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29 octobre 2023 7 29 /10 /octobre /2023 09:01

 

 

Bon, vous connaissez déjà ma passion pour le rugby, tardive et datant de 4 ans en arrière tout juste. Ou pas !

Mais je refais l’historique, j’aime raconter cette histoire et ce que ça a bouleversé dans mon paysage… Pour ceusses qui connaissent déjà, rendez-vous ici « Et comme ça fait 4 ans que j’ai commencé le rugby, », un bon bout plus bas. Tiens, je mets la phrase en question en bleu, comme ça vous vous y retrouvez.

 

2019, Coupe du Monde à Tokyo, mézigues immobilisée à la maison, regardant beaucoup la télé.

Dans un contexte où j’avais épuisé les ressources habituelles (documentaires sur l’astrophysique et les événements historiques, films vieux et moins vieux, jeux de 20 00, séries), je tombe sur des images du premier match des Springboks sudafricains…

Normalement, le rugby, je zappais : ces gens qui se foutaient sur la gueule, qui se mettaient en tas tout le temps, boaf. Mais là, voir le petit capitaine sudaf’ avec sa bouille de bébé-nougat, qui se ruait sur des colosses qui devaient bien peser un quart de poids en plus… et entendre pour une fois des commentaires qui me donnaient à comprendre la différence entre les tas divers… bref, l’un dans l’autre, ça a fait comme de la barbe-à-papa, je suis restée crochée, fascinée. Et les couleurs de leurs tenues, vert et or …. Par ailleurs moulantes… eh ben ça gâchait rien.

Les sudafs ont gagné.

Alors j’ai cherché les dates de leurs matches, coché les créneaux dans mon agenda, et je les ai suivis jusqu’à leur victoire finale. Au fil des rencontres, je me suis aperçue de la disparité des statures – une tête et demie parfois, et diverses morphologies qui offrent un panel complet de la race humaine ; et je me suis dit… que moi aussi je pourrais apprendre à jouer au rugby. La discipline au combat, je connais depuis l’adolescence, et le goût m’en est revenu. Entretemps, dans mes jeunes années, volleyball en première ligue, après avoir évolué en finale nationale avec les juniors.

 

Que fait donc Clem à ce moment ? Elle maile à la Fédération suisse, qui lui répond que le club de rugby le plus proche est à 5’ en voiture. Je m’y risque, et même en cette période de COVID merdique, m’essaie au jeu autant que possible. Après un an et demi d’entraînements pour la plupart annulés, de fréquentation assidue, finalement découragée et déçue par une coach excédée qui paraissait accueillante et prometteuse au premier abord, je rends les armes un beau soir, au milieu d’une session où j’ai trouvé qu’elle me parlait bien mal.

Je conçois bien qu’un club ambitieux aie de la peine à accueillir une sexagénaire, même enthousiaste, et au surplus souffrant entre autres de quelques bobos de l’âge, et ignorant quasi tout du rugby.

J’ai filé, dans une colère noire ; mais je me suis dit que ça ne pouvait pas s’arrêter comme ça, alors le lendemain, en bonne tronche de cake, je cherche sur la toile un autre club. Et très vite je tombe sur une adresse où je pose un message… Leur slogan de l’époque, c’était « Une grande famille », ça m’a fait tilt.

 

Au téléphone avec la présidente, curieuse de savoir pourquoi je voulais commencer le rugby à 60 balais, j’ai répondu franchement sur tous les plans, parlant même de la grande affaire de santé dans laquelle je m’étais embarquée : larguer une quarantaine de kilos et stopper une montée inexorable de mon poids, assumé jusque-là à cause de ce que je croyais être juste un mélange de fatalité génétique, de ménopause et de surmenage en raison d’une reconversion professionnelle assez rude. Au final, l’histoire est simple : un doux mélange d’apnée du sommeil gravissime, et en montée à cause du poids augmentant, ce qui aggravait l’apnée – sommeil impossible, mais je ne me rendais pas compte que même en pensant dormir 14 heures par jour, je me réveillais toutes les 50 secondes…plus de sommeil profond et réparateur, et même un syndrome métabolique, du coup – dûment traité à l’époque ; et dans le tableau plus récent, la découverte de ce qui semble être un Hashimoto (j’attaquerais ma propre thyroïde…). Non-symptomatique, dit subclinique, mais patent dans mes examens sanguins.

 

Bref, j’ai emmêlé le rugby et la progression de ma guérison, et j’y ai pris goût, au jeu : dans mon nouveau club, j’ai appris à lancer, recevoir ; décrypté péniblement la complexité des règles, mais apprécié les valeurs chevaleresques en cours, et aimé me dépenser. Et même me prendre quelques sérieuses blessures (toutes les articulations y ont passé, quelques côtes ont morflé, je me suis quasi claqué des ischios-jambiers, et j’ai vécu une commotion qui m’a rendue… prudente). On m’a guidée, coachée, engueulée (j’ai moins aimé… mais bon, apparemment c’est très en vogue dans ce sport, y compris de se réconcilier rapido), et j’ai vécu de précieux moments en rejoignant l’Ecole du rugby - pas pour coacher, ça c’est venu plus tard… mais pour apprendre, bêtement ! Certains minots étaient perplexes, j’ai dû faire gaffe qu’ils ne me prennent pas pour une éduc ; et même en prenant le temps de leur expliquer pourquoi j’étais là, ça mettait en boule un certain coach, avec un bel accent écossais… qui gueulait beaucoup trop à mon avis, rendant son discours encore moins compréhensible, du coup. J’étais alors avec des pré-ados.

 

Un beau soir, je m’éloigne, outrée et pestant contre le coach en question. Je me rapproche des petits, et je regarde le comportement de leur coach. J’accroche, j’échange avec son aide, une joueuse en équipe nationale qui devait avoir commencé dès ses 5 ans, soit 15 ans de jeu dans les pattes. Et là, peu à peu, comme on m’explique plein de trucs, que les gens accueillent mes questions et mes doutes avec bienveillance, quelque chose d’indéfinissable pointe le bout du nez.

Je participe aussi aux sessions des adultes, je commence à capter la ligne générale : ne pas laisser de trou dans la défense et me tenir disponible au bon endroit en attaque. Je me souviens, au début, d’un moment où j’ai reçu le ballon et me suis arrêtée net : un pote me crie « Mais tu fous quoi ? », je lui réponds « Oui, justement, qu’est-ce que je dois foutre ? » « Avance, avance ! » Haaaa… ben oui. Ça semble évident mais avec mes blessures, j’avais un peu la trouille du placage. Et je reculais, non seulement perdant du terrain mais donnant largement à la défense le temps de se réorganiser, et mettre moi-même ma ligne en échec.

En même temps, je regarde le plus possible les matches à la télé, reviens poser mes questions… j’apprends. J’absorbe, comme une éponge. Et comme le club organise régulièrement des sorties, je me sens de plus en plus en cohésion avec tous, je fais mes erreurs diplomatiques dont j’apprends encore plus…

 

La fine mouche de coach des riquiquis, un colosse, pressent tout ce que je pourrais retirer d’aller me former comme coach pour les petits : mon niveau de rugby me permettrait d’animer des sessions de sensibilisation, et fatalement j’en apprendrais de plus en plus. Alors je m’y mets, gentiment, en secondant le maître en sensibilisation auprès des écoles, un autre coach… en me déplaçant avec les gosses sur les tournois… J’ai aussi à offrir ma valise d’infirmière et un poste sanitaire improvisé, mais de plus en plus apprécié par les instances organisatrices.

 

Et banco, je m’inscris au cours d’éducatrice, j’obtiens mon papier. Et désormais, je travaille en binôme avec un jeunot qui a commencé tout gamin, on se complète bien, j’ai comme bagage mon brevet de formatrice… d’adultes – une autre histoire, où il faut compter avec le parcours de vie des gens. Plus formelle dans mon approche de la construction d’un plan d’entraînement, je m’y colle, soumettant mes premiers jets au coach en chef. Approbation générale, conseils, suggestions… et acquisition d’indépendance.

 

Une crise majeure du club adulte me pousse à donner ma démission en même temps que la plupart des autres du comité (eh oui, j’avais postulé, été élue à la régulière; amenant, entre autres, mes compétences d’infirmière… que je me suis mise à utiliser en prodiguant l’accompagnement d’un autre coach, auprès de joueuses hors d’âge pour l’Ecole du rugby, mais trop jeunes pour rejoindre une équipe senior. Ces sessions ont posé les bases de la Nati junior féminine, désormais officiellement montée cette année. (Au passage, « officiel » signifiant qu’en échange d’une aide financière de la fédération, il faut rendre des comptes ; ce management nouveau me rappelle furieusement des ambiances professionnelles que je fuis depuis toujours ; partant assez bientôt à la retraite, donc pouvant me consacrer entièrement à des projets et des occupations qui font la part belle à la collégialité, dans un rôle de consultante, je ressens le besoin d’éviter au maximum les ambiances contrôlantes qui cassent net toute créativité (eh oui, même dans les soins, et en particulier dans le domaine de la prévention des blessures, la créativité a sa place, surtout si elle s’appuie sur des compétences et des formations qui apportent un « plus » !). Je vais probablement remplir ma fonction de soigneuse cette année encore, puis laisser au management champ libre pour trouver un autre paramedic attitré. Et attention à moi aussi concernant un autre projet de développement du rugby féminin, qui s’en va également vers un cadre strict dont je vais mal m’accommoder, me connaissant.

Ma participation à ce plan, je le vois sous forme d’interventions comme consultante en santé et prévention, et accompagnement des filles intéressées à tâter d’autres sports en hiver – sur le modèle de ce que j’ai vu faire en Ecole du Rugby. Car en faisant zoom arrière, je m’aperçois qu’on peut sortir de cette idée de Pôle Elite Féminine de départ, par ailleurs, ce n’est plus son nom…et envisager, peut-être, d’accueillir des débutantes, aussi bien que des chevronnées ou des douées. Et la continuité avec l’Ecole du Rugby, ça pourrait être une sorte d’hybride, qui perpétue les bonnes idées. Et se signalerait comme un bon plan pour certaines filles novices qui, débarquant en Nati, se font refouler soit de par leurs compétences, soit par des coéquipières qui leur cherchent les poux - au passage il est question de travailler ces fâcheuses au corps et au mental, au niveau du respect en mots et en actes devant des « aspirantes » commettant des maladresses de débutantes, justement.

Et au passage, je retiens une autre leçon : éviter les milieux et les situations où il y a bataille d’egos, qui soignent d’autres plaies ou de vieilles blessures psychiques. La résilience, c’est tirer parti du caca pour en faire un propulseur : mangez des haricots, en pétant vous vous élèverez !

N’étant pas formatée, ni par le service militaire ni par une longue fréquentation du monde de ce sport, où on doit apprendre à gérer son agressivité tout en en ayant besoin, je commets naïvement toutes sortes d’erreurs diplomatiques, et en pensant servir la noble cause, j’aurais tendance à me caler dans le rôle de la bonne âme du Seu-Tchouan, qui se fout dans une merde pas possible, suivant son cœur, formaté, lui, par une éducation où les femmes se mettent au service des autres (que j’aime pas forcément, mais bon… ça fait partie du bâtiment, hein !)

Exactement comme dans mes tafs respectifs : le nombre de fois où j’ai démissionné devant la rigidité de la hiérarchie, elle-même ficelée par la sienne… je ne les compte plus, c’est l’histoire de ma vie professionnelle. Mais comme le dit très justement ma manager actuelle sur son profil WA… « Nous sommes nos choix ». Je reprends à mon compte : « Nous sommes nos valeurs ». Et tout peut changer, se nuancer, se préciser.

 

Bref !

Ma première année de coach, je fonctionne, tout juste, j’enchaîne des exercices disparates. J’en apprends beaucoup en accompagnant les jeunettes de la Nati, d’un autre côté. Et l’année suivante, ayant acquis toujours plus de notions en rugby et en pédagogie, j’ai râlé telle un pou dès que je me sentais abandonnée par le coach tout content de pouvoir se reposer sur moi pour aller préparer le barbeuque de la 3ème mi-temps – que j’apprécie énormément, au demeurant : le côté festif de ce sport, les équilibres que je vois se trouver dans la gestion des risques fumée/alcool et Cie, eh ben c’est très intéressant à mes yeux de soignante, et de femme dont l’histoire familiale aurait pu la mener vers des paradis artificiels. Mon paradis à moi, c’est l’introspection – oh, sans blague ?

Et pour finir, j’ai réclamé de l’aide et de la vigilance pour corriger mes bugs : les recevant, j’ai pu alors envisager un plan d’entraînement axé sur ce que les minots doivent acquérir - ça commence à germer.

 

Entretemps, opération de la hanche, au déroulement que je trouve un vrai cadeau en regard de ce qui se faisait quand j’étais jeune diplômée, il y a 35 ans : en 3 jours je suis opérée, sur cannes, de retour à la maison. Ce qui aide beaucoup, c’est que la méthode opératoire ne tranche plus les muscles, mais les écarte ! Des anticoagulants par la bouche un mois durant seulement. J’abandonne mes cannes 10 jours après ma sortie de l’hosto, je carbure aux antalgiques encore un moment, mais le stick pliable en réserve dans mon sac, je commence à l’oublier après 2-3 entraînements auprès des crapouillons. Oublier un truc, quelque part c’est ne pas avoir besoin !

Je retrouve donc gentiment ma mobilité, participant même à un camp d’une semaine pour les gamins, avec souvent ma « matraque » déployée (j’en menace parfois en rigolant les minots de mon Ecole à moi). J’apprends encore plus en côtoyant des coaches anglais, pleins d’humour … britannique.

Aujourd’hui, 3 mois et demi après le passage sur le billard, et sentant tous les muscles manifester leur nouveau rôle, du bassin aux chevilles…plus de cannes depuis longtemps, et la dernière fois que j’ai pris un contredouleur, je ne m’en souviens pas !

Je dois simplement attendre encore la fin de l’année pour envisager de remettre les crampons, et réembrayer sur le touch-rugby (pas de placages, pas de mêlée, pas de touches alignées) avec mes Gazelles de La Côte. En effet, je dois fabriquer assez d’os autour du binz installé (titane, silicone, céramique et ciment prise rapide) pour ne pas risquer de luxer l’articulation nouvelle. Mais je constate que mes fessiers sont revenus, et mes cuisses reprennent leur galbe, devant et derrière. Continuant à perdre un peu mes pantalons, je postule qu’à côté d’une reprise de quelques kilos de graisse bienvenus pour retendre ma peau fripée ici et là, c’est surtout le bagage musculaire qui se refait.

 

Et comme ça fait 4 ans que j’ai commencé le rugby, et ben voilà, c’est le moment de la Coupe du Monde suivante… mon coeur est aux sudafs… et je me réjouis grandement de les voir affronter les All Blacks en finale, tout bientôt.

 

Et je peux enfin vous parler de ce qui motive ce billet d’humeur : les critiques acerbes au sujet de l‘arbitrage du match entre Afrique du Sud et France, puis contre l’Angleterre. Les deux fois, un différentiel d’un point donne la victoire à mon équipe préférée. Et je retrouve cette sensation de malaise au sujet de l’attitude hexagonale, du genre « Astérix aux JO » : la piste est lourde, les sangliers ont dû bouffer des cochonneries. Heureusement que le capitaine français fait part de ses doutes en commençant par évoquer le risque de la cocarderie… Heureusement que tout le monde est conscient de la piètre performance des anglais, assez stupéfiante vu leur niveau. On dirait qu’ils ont reçu des instructions qui les brident, comme tenter de pousser à la faute pour gagner des points de pénalité, qui en fait reviennent à leur adversaire. Jeu piteux, non-match, les commentaires sont éloquents.

 

Mais là, c’est marre : malgré 4 possibilités d’arbitrage, le chef, les juges de touche, la TMO sur écran (qui ne peut intervenir d’elle-même qu’en cas de jeu déloyal ou mise en danger non-repérée par les 3 autres), ils n’ont pas les yeux partout, c’est pas des mouches ! Et discutailler sans fin les jours suivants sur une préséance de faute, ou une supposée évidence décortiquée mille fois au ralenti surtout quand ça se joue au millipoil pour repérer une perte d’appui en récupération de balle…

Après tout ça, j’ai quand même été surprise que la polémique n’aille pas plus loin, quoiqu’encore alimentée par les commentateurs du match suivant où apparaissaient à la fois l’arbitre remis en question, et les sudafs, mais contre le XV de la Rose… rencontre de surcroît également remportée par mes chéris, et aussi à un point d’écart… heureusement que le jeu calamiteux, étonnant, de leur adversaire parlait pour une défaite méritée, somme toute. J’imagine qu’en même temps qu’une discussion des grands pontes avec l’arbitre, il y a dû y avoir un appel général au calme, et à fermer sa grande gueule à tous ceux qui auraient pu alimenter la rogne.

 

Mais, las… Voilà que ça recommence avec la finale, les horions, les accusations à l’égard des sudafs d’avoir acheté les arbitres et va savoir encore quoi.

Plus tard, je regarderai le match que j’ai loupé sur le moment, quand je me serai calmée. Mais venez arbitrer, les mauvaises langues !

 

Un arbitre n’est qu’un être humain, et pas un insecte à zoeils à multifacettes – il y a eu conjonctions malheureuses de tout ce qu’un spectateur extérieur peut voir et revoir, et critiquer aisément, au contraire de la rapide prise de décision qui doit suivre une observation de la part des uns et des autres arbitres, sur le moment. Evidement que mon discours peut sembler partisan, puisque les gagnants sont mon équipe préférée. Evidemment ! Mais même si les français sont ultra-bons, je préfère les voir en matches nationaux, au moins ça reste entre eux, l’hexagonalité. Et les anglais ont joué bien en-dessous de leur niveau. Pour la finale, il est clair qu’à ce niveau de jeu, et vu la fin de l’hégémonie néo-zélandaise avec la disparition des montagnes-coffreuses que l’on a pu voir précédemment, c’est la stratégie qui prime. Ça ne peut se jouer qu’à des différences infimes… des détails qui ne valent, en effet, qu’un point de différence.

Mais alors, après avoir enfin visionné ce match, je ne peux que rigoler devant la mauvaise foi des dénigreurs d'arbitres: les All Blacks ont foiré 5 points, par des tirs de transformation et de pénalité ratés... et s'ils les avaient mis, ils auraient pris 4 points d'avance sur les Bokkes. Et gagné la Coupe, hé ouais. 

 

Enfin, tout ça pour conclure qu’en 2024, je vais m’inscrire pour le cours d’arbitrage, pas pour arbitrer, oh que non ! Mais pour mieux comprendre encore, maintenant que j’ai saisi les généralités ; et pour offrir encore plus de sérieux aux sessions avec les gamins. Et les autres projets que j’avais, comme me former pour gérer la commotion… le taping… orientés vers le service à la Nati junior, je vais les laisser de côté et me débrouiller pour acquérir seule les notions qui me manquent. La priorité sera de me concentrer sur ce qui va servir l’Ecole du Rugby : à part l’arbitrage, suivre le cours d’éducatrice auprès des personnes en situation de handicap.

Car la Nati junior féminine, que j’accompagne depuis bientôt deux ans comme soigneuse, je n’ai pas envie d’y laisser des plumes : mes suggestions pour développer la prévention des blessures ne semble pas trouver place dans un paysage d’egos carabinés. Et ceci bien que la première règle du rugby soit la sécurité : ne pas faire mal aux autres, et ne pas se faire mal. Je peine au relationnel avec la plupart des adultes impliqués, et le seul qui accueille mes propositions avec bienveillance et bonhomie (et pas toujours en y agréant !), il travaille avec les plus jeunes, alors que moi je suis dévolue par le management aux plus grandes, plus susceptibles de se viander.

 

Ya de quoi faire en matière de développement du rugby féminin, et ça commence, pour moi, par tenir compte de ce qui change dans le corps à l’adolescence : des formes, des rondeurs, un ventre douloureux et des fuites probables. Et ces crapules se vannent même entre elles quand elles prennent des kilos… ah là là.

En même temps, je seconde certaines qui ont tout juste leurs règles, pour gérer cette semaine-là. Et le pompon : repérer celle dont le soutif de sport est devenu trop petit, lui coupe la respiration et l’amène à se faire mal au dos à force de compenser la gêne qui en résulte. Et chiale de douleur et d’impuissance.

 

Au dernier entraînement,  je me suis mêlée de donner quelques indications à celles qui n’avaient jamais exercé le rôle de piliers, donc de souleveuses à bout de bras d’une sauteuse lors d’une remise en jeu du ballon depuis la touche. Car envoyer en l’air une camarade, oui, fun ! mais en risquant de se ruiner les lombaires, oups, là j’ai des choses à leur dire. En effet, lifter chacune 20 kilos de nana à bout de bras quand on n’est pas au plus près de l’axe de travail, c’est se coltiner 200 kilos sur la colonne vertébrale – et le double, si les deux lifteuses ne sont pas synchrones. Effort intense, à cadrer, pour pouvoir le répéter. Le corollaire, c’est qu’il faut leur apprendre à empaumer les fesses et à mettre les pouces dans la raie / aller quasi mettre son visage sur le pubis de la liftée… et pour celle-ci, d’accepter le geste.

La préoccupation du coach des avants étant de donner les bases de ce fameux saut lifté avant que les misses se retrouvent dans 15 jours en tournoi de bonne envergure, la soigneuse que je suis voulait profiter de sa formation d’infirmière et en manipulation sécuritaire des partenaires, pour faire de la prévention. Las… l’idée a été mal reçue… au contraire de mes initiatives auprès de l’Ecole : me tenir à disposition et signaler mes compétences de soignante sur les tournois. Je suis d’autant plus songeuse que cet été, j’ai pu collaborer avec les coaches anglais, en bonne intelligence – m’assurant ensuite que ma manière d’être présente leur convenait, en étant là pour gérer les gnons tout en les secondant comme formatrice, en allant dans leur sens.

 

Il y a donc un choix qui s’annonce, au-delà de l’émotion qui me saisit d’abord en constatant qu’on veut me cantonner à ma valise de matos infirmier – et même ne pas voir l’os qui consiste à intituler ma photo de membre du staff du titre peu parlant d’ « accompagnante », qui sonne à mes oreilles comme « présence maternelle de substitution » ; ayant fait le choix de ne pas être mère, ça me défrise, premièrement ; secundo, je suis officiellement « paramedic » dans les docs de la Fédération. Sans déconner !

 

Et j’ai déjà mis très tôt de l’eau dans mon vin, en voyant par exemple que la méthode « rugby » de prise en charge d’une blessure qui saigne, c’est de l’entartiner de vaseline et d’y coller une protection, pour pouvoir retourner sur le terrain au plus vite. Encore heureux si la protection tient… et si je peux désinfecter au passage : la boue c’est de la terre, et c’est plein de trucs contre lesquels les fifilles ne sont pas forcément vaccinées, tétanos, tétanos… OK, ya pas beaucoup de clous rouillés sur le terrain, mais l’attelage à disposition pour exercer la mêlée, c’est du métal, et qui vieillit. Et puis, la moue et l’appel au secours d’une joueuse, devant dealer sur son carré d’échauffement avec la présence d’une souris verte qui ne courait plus dans l’herbe, ben j’y ai répondu en évacuant le bestiau en état de décomposition, il devait commencer à grouiller de bactéries, ce pauvre mulot envoyé ad patres. Dans un bout de mouchoir en papier, avec désinfection de mes mimines ensuite… on a des principes pros ! En attendant, la gamine en a eu plein les mains.

 

Bon ; j’ai encore cette année pour activer l’autonomie des jeunes dames, vers la prise en charge par elles-mêmes de leurs blessures et fragilités connues. Après, le management se trouvera un autre bénévole. Ce qui ne m’empêchera pas d’aller leur rendre visite ici et là – certaines de ces pépettes, je les affectionne et les voir devenir elles-mêmes, c’est source de joie ! Et en leur amenant le cake que je leur concocte régulièrement.

 

Là, je viens de poser une annonce de cours concernant l’hygiène de vie, la prévention des accidents du sport… Bé oui, si seule l’indépendance me permet de travailler en paix avec moi-même, maintenant que je vais pouvoir me passer de passer sous les fourches caudines d’un employeur, et que je peux enfin privilégier les espaces collaboratifs, il est temps de déployer mes ailes !

 

 

Zyva !

 

 

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