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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 00:10

 

 

Pour vous je sais pas… mais pour moi l’odeur du printemps, c’est ce truc frais et indéfinissable qui se dégage d’un bouquet de tulipes elles-mêmes sans odeur.

 

Le printemps, c’est de déboutonner ma pelisse argentée, celle que je me suis offerte quand le froid s’est fait si mordant que j’ai également sorti la toque soyeuse noire que je porte dix jours par année, lorsque mes petites oreilles me font mal, et que je sens littéralement la chaleur quitter mon corps par la peau du crâne.

 

Le printemps, c’est quand le soleil se lève alors que je bois mon café avant d’aller bosser, et que je rentre chez moi de jour même en sortant du taf vers les cinq heures trente.

C’est une fille de ma volée à Genève qui devenait agitée, demi-hystérique, c’est mon salon de coiffure préféré qui devient effervescent comme un comprimé d’Alka- Seltzer.

Le printemps, c’est commencer d’avoir trop chaud la nuit avec mes deux couettes.

Et voir les jardiniers municipaux grimper aux échelles pour tailler les arbres de mon avenue. Ils sont en vert, salut les grenouilles.

 

Le printemps, c’est me dire que je veux une dernière fondue à savourer en entrant dans un bistro tout chaud alors que dehors, pitingue, skeussacaille.

Et puis les travaux dans ma rue, qui durent depuis août et ont été prévus pour dix mois, vont se terminer fin avril, Folavril, belle de mai… Boris Vian, la trompinette et le suaire de chez Dior…

 

Plus tard, le frangipanier derrière la maison s’étoffe… le lilas s’anime…

 

Nettoyages de printemps, ouvrir les fenêtres.

Oh, une petite mouche est entrée. Une petite mouche existe, donc. Normal, il a fait dix degrés en ville aujourd’hui… Zorro la pourchasse, ou du moins essaie, puis se contente de le faire avec les yeux.

Mon petit pépère est du mois d’avril, le voilà qui va sur ses trois ans. Je l’appelle « Gros chat » à présent. Non qu’il soit trop dodu, mais il est devenu compact, trapu, dense. Il a cessé de se rater au saut, tout juste s’il glisse parfois en faisant demi-tour sur le bord du lavabo pour aller s’abreuver au robinet que je lui ouvre.

Grochat et moi, depuis deux ans et quelques mois, on a pris nos habitudes. Il passe parfois des soirées avec moi, tolérant ou réclamant selon les moments  mes semi-massages affectueux : j’aime le tripatouiller, chatouiller ses coussinets, chercher du bout des ongles les petites croûtes résultant de ses explications avec les chats du voisinage. Parfois il grimpe sur ma hanche quand je suis couchée à la Récamier, s’installe en me tournant le dos, se calant dans le creux de mon bras.

 

Il dort avec moi quand il n’est pas en vadrouille, parfois contre moi, parfois au bout du lit. Il vient souvent me saluer brièvement, ou réclamer des croquettes, me suit là où je vais, me galope dans les chevilles ou s’installe sur mon chemin, me forçant à l’enjamber…  ou encore se met en embuscade pour détaler sur mon passage.

 

Le rituel du matin est assez bien réglé : il vient se mettre en vigie sur le couvercle des WC, les oreilles baissées tant que l’eau du bain coule, m’entretenant parfois de ses soucis à petits miaulements brefs, quasi-silencieux - je vois juste sa gueule s’ouvrir et ses yeux ronds se plisser. Puis il vient réclamer son filet d’eau fraîche quand je m’installe au lavabo pour me brosser les dents, battant en retraite quand l’odeur de menthol lui fait friser les moustaches.

Quand je m’installe à la table de la cuisine avec mon café et le journal, il fait de même, généralement en demi-lune de manière à ne pas se faire déplacer – il a fini par comprendre que s’il s’étalait sur mon quotidien,il se faisait virer. Parfois il se lève pour quêter des câlins, tête contre la mienne, front contre front, moment d'échange affectueux; il tournicote en rond, tente de prendre ses aises, mais le dos de ma main sous son ventre l’en dissuade, et il retourne se coucher sur le bout de papier que je lui réserve (quelqu’un peut m’expliquer pourquoi les chats aiment tant ce matériau ?).

 

Voilà, c’est comme ça en toute saison.

 

 

Au fait, je n’ai pas vu de perce-neiges cette année, et vous ?

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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 04:10

 

 

     J’aurais aussi bien pu  titrer « Caramel et nougat », ou « Ma vie de voyageuse en train ». Ou « Les nettoyeurs de vitres volent », ou « Je veux qu’on me greffe un GPS ». Ou encore « La cantoche c'est dégueu ».


C’est que ma journée était… disparate, au moins.


 

     Je me lève à 5 heures et demie pour aller faire passer un examen au fin fond du pays du tabac vaudois : la Broye (prononcer: brouâh). Tout ça pour louper mon train car les bus sont trop rares juste avant l’aurore… Et le tortillard suivant partant une heure plus tard seulement, je vais dégommer un croissant et un petit pain, accompagnés d'un ragaillardissant thé citron au café de la gare, une espèce de cage vitrée dans le hall principal.


Jour de nettoyage de la verrière du troquet; après avoir cherché en vain l’origine des drôles de bruits alentour,  je m’avise tout-à-coup que ça vient de dessus ma tête - un type est en train de passer la serpillère sur le toit de verre, ses pieds un mètre cinquante au-dessus de moi. Gloups.


Le train suivant m’emmène donc à travers la campagne, pas de regrets : il a gelé, et dans la lumière naissante, le givre saupoudre une herbe rase qui paraît grise. Fait froid, mais c’est beau ! Je retrouve les séchoirs à tabac si typiques, avec leur découpe en triangle tronqué inversé… et les glorieuses Alpes fribourgeoises enneigées, ça vaut le détour.

 


 

     Un petit tacot plus tard (vu que la miss qui m’a indiqué mon chemin depuis la gare m’a envoyée du mauvais côté !), je me perds dans les couloirs d’un établissement médico-social, mal renseignée par une femme de ménage au français plus qu’approximatif - elles se sont entendues pour me faire jouer les Petit Poucet, ou quoi ?  Un examen (tout juste réussi) plus tard, je laisse derrière moi une stagiaire soulagée mais de loin pas sortie d’affaire : l’équipe va lui faire un rapport médiocre… et si ce que j’ai réussi à lui traire d’un bagage théorique chancelant est le reflet de son test écrit de fin de formation, c’est pas gagné…


Allez bref, c’est plus mon problème : là j’ai faim et le prochain traquelet est dans 50 ‘, je vais aller casser la croûte dans un bistrot prometteur - las, on ne peut me fournir pitance que dans trois quarts d’heure…  je me rabats donc sur la cafétéria d’un grand magasin. Poulet caoutchouteux et gratin fade, le meilleur moment du repas était la salade composée et le verre de moût ; pas grave, je me rattraperai ce soir avec mes collègues autour d’une fondue, j’en salive déjà. Et profite de faire quelques achats au grand magasin : depuis deux jours, je me racle les aisselles avec ce qui me reste de stick-déo, c’est pas agréable. Et tiens pendant qu’on y est, du fil dentaire,  j’en ai plus - car j’ai de la fibre de volaille coincée dans les chagnottes, ça me prend le chou. Et je tombe au détour d’une allée sur une vision qui me laisse bouche bée : sacredié, ils sont là, tous, déjà, alignés-couverts au garde-à-vous, alors que les Brandons (carnaval protestant local) n’ont pas encore commencé.


Qui ça ?


Ben tiens:  les lapins en chocolat avec leurs munitions ovoïdes… Ca va les dents, ou quoi ? Pâques c’est dans deux mois ! Bon après tout zut, voyons voir si au moins il y a les petits œufs que j’aime, en praliné/nougat enrobé de caramel … Oui, il y a. Alors nous disions déo, fil dentaire, plus une friandise qui me vengera de mon moche dîner… et une bouteille de jus frais de mandarine.

 

 


     Ballotée sur mon siège au retour, puissamment agacée par les cris d’orfraie d’une jeune dame qui tient visiblement à raconter à tout son répertoire téléphonique que « Pour les Brandons,  tu sais ce qu’ « ils » ont fait au Parc-aux-Biches ? « Ils » les ont remplacées par des chameaux… » . A la quatrième version que je subis, je sens le wasabi me monter au nez, et littéralement,  je me mets à éternuer en salves : rhô non… un rhume ? Une allergie à la miss caquetante dans son portable ? Arrivée à destination, je me sens faiblarde… la grippe ? Je file vite au boulot poser la fiche d’examen et reporter la note, et constater la déroute de notre secrétaire, sa collègue étant en vacances... mais aussi le temps d'apprécier les mesures de protection mises en place pour elle par ma nouvelle cheffe - une perle. Je me sens moins mal mais bon, méfiance, rentrer rapido pour une sieste et une potion anti-refroidissement, histoire de partir dans de bonnes conditions à la fondue du soir. Encore du train en perspective, mais je me sens en forme, j’ai faim, dans une heure ce sera pile-poil le bon moment pour touiller le caquelon.


Merde. J’oublie de descendre pour prendre une correspondance et je me retrouve au pays de mes ancêtres, trente kilomètres trop loin, plus question de corriger le tir, j’arriverais pour le dessert : je n’ai plus qu’à reprendre le direct qui me ramènera à mes pénates, un mauvais hamburger dans le baba et un petit doigt foulé en montant dans le bus qui me ramène enfin à bon port. Vazy, oh, arrête de me faire chier, le destin!

M’en fous, me vautre devant la TV. Dodo… Et je me réveille crevant de faim à 2 heures du mat’.

 

Bilan des courses : bizarre journée. Mais au passage je gagne quelques moments intéressants : une jeune dame très serviable et compatissante, technologiquement up-to-date - en trois coups de cuillère à pot et avec son naïe-pode, elle m’a 1) confirmé que je filais à l’opposé de ma soirée fromage fondu et vin blanc 2) informée que le train qui pouvait éventuellement m’amener avec juste 30’ de retard au bistrot, ben j’étais en train de le croiser (au même moment, on le croise effectivement…) et 3) que j’avais un direct pour retourner à mon point de départ à peine 20’ après mon arrivée à la prochaine gare. En plus, on a bien ri.

 

Mon billet de retour était contenu dans le billet-forfait  que j'avais. Petit baume, mais baume quand même.


Il y a aussi la grande et belle serveuse africaine du wagon-bistrot, malfichue mais qui chantonnait en woloff tout en mettant la pâtée à son percolateur peu coopérant, et rigolait de trouver une fois de plus un mot d’amour laissé par le même voyageur que d’habitude… elle m’a  à peu près foutue à la porte, très gentiment, pour pouvoir boucler son compartiment avant que de nouveaux voyageurs viennent s’installer à l’arrêt suivant, l’empêchant de nettoyer le sol et s’exposant ainsi à un téléphone de réprimandes de son supérieur hiérarchique le lendemain, jour de congé. L'avait besoin de causer.


Et il y a aussi le thé-citron que j’ai bu (oui, j’aime ça !) tout en avançant dans la lecture d’un bouquin de philo contemporaine, drôle et piquant - vous vous marrez souvent, vous, en lisant de la philo? Moi pas... C'est cadeau.

 

Et enfin le Zorro qui m’accueille avec câlins ronronnants et tournicotages en huit dans mes jambes.



Finalement, journée… marrante.

 

Bon. Je vais aller me faire une tartine et une tisane, avisse aux amateurs.

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 01:52

Bon.

 

Bon bon bon bon. Mais bon.

 

Vendredi, journée rude: 6 heures d'examen de terrain, avec deux formatrices et collègues sur le dos...

Déjà que deux examinatrices, je trouve craignos... le fait qu'elles soient mes collègues, c'est éthiquement douteux, je l'ai déjà dit. Mais bon, la note est très bonne, on me complimente sur ma capacité à créer du lien avec de parfaits inconnus, et à synthétiser les choses... Et sans le leur dire, je me complimente moi-même, merci le théâtre d'improvisation. Merci d'avoir saisi au vol l'idée de devenir formatrice d'adultes, qui va plus loin que la simple bonne occasion de pouvoir travailler sans me retrouver à crapahuter dans un service hospitalier, malheureuse comme je sais que j'y serais...


Ben voilà, c'est fait, bon débarras. Oh, c'est pas fini: pour obtenir cette certification de formation à laquelle j'ai été contrainte, je dois encore me taper deux travaux écrits, un examen théorique et encore un examen pratique. Ca se la pète, dis donc... Mais s'il faut ainsi payer ses galons pour préparer sa sortie en beauté, ça peut aller. Car  c'est bel et bien la sortie qui m'intéresse, même si j'ai demandé une augmentation de pourcentage, vu que j'ai largué mes moines et leur bibliothèque : les factures à payer sont là et je me suis engagée avec bonheur à contribuer aux études de mon neveu benjamin à hauteur d'un abonnement de train annuel, pour les trois années académiques à venir.

 

Et puis, comme je disais dans le dernier article, il m'est apparu cette vérité vraie et très surprenante au demeurant: dans 13 ans, je suis à la retraite.  Outre que j'assure mes arrières en cotisant au troisième pilier depuis quelques années, bon , et quoi d'autre?

 

Etonnant ; bizarre; déjà? Oui mais... tu vas t'arrêter de bosser, comme ça, du jour au lendemain? Mais tu vas te faire chier... Oué mébon, tu es écrivain public spécialiés en biographies... Oué mébon, tu t'es pas suffisamment occupée de la vie d'autrui, là, à ton corps défendant et se défendant du mieux qu'il peut contre une carrière que tu n'as pas choisie?

 

Tu vas faire quoi, un tas de meubles en carton?

 

 

C'est là que je tilte dans ma tête, en allant souper il y a quinze jours avec la fille qui a été ma première formatrice en formation d'adultes, et aussi ma première évaluatrice de terrain après le certificat de base.

Ben oui, je vais faire le brevet complet... me voilà inscrite pour l'étape suivante: une semaine de séminaire en résidentiel pour me confronter en jeux de rôle et Cie aux participants réputés difficiles. Ce sera pour avril. Le reste suivra... l'an prochain à l'été, j'aurai en poche de quoi aller proposer mes services ailleurs que dans le monde du soin ; qui se trimballe, mine de rien, quelques valeurs que je trouve de plus en plus insupportables.

Comme par exemple, malgré une boîte mail performante... "je peux appeler chez elle ma collègue qui est en congé" pour l'impliquer dans mes soucis d'agenda ou parce que je ne vois pas malgré mes années d'expérience que je me fais mener par le bout du nez par une candidate manipulatrice. Tout un binz qui n'a finalement pas eu besoin de moi pour se régler ni se transmettre à qui de droit. J'ai redonné le bébé le lendemain, tel que je l'ai trouvé écrit sur un bloc-notes avec moult détails et marche à suivre... un mail aurait largement suffi pour me tenir au courant de la situation! que dis-je, deux, car ce sont deux collègues qui se sont cru permis de m'emmerder un  jour de congé.

 

Normalement, je ne réponds pas au téléphone, je filtre pour éviter les emmerdeurs de tout poil - au départ, c'était les sondeurs divers, les vendeurs d'abonnement à journaux-z'et autres feuilles de chou, ou alors paniers de légumes bios et autres démarcheurs, à présent, ce sont mes collègues... le sommet du blues... comme si la terre allait s'arrêter de tourner... mais ce jour-là, j'attendais des réponses d'instituts de formation et le numéro qui s'affichait n'était pas celui de mon boulot, donc me méfier à l'avenir d'un certain indicatif quand je le vois sur l'écran numérique... ne surtout pas répondre... et si possible ne pas donner même l'opportunité de me laisser un message.

 

 

Tout ça pour dire que je reste tant que je peux utiliser leurs infrastructures et disposer d'un terrain de formation pratique... et que je continue de veiller au grain , pour les quitter, mais aussi pour glisser en douceur vers un temps où je ne formerai plus que pour mon plaisir, contenant et contenu tout ensemble.

 

Na.

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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 13:16

 

 

     Déjà la fin du mois… les choses se précipitent : mon mandat à la bibliothèque abbatiale s’est terminé plus vite que prévu, même pas eu le temps de savourer mon dernier jour, déjà rentrée. Plus de trajets glauques pour aller déprimer dans un endroit sans lumière, à user mon temps à des choses largement déléguables. Leçon reçue : pas de pitié pour les postes-bristol de luxe, plus de temps à perdre à des conneries, je n’ai plus que treize ans avant la retraite.

 

En même temps, j'ai prodigué mes premiers cours de recherche internet : jubilatoire ! Voilà le genre d’activité qui me remplit. A suivre.

 

Pas vu passer ce début d’année : voilà que du côté de mon autre employeur, j’ai eu mon baptême de la vente de fleurs qui a lieu chaque année le dernier week-end de janvier, au profit des mômes défavorisés du coin.

Cette journée fait partie du cahier des charges. Lors de l’entretien de candidature, j’en ai été informée, tout comme j’ai été mise au parfum d’autres obligations : devoir me former à certaines techniques de manutention des personnes - en clair, comment mettre debout et coucher un patient sans s’exploser le dos… Au cours de ma première année de travail dans cette association humanitaire, j’y ai vu se rajouter en septembre une demi-journée de représentation à la plus grosse foire régionale.

 

Lors de ces diverses obligations, on est priés de se montrer enthousiastes de bien des manières: vendeurs enthousiastes des cours que notre employeur propose, proposant enthousiaste de faire plus que son dû, etc. Ce qui me fait irrésistiblement penser au « Soyez spontanés » de Gregory Bateson, le non-sens par excellence… l’injonction paradoxale, cf l’article de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte

 

     Faudrait savoir : ou c’est obligatoire, ou c’est bénévole. Je ne participe pas parce que je le veux, mais parce que je le dois. Donc, qu’il s’agisse d’offrir une seconde journée exposée à la pluie et au froid à harponner des passants bien entraînés à éviter les divers sollicitateurs (surentraînés, devrais-je dire, depuis que les mendiants roms nasillent à chaque coin de rue leur litanie « Mâ-dâm’, silvouplé, pourmanger, mâ-dâm’, silvouplé »), ou de faire plus que mon dû sur un stand à gesticuler lors d’animations débiles, engoncée dans un t-shirt aux armes de mon employeur, pour rentrer chez moi ensuite avec les jambes qui me rentrent dans le corps... c’est non.

Le pompon : se faire happer par le directeur-adjoint au détour d’un couloir et se voir demander des comptes concernant cette autre journée que l’on a la possibilité d’offrir… mais qu’on ne donne pas. Et il faut avoir une sacrée bonne raison à donner sur-le-champ, car l’argument de se garder un bout de son week-end n’est pas recevable, texto ! C'est une possibilité, ou une obligation? Faudrait savoir...

Indécent, culpabilisant : c’est comme si je pourchassais les gens en rue pour exiger de savoir pourquoi ils ne raquent même pas une thune pour un petit bouquet ! Déjà que lors de cette vente de fleurs notre directrice arrive une heure en retard et part deux heures plus tôt en pensant avoir fait son dû, tout en demandant la validation des autres gens du stand pour leur fausser compagnie (et que veux-tu répondre à ton supérieur hiérarchique dans ces conditions ?)… Cherchez l’erreur.

 

Extension du domaine de la lutte : les fameux cours de manutention de patients, je dois les suivre pour pouvoir enseigner les bases de la technique aux personnes qui viennent se former comme soignants – ça fait logiquement partie de leur programme. Mais pour devenir formateur breveté de cette technique, ça prend 7 jours pleins et 35 heures de préparation, et ça se fait sur 6 mois, tout ça payé par l’employeur. Notez bien que j'accomplis cette formation sous la férule de deux de mes collègues formateurs, en compagnie de gens de l’extérieur, qui doivent eux satisfaire à des obligations et accomplir des travaux que je n’ai pas à faire, ou à faire à moitié : le cours que je donne est déjà bâti par le collège des formateurs dont je fais partie, donc... je fais de la figuration, somme toute.

De plus, comme l'exclusivité de l'enseignement du concept a été acheté outre-Atlantique, et que ce sont mes collègues qui en sont les premiers maîtres-formateurs, je me vois évaluée de manière faussée (si  je n’y satisfaisais pas, ils se retrouveraient sur la sellette !) . J’ai ainsi une espèce de statut hybride, très déplaisant : sur quoi va-t-on évaluer que je suis certifiable, puisque les documents que je dois remplir vont rester à moitié vides, car inadaptés à ma situation... et qu'au final, sur plus de la moitié des devoirs à rendre et des actions à mener, l’on est obligé de m’appliquer d’autres critères qu’à mes camarades de cours ?

 


     Déjà que ça, ça huppe du huc, comme dirait Dechavanne… je suis en plus censée ensuite promouvoir le cours de base et faire de la pub’ auprès des gens que je forme, pour qu’ils fassent le cours complet de 20 heures, qui coûte bonbon… C’est du tupperware caché, ça, du jeu de l’avion à la sauce "santé". Eh ben non, je résiste.

 

Autre chose: il n’y a que ces deux maîtres-formateurs, mes collègues, sur le territoire national… et un en formation.

Ce qui contrecarre méchamment les plans de mon employeur: pour rentabiliser cette technique qui lui a sûrement coûté fort cher, il voudrait la voir s’implanter gentiment comme un must, mais en faisant de la prise d’otage, un peu comme dans l’expérience de Milgram (http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram ).  Car lors des cours de base pour soignants auxiliaires que nous donnons, nous formons très basiquement à cette technique des personnes venues, pour la plupart, non pas de leur propre volonté, mais par obligation professionnelle ou via le chômedu. L’impact est différent, mais la manœuvre est similaire : nous devons démontrer la technique tout en les formant imparfaitement à cause du peu de temps dont nous disposons pour le faire, parmi beaucoup d'autres thèmes abordés. La cerise sur le gâteau: elles sont censées l'appliquer lors de leurs stages pratiques, et perdront des points à leur examen si la technique n'est pas maîtrisée, alors que très peu de leurs référents y sont formés,  et sont donc inaptes à les corriger!

Nous-mêmes formateurs devons en sus nous livrer à un exercice de promotion très clairement notifié dans le déroulement des cours : distribution de flyers et sensibilisation au mieux–être que leur apporterait l’apprentissage complet d’une méthode, certes protectrice des lombaires c’est indéniable… mais relativement compliquée sur bien des points, qui les met souvent en mode-échec… et coûte la peau des fesses. Question honnêteté, c’est du concept commercial qui ne dit pas son nom et demande aux formateurs de se faire vendeurs. Comment faire croire que le produit est indispensable, comment créer la demande, ça, si c’est pas commercial, je veux bien avaler ma souris. J’aimerais connaître le montant de l’achat de l’exclusivité de cette technique… et qui peut expliquer ce pushing outrancier.


Soyons clairs, je m’en fous que ce soit commercial ou autre chose, mais qu’on annonce la couleur franchement ! Petit progrès à noter : nous sortons d’un audit avec une entreprise de coaching, qui a mis clairement en avant le fait que pour retrouver un certain équilibre financier, la boîte allait devoir composer avec un concept commercial imparable, et qui n’a rien à voir avec la mièvrerie humanitaire dont il a pu faire preuve jusqu’ici, le mettant en position de péricliter : la notion de public-cible et d’offre/demande.

 

     Et là, on n’a pas fini de rigoler, car puisqu'il n'y a pas département-publicité, cela repose sans que cela soit dit sur les employés-formateurs eux-mêmes... et concilier l’humanitaire et le commercial, même si c’est juste pour renouer avec les chiffres noirs, ça soulève des résistances pas tristes ; que j'observe avec perplexité d’ailleurs, car depuis un lustre au moins, ceux que ça fait frémir de voir nommer la chose par son nom se prêtent au jeu sans s’en rendre compte - mais au fait, essayez, pour voir... après avoir dit "commercial", dites "aaaaahhh" devant un miroir... : vous avez la bouche sssssale?

A part ça, réaliser clairement qu’on s’est fait manipuler pendant des années, ça fait mal au cul. Surtout si on ne peut le dénoncer ensuite : ça équivaudrait à faire tout pour se faire foutre à la porte…

 

Je disais quoi, déjà, au début de cet article? Ah oui: plus que treize ans avant la retraite.

 

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 11:53

 

 

Ouf, c’est passé.

On est le premier de l’An, allez, encore une dizaine de jours à se lancer à tout bout de champ des « Bonané », encore quelques galettes des Rois, et hop, on n’en parle plus.

 

Cette période me fait tellement suer que je rêve chaque année de filer aux environs du 20 décembre pour ne ressurgir qu’à la deuxième semaine de janvier. L’endroit rêvé serait là où personne ne fête Noël ni Nouvel-An… évidemment. Une île du Pacifique, un truc du genre quoi.

 

J’ai réussi pour le moins, cette fois-ci, à freiner en douceur : rattrapage d’heures supp’, progressif puis carrément une semaine de vacances. Je me mets en inertie douce, puis au point mort, au point d’avoir totalement oublié de relancer pour les voir de chers potes expatriés mais en visite dans le coin ! J’ai regardé mes ongles pousser, un millimètre en dix jours, ça c’est un miracle, non ? Tu fais rien, ça se passe tout seul.

 

Mais quand même, je ne suis pas seule au monde et si moi j’arrive bien à ne rien foutre, à glandouiller et à entretenir de riches conversations avec les corvidés du coin…

… je déteste voir mes copains stresser tout en laissant se remplir leurs agendas tels des ministres, se plaindre que du 23 au 26 ils vont bâfrer et prendre 4 kilos, bien que courant de droite et de gauche, tous pailletés et encostarisés. Le marathon : dîner chez Mamie du côté de chez maman, souper chez oncle Gaston du côté de Papou, le lendemain je recommence. C’est quand qu’on digère ?

Je fatigue de voir les spécialistes de la diététique, tous médias confondus, dresser des plans de corrections de l’outremangeage quinze jours avant, teintant délicatement de jolis moments de gastronomie de nuances nauséabondes évoquant la surcharge d'une station d’épuration.

 

« On laisse passer les Fêtes, et on se rappelle, d’acc’ ? » On dirait que la météo prévoit une tornade et qu’il faut juste aller s’enfermer au sous-sol en attendant. Mais c’est bien un peu ça, non ? J’ai eu ce flash en revoyant « Le Magicien d’Oz », programmé il y quelques jours - par un farceur sub-liminal probablement.

 

Bon, allez, bilan de l’année quand même : pas mal de consolidations, une bonne réflexion avec la coach pour déterminer un paysage professionnel de bric et broc, mais correspondant à mes divers intérêts. Elimination d’un calcul vésiculaire de 3 cm de diamètre… symbole de quelque chose de pesant que je traînais comme un boulet et j’ai bien compris le message: il se trouve qu’en trois coups de cuillères à pot, à la mi-décembre, j’ai démissionné de mon deuxième job (le poste de bibliothécaire) – la carte de visite en jetait, mais qu’est-ce que je me faisais chier !

 

Mon autre job récupère quelques heures de disponibilité, et mon escarcelle le fruit de ces moments, je cesse de me déplacer la mort dans l’âme une fois par semaine dans un lieu distant et isolé qui me fout grave le bourdon… et au lieu de ça, je peux faire plus de ce que je préfère : donner des cours, m’agiter et improviser devant un auditoire ! Trois jours de travail par semaine, quatre de congé... et pour un salaire plus que suffisant.

 

Je vais réorganiser mes activités de recherchiste en ouvrant clairement ma consultation d’écrivain public à des mandats voisins ; je viens de lancer parmi mon cercle d’amis et de connaissances une petite pub’ pour démarrer des cours de recherche documentaire – bon retour, en une semaine, sept personnes manifestent leur intérêt… et l’une d’elles relance auprès de ses collègues!

 

 

L’ADN de la courgette là-dedans ? Eh ben, l’autre jour en regardant un jeu télévisé, j’ai dû bien réexaminer la question de savoir si une courgette avait de l’ADN : je me serais même pas posé la question de répondre « oui », sinon !

Et vous ?

 

(Et sinon, bonne année quand même, faites tout ce qu’il faut pour aller encore mieux à tous points de vue, c’est déjà beaucoup !!!)

 

 

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 19:11

Je reviens d’un week-end qui me réconcilie avec le genre humain ! Je sens la boucane, et mes vêtements sont tachés et incrustés de fromage fondu séché, mais j'ai pris mon pied.

 

J’ai connu Catherine aux fouilles archéologiques, sur la fin des années 90. J’ai gardé des photos de cette époque, moi en treillis ou presque (rien à faire, c’est encore le matos le mieux résistant à la vie de chantier !), et elle roupillant au bord du sondage un lendemain d’hier avec ma bénédiction (j’avais pas trop envie non plus qu'elle vienne gerber sur le précieux dessin de stratigraphie que j’étais en train de poser sur papier millimétré…). D'autres clichés nous mettent en scène mutuellement avec des poses mythologiques comme Laocoon et ses fils, entortillées dans des cordes pour figurer les serpents ! Bref, bonne pote, avec laquelle je garde le contact depuis presque 15 ans.  On habite à 100 kils l’une de l’autre, sa ville me ravit parce qu’elle est plus dynamique, bien que plus petite que la mienne : j’aime beaucoup y aller.

Ca faisait une année qu’on ne s’était vues, mais on se causait par mail et téléphone en tous cas (elle passait un cap assez difficile). J’avais vu sa gosse il y a cinq ans, elle avait quelques mois, et depuis, plus : Cathy venait me voir, plutôt. J’avais eu un poupon aux bras, j’ai retrouvé une mouflette vive, avec sa vie bien à elle, drôle ; d’abord timide le samedi au point de se cacher derrière sa mère pendant une demi-heure, puis s’enhardissant en m’intégrant complètement.

 

Cathy s’est dégotté un appartement dément, dans un immeuble qui fait penser à la Maison Horta à Bruxelles. Elle bosse dans la culture, s’occupe d’expositions, bref, elle a fait son creux.

On s’est baladées hier et aujourd’hui en ville : marché de Noël, saucisses à la moutarde, frites, soupe aux pois épaisse. Achats pour ma part (savons artisanaux à la rose, à la cannelle, au patchouli ; une paire de boucles d’oreille en forme d’étoiles irrégulières, couvrant plus que le lobe, en métal galvanisé orange). Puis visite dans quelques galeries d'expos, de la ridicule prise de tête intellectuelle  ("merci de ne pas marcher sur l'oeuvre", panneau placé à côté d'un pseudo-tapis à rayures blanches, jaunes et brunes - en fait, plusieurs kilos de sucre, de polenta et de café moulu prétendant se faire mandala... grotesque) à la gaudriole bonnasse d'un calendrier complètement jarté, aux mises  en scène tordantes, édité et vendu par un squat d'altenatifs...

Et j’ai enfin fait la connaissance de son ami, journaliste, mais aussi d’un de leurs potes communs, artiste et enseignant, avec lesquels j’ai immédiatement sympathisé à coup de fondue et de Weinachtsbier. Des gens bienveillants, paisibles, créatifs sans être torturés... On a ri, parlé, de tout et de rien, en bonne harmonie. Je me suis sentie la bienvenue, totalement.

 

Quelle jolie escapade, décidément. Ma santé sociale en avait pris un méchant coup pendant mes années d’études à 120 heures par semaine, et si je me remets à avoir du plaisir à rencontrer du monde, et à m’ouvrir, ça veut dire qu’il m’aura fallu quatre ans pour m’en remettre – plus trois ans d’études, si je compte bien, ça fait sept ans d’isolement, d’abord involontaire, puis volontaire.

 

Il était temps que je retrouve du plaisir à côtoyer mes semblables ! Sept ans ... Mais même si j’avais su ce que ça allait me coûter, pas de regret, je referais pareil : mon bien-être d’aujourd’hui est à ce prix. Le boulot est en train de devenir plus intéressant que je ne pensais, mes dadas d'indépendante sont en train de se concrétiser, les finances vont bien, je cicatrise doucement de mon impossible histoire d'amour.

 

Encore un peu de boulot pour me retrouver physiquement… sinon… ça va bien, madame la marquise.

 

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 14:36

Je vis un moment de grâce, en quelque sorte… Depuis l’été passé, je travaille avec une coach pour dépatouiller mes histoires de boulot, et comprendre ce que je veux vraiment.

 

A l’origine de mes consultations, le sentiment que j’avais accompli mon bachelor en information documentaire pour la beauté du geste, étant donné que je me suis toujours dérobée ensuite, consciemment ou pas, devant des postes de bibliothécaire ou d’archiviste. Je me vois plutôt en documentaliste, ça c’est sûr ; mais comme je suis à moins de quinze ans de la retraite, aucune envie de bouffer de la vache enragée avant de pouvoir espérer obtenir un poste intéressant dans la culture ou les media. Mon paysage professionnel, j’ai à le bâtir en entier, avec divers éléments apparemment sans rapport les uns avec les autres. Ce que j’ai déjà concrétisé, c’est mon envie de devenir écrivain public.

Il y a deux ans, flairant quelque chose de crucial pour moi sans comprendre vraiment les enjeux de ma décision, j’ai entamé une formation de base de formatrice d’adultes. Sur le point de la terminer, mon intuition a alors rencontré un poste de formatrice à mi-temps, mais dans mon premier domaine de compétences : les soins. Ma foi, le temps de collecter de l’expérience pour aller proposer mes services ailleurs ensuite, pourquoi pas… Comme il me fallait de quoi faire bouillir ma marmite, j’ai pris un poste de bibliothécaire pour compléter ma fiche de paie : une journée par semaine, j’allais à l’autre bout du canton travailler à la mutation d’un service, passant de sa petite cuisine interne à l’intégration à un plus vaste réseau.

 

Le tableau offrait donc, d’un côté, un job plein d’avantages, de qualités, de choses intéressantes et variées à accomplir, humainement parlant. Pas parce qu’il se déroule dans le cadre des soins, mais parce que l’équipe de formateurs que j’ai intégrée se livre à un véritable processus de développement personnel, comme tout enseignant posté en face de classes qu’il faut guider vers une certification, en sachant gratifier mais aussi sanctionner : des échecs, il y en a, et des définitifs, qui engagent un pronostic de vie sociale, voire de survie sociale.

Par contre, à part le fait que le centre de formation était en crise totale et que je ne l’avais connu qu’en querelle intestine avec la direction, ce qui me dérangeait, c’est que ce job extra était encore étiqueté « soins » : pour ma fierté, mauvais point.

 

L’autre job par contre me donnait de l’orgueil, non pas par ce que j’y faisais, mais par le fait que je pouvais en parler comme de celui de bibliothécaire dans un lieu à haute valeur patrimoniale– à l’usage, je constate que ce poste s’apparente de plus en plus à de la figuration : l'institution bénéficie de ma "noble" carte de visite HES tout en me cantonnant à du boulot... de merde.

 

Contenus croisés, labels trompeurs des deux côtés…

 

Et voilà que les choses s’assemblent ces jours-ci en un puzzle cohérent : je peux augmenter mon pourcentage comme formatrice, proposer mes autres compétences de documentaliste au même employeur, envisager de profiter des locaux pour y former des gens intéressés à améliorer leur maniement du web…

Cela ne fait que quelques semaines que je me suis pacifiée en-dedans, que j’ai décidé de poser ma valise à mon job principal (celui-là justement) pour l’ouvrir et ranger mes affaires ; pour ça, il me fallait mes deux mains, dont l’une était restée crispée sur la manette d’éjection pendant une année entière.

Indépendamment de ça, la crise dans cette institution avait pris de telles proportions que l’intervention d’une entreprise d’audit s’est avérée nécessaire ; les premiers résultats sont tombés en quelques semaines et concernent d’une part l’engagement d’un(e) chef(fe) au profil plus adéquat que les trois derniers qui nous ont claqué dans les pattes… et une séance de retour en plénière, réunissant les divers protagonistes, direction , auditeur et les deux équipes du centre de formation, formatrices et administratrices.

J’y suis allée à reculons, maudissant par avance la perte précieuse d’heures de travail au profit du verbiage à la langue de bois dont l’endroit est coutumier. Au contraire, j’y ai trouvé quelques illuminations, propres à réunir de manière cohérente mes compétences de doc’ et mes projets personnels, à mi-chemin de ce vers quoi mes dadas m’ont amenée : en parallèle à l’écrivain public, qui marche assez bien à présent pour que je puisse choisir mes mandats, je mets en place de manière officielle un service de consulting en gestion de ressources documentaires, calqué sur ce que j’ai adoré de ma formation : la menée de projets ponctuels entre mandants et mandataires.


Cumulant mon expertise du domaine de la formation, celle que j’ai de l’association qui m’emploie et ses nouvelles visées mises au point avec l’auditeur externe, je peux être une personne de ressource à l’interface de deux mondes obligés de se côtoyer, mais un peu comme chien et chat.

Car je comprends le langage marketing qui offusque la formatrice persuadée quelque part que les décideurs sont inhumains, tout comme j'appréhende bien les nouveaux objectifs de la direction obligée de faire ce qu’il faut pour sortir des chiffres rouges, en ciblant son offre sur ce que demande le client potentiel. Je peux servir de dictionnaire de traduction entre les différents lexiques, qui recouvrent les mêmes processus – désamorçant au passage la croyance que si « l’autre » ne parle pas le même langage, il n’a pas le bagage que ce langage désigne.

 

Or, ce que les formatrices infirmières appellent « recueil de données », « analyse de situation par mise en évidence des ressources et des difficultés », cela s’appelle chez les gens du marketing « audit », « analyse de l’environnement » et « Forces / Faiblesses / Menaces / Opportunités ».

Donc, on fait la même chose ! Mais… alors que la formatrice créative pense qu’il serait bon de bâtir tel ou tel cours, le « marketeur » pose en complément cette évidence : l’offre doit rencontrer la demande du public potentiel. D’où la nécessité de prospecter le marché, de ne pas proposer le même cours que la concurrence, etc. Ce qui ne signifie pas que la créativité soit bridée, mais qu’elle peut être réorientée dans certains cours… ce qui rejoint totalement la transversalité des contenus si chère à mes collègues.

 

Entretien avec la direction dans trois jours pour voir si nos vues peuvent s'accorder… tenez-moi les pouces, les gens, quel pied si ça pouvait se mettre en place, tout ça.

 

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 19:41

Voilà c’est fait : on m’a retiré mon indésirable.

 

Il y a deux jours, 6 30 au petit mataguin, dans le noir j’attends mon taxi tout en répondant à ma frangine qui m’envoie par SMS vœux d’anniversaire et encouragements tout ensemble…

 

Un petit coup de mou dans le ventilo quand l’infirmière vient me chercher à la réception de la clinique : les larmes coulent, c’est con,  m’arrive tout le temps dans ce genre de circonstances, enfin… quand je peux arrêter de serrer les fesses  et de prétendre tout maîtriser, et que quelqu’un d’autre prend le relais - s‘occupe de moi, quoi !

Un petit Temesta plus tard, douche-rasage et visite de l’anesthésiste comprise, j’attends mon tour en me rendormant, après avoir torché mon sudoku du jour. Midi trente, c’est parti, avec un autre Temesta qui m’empêche de trop sentir le cathéter qui s’enfonce dans ma main – pas de souvenir très précis sinon celui de l’injection très douloureuse de l'anesthésique qui me fait plonger en quelques secondes.

 

Séjour des plus flous en salle de réveil, en mémoire cette question posée à répétition : « Sur une échelle de un à dix, « combien » avez-vous mal ? ». On commence à  4, pour descendre à 2, et finir à un… « On vous remonte en chambre, Madame… » . Madame ? Qué Madame ? La seconde suivante, me revoilà dans ma chambrette… J’émerge de ça en là, et plus spécialement lorsqu’on m’apporte mon plateau-repas : poisson blanchi, laitue étuvée et boulgour, petite sauce orange inidentifiable, et une pomme rose pour dessert : Luculus, après mon régime déguougnouze de ce dernier mois !

 

Soirée entre TV (« Billy Eliott », 7ème vision… il faudra pourtant que j’aille rechercher dans le programme le titre de ce que j’ai vu, au moment d’écrire ce billet ! ) et siestes diverses… j’apprends à me retourner dans mon lit avec la potence,  à me lever à quatre pattes et en marche arrière pour aller bravement toute seule à la salle de bains, jetant un coup d’œil au passage à mon bidou pour en compter les effractions et les bleus, cinq au total, plus impressionnants qu’autre chose : sous la colle, j’identifie sans peine sang coagulé et hématomes, tout ce qui va disparaître en somme.  Bah : dans une année, si on les voit trop mes cicatrices, j’irai me faire tatouer une guirlande de fleurettes…

 

Je compte mes abattis, ou plutôt les sources de douleurs : d’abord, un puissant torticolis (merci le résidu de gaz insufflé en moi et qui remonte aussi haut qu'il peut), puis un tenace chat dans la gorge (l’intubation). Divers endroits, le nombril un peu massacré, une région vers la gauche de l’abdomen (mais que diable sont-ils allés foutre de ce côté-ci de mon anatomie ? Je parie que le chirurgien s’y est confortablement installé du coude), et puis… c’est tout. Rien du côté de là où le scalpel, pour sûr, est passé : preuve en est ce qu’on me présente comme la source de mes maux. Je comprends du coup pourquoi mon nombril a été pareillement élargi !

Un truc stupéfiant, entre l’œuf de caille et l’œuf de pigeon, énorme au point de laisser bouche bée les quelques infirmières qui se succèdent à mon chevet, moi la première ; je me souviens que j'ai réclamé de le voir dès la salle de réveil, et que j’ai dit « C’est moi qui ai fait ça ? »

 

Nuit calme, tout va bien. Mon petit-déjeuner me paraît incroyable : deux toasts avec de la margarine et deux portions de vache-qui-se-gondole, merde alors, 5 semaines que je n’ai pas mangé de fromage ni de corps gras, bonheur total. Pour de la pâte à tartiner industrielle, dis donc, la terre est basse, ces jours !

 

Douche… habillage… réclamer une ceinture abdominale, histoire de mettre une protection entre l’univers et mon centre vital… je passe moi-même au cabinet de mon charcuteur prendre rendez-vous, ordonnance et arrêt de travail. Et je descends doucement toute seule vers l’arrêt de bus à 300 mètres.

 

Quelques minutes à attendre; banquette métallique froide, air frais... entortillée dans mon poncho en polaire, je fais les quelques stations puis les quelques pas jusque chez moi en planant sur un petit nuage...

 

 

Le chat m’accueille, je vire tous mes vêtements à l’exception de ma ceinture, amène à mon chevet boisson, calmants divers, et me cale devant la TV, avec mon téléphone, mon natel… et le katz qui ronronne. Avant de me rendormir et de me réveiller plusieurs fois jusqu’en fin de journée, non sans avoir envoyé des SMS à mes proches « Suis rentrée, vébien, dodo, t’appelletoutàlheure ».

 

Au soir, j’émerge, avec l’impression qu’on m’a opérée il y a une semaine… et mal un peu partout, ben tiens donc, puisque je n’ai pas pris de calmants depuis le matin ! Douche, anti-douleurs et anti-inflammatoires ; prête pour une autre soirée tranquille.

Ce matin, je ressuscite : douche, journal, café, courrier, téléphones. Calmants, calmants, calmants. Charité bien ordonnée - gna gna gna gna gna gnère.


Messages attentionnés, et même un bouquet de fleurs de mon job !

 

Bon ! Demain, je me fais un petit plaisir chez le coiffeur, après-demain, quelques courses accompagnées.

 

J’ai eu de la chance : gros comme il est mon caillou, jamais il n’aurait pu s’engager, enflammer-déchirer mes conduits, partir en pancréatite. Je m’en tire à bon compte, en une seule crise… avec cinq boutonnières et un minimum d’emmerdements.

 

Il sera bien temps ces prochaines semaines de réfléchir au message que m’envoie mon corps : entre ça et ma hanche, ça parle de cristallisation, de rigidité à lâcher… je tire le parallèle entre ces armures et boucliers internes et mes 19 ans éperdus, jetés seuls contre la vie et qui se sont endurcis pour résister par eux-mêmes. A défaut d'avoir de l'assurance, fallait prétendre.

 

30 ans à la forge, à peaufiner ma perle dans ma coquille… Pourquoi pas quitter Vulcain et aller voir à présent du côté de Vénus, en tendresse dans son bénitier…

 

 

 

 

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7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 09:21

    

 

     L'autre matin, je pars de chez moi en voiture, je longe le lac… Jour de grisaille annoncée jusqu’à midi, prévisions de saison, ciel bleu vers midi… J’admire les flamboiements des vignes vierges et des arbustes prospérant le long des autoroutes, c’est unique, avec en fond les cimes coiffées des premières neiges, les contreforts de la montagne et les nuances offertes par cette heure particulière du loup-chien, activée par le récent recul des montres. Je suis dans le temps-météo et dans le temps qui passe, 45 minutes au volant, allez Simone.

 

Je passe le goulet étroit de l’entrée en Valais, notant distraitement que des feuilles mortes volent, mais quoi, c’est aussi de saison, ça. Et puis ma tête est occupée à penser organisation en vue de l’opération : Zorro va rester seul 36 heures, et si d’aventure je devais prolonger mon séjour en clinique, Lodébouâh est d’accord d’aller lui serrer la pogne. Ai-je bien renvoyé mon questionnaire administratif, où en sont mes analyses, que vais-je trouver à manger ce midi chez mon restaurateur préféré, me faudra-t-il dealer encore avec la cheffe-coq pour éliminer tout le gras de mon assiette, histoire de ne pas déclencher une crise qui mettrait à mal trois semaines de préparation…

 

Bref, la tête ailleurs, rien ne me prépare à la gifle qui me cueille et me laisse ahurie en sortant de voiture : le foehn souffle, fort, très fort, j’ai plus l’habitude de la bise glaciale qui passe sous les manches que de ces tourbillons rageurs et tièdes qui me mettent les cheveux et le poncho à l’équerre…  La stupéfaction me laisse immobile : ce bruit continu mais variable, qu’est-ce que c’est ? Je vire des talons, à la recherche d’un engin de jardin ou de construction qui en serait la cause – après tout, la cour est en réfection depuis quelques semaines, et je vois régulièrement du monde en salopettes s’activer dans les espaces verts. Rien, qu'une machine à tourner le béton, qui ne peut être la source de cette cacophonie, en aucun cas.

Je comprends tout-à-coup, levant progressivement les yeux jusqu’en haut des 200 mètres de la falaise à pic qui se dresse à quelques dizaines de mètres de moi, à la recherche de la source du sifflement grave que j’entends : ce n’est que le vent fou, foldingue, complètement marteau, qui fait chanter l’agaune canalisant son souffle jusqu'à le transformer en furie…  Je m’imagine alors un ballet de sorcières, frôlant la paroi en y faisant crisser leurs ongles, narguant les chanoines si soucieux de protéger leur cloître tout en étant bien obligés d’y accueillir quelques femmes qui s’occupent de leur bien-être, préparent leur manger, prodiguent des soins aux plus âgés d’entre eux. 

 

La paroi gémit sur tous les tons, râle même d'agonie par moments, se tait puis réenfle son murmure jusqu’à un coup de tuyau d'orgue en baryton qui me fait sursauter. Je file à l’intérieur, sidérée par le spectacle et la symphonie, le sourire aux lèvres.

 

Loin de souffrir moi-même des turbulences, je prête complaisamment l’oreille aux plaintes indigènes : maux de tête, nerfs à vif et Cie, vents coulis qui font frissonner…

 

Le midi, en revenant de ma pause (rien à retoucher au menu, par miracle tout était calculo-compatible du premier coup!), je m’arrête encore quelques minutes dans la cour de devant pour jouir de la mélodie déchirante et du sabbat de feuilles qui se soulèvent en mini-tornades : l’abbaye résiste, ses portes claquent, les vantaux de verre ondulent. Me revient en mémoire son histoire : un jour un feuillet de la falaise se détacha et vint l’écraser, et rien de ce que je vois le long du mur ne me rassure, même pas les filets de sécurité ici et là. Comment savoir où la pourriture de la roche s’installe ?

Un été de mon enfance, revenant au lieu de vacances habituel -au chalet d’alpage de Javerne, dans la haute vallée mitoyenne - nous avions découvert le cœur serré que le surplomb rocheux au-dessus du foyer des bergers s’était effondré sur toute une famille, encore sous les décombres quarante ans plus tard, j’imagine. 

 

Et debout dans la cour, fouettée, bousculée et malmenée par les rafales, les trombes et les bourrasques, je savoure l’air doux quand même, renonçant à me recoiffer, scrutant l’autre côté de la montagne, et la crête sous la Dent de Morcles, cherchant la croix au point culminant du sentier sur lequel je me suis souvent baladée avec mes grands-parents et ma sœur.

 

Ma longue écharpe de coton écru se tient soudain en chandelle sur mon épaule, je la retiens juste avant qu’elle ne file au diable-vauvert. Et prenant conscience que les chanoines sont en train de boire leur café dans les salons le long de la cour et doivent se demander ce que je fiche plantée là les narines dilatées, bien visible avec ma veste rouge éclatant et un vague air de folle échappée de l'asile, je remballe mon émerveillement devant ce phénomène que nul ne saurait maîtriser.

 

Mes respects, Eole.

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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 11:25

     Dimanche, pendules réglées vers 4 30 ou 5 30 du matin, à choix.

 

Je découvrirai bien encore quelques montres à l’heure d’été ici et là, quand il me prendra fantaisie de me la jouer latex et argent, ou vieille tocante romantique…

 

Les quelques travaux de rafraîchissement de l’appart’ sont terminés, pour ainsi dire : sols unifiés, impression de clarté et d’espace supplémentaire. Il n’y a plus que les placards de la cuisine qui attendent deux couches bleu ardoise, d’ici deux semaines : j’ai eu envie en cours de route de me débarrasser de leur couleur verdâtre mochissime, et de donner à mon antre culinaire un aspect qui offre contraste avec les plats colorés que je me confectionne et les bonheurs d’érables du Japon rougeoyants devant mes fenêtres. Ici, la mangeaille bigarrée est la star, pas les murs.

 

Je rapatrie mes meubles un à un, encore quelques tris d’objets, élimination de vestiges encombrants. Je garde une aquarelle sensible, d’une main qui fut amie, ou propose sur le trottoir devant chez moi les objets chargés de mauvais souvenirs. Je reste perplexe devant une adorable peluche chargée des vibrations d’une histoire d’amour avec un homme trop lointain sur bien des plans pour entrer vraiment dans ma vie : la lui renvoyer pour qu’elle reprenne sa vraie place auprès de lui, puisqu’elle avait déjà une vie avant moi et qu’elle lui manque, et que lui restera toujours dans mon cœur ? Les réunir à nouveau... je ne voudrais pas qu'il en soit plus blessé.

 

Va doucement, toi, entre le jus de fruits et le café épicé, juste habillée en pelure de Clémentine : trop vite trop chaud au moindre effort. Et puis au plus petit mouvement me pliant vers la gauche, je le sens trop bien, mon hôte indésirable : tiens-toi tranquille, hein, machin. Un point précis de mon abdomen est tendu en permanence, je n’avais jamais eu autant conscience d’avoir des viscères… Bouge pas d’où tu es, hein, la pierre… je n'ai pas envie d’atterrir au bloc en urgence au milieu de la nuit. Oui d’accord, va pour les compotes et purées pour bébés, si ça peut te faire tenir tranquille.

 

 

 

     Zorro miaule comme miaulent les chats désécurisés, quand il ne joue pas au labyrinthe entre les objets déposés dans la chambre –salon. Il trouve des astuces inédites pour apprivoiser ce bordel provisoire et qui dégage encore trop d’effluves de peinture fraîche: s’introduire dans le sac à linge en attente de lessive pour s’offrir une sieste tranquille, ou trôner en vigie dans le dernier des tiroirs empilés les uns sur les autres, et dans lequel le linge propre est provisoirement placé. Ce chat aime autant mon odeur que celle des vêtements fraîchement lavés…

 

Dans la foulée, j’espère m’attaquer à la pile de raccommodages après avoir rangé et nettoyé la seule pièce qui n’était pas concernée par ce branle-bas. Clémentine, jusqu’à la fin de l’année, sans te bousculer, il y a de quoi faire. 2011, l’année des mises en ordre, des consolidations, des réconforts.  Il y a presque dix ans que j’ai changé radicalement de vie, en lâchant des bouées très réconfortantes, pariant sur l’aventure sachant que les plans épargne-retraite partiraient en quenouille. Mais j’ai appris en cours de route que je pouvais vivre avec bien moins d’argent que jusqu’alors.

 


 

     En parlant d’apaisement…  J’ai fini d’écouter mon portrait radio-diffusé : bien ajusté, un petit travail d’orfèvre poli par une journaliste sensible, frêle et dotée de grands yeux clairs, aimant les gens de la même manière que moi, je pense: en les approchant. Ce qui me rappelle de préciser qu’une de mes valeurs-guides, c’est d’encourager ceux qui m’entourent à être leur propre berger, en éclatant le cadre. J’aimerais rencontrer plus de particularités qui osent s’afficher...

 

     Ciel bleu, lumière baignant mon biotope aux contours encore indécis : ceci, je le remets là ? Et ça, ce ne serait pas mieux placé ailleurs ? Ce hall devenu immense par la grâce d’une illusion d’optique, en ferai-je l'espace de consultation pour mon officine d’écrivain public ? Soudain Zorro saute de son tiroir pour s’avancer en Bagheera au ras de sol, repérant probablement sur le balcon un potentiel voleur de croquettes. Lequel se retire prudemment, impressionné autant que moi par le jabot noir à bavette blanche que mon petit pote déploie tout-à-coup. Zorro se recale vite dans son carré improvisé, et continue son éternelle toilette…

 

 

 

Oufff. Repos. Après tout, c'est dimanche.

 

 

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