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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 09:53

 

 

Yeeesss, encore une occasion de jouer à la vieille conne ! Ce coup-là, c’est pour faire l’académicienne du français, au chapitre « évolution de la langue ».

 

Je préfère dire « évolution de la langue », parce que d’abord, diplomatiquement c’est plus soft… mais en fait je tourne sept fois ma plume dans mon encrier, vu qu’au fond, ça me troue de voir qu’on lâche l'orthographe des accents sur les « i », par exemple. Bon, je reviens vite de ma première surprise (abattue, je précise) devant les usages qui se perdent.

La langue bouge, oui, eh bien… c’est bien, oui, OK. Et ça date pas d’aujourd’hui : vous mettez un pékin lambda de notre époque au milieu de gens qui parlent exclusivement la langue qu’on causait ici il y a quelques siècles, et le pauvre, il est juste paumé. Déjà qu’il y a 35 ans le grand-père de mon beau-père lui demandait d’où venait son épouse ma mère, vu qu’elle causait en lausannois, et lui en « romanélien ». Lausanne-Romanel : 5 km de distance à tout casser…

C’est François 1er qui a entre autres commencé à fixer l’usage du français, ça date de 1539, Rabelais vivait à la même époque, ben vazy pour comprendre fastoche ses textes… Brèfle, je me soigne pour encaisser que même sur la durée de ma misérable existence, l’usage du français puisse se modifier – ça va mieux depuis que je prends mes gouttes.

 

 

Mais là où j’ai l’impression qu’un crin-crin me grince aux oreilles, c’est en entendant les tics de langage qui s’installent, et ça se répand comme tache d'huile, même dans les journaux - on dirait qu'ils ont débauché tous leurs correcteurs, en se reposant sur Word et la fonction "Révision". 

Tiens voir, le premier : mettre les verbes pouvoir et permettre à toutes les sauces… et ça donne des séquences aberrantes comme celle entendue au téléjournal l'autre jour: « pour pouvoir permettre de pouvoir arriver », les oreilles m’en sont tombées -  c'est quoi l'idée? C'est histoire d’hyper-ménager les susceptibilités, au cas où même en ayant la possibilité et la permission de possiblement essayer de faire quelque chose, quelqu’un n’y arrive pas ? Le povre. 

Je m’interloque. (Hé oui, moi aussi j’ai droit aux néologismes – je contribue à faire évoluer la langue, na.)

 

Dans la même série, l’usage du futur à tout bout de champ : « le sabayon va monter », « l’application va vous diriger sur un opérateur », et ainsi de suite. Attends, on est encore dans la prudence ? Alors qu’on présente des faits déjà accomplis, ou une vérité vraie et éprouvée… Merdenfin, on nous montre des imprimantes 3D qui fabriquent de os artificiels au micromètre pour ta hanche à toi et rien qu'à toi, le futur est donc bien présent déjà dans les faits, mais n'a rien à faire dans le langage.

Peut-être que ça fait élégant, mais au coin de la phrase me surgit l’image du Bourgeois gentilhomme (t’as vu, moi aussi je participe au pataquès général) qui s’enrubanne pour faire mode et en devient ridicule. Comme une dodue qui s'obstinerait à s'habiller en jeans taille basse, quitte à se fabriquer un look de porte-crayon boursouflé (le nombre de raies du cul dans lesquelles j'ai imaginé de glisser des flyers, je vous dis pas...)

 


Allez, encore une: « au jour d’aujourd’hui », tiens, voilà une expression qui me gonfle. C’est les paillettes  partout dans la tenue de jour, le ticheurte moulant léopard sur leggings tigrés. La moulure de trop sur le portail rococo, le détail qui ruine l’ensemble.

Ca veut dire quoi d’ailleurs ? Quel est le snobinard qui a lâché cette incongruité en premier ? Ca redonde trois fois le même truc, un pléonasme pur. Et pis ça se la joue, ça se la pète.

 

Bref. Le français qui fixe ses nouvelles règles se base sur l’usage que l’on en fait. Ca se passe aussi comme ça pour les lois, et c’est bien, les mentalités évoluent, si ça ne pouvait pas se faire, on pourrait toujours se brosser pour voter, les filles. Alors OK, je fais pas deux poids deux mesures, par pure éthique.. 

 

Mais j'ai quand même plus de peine avec ce français que j’ai aimé apprendre, lire, écrire, et que je ressens comme bafoué, galvaudé, tronqué, malmené.

 

Conclusion : sur le chapitre, je deviens presque une vieille schnoque conservatrice.

 

J’assume.

 

A part ça, on me sollicite souvent pour corriger des textes : formulations, déroulement logique des phrases - histoire de se rendre compréhensible au lecteur.

 

Du coup, je me dis qu’il y a peut-être deux sortes de français : celui qu’on utilise pour s’attirer les bonnes grâces du destinataire, et celui qui correspond à notre vrai Moi qui n’a peur de personne. J’ai l’air d’enfoncer une porte ouverte, car c’est clair que moi-même je me permets d’utiliser un langage assez vert au privé, et que je me châtie l’expression au taf, comme tout un chacun. 

Quoique.

Plus ça va, moins j’ai de retenue à exprimer franchement mon ressenti, particulièrement quand ça me libère de me décharger ainsi dans des oreilles bienveillantes et rompues à la confidentialité. Dans le sens que ça peut alléger la charge que je ressens à côtoyer certaines personnes dont les comportements font partie des pénibilités avec lesquelles je dois composer. Et que je peux alors me concentrer sur l'essentiel de ce qu'on a à faire ensemble, puisqu'on doit le faire. (Hein que je le dis ampoulé ? Pour pas dire kimfonchié ?) 

 

Bon. Il y aurait donc le langage qui maintient la santé sociale… et celui qui maintient l’intégrité mentale et spirituelle… quoique ce soit pas aussi net que ça… mais tu vois l’idée générale.

 

Je m’égare, je m’égare.

 

Tout ça pour dire que s’il existait des moyens de me désensibiliser à ces tocs et tics de langage, s’il existait des protocoles comme pour les allergies, ben je me tâterais pour aller me faire piquouzer.

Je fais déjà assez bien la part des choses, je trouve, chaque fois que je corrige des travaux et des tests d’apprenants non-francophones. Ils sont parfois rédigés dans un français si approximatif que je dois lire la séquence de mots à haute voix pour les comprendre phonétiquement. Après, je remets les lettres et les espaces à leurs places respectives, comme dans le jeu « Harry »… si j’étais payée à cette tâche-là en heures supp’, je pense qu’à l’année je me ferais un quatorzième salaire. Sans déc’.

 

Bon. Je crois que j’ai assez ronchonné pour aujourd’hui. C’est congé, il fait bleu, je vais aller recharger le frigo, profiter des câlins du gros Zorro (qui a diminué de volume, clairement).

Prendre mes vitamines (la cure de printemps) ; prendre mes spagyries pour éviter la négativité et cultiver la jubilation.

 

Par exemple, celle de bien manger quand j’ai faim et de l’appétit. Rien que ça, pour tout le monde, c’est loin d’être évident tous les jours. Alors je vais profiter parce que juste là, maintenant, j’ai faim et j’ai envie de bonnes choses.

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