouver un poste équivalent… mais il semble à ce point affecté par sa prise de conscience, qu’il est prêt à se brader momentanément, juste pour échapper à la crise qui l’agite. Histoire de retrouver la paix interne – et ça, ça n’a pas de prix.

En attendant, il me dit qu'après le week-end il est remonté à son travail sur un jour de congé flottant, avec une petite valise à roulettes dans laquelle il a entassé une bonne partie de ses objets personnels, dont une lampe plus volumineuse que la valise, et à l'abat-jour très reconnaissable de tous. Et il est parti à l'heure prévue par sa feuille d'heures dûment remplie... après avoir passé une bonne partie de sa journée à chercher des offres d'emploi, à prendre des contacts, à envoyer des dossiers de candidature.

Tout en se marrant doucement de voir que le flicage continue : par mail et en invoquant la Loi sur le travail, l'équipe est priée de noter sa demi-heure de repas à midi... même si l'on ne prend que son quart d'heure ou même rien du tout, comme lui (qui mange en décalé, et souvent un seul repas par jour, le soir). "Protection de l'employé, mon cul" comme il dit.

Détail piquant: dans le couloir vers la sortie, il croise son chef avec qui ils s'étaient dits bonjour du bout des lèvres le matin - il aurait voulu le rencontrer, il n'y serait pas arrivé!

Il remorquait sa valisette dont l'abat-jour dépassait bien en vue.

Il ne sait pas (et il s'en fout) si le chef a pris conscience du tableau de désertion...

Mort de rire, du coup! C'est bien pour son moral, d'ailleurs même pas trop entamé: une de ses candidatures spontanées a  hautement intéressé un employeur potentiel. Et l'a obligé à refaire son CV, donc son bilan de compétences: fâââ, il pourrait prétendre à un poste de cadre consultant... en alignant ses fichiers attachés (CV, certificats, formations qualificatives et continues) à son mail de réponse, il a vérifié trois fois que rien n'était mis à double - ça avait mis un temps de ouf pour se télécharger.

Hé ben rien ne dépassait.

Il va un chouya mieux, le pote. Et il se promet, dès qu'il aura signé une autre contrat ailleurs, de se mettre en congé-maladie jusqu'à la fin de sa période de résiliation de contrat, car en fait, il comprend - avec réticence quand même - qu'il carbure sur le fond de la réserve; peinant à se souvenir que s'il tient le choc, c'est parce qu'il prend, comme moi, du millepertuis. Le voilà passé au Cipralex, la pointure au-dessus; résultats dans trois semaines... il s'accroche. Mais régulièrement ces jours, je m'inquiète en entendant sa toute petite voix morne sur mon répondeur, et de trouver sur mon portable des petits messages d'au secours : "je ne vais pas bien..."

 

Bon, c’est jour de congé… profitons-en.

 

La belle journée à vous qui me lisez.

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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 10:01

 

 

Je dors décalé, depuis quelques années ; pour de multiples raisons, et je m’y suis habituée, c’est comme ça et c’est pas grave du moment que sur 24 heures, j’ai mon content.

Vaquer à différentes tâches lors de ces moments est la meilleure parade, en attendant que le prochain train de sommeil passe. La télé aussi… car à des heures indues passent des documentaires, de tout poil : cuisine asiatique, périples étranges, histoire de l’univers, temps et relativité… l’émission « Café ou thé », ou le contraire, je ne sais plus.

Cette nuit, sur le coup de 2, 3 ou même 4 heures du mataguin, je ne sais plus non plus et d’ailleurs on s’en fout, je tombe sur une rediffusion d’un « Toute une histoire » - le genre d’émission qui habituellement me gonfle, tellement ça fait thérapie universelle. J’aime bien la Miss Davant par contre, elle anime aussi une séquence le matin sur la 2, avant « Motus », émission pour cruciverbistes (on se refait pas).

 

Et cette fois je l’ai regardée jusqu’au bout, parce que ça parlait d’amour, de rencontre pour la vie ou l’éternité. En particulier un homme de 70 ans, qui racontait sa rencontre foudroyante avec une femme de son âge il y a tout juste deux ans – il allait à la plage, elle en revenait, d'un simple regard tout était dit - mais pas formulé... Il a raconté les chassés-croisés pour retrouver l’inconnue, la peur chez elle devant son propre sentiment tout aussi instantané. Ils évoquaient ensuite la chance de s’être rencontrés, d’être en bonne forme physique à leur âge, de se sentir fusionnels et complices.

La psychologue qui est là pour faire écho aux propos des invités a glissé que l’on pouvait ressentir trois coups de foudre en une vie - drôle d’affirmation ou alors j’ai mal compris ; du coup alors, j’ai alors repensé à ma propre trajectoire…

 

Premier coup de foudre à l’école primaire : Jean-Claude, un peu le demi-voyou de sa génération, le leader qui courait plus vite que tous les autres garçons, le charmeur de ces dames. Un amour resté platonique, il était flatté mais j’avais une rude concurrente, son alter ego en popularité et en cancritude.  Et puis je l’avais récupéré à la petite cuillère trois ans après notre première rencontre, sur un petit chemin champêtre entre l’école et notre quartier, pleurant tout ce qu’il savait de ne pas avoir été admis au collège… mon champion se montrait vulnérable et largué, il m’a fait pitié, ce qui ne fait pas bon ménage avec l’admiration.

Ma sœur et moi, on a recroisé le gars et son frère bien plus tard aux Fêtes de La Cité, autour de nos 25 ans : des nounours gentils tout plein, mariés-pères de famille-divorcés ou en passe de l’être ; et la rencontre a été plus nostalgique des sentiments perdus qu’autre chose - je crois bien que de son côté, ma frangine craquait pour le frangin, à l'époque.

Je ne suis plus si sûre que c'était un coup de foudre, tiens. 

 

Et puis, mon deuxième coup de foudre (ou le premier, plus probablement), dont la genèse ressemble à ces films hollywoodiens fleur bleue qui éclosent depuis quelques années : « Nothing Hill » par exemple, comme je me plais à l’écorcher.

Que je me souvienne… ça demande un effort, car ce n’est pas le premier souvenir que j’en ai qui est le tout premier épisode. Je remonte le fil du temps…

 

 

A l’époque j’avais 35 ans peut-être, et j’étais dans une période de ma vie où j’alternais avec bonheur des chantiers de fouilles archéologiques sur le canton de Neuchâtel, et des missions de remplacement en hôpital et en maternité. L’autoroute Lausanne-Neuch' se construisait morceaux par morceaux, et là où les sondages avaient révélé des traces d’habitat ou d’occupation préhistorique et médiévale, de multiples chantiers s’étaient ouverts. Toutes les équipes s’entremêlaient, les fouilleurs étaient régulièrement re-répartis sur de nouveaux spots en fonction des besoins – les caterpillars nous talonnaient… il y avait donc du mouvement.

 

Deux françaises sympas et grandes gueules avaient débarqué, Myriam et Agnès, et parlaient beaucoup d’un certain Mao. Mao par-ci, Mao par-là… et d’autres en parlaient aussi. Je me demandais quel était cet être exceptionnel, sur lequel semblaient se concentrer les pensées de diverses filles – même les mecs semblaient sous le charme, quand ils ne le haïssaient pas d'être aussi populaire auprès des nanas - c’est tout dire.

On s’entendait bien dans mon équipe des Pâquiers, on se faisait des fêtes, des barbecues ; et avec les françaises, et avec les Catherines (une jurrasco, une équatorienne) et ma chère Sandrine (une française marrante comme tout, responsable des sondages; et à l'époque, elle prenait soin de la vieille chatte que j'ai recueillie quand elle est partie s'installer à Bethléem avec son mari et ses loulous, la douce Sana'a), on se buvait des apéros le vendredi, on se voyait pendant les congés, on hantait les brocantes et les vide-greniers ; souvent le week-end en été, on se retrouvait ici et là, à Bienne ou dans des raouts d’amateurs de vieilleries et de récup’, dans l’arrière-pays. J’y ai glané des pots à conserves qui me servent encore, des objets usuels, d’autres qui me faisaient juste du bien à la nostalgie.

Quelle époque! Amitiés paisibles... je garde encore contact avec une des Catherine, qui vit à Bienne avec un compagnon doucement déjanté, leur petit et la fille aînée de Catherine.


Un coup, les frouziennes me parlent de la brocante d’Aarberg, le week-end suivant. On y va en groupe, on se disperse un peu en se donnant rendez-vous au troquet à midi.

 

Je pars à l’aventure… et là, au milieu de la foule, je sens sur moi et je réponds au regard perçant d’un type élancé, aux cheveux sombres et ondulés qui lui venaient aux épaules. On reste crochés comme ça de longues secondes. Je finis par détourner les yeux, troublée et les rotules en castagnettes. Et je file,     le cerveau déconnecté. Je retrouve ma clique au bistrot pour manger - je suis sur un nuage, je me sens très bizarre, hésitant à me dire franchement que j’avais probablement croisé et reconnu ma moitié d’orange…

Je reste avec mon joli souvenir d’un émoi qui semblait partagé…

Une semaine plus tard, notre chef nous annonce que de nouveaux arrivants vont venir renforcer notre équipe – dont le fameux Mao. L’ambiance bourdonne, ledit Mao semble parmi nous bien avant son apparition. Je demande en aparté à une de mes potes « C’est qui ce mec dont tout le monde est amoureux ? ». Je ne me souviens plus si elle le connaissait, en tous cas on a rigolé de voir les gens littéralement fondus devant le charisme d’un absent aussi exceptionnellement présent…

 

Et puis un matin, on voit arriver notre chef avec deux gars. Je me mets à rougir et à vouloir rentrer dans le plus petit compartiment de ma caisse à outils, mes circonvolutions se mettent en vitesse sub-sonique  – car bien sûr, un des deux était, non seulement Mao, mais aussi le gars avec qui la fascination s’était installée dans la rue à Aarberg…

 

C’était irréel, et là j’ai cru au destin qui réunit ceux qui se sont connus dans des vies antérieures.

Je planais.

 

J’ai plané de longues semaines, tout en m'interrogeant en silence sur les ondes qui passaient, mais d'une manière étrange, distanciée – me rendant compte qu’en effet, l’aura du gaillard était immense : j’ai même vu arriver une ancienne fouilleuse éperdument éprise de lui, qui venait lui rendre visite de manière répétée.

Son aura le gênait, et puis il se tenait en retrait, ne participait pas à nos sorties extra-professionnelles ; un jour il m’a même confié qu’il avait été blessé de voir qu’une fille le tenait pour un séducteur qui ne refusait jamais de tirer un coup, et qu'elle s’était étonnée de le voir décliner une invitation à une nuit de sexe. Une réputation de Don Juan malgré soi, en somme.

A mon endroit, il ne faisait aucun mouvement de plus, et moi j’étais sur des charbons ardents, bien que physiquement il ne soit pas du tout ma tasse de thé.

 

Et puis un jour j’ai pris mon courage à deux mains, ça ne pouvait plus durer… on s’est posés dans la remise aux outils. Je lui ai expliqué tout ce que je vous ai raconté, j’avais besoin de vérifier au moins si ce qui frémissait entre nous lui apparaissait aussi.

Il a dit « Oui », qu’il sentait aussi cette connexion si forte, et que pour cette raison-là justement, il n’irait pas plus loin. Vazy comprendre, comme dirait l'autre. Mais j'en savais suffisamment sur son parcours de vie pour comprendre d'où ça venait, entretemps il s'était confié. On s'est serré fort dans les bras, et je suis partie pour cacher mon soulagement ou mon désarroi - les deux ensemble, en fait. 

 

J’ai marné ça en silence jusqu’au bout du chantier, dont la fin était proche, heureusement. L’équipe a gardé un certain contact, depuis lors je l‘ai recroisé à plusieurs reprises ces derniers 20 ans. Il s’est mis en ménage avec une fouilleuse, une bonne copine que je voyais souvent, ils ont fait un enfant. J’étais par hasard chez eux lorsque le travail s’est enclenché, j’ai assisté  à la naissance du bébé… c'était la première fois que je la revoyais, après un long moment de silence agréé des deux côtés, car elle connaissait le lien que j'avais avec son homme, et avait su me ménager tout en exprimant son désir de garder le contact. Je la savais enceinte, mais pas si près de son terme... et comme les trains de la région cessaient toute activité assez tôt dans la soirée, j'étais restée dormir chez eux. Ma doué, de quoi se demander ce que le destin nous réservait encore! Tu parles d'un choc, je devais être d'une plasticité émotionnelle énorme... 

 

Les années suivantes, lors de réunions de fouilleurs, genre « mais que sommes-nous tous devenus ? », j’ai senti son regard trop souvent dirigé sur moi à mon goût. J’ai gardé la distance, au long de conversations étranges sur le quotidien, les bonnes choses et les mésaventures, nos trajectoires professionnelles. Des banalités pour remplir le non-dit, le non-vécu ensemble? 

 

Voilà. C’était mon coup de foudre de l’âge adulte.

 

J’ai le temps devant moi pour croiser le deuxième, voire le troisième… même si je deviens ridée comme une vieille pomme.

Carpe diem!

 

Bonne journée, lecteurs et lectrices.

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 09:06

 

 

Veille de vacances, le temps de quelques turbulences encore, de menus tourbillons qui se voudraient des tempêtes, tout en n’agitant que des verres d’eau.

Vouloir partir d’une place de travail, certes ; mais ni plus ni moins que depuis mes commencements, devant ma découverte assez immédiate d’une boîte de Pandore un peu spéciale, où l’Espérance revêt les habits d’une liberté d’organisation et d’action de façade ; laquelle s’amenuise comme peau de chagrin au gré des multiples contraintes qui s’ajoutent couches à couches, minimes en elles-mêmes. Réguler les flux, je suis pour, j'ai même souhaité lors de l'audit préliminaire au recrutement de notre chef plus de fermeté ; mais prendre le pouvoir pour se protéger lorsqu’on est en faute… pas trop. Il y a comme un relent de maltraitance institutionelle (personne de notre équipe n'est dupe, le terme est utilisé loin des oreilles directrices...), qui téléguide un manager incompétent; lequel reporte sur son équipe les pressions qu'il subit.

Je sens, mais pas en moi, la peur du méfait, de plus en plus souvent imaginaire, qui paralyse ceux qui devraient se mettre à l’écoute des menus bruits de souffrance, ainsi que le stress coupable et constant dans lequel elle les confine à bas bruit sous le regard de la hiérarchie, ruinant ainsi la confiance puisée dans la recherche de solutions. Le corollaire, c’est que cela favorise la désignation de coupables imaginaires, aux écarts rebrodés de manière artificielle et offerts en soldes peu crédibles – comme ces étals aux prix d'origine surgonflés suivis d’une annonce, au gros marker rouge, de vente au 75% du premier coût. Soit présentant encore une marge bénéficiaire... 

Message reçu, montant de la tripe profonde. Je suis certes interloquée de sentir, droite dans mes bottes, ces minuscules maelströms alentour de mes chevilles ; et qui me semblent servir simplement de marquages de territoire à l’odeur curieuse, que je hume avec distance et lucidité. Même si cette fois encore, malgré ma recherche de justesse plutôt que de justice, j’ai exprimé assez fermement que je voulais prendre du champ pour de bon, en regard d’une accumulation d’épisodes marqués de non-sens.: par exemple, assister, impuissante, à de mini-exécutions sommaires destinées à protéger les Calimeros de service... en se trompant de cible tout en prétendant rectifier le tir. Intrigues de cour royale... partie pour la décadence.

 

Jusqu’ici, aucun plan précis, aucun désir d’un autre paysage ne se dessinait en particulier. Il me restait comme un mannequin dénudé à force de prendre conscience de ce que je ne voulais plus. Et même, juste la trame de fil de fer de cette poupée géante, sans bras, sans tête et sans jambes, dépouillée à l’extrême… comment la vêtir, confortablement, et avec goût ?

 

C’était bien ça la problématique : partir, oui, mais pour où ? Et bien maintenant mes envies se précisent, je dirais plutôt qu’elles refont surface, comme des pierres polies au fond d’un torrent qui va en s’asséchant.

C’est bien ça : retrouver les soins à domicile, et ce rôle de dépatouilleuse de situations complexes, de chercheuse de solutions qui permettent vaille que vaille, et même vaillamment, de tenir encore un peu plus le pari de maintenir des seniors dans leurs meubles, leurs terres meubles, quand l’étau de l’âge se resserre inéluctablement, et que des jours de plus en plus précaires amènent le marécage de l’incertitude du lendemain.

 

En préparant des lettres de postulation pour retrouver ce terrain où je m’ébattais à l’aise, je relis mes certificats de travail : entière satisfaction donnée, large expérience, excellentes capacités professionnelles, grand sens des responsabilités, consciencieuse, attentive et efficace ; prestations de haute qualité. Bonnes facultés d’adaptation, grande implication dans la recherche de solutions adaptées aux situations, bonnes relations avec les clients et les équipes… Dynamisme, collégialité, esprit d’initiative. Recherche continue d’affiner ses compétences ; engagement dans le système-qualité. Capacité constructive de remettre en question certains fonctionnements. Mise en pratique des connaissances avec brio, attentive à la qualité et la sécurité des soins, contribution active aux solutions en partageant questions et réflexions de manière systématique, collaboration de qualité ; cherchant toujours à proposer des réponses individualisées aux clients et leurs entourages ; collaboratrice très appréciée des bénéficiaires de soins et des collaborateurs.

 

Ca rebooste, déjà. Déjà ! Et puis je constate combien j’aimais relever des défis multiples, avec douceur, en accompagnant des prises de conscience douloureuses. Il me reste à développer la faculté de ne pas trop en dire parfois, dans un souci de franchise et d’authenticité. A évoquer les bugs plutôt qu’à les mettre en évidence… en laissant à qui de droit le soin de réguler, de diriger, de poser ou de raffermir son autorité ; et cela même si je suis sollicitée aux limites de la dénonciation, pour ne pas entrer dans ce jeu malsain ; et de le faire en usant d’un vocabulaire sobre – non pas que j’use de mots d’oiseaux dans le cadre professionnel, mais la recherche du terme précis pour exprimer mon ressenti, si moi je le considère comme un « plus », eh bien il peut être heurtant en fonction des sensibilités en face, même si au départ je suis appréciée pour cette droiture et cette loyauté.

 

On fait ce qu’on peut, mais son maximum. Et plutôt pour des gens et des environnements qui nous apprécient hautement.

 

Je cherche, activement, à retrouver cette piscine qui me convenait bien.

 

Je retourne à mes postulations… et la bonne journée à vous.

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 10:45

 

 

Pluie et brume.

Je m’en fous, du temps qu’il fait. Suis pas météo-dépendante, question humeur.

Et même si je l’étais… la flotte, ça rince, ça nettoie.

 

Il pleut, la belle affaire. Cette année, on n’aura pas de titre à la une, s’indignant que les cultures maraîchères souffrent et sèchent sur pied. On aura donc des oignons nouveaux sur les étals, et c’est bien. J’aime les oignons nouveaux.

Au passage, je me permets juste un petit coup d’empathie envers les viticulteurs du bordelais : grappes naissantes hachées menues, estoc à la récolte 2014. Déjà qu’ils venaient de recevoir les indemnités gouvernementales pour 2013, tout juste, et pour ne pas faire de mauvais jeu de mots voilà qu’à l’estoc se couple un coup de taille qui va faire cher le millésime… mais bon, le vigneron qui clame son dépit en invoquant l’acharnement d’instances supérieures situées dans le sub-azur, ben il me fait un peu pitié d’y croire. Faut-il qu’il se sente coupable, mais de quoi, va savoir.

Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça, le titre est déjà pris par Almodovar, sauf vot’ respect.

 

 

Brèfle. Oui, je prends ces siaux d’eau qui tombent du ciel comme un joli message à mon endroit, si tant est qu’il existe des instances supérieures dans le sub-azur en question, et qui se préoccuperaient de mézigues, parmi les milliards d’êtres humains.

 

La merde existentielle se nettoie.

 

Je suis en mode post-résolution de problèmes divers, et mon horoscope fait mieux encore. Chacun ses instances supérieures… je les honnis et les glorifie au gré de mes envies – ou encore, je les ignore, c’est selon, et encore mieux suivant quoi : j’avoue, je crois et j’ai la foi quand ça m’arrange. Je confesse que je suis pas nette sur ce coup-là, j’ai mes petits arrangements persos avec la spiritualité.

 

Ouais, mon horoscope il me dit que j’ai le vent en poupe pour mes projets à moi. J’aime bien lire ça, quoique qu’il en soit de la valeur du discours.

 

Me suis libérée une matinée de récupération, les autres plancheront sans moi sur d’infimes détails, lors de discussions qui me cassent les arpions… et exacerbent des conflits latents au moyen de remarques vachardes l’air de rien. J’avais pensé, à tort, que ces révisions de classeurs de cours donneraient lieu à des échanges fructueux de trucs et d’astuces… tu parles, Charles.

Je me serais juste énervée un peu plus sur des ratiocinages pénibles, tout en me pompant du Rescue à intervalles réguliers. Alors, c’est non, négatif, sans moi : je n‘ai plus qu’une petite semaine, riquiqui, avant  de redonner à mes lombaires la place pour se dilater d’aise. Je vais pas me charger le bateau, oh que non.

 

Et puis j’ai à faire, la vaisselle sale s’empile, le papier aussi, les poubelles sont pleines, tout ça doit migrer à sa place : containers à ordures, à récup’; égouttoir, armoires. En plus, faire le ménage est dans l’air du temps. J’aime bien ces mini-symboles débiles, ces clins d’œil à moi-même.

 

Demain, faut quand même aller à Pétaouchnok, une heure et quart de bagnole aller-simple. Et puis aller mettre les points sur les « i », concernant cette idiote histoire d’entretien de candidature dont la décision a reposé sur des indications à la noix. Faire dans la foulée un autre entretien.

Aller me faire du bien chez la dame qui met les tifs en valeur, juste après.

Puis profiter de mon congé de trois jours, avant d’embrayer sur le dernier jour de cours d’une volée, avant qu’elle aille se frotter aux stages. Elle va bien, cette volée : elle exerce sa bienveillance envers une participante qui a l’art d’intervenir à rebours, je vois fleurir des sourires… ils me font complices de la retenir quelques minutes à la pause, le temps de mettre en scène son gâteau d’anniversaire, ils sont choux.

Cette dernière journée, comme certaines autres, c’est du remplissage de n’importe quoi. Hé ben j’ai décidé qu’à part les 3-4 bricoles à leur signaler (signes de décompensation diabétique,  comment présenter un bénéficiaire lors de leur examen), ce serait une journée où ils pourront demander ce dont ils ont besoin, les dernières mises au point… déjà que hier, ils ont eu droit à une demi-heure impromptue d’exercices en salle pour mobiliser les bénéficiaires, je vais pas m’arrêter en si bon chemin.

Je leur offrirai aussi 45’ de visionnage d’un joli travail d’animation en EMS, au lieu de les faire plancher stérilement sur un type de prise en charge qui leur échappe.

Et mon dernier jour de gloire sera fait d’entretiens le matin… et l’après-midi, de notre première séance de supervision en équipe avec une psy extérieure. Notre cheffe n’est pas conviée, et je subodore que nous arriverons, directement ou par la bande, sur les soucis de collaboration avec elle, débordée et triant les urgences selon des critères qui ne nous conviennent pas.

A 15 00, je n’aurais plus qu’à ranger mon bureau, boucler ma toute petite fiche d’heures du mois.

Demain en 8, je largue les amarres vers mon port d’attache, je m’envole dans un doux bruissement de plumes, en pigeon voyageur retournant au bercail : chez moi.

 

De l‘air, de l’air.

 

 

 

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 10:02

 

 

Je compte mes nius - mes billes, en bon vaudois. Parce que c’est marre de regarder défiler les boulets, que finalement j’abandonne au gré des petits et gros courages à prendre à deux mains pour m’en débarrasser.

Cet après-midi je poste le document signé de ma main qui officialise la rupture de l’association calamiteuse que je traîne depuis le début de l’année, en supprimant le compte commercial qui y est lié. Et demain, à l’heure où le dernier cours du semestre se serait achevé, annulé ou non par les bons soins de ma partenaire qui ne l’est déjà plus dans ma tête, je lui mailerai ma défection. Surtout ne pas la rencontrer, marre des psychodrames. 

 

Je compte les jours qui me restent à boulonner avant mes grandes vacances… 5, peut-être 6…

Plus que deux semaines, et éventuellement un jour isolé la semaine d’après. Qui a de bonnes chances de tomber, et ce serait pas plus mal.

 

Hier, je suis allée suivre un examen pratique sur les hauts de la Côte, au milieu des vignobles ensoleillés. Un vrai cadeau, la demoiselle a mené ça avec brio, arrachant un superbe presque sans faute : 68 sur 70, sur une échelle de 10, ça fait quasi 9,8. Le genre de personne qui va au fond des choses, au point de faire récupérer de la mobilité à la bénéficiaire de soins et de diminuer ses douleurs, en justesse dans une relation avec une senior au moral hypersensible, donc a pleinement compris son rôle et son champ de compétences – c’est la deuxième fois seulement, en 4 ans, que je vois ça.

Et qui a argumenté avec justesse sur la raison de certains actes posés, dans les termes-mêmes que j’aurais utilisé. Qui utilise les principes de soins, au lieu comme tant d’autres d’appliquer sans discernement des recettes…

Tu vois, lecteur, il y a les suiveurs, et puis les créateurs. Le niveau top s’observe lorsque la personne est capable, en cas de doute, d’aller pêcher dans ses connaissances pour réévaluer une problématique, et d’y apporter une réponse novatrice, ou même juste un peu décalée des habitudes ; et sait pourquoi elle fait ce qu’elle fait et comment elle le fait.

Voilà qui fait du bien, surtout que je l’avais vue en entretien de candidature en septembre passé, et qu’elle avait à bosser pas mal sur sa manière de s’exprimer, fond et forme.

 

Et puis je suis revenue m’installer chez moi un moment, au calme… Avant de remonter au taf pour mener une après-midi de révisions au service d'une classe inconnue, qui s’attaque en en ce moment-même à ses trois heures de test théorique, le dernier jour de cours.

Là aussi, ça m’a fait un vieux bien de m’entendre dire que ma rigueur et ma clarté les rassuraient, et que ma gentillesse, mon humour et ma disponibilité les décoinçaient. De plus, j’ai œuvré sous les yeux d’une formatrice novice, un zèbre comme moi (je me sens en bonne compagnie), le genre de fille qui après avoir assisté à sa première séance de formateurs il y a dix jours m’avait glissé, mi-figue mi-raisin, que fallait prendre ses gouttes de Rescue pour y participer et là je suis pleinement d’accord : de prise de tête à la con sur des futilités en déjeuner faux-cul pour célébrer les anniversaires du mois, j’avais une fois de plus la folle envie de me tailler sans autre forme de procès. Pour la dernière séance de mercredi prochain, je vais m’offrir le prétexte d’une nuit de merde pour échapper à une matinée lourde et improductive - le bureau des plaintes, comme je l’appelle. Hého, j'ai dit que je cultivais les petits bonheurs, là: eh ben, ce sera pour me féliciter d'avoir une nouvelle alliée, hop. 

 

Café, clope et vitamines sur le balcon et sous le ciel bleu, aujourd’hui. Faut que je rassemble mes forces pour reprendre ma dissertation de validation des acquis, j’ai le samedi et le dimanche pour torcher mon texte, car je vois ma coach lundi. Et puis, je me sens plutôt l’envie de laisser mes circonvolutions se dilater d’aise, et de simplement aller me faire faire les ongles cet aprème comme prévu, par la petite Jess avec laquelle on se marre comme des bossues.  

 

Mais que je vous raconte le pur moment de bonheur hier : comme je change de crèmerie en matière de coiffeuse, et que j‘avais repéré sur le trajet entre mon taf et mon sweet home une bonne adresse où j‘ai pris rendez-vous la semaine prochaine pour une petite couleur, en passant devant la boutique me vient l’idée de me payer un moment de détente aux huiles essentielles.

Je rebrousse chemin, et par chance il y avait de la place : je me suis royaumée une heure aux mains d’une portugaise miniature qui m’a voluptueusement massé le cuir chevelu avec un mélange que je sens encore autour de moi, entre santal et patchouli. Et m’a séché les cheveux selon mes indications, ni plus ni moins. Et pour une somme ridicule, au point que je pense que je vais m’offrir ça toutes les semaines, tiens, na. French-Cut, à l'avenue de la Gare à Lausanne, avec ou sans rendez-vous. Foncez! 

 

Autre mini-bonheur : mon katz qui vient me saluer en dialecte câlin-ronron, toujours lorsqu’il sent que je me réveille.

 

Bref, à moins d’une contrariété de dernière minute, je glisse en douceur vers le farniente dès le 10 juillet, pour 6 semaines à ne m’occuper que de moi. Même le rendez-vous pris avec ma cheffe pour nous expliquer sur un entretien de candidature entaché d’irrégularités sur la base successive des fausses informations données par deux personnes réputées fiables, même ça  ça ne me gâche pas la vie : je sais que je n’ai commis aucune erreur – mais que, juste une fois de plus, j’ai mis le doigt sur un bug interne et des bricolages merdouilleux. 

 

Je me sens le cerveau vide, c’est rare et c’est bon.

 

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 08:44

 

 

Ben dis donc, le nettoyage continue.

 

Je mets fin à un partenariat foireux.

 

Deux ans et demi à lutter avec quelqu’un qui tout en réclamant ma pensée suisse, mon cadre, mon investissement, tout en profitant de mon expérience de plus de dix ans en matière de stratégie-marketing et de contact avec la clientèle, se laisse indolemment porter par mes compétences en informatique, se pose en victime, travaille à conserver son manque d'autonomie et à la fin sabote un projet superbe : en annulant des cours pour cause de trop peu d’inscriptions à son goût, par exemple.

Me réclame pour le lendemain, en urgence, des textes de relance publicitaire. Mais les envoie à la clientèle dix jours plus tard, lorsqu’il est… trop tard. A ce taux-là, peu d’inscriptions, c’est normal.

N’a aucune humilité, aucune patience – alors que toute entreprise qui démarre doit compter avec 3 ans de cahots, de non-rentabilité. Entretient ses rêves de grandeur et d'indépendance, se comporte en consommatrice hyper-exigeante. 

Une diva capricieuse, psychodramatisant toute mise au point. Se plaignant sans cesse, se réfugiant derrière sa situation personnelle pour justifier ses manquements, se défaussant sur autrui; apportant ses factures émotionnelles dans le partenariat… me parlant de plus en plus comme un patron à son employée, s’effondrant au premier cours, en panique, s'y présentant embijoutée comme un sapin de Noël et emballée de vêtements comme un cadeau criard… et se targue de donner des leçons sans les appliquer elle-même – que penser d’un cours sur le silence en formation, verbeux et tendu comme la chanterelle d'un violon; d'un PowerPoint chiant, pompeux et pédant lu mot-à-mot; que penser d'une formatrice houspillant les participants pour pouvoir conduire tous les exercices dans un temps restreint… qui se conduit de manière intrusive, fait des remarques psychologisantes-à-la-petite semaine... j'avais honte, carrément.

Bref, que faire sinon mettre fin à cette mascarade ?

J’ai préparé une lettre de fin de collaboration, j’ai ôté mes articles du site, question de droits d’auteur. Tout en les copiant, les réservant pour mon propre usage et au service de mon propre projet à venir.

 

 

La coupe est pleine, et tout ça ne fait pas le poids en face de mon autre partenariat, avec mon pote ingénieur : notre projet-pilote de soutien aux étudiants de sa filière, pour leur faire produire des rapports et des travaux de diplôme bien construits et se fondant sur des bibliographies de choix, eh bien il marche si fort que nous allons co-écrire un article rapportant l’expérience, et le publier partout où il pourra rencontrer des demandeurs : les HES, la sienne en premier.

Car outre le plaisir à bosser avec « ma meilleure copine », à entremêler nos compétences complémentaires, pour produire deux sessions ludiques et très appréciées des étudiants… voilà que les résultats sont là : remontée spectaculaire des moyennes des travaux, intérêt de la part d’autres profs.

 

Pour autant, je ne lâche pas l’idée de lancer mon propre site de formation continue pour les formateurs dès que j’en aurai l’occasion, axé sur la mise en réseau des formateurs intéressés à bosser ensemble, genre « laboratoire-à-idées ». Les articles retirés du site que j’abandonne y trouveront leur place.

Du point de vue lucratif, je ne vise pas plus haut que rentrer dans mes frais s’il faut louer une salle, et sur le temps passé à organiser un cours, une rencontre, à collecter des dossiers et des états de questions.

Voilà.

Autre très intéressante retombée de ma décision de mettre fin à cette association merdique : je me réveille enfin avec un dos souple et répondant à mes sollicitations, des douleurs articulaires évanouies…

Message corporel très clair.

Moi qui ai tendance à produire des pierres (et pas des moindres!*)  dans divers endroits de ma carcasse, j’ai intérêt à ne pas préparer le terrain pour en fabriquer d’autres ! C'était logique, remarquez: la période est placée sous le signe de l'épuration du carnet d'adresses.

(* dans ma vésicule biliaire, un machin de la taille d'un pruneau... et dans ma hanche, des cristaux voyageurs enflammant mes ligaments au point de ne plus pouvoir lever la cuisse sur le ventre...)

Car entre la copine qui me relançait deux ans après s'être comportée de manière désagréable, celle qui prête sa voiture sans supporter le partage, et mon déballage de linge sale avec lessivage grand teint derrière au taf l'autre jour, le nettoyage de printemps a été mené tambour battant.

On est en été aujourd'hui, le calendrier est formel... et je suis en accord avec le calendrier.

 

Je peux enfin mettre tous mes efforts à terminer mon dossier de validation des acquis, pour décrocher mon brevet fédéral de formatrice pour adultes.

 

Priorités, priorités. Cordonnier bien chaussé. Charité bien ordonnée. Infirmière à mon propre service. Tous ces trucs que je dis et répète parce que, probablement, je dois lutter pour y arriver...

 

 

 

 

 

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 08:19

 

N’importnawak, la météo ces jours.

Pluie et crachin en mai, les lilas qui pourrissent presque sans avoir donné de leur suave parfum… et vlan tout-à-coup la canicule.

J’ai nié la chose tant que j’ai pu, mais à force de constater que je me réveillais vers les 5 h du mat' parce qu’il commençait à faire plus frais, en me rendant compte que j’avais dormi sans le drap et en feuille de vigne, je me suis rendue à l’évidence – non chérie, ce ne sont pas des bouffées de chaleur, il FAIT chaud.

Le ventilateur ne sort de son armoire que vers fin juillet, normalement. L’autre jour, rentrée du taf vers 16 00, après avoir résisté encore une heure contre l’évidence, j’ai été débusquer l’engin et j’ai enfin pu goûter à du vrai repos. Le machin a vrombi toute la nuit… mais pas la dernière, car l’orage a enfin éclaté.

Belle saison déjà ; oui, je veux bien renouer avec mon rituel du matin au balcon, vitamines, café – et clope, selon les moments. Juste une surprise : à 8 00 du mat’, affluence de trafic sur la rue, on dirait la sortie des bureaux de 17 00.

 

Programme du jour : chez l’ostéo tout à l’heure, car il est temps de réviser les ligaments, ça rouscaille du côté de la hanche (l’autre… pas celle qui est bouffée aux mites). Monter déposer la clé de voiture là ou mon ex-partenaire de car-sharing la trouvera… filer au taf finir ces bilans à restituer à la chaîne lundi prochain, 15’ par participant, je n’en ai que 15 cette fois, ouf… sur 4 heures, y’a intérêt à schader, car les prolongations quand quelqu’un en a besoin, ça mange toute la marge.

En plus, j’ai des choses pas agréables à dire à au moins deux louises - une qui tend à mettre ses camarades au défi d’accomplir plus que ce qu’elle a jamais fait elle-même, mais avec prise de risque zéro pour elle-même… l’autre qui dit tout ce qui lui passe par la tête et en devient le mouton noir de sa classe, vient me tirer par la manche pendant les pauses pour me dire que sa motivation baisse – on dirait une môme de 4 ans.

 

Et revenir me mettre au frais, avec quelques sorbets bien frappés.

 

Car demain et après-demain, malheur, je me tape une formation continue pour un pan d’enseignement dont je reconnais la valeur autant que je déteste le prodiguer… et on va s’activer, il va faire très chaud, et j’ai plein de bobos avec lesquels il va falloir négocier : mes articulations me font mal et puis j’ai réussi il y 10 jours à me lâcher sur le pied un truc très lourd, avec une arête vive – on sent et voit la marque, c’est comme imprimé… et puis avec le millepertuis, faut pas aller au soleil... et merde, j’ai pas envie.

Week-end : je ne moufterai pas. Peut-être un peu de ménage, pour prolonger l’effort de ce matin (ma cuisine est regardable).

Je compte les semaines jusqu’aux vacances, car de fait on est en fin d’année académique, je carbure sur le fonds de la cuve, juste avant la réserve. Encore 5 semaines au pire. Ca va, bien mieux que l’an passé à même date. Le plus gros du boulot annuel sera accompli (les 3/5 en fait).

 

 

Ma partenaire et associée capte l’air du temps : faire des mailings réguliers pour signaler nos cours, ne préparer que le nécessaire pour pouvoir carburer dès le démarrage en cas de cours à donner, ne se voir qu’en cas de nécessité, et pas tous les 10 jours pour faire ensemble ce qu’on pourrait faire séparément et en moins de temps – main dans la main, épaule contre épaule... ça immobilise un bras chez chacune, en fait. Et suite aux mailings de rappel du prochain cours, paf, des inscriptions alors que l'on ne s'y attendait plus! Ca paie, doublement: ma partenaire se rend compte qu'il faut aller chercher le client, clairement. 

 

La série de cours donnés aux étudiants ingénieurs est finie, ils ont aimé, ils en reveulent… que demande le peuple.

 

En bref, ça roule pas mal.

 

Je reprends ce post quelques jours plus tard… Les bilans sont prêts pour aujourd’hui, ça va être non-stop : j’en prends une, je lui dis de quoi, on échange sur son propre ressenti, elle repart. Entretemps, ça peut être prise de tête, l’enjeu est de redonner des pistes à ceux qui sont en difficulté, et de manière à ne pas les brusquer, tout en leur disant des choses essentielles. Cadrer en douceur celle qui va certainement confondre encore une fois formation et espace thérapeutique, suggérer à celle qui ne se mouille guère tout en prodiguant ses critiques que la prise de risque sert à progresser…

 

Heureusement qu’il fait du vent ce matin, on aura moins chaud.

Les deux jours de formation continue ont été denses, j’en ressors frustrée par rapport à mes attentes, mais pas trop mal en point. Toujours ce sentiment de décalage : les autres personnes du groupe sont là par intérêt, je suis là par obligation.

Week-end de repos, un peu plus de ménage… un peu plus de surface redevenue conviviale.

Encore trois semaines ensuite, avant la longue pause estivale. Attendre le retour de mon dossier de candidature pour un poste moins confortable concernant les congés, mais qui m’a fait tilt : accompagnante infirmière auprès de gens en difficulté avec leur consommation d’alcool, et en voie de réinsertion.

Le libellé de l’annonce met en effet bien moins l’accent sur les compétences du diplôme que sur la capacité à soutenir. J’ai donc l’espoir de pouvoir sortir encore un peu plus du trend de valeurs « soins infirmiers » - peut-être que je me trompe. Mais de fait, je recherche un cadre moins flottant que celui dans lequel je baigne depuis 4 ans, et me vaut des avanies ces derniers temps ; le dernier en date, c’est d’être induite en erreur par deux fois concernant les conditions d’admission en formation de soignant, sur la question du niveau de français… et par deux personnes censées être des références. Avec comme conséquence un appel fâché de chef à chef, et une convoc’ pour me faire brosser alors que je ne suis responsable en rien, tout en étant en première ligne.

Sans moi, oh, dis donc. 

Etre la personne par qui le scandale arrive, parce que je débusque des incertitudes censées être claires, ça va faire. On va éclaircir tout ça avec ma cheffe, qui me donne l’impression d’avoir peur de tout et de tous ; et fait sa spécialité de créer de nouveaux problèmes en pensant les solutionner… on se retrouve avec des traitements de cas à deux vitesses, histoire de ménager le partenaire principal étatique… et par-dessus ces traitements, il y a encore la petite cuisine interne des formatrices, va t’y retrouver.

Même en sachant que je ne suis pas la cible unique, et que d’autres se font aussi rappeler à l’ordre (censé tout éclaircir, mais qui brouille les pistes), me prendre des coups de chaud en lisant que ma cheffe veut s’entretenir avec moi au sujet du cas machin et probablement me donner la faute, j’en fatigue.

Et il va bien falloir qu’elle se détrompe de sa croyance que si les collaborateurs donnent leur numéro de portable, chacun est atteignable urbi et orbi pour la dépanner. N’étant pas accrochée à cet engin, que j’utilise pour mon confort avant tout, ça la dérange que je ne sois pas à disposition ; mais bordel, c’est avant tout un espace privé, ce truc… Quand mon employeur me défraiera pour des heures de piquet, et m’offrira de quoi m’acheter un dernier modèle top-du-top et un abonnement qu’il paiera lui-même, on rediscutera. J’en suis à envisager de mentir en prétendant l’avoir perdu, et que je ne vais pas le remplacer…

La double injonction qui me gave, c’est de m’entendre dire qu’il faut me protéger. Je les ai pas attendus pour mettre en place des stratégies-bouclier… on vient me souffler dans les bronches pour que je n’accumule pas d’heures supp’ ? Très bien, l’an prochain je me réserve des plages de rattrapage tout au long de l’année. Vous allez me dire que c’est la base, mais dans le contexte où la hiérarchie flippe faute d’avoir des remplaçants sous la main, ça prend toute sa saveur de double message impossible à satisfaire!

 

Bien. Ma bile est déversée, alors je peux vous faire part de ma journée d’hier, journée de bilans individuels, « secondée » par une collègue qui me demande encore de faire une part de son boulot en plus, c’est fortiche !

15 personnes à voir en enfilade. J’ai vu en premier les cas problématiques. L’une en défense, prétendant qu’elle n’intervient que pour critiquer à cause de sa compréhension immédiate des réponses à donner et qui la fait se tenir en retrait pour ne pas spolier les autres de pouvoir répondre, et qu’elle s’emmerde en cours. Et se donne le rôle d’être responsable du progrès de ses camarades, en particulier en mettant l'un d'eux en position difficile. Ce à quoi je réponds qu’elle est apprenante comme les autres, et que ce n’est pas son binz de challenger ses camarades, mais celui des formatrices. Un peu de modestie, madame. Elle a été incitée à la bienveillance, et on va la mettre en position de prendre le risque de se tromper et de recevoir des critiques de la part de ceux qu’elle débine ainsi implicitement.

L’autre, les larmes lui sont montées d’entendre ce qu’elle devait entendre, elle est venue spontanément sur l’agacement qu’elle peut susciter en disant tout ce qui lui passe par la tête. Vieux problème qu’elle connaît bien… à ma demande, elle va aller se mettre à une place qui lui permet de prendre conscience du groupe, au lieu de se mettre si près de mon bureau qu’elle en ignore les autres, puisque qu’elle ne fait pas l’effort de les regarder pour voir si quelqu’un veut parler, avant d’ouvrir elle-même la bouche.

D’autres ont aussi eu les yeux humides, l’une en particulier en mettant le doigt sur des attitudes qui lui ont déjà porté préjudice auparavant. Les autres, parce que cet entretien les met sur les dents… et qu’ils sont soulagés de s’entendre dire qu’ils vont bien, en somme.

En bref, je m’en suis sortie, et c’était gratifiant, en plus. Ma chance devant cette volée que je dois cornaquer sans partenaire désigné : ce sont des bosseurs, calmes et coopérants.

 

Je me réjouis de ce passage délicat qui était délicat à embouquer, et s’est révélé fertile en échanges. Tous connaissent leurs points faibles, et ont déjà des stratégies de rechange parce qu’ils se connaissent bien. Le cadeau, en somme. Jusqu’à leurs résultats en test formatif : les rares notes insuffisantes sont juste à la limite, aucune catastrophe, des points perdus à cause d’imprécisions et de lecture des données insuffisantes.

La suite de leur programme dépend d’eux, il n’y plus qu’à laisser aller.  A vue de nez, à moins d’accidents majeurs en stage ou à l’examen, tout ça va gentiment vers une réussite pleine et entière, de tous ; et si mes prédictions se réalisent, ce sera le super-cadeau pour moi, seule aux commandes.

 

Bon. Il est temps de m’habiller, et de monter au taf. Zou. 

 

 

 

 

 

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 11:32

 

Avoir des problèmes, résoudre des problèmes : le quotidien à gérer, en somme.

Et si certaines équipes de travail se nourrissaient plutôt du fait d’avoir des problèmes, quitte à en créer ?

 

Pressentiment de plus en plus net, ces derniers temps, que l’équipe où je travaille se nourrit de cette culture-là.

Quitte à pousser la hiérarchie au manquement à une autre culture ambiante : une communication qui prône le respect (déjà, c’est quoi le respect… une notion toute culturelle, encore une).

 

Je trouve qu’elle a du mérite, la hiérarchie, ces temps. Régulièrement désavouée en secret, et tenue à l’écart de problèmes sur lesquels elle a pourtant à charge de statuer. Et stigmatisée de penser à équilibrer les budgets au passage...

Je pressens aussi que tant que certaines questions ne lui sont pas rapportées, chaque membre de cette équipe peut maintenir sa propre notion de confort, en préservant le petit pouvoir construit en douce et bien carré dans son fauteuil. Je fais partie de cette équipe, l’incertitude me profite aussi, du coup…

 

Quand bien même, sur de multiples petits accrocs règne une omerta qui pue doucement de la raie : ne pas les rapporter à qui de droit permet de garder un flou dans lequel il reste possible de statuer selon ses propres règles.

 

Il y a 3 jours, en séance d’équipe, je demande l’avis de mes collègues sur un point vaporeux : un apprenant qui n’est pas présent le jour du test blanc à mi-course de sa formation, sous quelles conditions peut-il rattraper ce test ? Et comment s’organise-t-on, du coup ? J’avais la notion que nous n’avions aucune obligation à cet égard, mais une remplaçante du cours dont j’assume seule les décisions s’est chargée de la question qui lui avait été reposée par une participante, alors que la volée entière est informée que je suis décisionnaire et référente. (Je repère  au passage que la participante a une manière relou d’obtenir ce qu’elle veut, lorsque la réponse ne lui convient pas ; un trait de caractère sur lequel il va falloir que j’attire son attention lors de son bilan de mi-formation, car cela s'est produit à plusieurs reprises déjà).

Trop serviable, ma remplaçante, au lieu de me relancer, demande innocemment à notre référente ce qu’il en est ; il lui est répondu en des termes qui laissent le choix au formateur selon les possibilités de l’environnement (disposer d’une salle au jour de formation suivant pour faire faire ce fameux test).

Elle me rapporte cette notion-là, et d’abord je me dis « Mais qu’est-ce qu’elle fout ? », pensant à une situation où moi-même je m’étais fait durement ramasser en me mêlant de faire plus que rapporter la problématique à une référente d’une volée. Dans ma culture professionnelle jusque-là, je devais moi régler un problème qui surgissait lors de journées de remplacement… eh bien non, ici, ça ne se fait pas, on refourgue le tout à la référente. Message reçu.

Depuis, je redonne sans plus m’en mêler.

 

Alors pourquoi s'en mêle-t-elle? Au passage, je remarque aussi que, nouvellement réintégrée dans l'équipe, elle démuliplie cette serviabilité, au détriment de l'entente cordiale...

 

Bref, quand même, la question du rattrapage méritait d’être reposée en colloque… Et là, je reste scotchée par la réponse affirmée de la référente qui n’avait donné que des pistes à ma remplaçante : en somme, j’ai fauté, j’aurais dû organiser ce rattrapage, bien sûr.

L’équipe, elle, reste silencieuse… prouvant ainsi que cette question était loin d’être claire pour tous. La hiérarchie nous sort de l’ambiance pesante qui s’était installée, en insistant pour qu’un protocole soit clairement formulé, puisqu’au contraire de ce qu’affirmait la référente de domaine encore et encore, personne ne savait vraiment à quoi s’en tenir. J’aime quand ma cheffe remplit son rôle.

 

Dans la foulée, en expliquant les raisons qui, en l’absence d’une règle clairement établie, me poussait dans le sens de ne pas offrir de rattrapage, je me ramasse un jugement de valeur de la part d’une collègue jusque-là insoupçonnable à mes yeux. Mon argument : être cohérente sur le message que j’allais devoir faire passer à l’apprenante, qui démontre une belle capacité à la manipulation. Elle voulait le beurre et l’argent du beurre, en organisant sa formation autour de son petit projet personnel ; soit rater délibérément un jour de cours et réclamer ensuite un traitement particulier, qui nécessite une réorganisation fouillée. Quelle hétérogénéité démontrerais-je, en lui reflétant une facette de personnalité qui pourrait lui causer des ennuis en stage, tout en accédant à sa manipulation ?

A mon grand dam, me voilà taxée de punisseuse…

Alors que j’avais longuement réfléchi pour poser le cadre selon ce qu’on m’a donné à voir depuis 4 ans que je fais partie de cette équipe. Punir ? PUNIR ? Oh mais ça va les dents ? Me voilà le mauvais objet, la scandaleuse…

 

La référente, je retourne la questionner : que faire pour rattraper cette erreur ? On trouve un moyen terme… mais au passage, elle croit me dédouaner en me disant que j’ai beaucoup travaillé au début avec une collègue qui n’en faisait qu’à sa tête, et qui a démissionné il y a dix-huit mois - en partie pour des questions de congruence de l’équipe, telle que celle qui vient d'être soulevée. En somme, elle a bon dos, l’absente. Et je ne compte plus les occasions où l’on m’a reflété que mes "manquements", je les lui devais.

 

Ce coup-là, j’ai senti comme jamais auparavant que mes pieds se calaient dans les starting-blocks : j’ai immédiatement pris la décision de me remettre sérieusement en quête d’un autre job. Incroyable coup du destin : je tombe le jour suivant sur une offre d’emploi qui me fait dresser les oreilles et humer une petite brise prometteuse, je mets en route la procédure d’envoi de dossier.

 

Mon ambivalence les jours suivants m’éclaire sur un point bien douloureux : suis-je prête à quitter un endroit où le flou me profite aussi ?

Dilemme.

 

Je n’ai pas de réponse. Sinon que l’ambivalence permet de geler une décision, de rester immobile en attendant que le loup soit passé. Pourquoi ai-je besoin de ça ?

En l’occurrence, j’ai besoin de sécuriser ma validation d’acquis, bien agendée pour les prochains mois. M’aventurer à intégrer une nouvelle équipe, un nouveau job, c’est prendre un gros risque : demander des congés particuliers, recommencer des horaires de nuisance (commencer à point d’heure le matin, ou finir tard le soir). De quoi ai-je besoin, vraiment, en ce moment ?

 

Je vais voir. Je vais poursuivre jusqu’au bout l’exercice de « changer de job », pour huiler mes ressorts. Quitte à décliner le poste s’il m’est accordé.

 

Il reste que cette culture-là, avoir des problèmes, me gonfle plus que jamais. Solution : prendre mes distances. Et là, j’ai de quoi faire, me connaissant ! J’ai l’art de soulever les lézards… alors travailler à les laisser se dorer au soleil, c’est un challenge à relever.

 

Je suis sur mon balcon, il fait bon, c’est samedi. Et mon Zorro qui a largué un bon kilo vient de me donner une satisfaction : sautant dans le jardin 2 mètres plus bas, il s’est reçu avec bien moins de lourdeur dans les graviers, le bruit est réconfortant. J’avais bien repéré que quand il décarrait en bas de mon lit, le son produit révélait que ces deux derniers mois de régime portaient leurs fruits – même si je peux voir qu’il est moins massif.

D’autant plus qu’il vient de remonter silencieusement la petite échelle à laquelle il devait auparavant s’accrocher de toutes ses griffes – sa peine et ses ahans me faisaient mal au cœur.

Je suis contente: là, ça marche bien.

 

Le calme revient. J’apprécie.

 

 

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29 mai 2014 4 29 /05 /mai /2014 09:43

 

Chaque année en mai, pas moyen d’échapper aux voisins : Roland-Garros et les flips des candidats au bac envahissent les journaux télévisés.

 

Côté tennis, sans être passionnée, je me réveille aux environs des demi-finales parce dans ce dernier pré-carré se tiennent des gaillards qui arrivent à enregistrer ensemble des messages humanitaires en se poilant, comme Federer et Nadal. Respect aux athlètes et à l’envergure finalement modeste de ces quelques gnolguis. Oué. Je pense que c'est lié à leurs personnalités, aussi, et au fait qu'ils durent sur le circuit pour le plasir, même si leurs performances deviennent plus fluctuantes; ça nous change des multiples étoiles filantes des courts, genre Michael Chang, au sommet à 17 ans. L'année suivante, disparu... Besoin de héros humains, plus que de comètes qui se dissolvent dans leur course folle, telle Marion Bartoli qui l'an dernier annonçait en pleurant que son corps n'en pouvait plus de tout ce qu'elle lui infligeait depuis si longtemps, en outrepassant douleurs et blessures.

Pour les sujets côté bac, je ne comprends pas que ça soulève tant d’enthousiasme. C’est vrai quoi, depuis Bologne, tout un chacun peut accéder aux plus hautes études en empruntant les diverses passerelles prévues à cet effet. Et ceux qui n'ont pas de bac ? Ranafout ?

 

Je soupçonne juste le coq gaulois qui sommeille en chacun de nous (faut pas croire que seul le français est fier d’être ce qu’il est, à l’occasion mon chauvinisme helvétique se réveille) a gonflé son jabot  en savourant à l’avance de pouvoir annoncer à la face du monde que le taux de réussite au bac en Hexagonie dépassait l’an passé les 90%. Même si c’est la question de savoir si internet y contribuait qui a servi de prétexte  aux journalistes de M6!

90% d'une classe d'âge au bac... ça fait pas beaucoup de balayeurs sur la rue... Et même, qu'est-ce qu'ils en font, après, de leur bac...

 

Tiens, l’autre jour on causait en supervision de formateurs du système d’apprentissage – en soi, hein, entendons-nous ; que ça concerne les universitaires ou les apprentis – du système d’apprentissage disais-je, qui est bâti sur le modèle réussite/échec. Le psychologue en forme de Père Noël qui nous coachait nous faisait part de son cœur saignant devant un système qui recale plutôt que de continuer à former jusqu’à ce que le candidat soit prêt.

Attendrissant, le saint Nicolas, mais aux pives.

 

Le système actuel econtinue de former après l'échec, mais de manière à permettre aux enseignants de tenir le choc des classes surgonflées, aux secrétariats de gérer la masse administrative supplémentaire, sans parler du fait que les salles de cours ne sont pas extensibles à l’infini –  foutu monde incarné, va. Et laisse tout loisir aux apprenants de réaliser qu’il va falloir méchamment reprendre les rames, ou que peut-être le diplôme visé est au-delà de leurs possibilités, hein, faut aussi penser à ça. Le monde est plein de gens dont on a eu pitié et qui se traînent en loosers patentés, se demandant pourquoi leur diplôme ne leur a ouvert aucune porte. Sans compter que la fuite dans les études peut prop ulser des gens en master, quand ils n'ont aucune expérience précédente de poste où ils aurainet normalement dû se faire les griffes.

 

Au fait j’y pense, du programme de formation que je donne on vient de jarter, pour la seconde fois en 3 mois, la même personne qui n’arrivait pas à se décider entre s’occuper d’elle-même et apprendre à s’occuper des autres. Grosse erreur de la réintégrer aussi vite, mais règlement à l’appui, on y était obligés. Quand j’avais vu son nom réapparaître dans la liste de présence d’une volée suivante, j’avais plissé les yeux, humant l’odeur de moisi de la situation malgré les indéniables capacités de la dame en question. Il y a des moments OK et d’autres pas OK dans la vie pour entamer des projets sérieux, quelles que soient les capacités des gens ; elles peuvent être momentanément occultées par de gros nuages – j’en sais quelque chose.

 

Je me projette en arrière, vers mes 15 ans et demi ; j’atterris au gymnase meurtrie par le décès prématuré de mon père, et la conscience aigüe qu’il avait creusé sa tombe. Un gros con de doyen pervers et la remise en couple de ma mère par là-dessus – avec le petit copain de ma sœur… - ben ça faisait trop lourd la facture, je me suis laissée couler, j’avais besoin d’un répit, de recommencer ailleurs que dans cet endroit dont les couleurs me faisaient gerber, vert et jaune dégueulis.

Je recommence dans un autre établissement, chargé d’histoire ; dans la vieille ville, avec un doyen bon comme le pain, un juste. Donnant envie de faire honneur – j’ai arraché un 8 sur 10 à la version latine au bac…

 

Un ballon d’oxygène, cet homme-là.

 

Plus tard, sans avoir du tout réglé mes factures, au contraire alourdie par l’atmosphère familiale devenue épaisse comme du lard gras qu’on essaierait de débiter à la cuillère, je renonce à des études trop coûteuses au plan humain et m’enquille dans une filière voisine, pendant lesquelles j’étais au moins défrayée – je pouvais ainsi quitter la maison, aller chercher d’autres poches d’air.

Ça tient, quoi… un an, le temps de m’effondrer en enseignement clinique en m’occupant d’un patient mutilé, malmenée par un référent infirmier qui détestait s’occuper des élèves : le bordereau de paiement était arrivé sur mon bureau, en temps normal je lui aurais billé dans le cadre à ce gros malotru, je serais allée parler à mes monitrices.

 

Je prends alors seule la décision de rejoindre la volée suivante, en entamant très sérieusement une psychothérapie pour démêler les pelotes diverses – c’était pas du luxe. Les pelotes n’ont pas disparu, mais au moins je les ai réenroulées sur elles-mêmes en les classant par ordre de couleur, de grandeur ; bref en apprivoisant les noeuds.

 

Sur le moment, l’échec est humiliant. Avec le recul, j’analyse différemment : en somme, j’ai profité d’une chambre de décompression pour mener doucement deux projets différents et complémentaires, enfiler des bottes étanches, marcher précautionneusement en cherchant le fonds solide.

 

 

Le bac le plus important pour moi, c’est le chemin vers l’autonomie. Et aussi le balayage de la culpabilité. On ne peut dire qu’on a fait un mauvais choix que quand le résultat n’est pas la réussite, et encore, il y a des réussites qui ont des parfums d’échec, suivant la pression qu’on s’est mis ; j’ai fait plein de choix peu probants (si on ne se fie qu’au résultat de surface) parce qu’il fallait une fois prendre le risque de voir ce qui en résultait, et que grâce aux thérapeutes, j’avais quitté cette trouille de ne pas satisfaire aux exigences des autres, privilégiant désormais mes propres critères de réussite. Je ne les considère pas comme des échecs, mais comme des explorations de voies possibles.

  

Je dirais que le meilleur formateur est celui qui arrive à infuser la notion d’échec comme un outil pour s'améliorer. Et toutes les Cassandre casse-pieds, les « je te l’avais bien dit » et autres triomphes faciles et égotiques ne sont là que pour flatter la personne en position haute – ce qu’ils sont horripilants, ces revanchards-là …

Et puis le monde est pavé de bonnes intentions qui soit foutent la merde, soit ne tiennent pas leurs promesses : en explorant récemment à mon taf l’ingénierie de formation côté coulisses, j’entends parler de diverses mesures destinées à réduire les risques d’échec – bilans, tests formatifs, journal d’apprentissage. Premier réflexe intérieur:  waow, super, qu’est-ce qu’on est des gens "bien".

Mais au passage, je me rends compte que mon informateur tout fiérot de mettre en évidence cette belle application des principes de notre certificateur EduQUA, ignore, tout responsable général de secteur qu'il est, une mesure tout aussi importante et pourtant ultra-chronophage pour les formateurs : les enseignements cliniques que nous sommes censés pouvoir prodiguer en cas de besoin, et que nous ne pouvons pas accorder, concrètement parlant - car il nous faudrait carrément une demi-journée de plus par personne en réserve pour y satisfaire. Autant dire qu’on ne la signale pas trop, cette possibilité… ou qu’on s’arrange pour la présenter comme un truc accordé à titre exceptionnel pour tirer quelqu’un d’un mauvais pas. Pour bien faire, il faudrait prévoir, par semaine, au moins deux jours de réserve par formatrice. Soit un poste à 50% à l'année complète...

La gueule qu’il a tirée, mon responsable, en réalisant cette charge supplémentaire dont il ne peut tenir compte que pour dans deux ans, le budget étant d’ores et déjà reconduit pour l’an prochain. Et moi je me demande comment ça a pu lui échapper, depuis plus de deux ans qu’il est en fonction… Comment il va se débrouiller pour faire entrer ça dans nos plannings... 

 

Toute l’étrangeté de la situation est là : j’ai un chef qui chapeaute une équipe d’infirmières diplômées, de formatrices certifiées, et qui lui-même n’est ni soignant, ni formateur, ni gestionnaire, mais ingénieur en sciences agricoles. Comment dès lors pourrait-il se douter de ramifications et de pans d’organisation des cours qui ne lui sont pas posés sous les yeux ?

 

Passons. Mettons que notre taux de réussite nous flatte à double titre – les quelques échecs ici et là nous confortant (à tort, selon certains) dans l’idée que nous sommes dans la bonne marge. Mettons que vaille que vaille, chaque année, environ 400 auxiliaires de santé certifiés se retrouvent sur le marché. Si la population, indéniablement, vieillit ; et si les places manquent régulièrement pour accueillir le nombre grandissant de seniors, les établissements ne fleurissent pas à mesure, les postes non plus. Les RH filtrent les meilleurs certifiés... 

 

Se former, dès lors… pourquoi faire ? Passe ton bac, pour te retrouver après un master en géographie à apprendre à torcher le monde, pour des clopinettes… ben ouais, tu vois, de temps en temps on trouve dans nos volées des comptables analytiques ou des licenciés en mathématiques; des réfugiés économiques, quoi. Et pas que des espagnols, des portugais ou bien des africains… en plus on attend les ukrainiens et les grecs…. mais parfois des gens bien d’ici, de Romandie.

Féchié, non ?

 

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 09:53

 

 

Yeeesss, encore une occasion de jouer à la vieille conne ! Ce coup-là, c’est pour faire l’académicienne du français, au chapitre « évolution de la langue ».

 

Je préfère dire « évolution de la langue », parce que d’abord, diplomatiquement c’est plus soft… mais en fait je tourne sept fois ma plume dans mon encrier, vu qu’au fond, ça me troue de voir qu’on lâche l'orthographe des accents sur les « i », par exemple. Bon, je reviens vite de ma première surprise (abattue, je précise) devant les usages qui se perdent.

La langue bouge, oui, eh bien… c’est bien, oui, OK. Et ça date pas d’aujourd’hui : vous mettez un pékin lambda de notre époque au milieu de gens qui parlent exclusivement la langue qu’on causait ici il y a quelques siècles, et le pauvre, il est juste paumé. Déjà qu’il y a 35 ans le grand-père de mon beau-père lui demandait d’où venait son épouse ma mère, vu qu’elle causait en lausannois, et lui en « romanélien ». Lausanne-Romanel : 5 km de distance à tout casser…

C’est François 1er qui a entre autres commencé à fixer l’usage du français, ça date de 1539, Rabelais vivait à la même époque, ben vazy pour comprendre fastoche ses textes… Brèfle, je me soigne pour encaisser que même sur la durée de ma misérable existence, l’usage du français puisse se modifier – ça va mieux depuis que je prends mes gouttes.

 

 

Mais là où j’ai l’impression qu’un crin-crin me grince aux oreilles, c’est en entendant les tics de langage qui s’installent, et ça se répand comme tache d'huile, même dans les journaux - on dirait qu'ils ont débauché tous leurs correcteurs, en se reposant sur Word et la fonction "Révision". 

Tiens voir, le premier : mettre les verbes pouvoir et permettre à toutes les sauces… et ça donne des séquences aberrantes comme celle entendue au téléjournal l'autre jour: « pour pouvoir permettre de pouvoir arriver », les oreilles m’en sont tombées -  c'est quoi l'idée? C'est histoire d’hyper-ménager les susceptibilités, au cas où même en ayant la possibilité et la permission de possiblement essayer de faire quelque chose, quelqu’un n’y arrive pas ? Le povre. 

Je m’interloque. (Hé oui, moi aussi j’ai droit aux néologismes – je contribue à faire évoluer la langue, na.)

 

Dans la même série, l’usage du futur à tout bout de champ : « le sabayon va monter », « l’application va vous diriger sur un opérateur », et ainsi de suite. Attends, on est encore dans la prudence ? Alors qu’on présente des faits déjà accomplis, ou une vérité vraie et éprouvée… Merdenfin, on nous montre des imprimantes 3D qui fabriquent de os artificiels au micromètre pour ta hanche à toi et rien qu'à toi, le futur est donc bien présent déjà dans les faits, mais n'a rien à faire dans le langage.

Peut-être que ça fait élégant, mais au coin de la phrase me surgit l’image du Bourgeois gentilhomme (t’as vu, moi aussi je participe au pataquès général) qui s’enrubanne pour faire mode et en devient ridicule. Comme une dodue qui s'obstinerait à s'habiller en jeans taille basse, quitte à se fabriquer un look de porte-crayon boursouflé (le nombre de raies du cul dans lesquelles j'ai imaginé de glisser des flyers, je vous dis pas...)

 


Allez, encore une: « au jour d’aujourd’hui », tiens, voilà une expression qui me gonfle. C’est les paillettes  partout dans la tenue de jour, le ticheurte moulant léopard sur leggings tigrés. La moulure de trop sur le portail rococo, le détail qui ruine l’ensemble.

Ca veut dire quoi d’ailleurs ? Quel est le snobinard qui a lâché cette incongruité en premier ? Ca redonde trois fois le même truc, un pléonasme pur. Et pis ça se la joue, ça se la pète.

 

Bref. Le français qui fixe ses nouvelles règles se base sur l’usage que l’on en fait. Ca se passe aussi comme ça pour les lois, et c’est bien, les mentalités évoluent, si ça ne pouvait pas se faire, on pourrait toujours se brosser pour voter, les filles. Alors OK, je fais pas deux poids deux mesures, par pure éthique.. 

 

Mais j'ai quand même plus de peine avec ce français que j’ai aimé apprendre, lire, écrire, et que je ressens comme bafoué, galvaudé, tronqué, malmené.

 

Conclusion : sur le chapitre, je deviens presque une vieille schnoque conservatrice.

 

J’assume.

 

A part ça, on me sollicite souvent pour corriger des textes : formulations, déroulement logique des phrases - histoire de se rendre compréhensible au lecteur.

 

Du coup, je me dis qu’il y a peut-être deux sortes de français : celui qu’on utilise pour s’attirer les bonnes grâces du destinataire, et celui qui correspond à notre vrai Moi qui n’a peur de personne. J’ai l’air d’enfoncer une porte ouverte, car c’est clair que moi-même je me permets d’utiliser un langage assez vert au privé, et que je me châtie l’expression au taf, comme tout un chacun. 

Quoique.

Plus ça va, moins j’ai de retenue à exprimer franchement mon ressenti, particulièrement quand ça me libère de me décharger ainsi dans des oreilles bienveillantes et rompues à la confidentialité. Dans le sens que ça peut alléger la charge que je ressens à côtoyer certaines personnes dont les comportements font partie des pénibilités avec lesquelles je dois composer. Et que je peux alors me concentrer sur l'essentiel de ce qu'on a à faire ensemble, puisqu'on doit le faire. (Hein que je le dis ampoulé ? Pour pas dire kimfonchié ?) 

 

Bon. Il y aurait donc le langage qui maintient la santé sociale… et celui qui maintient l’intégrité mentale et spirituelle… quoique ce soit pas aussi net que ça… mais tu vois l’idée générale.

 

Je m’égare, je m’égare.

 

Tout ça pour dire que s’il existait des moyens de me désensibiliser à ces tocs et tics de langage, s’il existait des protocoles comme pour les allergies, ben je me tâterais pour aller me faire piquouzer.

Je fais déjà assez bien la part des choses, je trouve, chaque fois que je corrige des travaux et des tests d’apprenants non-francophones. Ils sont parfois rédigés dans un français si approximatif que je dois lire la séquence de mots à haute voix pour les comprendre phonétiquement. Après, je remets les lettres et les espaces à leurs places respectives, comme dans le jeu « Harry »… si j’étais payée à cette tâche-là en heures supp’, je pense qu’à l’année je me ferais un quatorzième salaire. Sans déc’.

 

Bon. Je crois que j’ai assez ronchonné pour aujourd’hui. C’est congé, il fait bleu, je vais aller recharger le frigo, profiter des câlins du gros Zorro (qui a diminué de volume, clairement).

Prendre mes vitamines (la cure de printemps) ; prendre mes spagyries pour éviter la négativité et cultiver la jubilation.

 

Par exemple, celle de bien manger quand j’ai faim et de l’appétit. Rien que ça, pour tout le monde, c’est loin d’être évident tous les jours. Alors je vais profiter parce que juste là, maintenant, j’ai faim et j’ai envie de bonnes choses.

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