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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 09:39

Y’a des jours où l’accablement me tombe dessus.

 

En fin de semaine passée, je donne un cours de recherche documentaire à une quinzaine de pépettes d’une école supérieure, en voie de diplôme.

Age moyen : 22 ans.

Donc, je le réalise après coup, un auditoire qui a de fortes chances d’être composé d’adultes et d’adolescentes.

Fouchtra, je suis formée pour  former des adultes, moi… bien que l’on nous prévienne : est considéré comme adulte, du point de vue de l’enseignement, toute personne ayant atteint ses 18 ans. Ben je vais vous dire: même les gosses entre 18 et 22 ans, c'est vraiment pas ma tasse de thé.

Le tiers d’entre elles a joué au saboteur diplômé ès bavardages, ou au bébé revendicateur me demandant quasiment de répéter à ses camarades les modalités de prêt inter-bibliothèque qu'elle avait sous les yeux... je rêve...

 

L’a fallu que je trouve moyen de recadrer (merde… jouer les chiourmes, j’aime pas) ; de continuer sur mon cap tout en modifiant mon plan de cours (là, c’est bon, suis parée aux imprévus). 

 

Finalement, en reconsidérant le tout de la matinée, en cherchant de l’aide auprès d’enseignants de presque bacheliers, j’ai pu en faire quelque chose  - remanier mon cours, en fait. Et surtout me dire que j’allais filtrer mes mandats d’enseignement, en éliminant les cours destinés à des populations à risque pour moi : j’aime pas les enfants, ni en soi ni en général, je n’aime que les enfants avec qui j’ai un contact intéressant, ça marche là comme ça marche avec les adultes. Alors les former, nein : je suis andragogue, pas pédagogue.


(Autre bémol de la matinée : courir après un informaticien qui avait autre chose à faire que de débogger le PC dont j’avais besoin pour donner mon cours, et prétend un beamer opérationnel parce qu’il a appuyé sur le bouton ON ; y’avait qu’à se retourner pour constater qu’un message d’avertissement technique masquait mon PowerPoint… remarques transmises au responsable des salles, voilà celui-ci fort surpris – fort surpris ??? je demande la lune ou quoi ?)


[Tout à l’heure, je dois me taper 120 kils pour aller remplir une obligation de coaching auprès d’étudiantes en information documentaire, et ce sera la dernière fois que je donne de mon temps pour aller changer le pampers de gamines tellement infoutues de relire mes consignes et les guide-ânes que leur école leur fournit, qu’elles me les redemandent la bouche en cœur… à moi la peur : à 20 ans, se comporter comme ça ?]

 

Faut croire que la merde appelle la merde; ou que j'étais d'humeur à la chercher? Car sur ce, l’autre jour après ce cours catastrophique, retournant pensive (au moins) chez moi, je croise une vieille pote, visiblement aux cent coups, visage défait et larmes aux yeux: « Heu, t’en fais une tête, keuski t’arrive ? »

Elle m’explique qu’après une longue période de chômage, elle a retrouvé du travail, mais à un pourcentage inférieur à ses disponibilités. En toute logique, le chômage aurait dû compenser le pourcentage disponible restant…

Ah mais non, ça marche pas comme ça, la logique d’Etat, car on lui calcule sa (non)-indemnité comme suit : à partir du salaire brut (le citoyen moyen vit bel et bien avec son net et pas son brut, par contre…), chiffre comprenant le treizième salaire qu’elle ne va toucher qu’à la fin de l’année… donc, en attendant Nouhël et la Sainte-Nouvelle-Année, elle n’a qu’à se démerder avec les trois francs six sous de son salaire à mi-temps, car le montant de ce qu’elle va toucher aux fêtes fait qu’elle reçoit de son employeur, en théorie, l’exact montant de son indemnité mensuelle… plus 70 centimes ! Manque à gagner net: 770 CHF (pour les gens qui utilisent l'Euro, diviser par 1.4, sauf erreur... 550 Euros, si je calcule bien).

Ceci dûment confirmé par sa caisse de compensation à qui elle a dû encore tirer les vers du nez pour savoir à qui s’adresser pour obtenir de l’aide sociale - 770 CHF multiplié par 4 mois, ça fait 3080 pézettes (2200 E) à trouver comme ça du jour au lendemain. Gloups.

On lui indique le bureau en question, qui se trouve bien ailleurs, évidemment. Et là, après une heure d’attente, elle apprend qu’on n’a à lui proposer que des adresses ici et là, pour aller remplir des formulaires permettant de demander le report du paiement des impôts, de ceci, de cela, blablabli et blablabla. Bien sûr, fastoche, puisqu’elle avait encore du temps libre avec son job à 50%.

Quelques jours plus tard, elle avait rendez-vous avec son conseiller au chômage ; il ignorait visiblement ce calcul aberrant - ma pote avait d’ailleurs trouvé légèrement crispant de devoir lui réexpliquer ça à 5 reprises. Le pompon : les leit-motiv défensifs du gars et sa remarque finale lui suggérant de quitter le chômage, puisqu’il la servait si mal…

Ma pote avait les yeux rougis, et m’a finalement tristement souri en se félicitant de n’avoir aucun crédit sur le dos, d’avoir pris des habitudes plutôt télévisuelles concernant ses distractions, et d’être rompue à l'art de jongler avec des rappels de factures de téléphone ou même de loyer, depuis le temps.


Ca sent le moisi au royaume supposé des bien-nantis de Suisse… Là je ramène ma fraise pour la coller en dazibao - et je profite pour détromper certains quant à leurs idées reçues sur le Chuiche lambda.

 

Ici, on ne nage pas automatiquement dans le fric parce qu’on a un passeport rouge à croix blanche; on a un Quart-Monde aussi, des cités à voyous désoeuvrés qui tabassent et dévalisent les gens dans la rue pour un natel et 15 balles en petite monnaie… des gens qui rament pour joindre les deux bouts et tentent de ne pas laisser passer les anniversaires et les fêtes carillonnées sans faire au moins un petit cadeau à leurs gamins. Y’a de la misère bien pire, j’en conviens, mais le stress et l’anxiété d’arriver à payer son toit tous les mois, c’est un truc dur à vivre.

 

 

Bref. C’était à la veille du week-end, ça m‘est tombé dessus tout ça, je sais pas vraiment pourquoi ; peut-être parce que le ciel bleu du vendredi s’est transformé en bise et pluie samedi et dimanche?

 

Heureusement que le chat était demandeur de câlins, et m'a fait rire à fond: il revient de ses excursions sous la pluie trempé comme un gazpacho, avec plein de trucs bizarres dans son poil - du coup faut que je l'étrille avec des mouchoirs en papier, qui contiennent une substance qui le rend fou d'amour. Pour la boîte et son contenu, j'entends.

Et surtout, heureusement que j’ai reçu un adorable long mail de mon Nounours chéri, ça m’a fait comme des bisous en chapelet sur le visage et le cou. J’en avais bien besoin !

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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 09:38

 

 

La colère, c’est un truc assez mal vu, en général : perte de maîtrise, réaction enfantine, etc. Sauf si c’est le patron qui la pousse ; là, ça devient la preuve qu’il est le chef, se fait respecter, et a les moyens de s’acheter des frocs qui laissent tout loisir à ses couilles de s’expandre.

 


Ca me fait penser aux lansquenets, dont le costume extravagant comprenait une sorte de poche « bitale », où ils mettaient leur argent par exemple… la symbolique de la puissance dans toute sa splendeur. Ou comment dire « Je peux t’enculer », en trois bouts de tissus. (C’est quand même marrant : les ados qui rembourrent leur soutien-gorge ou la technologie push-up, ça n’a pas le même impact. Ca me donne une idée : lancer des soutifs rembourrés/pushupés ET imprégnés de testostérone…)

 

 

 

La colère : comme la plupart d’entre vous, on m’a dressée à  ne pas la montrer, ou même à ne pas la ressentir, si possible.

C’est dire si elle est considérée comme dangereuse…  Je souscris à cette vision de la colère de Lytta Basset : "une personne en colère est une personne qui n'a pas renoncé à la justice".


C’est un potentiel de transformation personnelle, inter-individuelle, un formidable contre-pouvoir aussi… à condition de ne pas casser la relation, de ne pas s’enfermer dans la simple évacuation du trop-plein, telle la cocotte-minute qui laisse échapper vapeur et perd de l’énergie.

 

 

 


Je vous parle de ça parce que je travaille depuis peu dans une organisation humanitaire locale, mais d’obédience internationale. Bien qu’un de ses leit-motiv pour décrire sa mission soit « Préserver la dignité », depuis quelques semaines que j’y collabore, j’ai vu et entendu nombre d’implosions internes dans son centre de formation, là où je côtoie une équipe extraordinaire d’écoute envers ses membres et les personnes qu’elle forme…

… mais qui s’est suradaptée à une série de maltraitances subtiles : sur les dix derniers mois, il semble qu’une série impressionnante de décisions managériales déshumanisées aient été prises, assorties d’une communication si abrupte de la part de son chef direct que mes consœurs et moi-même en restons littéralement sidérées, de vraies statues de sel qui se laissent ensuite éroder pour subsister.


 

J’ai appris il y a une semaine tout juste que j’allais devenir SDF, sans bureau ni PC fixes, pour une durée qu’on espère ne pas se voir prolonger après décembre. Etant le plus petit pourcentage de la maison, c’est moi que cela dérange le moins, n’est-ce pas, de céder ma place à l’assistante administrative directe de mon chef, qui elle-même, allez savoir pourquoi, a cédé son poste à d’autres…


A décision maltraitante, communication violente : j’ai appris la chose en moins de trois minutes et deux coups de cuillère à pot, en quelques phrases qui ne m’expliquaient pas vraiment pourquoi , au terme d’une journée épuisante, de la bouche de mon chef et de son assistante qui me guettaient comme deux murènes quand je suis passée entre leurs deux bureaux.

 

Toute la violence de la décision et de la manière dont on me l’a communiquée m’est remontée le lendemain ; en ayant eu vent je ne sais comment, mon chef a voulu me  forcer à venir parler avec lui dans son bureau.

 

Et c’est là que j’ai mesuré la puissance de tout ce que j’ai appris en thérapie, au sujet de la colère : j’ai refusé d’obtempérer, fermement et par trois fois. J’avais besoin de parler avec mes collègues avant tout, je l’ai dit, et nous avons donc convenu avec mon chef d’un rendez-vous au plus vite pour rediscuter.

 

Et quand il a quitté la pièce en me disant, le dos tourné, que ce n’était pas mes collègues qui allaient me donner la solution et que cela se réglerait au besoin avec la direction, devant cette attitude d’intimidation, je lui ai répondu  (enfin... à ses omoplates...) que j’étais en période d’essai et que des incidents pareils devaient en effet  se recadrer immédiatement pour nous permettre de voir au plus vite si l’institution et moi nous nous convenions.

Voilà pour l’anecdote qui me conduit à écrire ce billet aujourd’hui. Et de manière générale, je peux voir comment j’ai appris utiliser ma colère.

 

L’idée est la suivante : la colère est facile à retourner en pleine face de celui qui s’y laisse aller – et là, l’effet de stupéfaction dû à l'embuscade a clairement généré un enchaînement où soit je me taisais et j’obéissais, soit je me révoltais. Mais en fait, l’alternative n’a pas eu lieu : j’ai eu les deux attitudes, successivement. On a appliqué la solution, et on a regardé les retombées... et on en discute encore, des retombées.

 

 

Je résume la suite des événements : la première journée de l’administratrice  à mon bureau a été infernale pour tous, car au milieu de la volière en effervescence des trois formatrices « restantes », elle a tenté d’introduire une nouvelle collaboratrice… elle a eu droit  des piques et des pointes de notre collègue infirmière en psychiatrie… et se rendant compte que son/mon poste n’était pas équipé des applications avec lesquelles elle a constamment besoin de travailler, elle est allée occuper d’autres sièges et d’autres PC dans la maison! Tout au long de cette journée, en parlant ici et là avec elle, j'ai pu compléter ma compréhension de la situation - c'est regrettable que j'aie dû aller moi-même à la chasse aux informations.


Pendant cette journée, j'ai déchargé ma hargne en écrivant un mail à mon équipe pour l’informer de ce qui se passait. Par hasard et par bonheur, la journée du lendemain était de toute façon consacrée à la rencontre de cette douzaine de personnes, impossibles à réunir autrement.

 

La coupe était visiblement pleine, et l’incident que je vivais n’était pas un accident, mais la ixième répétition du même scénario qui les fait bouillonner depuis des mois : en 45 minutes, nous avions arrêté un plan. A la fin de la matinée, une lettre cosignée a été envoyée à la direction, l’informant que l’équipe reprenait  à son actif et pour son bénéfice une journée prévue à l'origine pour une sorte de course d’école. Qu’elle y discuterait de la situation et de son inconfort général depuis des mois, en vue d’une autre rencontre à agender avec la direction, pour réajuster le tir et exprimer ses revendications.

Lors de ces 45 minutes, j’ai même entendu les mots de « révolte » et de « débrayage »…

 

Bref, ma mésaventure ne fait pas de moi un leader révolutionnaire, mais le fait d'exprimer de diverses manières tout mon inconfort, ma colère et mon envie de quitter l’institution illico ont fait mouche, et a aussi servi de catalyseur ; sans parler des messages de solidarité individuels.

 


 

La stratégie la plus positive, à mon avis, consiste à refuser de dialoguer quand on est dans la colère,  à la décharger ailleurs, de manière à dégager des arguments pour aller poser cartes sur table ensuite ; bref, se remettre les idées en place, pour rester en contact avec les personnes qui suscitent la colère, et en faire quelque chose de constructif.

 

Je dis que la colère, c’est avant tout de l’énergie ; et qu’il a fallu que quelqu’un enferme de la vapeur au voisinage d’un piston pour constater que ça faisait avancer un véhicule. Na. J’aime les symboles et les métaphores, décidément.

Alors, Joseph Cugnot, merci  à toi et ton fardier ; même si tu servais avant tout l’art de la guerre avec cet engin, penser à ton invention fait rebondir mon esprit vers Denis Papin et ses machines à vapeur, ainsi que vers Sun Tzu et son inspiration stratégique.

 

 

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27 septembre 2010 1 27 /09 /septembre /2010 07:53

 

Qu’est-ce que j’aime rouspéter, dis donc. Le bien que ça fait, de râler !

Bon, j’nuance, hein : pas question de couper la branche sur laquelle j’ai enfin réussi à carrer mon popotin de manière confortable ! Hé là.

Je préfère dire qu’au lieu de suivre panurgiquement des règles et des usages, je me fais une joie de décortiquer les situations pour en dégager les principes de base. Ca change drôlement la donne, ça laisse la créativité reprendre le pas, l’intelligence suivre son cours… les solutions genre « œuf-de-Colomb » émergent tout-à-coup, y compris celles qui consistent à remettre en question le bien-fondé de faire certaines choses, tout simplement.

 

En clair : c’est pas parce qu’on a toujours fait comme ça qu’il faut continuer.

 

L’arme de choc pour ça : le dazibao, ou du moins son esprit. Son avatar sur le web : les blogs. Génial, ça défoule le mental, de s’exprimer en se foutant pas bien mal, à la limite, d’être lu ou pas. Idéal pour heurter, choquer, déranger, et sans se ramasser une dose trop indigeste d’opinion publique bien-pensiste.

 

Mais siiiiiii ! J’adore aller lire les commentaires que mes articles suscitent : ils me flattent ou me donnent du grain à moudre ? Cool, je les garde. Ils sont malveillants, injurieux, parfois bêtes et méchants, ou n’apportent rien au débat ? Tchao, je suis la maîtresse incontestée des lieux, « Je fais ce que je veux, poum, avec mes cheveux, yesss »: je clique sur « Effacer le commentaire ». Oué. Et si ça te fait rager, cher contradicteur, je t’invite à  lancer ta propre colonne Morris, ton tas de dazibao personnels et inviolables. Non-taggables. Et pour peu que tu ne laisses dans ton commentaire que l’adresse de l’article que tu as écris en réponse, et pour autant que, justement, il contienne quelque chose qui fasse avancer le schmilblick, je le laisserai en place, crachi-jura.

 

Après tout une opinion n’est qu’une opinion. Et ce qui dérange a sûrement une bonne raison de faire avancer…

 

Bon brèfle, le dazibao, disai-je.

Le dazibao ( 大字報, je ne résiste pas à vous poser la séquence d’idéogrammes, hein que c’est trop beau ?),  littéralement « journal à grands caractères » est en Chine une affiche rédigée par le pékin lambda, traitant d'un sujet politique ou moral, et placardée pour être lue par le public.

 Une belle tradition impériale, appelant les commentaires des passants et garantissant la possibilité de critiquer un magistrat en place, tradition reprise d’ailleurs par la révolution culturelle… puis réprimée à la fin des années septante, reprise comme l’un des « quatre grands droits », puis interdite par le pouvoir en place.

C’est dire la puissance du truc…

[Bon, j’aime moins l’idée de la délation permanente que ça peut entraîner, un peu comme dans ce livre d’Ira Levin, « Un bonheur insoutenable » -  je l’ai lu à 17 ans, sous l’impulsion de mon prof de français, qui avait repéré ma tendance à l’introspection. Comme l’écrivain avait déjà fait mes délices avec « Un bébé pour Rosemary », je n’avais pas hésité à consacrer une partie de mon argent de poche à l’achat de cet ouvrage, que je possède toujours d’ailleurs. Je recommande la bonne lecture en question…]


Pourquoi je me mets à parler de tout ça, de pamphlet anti-totalitariste qui se fait retourner comme une crêpe sur le principe de la libre opinion?…


Le cerveau vous joue de ces tours : en fait, je suis en rogne depuis 3 jours … Car je suis une formation obligatoire dans le cadre de mon boulot: on y apprend ou réapprend les bons principes pour protéger son dos. Jusque là, tout va bien.

Le hic, c’est que ça me fait furieusement penser au système de marque franchisée  des couâffeurs parisiens : ce cours, c’est le Franck Provost des soignants, oué…

Ca marche comme ça : quelqu’un ou une entité professionnelle réputée à la pointe du progrès du domaine développe un concept bien foutu, et très vendeur car bien sûr, réputé désintéressé (depuis quand on fait du pognon avec la santé, hein ??? Intouchable sur les intentions…). Ca se vend en effet assez bien, puisqu’on trouve au moins une fondation assez friquée pour racheter le concept avec exclusivité sur tout le territoire.

Cool.

Du coup, l’entité peut imposer qu’on y coupe les cheveux en quatre à sa manière, que même le vocabulaire soit contrôlé, et vendre ensuite tous les supports de cours, les gadgets et les gimmicks mis au point; et obliger à suivre des cours de rafraîchissement de connaissance, et tout ça coûte bonbon bien sûr. Le franchisé va donc organiser des cours pour répandre la bonne manne, heuh, pardon, la bonne parole. Juteux comme les Tupperware. Why not? Jusque là, je m'en tape un peu, je ferais pareil, tiens!


Juteux, pas grave donc; mais idéal pour alimenter un fantasme de potentat.


Car le hic, c’est qu’elle se comprend tellement bien elle-même, cette entité, que, comme l’informaticien moyen, elle pratique une sorte de langage d’initié qui met le possesseur de dos moyen en échec : faudrait, en somme, posséder ce langage-là pour pouvoir le comprendre. Nonsense. J’explique : on utilise là-dedans un truc que j’ai moi-même appris et pratiqué de cent autres manières, et qui ici s’appelle le PRP, principe de résolution de problèmes. Et dans ce bidule, il manque la mention et la description d'une étape qui est comme court-circuitée : les participants butent sur un non-dit, et l’autre jour, ça a quasi fini en engueulade…

Résultat, avec des chieuses comme moi, l’enseignement se sabote tout seul, puisqu’il ne dévie pas d’un iota et ne laisse pas la place de chercher comment l’adapter à l’idiot de village moyen que l’on se sent devenir.

 

C’est pourtant simple, bordel de Bordeaux : après la récolte de données et avant la recherche du problème principal, faut juste se rendre compte des contorsions cérébrales qu’on fait, au risque de l’entorse, d’ailleurs. C’est une étape en soi, que j’appellerai volontiers « mettre en lien les éléments pour repérer un problème ». On en repère un, deux, trois… et là, seulement là, on est à même de choisir celui qui semble le problème principal.


Djeuvat, je parle chinois, faut croire : en accomplissant cette étape, je m’entends dire que je suis déjà dans la solution… Oui, passsqu’il faut que je vous dise : ce genre de locution exécutoire fait aussi partie du kit vendu – tu fais pas à la manière de l’entité, donc t’as tout faux. En fait, c’est l’entité qui est psycho-rigide, et comme le franchisé craint de perdre son droit à couper la frange à Solange… il continue à couper de la main droite alors qu'il est gaucher. Phoque.

 

Donc je vais faire comme ça : je vais fermer ma grande gueule pour la suite, en penser pas moins par-devers moi, et aller de  temps en temps ventiler avec ma voisine de bureau, collègue et vieille connaissance ; qui elle, en me voyant me préparer pour ce cours qu'elle a déjà subi, m’a fait un clin d’œil ironique : « Tu reviendras me dire ce que t’en penses, hein ? »

J’en pense, ma chère S., que tout ce qui vient d’Amérique du Nord n’est pas d’or ; que c’est décidément une autre culture… et que je me sens un peu comme l’aborigène à qui on essaie d’imposer un soutien-gorge.

Ca va sûrement soulager mon dos, vu la taille de mes appendices secondaires femelles… mais bon, je devrais pouvoir choisir la couleur et le modèle, quand même… non ?

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 10:33

 

                                                                                         

     Encore une fois, on sort d’une enguirlandée. Enfin, de ce que tu ressens comme ça, ou comme une dispute, ou encore un conflit. T’aimes pas ça, tu enfourches alors comme un étalon à peine dressé qui t’éjecte aussitôt, tu repars en boitillant, l’oreille basse, tandis que je reste stupidement maîtresse de l’arène où la joute a tourné court une fois de plus, sans interlocuteur, moi qui m'apprêtais à comparer nos points de vue....


Veillons ensemble, veux-tu ? à ce que l’amertume ne prenne pas le pas…


Pour moi, c’est de la confrontation d’idées, un truc stimulant, la découverte d’une autre pensée que la mienne, et pas n’importe laquelle : un bel ourson viril, un caractère aussi impétueux que le mien, une intelligence subtile de l’écriture … un homme qui se vit à plein, dans d’autres intérêts et désirs que les miens.

 

 

     Quand tu calligraphies tes caresses comme tu dessinerais mes courbes, de la main ou de la peau ou encore en crayonnant ton vélin, l’orage s’éloigne, le vent se fait brise.

On apprend à ne plus parler de ce qui dans le fond n’a pas d’importance, pour laisser s’épanouir ce lien qui nous surprend tous les deux - il y a de quoi!

 

     Je ne veux plus galvauder une seule évocation du mot « amour », qui voudrait tellement tout dire qu’il ne signifie plus rien : la preuve, ça te met dans tous tes états, comme si dedans il y avait 25 ans de conjugo, de moutards à élever, de chien-chat et poisson rouge en bocal et de plan-rénovation de maison. Avec en cadeau Malux la pelouse à tondre devant. Après tout, « Je t’aime », c’est un emporte-pièce qui n’a sa place que dans les répliques de cinoche.

 

Moi, je veux pouvoir célébrer le petit bout de plénitude qui m’est donné chaque fois que je te dis une tendresse et que je reçois un berlingot de câlin… chaque fois qu’à te lire se fichent délicieusement en moi d’infimes éclats de désir dont les moirés me donnent le frisson, et qui se glissent sans plus de cérémonie dans la mosaïque de cette étrange histoire de peaux qui attendent leur heure, et font des détours par le coeur, pour voir, comme ça... sans engagement, tout en le redoutant un peu, quand même.

 

Qui plus est, à nous dire la même chose de manière si différente, nous nous fatiguerions sans raison : laissons-nous nous rencontrer là où nos routes convergent, et abandonnons les sentiers de jungle qui semblent des raccourcis  l’un vers l’autre. A les dégager à la machette, une blessure est si vite arrivée.

 

     J’aimerais ça, qu’on trie les factures empoussiérées accumulées avec  d’autres, qu’on les solde à notre profit… que les confrontations d’idées ne tournent jamais en affrontements, car ceux-là n’ont pas lieu d’être.

 

Sans enjeux familiaux communs, sans devoir ni nous devoir quoi que ce soit, c’est un assez beau pari que celui de se risquer à dévoiler des valeurs qui sentent un peu le soufre, parfois… ici et là, la peur du pouvoir qu’on abandonnerait se fait jour, le besoin de se faire respecter à tout prix nous isole, on dérape...

 

Moment déchirant où l’on sait frôler la rupture, où la fascination du tison ardent nous fait tendre la main comme des enfants ignorants, et empoigner la méduse bien qu’on connaisse parfaitement la douleur cuisante qui va s’ensuivre ; histoire, peut-être, de tirer un réconfort de Cassandre dans la répétition du même scénario, celui des séparations successives, couche à couche, jusqu’à jeter l’éponge comme tant d’autres fois, avec tant d’autres personnes qui nous furent chères… On sait qu’on y a survécu, alors même si ce n’était que ça, on en sortirait renforcés dans notre puissance à rester vivant, jusqu’au prochain espoir insensé de fusion qui surgirait, avec une nouvelle personne.


Je me souviens de ton soulagement quand il est devenu clair que ni la moto ni la philatélie ne me passionnaient – tu avais badiné en constatant que nous n’étions pas des clones… et mon propre goût de la rhétorique, quand je l’emploie non pas à t’enchanter de mes poèmes, mais à cadrer nos différences, te fait reculer avec amertume.

 

     Toi comme moi, nous reconnaissons la ferveur de cette histoire, et revenons à chaque fois en ayant compris un peu mieux la topographie de l’autre. Nous prévenant que les accidents peuvent encore survenir, que l’on ne peut tout-à-coup changer radicalement ; et d’ailleurs, s’il y a une certaine logique dans les rencontres, c’est bien celle de la reconnaissance, au milieu de la foule, d’une personne bien particulière, qui va nous compléter ici, nous interpeller là, qui est quand même un reflet de nous-mêmes au milieu de tous les autres. Donc, susceptible de nous agacer aussi, quand le miroir dévoile dans un coin quelque chose de déplaisant.

 

Aussi irascibles l’un que l’autre, aussi enflammés, habitués à contourner les difficultés, comme l’eau qui obéit aux lois de la gravité et s'infiltre, tous deux nous trouvons moyen de couler l’un vers l’autre, de nous recaler dans la douceur et l’affection.

 

       Je nous souhaite donc tout le bonheur possible, et même plus encore : si au lieu de nous laisser arrêter par des projections mentales, mous mettons nos efforts ur un axe que je suis tentée d’appeler « Il y a toujours une facette cachée à découvrir, même en soi-même… », alors la peur d’un danger qu’on croit avoir reconnu pourra se mesurer au pouvoir de regarder en face ce même danger... et nous le laisserons se déballonner tout seul, sans plus de lutte.

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23 mai 2010 7 23 /05 /mai /2010 11:39

Depuis janvier, ça mûrissait.


A la faveur d'un grave incident d'administration et de modération, un de plus, mais avec comme conséquence cette fois-ci l'abandon des commandes de deux des trois administrateurs, je m'étais confiée ici, loin du forum en question précisément, sachant que les personnes intéressées par mes idées et mes écrits viendraient me lire. Ici, je peux m'exprimer bien plus franchement que là-bas... à un moment d'un conflit, pouvoir décharger par la bande, c'est précieux.

 

L'article en question est ici:

 

http://une.histoire.d.agrumes.over-blog.com/article-administrateurs-moderateurs-et-mediateurs-43096833.html

 

Hier, sciée par un nouvel incident et l'incurie en matière de modération qu'il confirme, je me rends compte que la pomme peut tomber de l'arbre: en revenant de ma journée de grillades avec de bons copains pas vus depuis longtemps, ma décision est prise. Sans même relire les interventions ou réponses du jour après mon énervement du matin - à quoi bon? je me désinscris. La coupe est pleine, décidément.

 

Ca ne s'improvise pas, l'administration, il y faut de la modération; ce qui n'est ni du gardiennage amateur, ni du coup de gueule exécutoire et distribuant les tomates et les lauriers de sept-en-quatorze, ni du scandaleux mépris pour traiter les incidents - et les gens. Et puis il faut se décider entre être membre et être admin, quelque part, si on ne sait pas faire la différence avec netteté.

 

Un peu de maturité de vie est bienvenue aussi, pour pouvoir s'interroger: la manière dont un admin' réagit et fait la loi est-elle vraiment neutre et arbitrale, ou fait-il systématiquement pencher la balance du côté de ses propres convictions? La concertation entre admins' est-elle forcément plus productive et mesurée?  Tout dépend des complémentarités des compétences... ou de la somme des insuffisances, si c'est le cas. Pondre une charte, ce n'est utile que quand on la respecte, ou qu'au moins on accepte de s'interroger sur les diverses interprétations de son contenu.

 

Je tends à croire que plus la réponse d'un admin' est péteuse et prétentieuse, plus cette personne a besoin de se rassurer en devenant rigide devant qui le met sur la sellette - parce que suggérant une réflexion sur son  attitude de maître du jeu.

 

J'avais déjà quitté un autre forum quelques mois avant celui-ci - les deux réunissaient le même genre de personnes, traitaient des mêmes sujets. Partie car le même air y flottait, celui de république des petits copains bien d'accord entre eux, se choisissant par affinités et non pas par complémentarités. Point de tyrannie par contre, mais une certaine naïveté et l'assurance d'avoir raison... une insistance à ne pas voir où était le problème... l'incapacité donc à le quittancer, sauf lorsque j'ai annoncé mon départ: réveil tardif pour me retenir, en vain - much too late, baby, much too late.

 

Bref. Je commence à réfléchir sérieusement, s'il  me prend lubie d'ouvrir un forum, à payer un modérateur externe - un psy; pour garantir la neutralité des débats, pour que des inévitables épisodes de confrontation, il puisse sortir des réflexions constructives, entre gens qui cherchent à rebondir humainement parlant... 

 

A ceux que je quitte, je dis pourtant merci pour leur compagnie: j'ai fait connaissance avec quelques personnes étonnantes et riches; et sinon, même les réponses que j'ai trouvées les plus naïves, les réflexions les plus mièvres et les nombrilismes les plus égotiques que j'ai lus m'ont fait voir plus clair dans ce que je voulais, et ne voulais pas.

 

Je garde quelques précieuses adresses personnelles, et m'arrangerai  pour recontacter ceux dont je n'ai pas le mail privé, au cas où je m'apprêterais à passer dans leur coin de France ou d'ailleurs.

 

Bonne route à vous!

 

 


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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 09:05

 

    Voilà, je crois que cette fois, ça y est…

 


Elle et moi, on ne se verra plus, je pense – à moins d’un miracle. Après quelques mois de silence respectif, on a fait le point devant une pizza.


    En somme, elle me dit que le spectacle de ma liberté et de mon épanouissement de ces dernières années la met minable, et qu’elle ne veut plus parler de ses amours avec moi. Tout en me sortant, d’un air de fausse-confidence, des remarques –bateaux sur ma manière d’être. J’écoutais, j’attendais quelque chose de consistant, une franche mise à plat des difficultés que notre relation rencontre…  Je n’ai fait que lui dire « Oui, c’est vrai, oui, tu as raison ; et quoi d’autre ? »


Ben rien.

 


    On a testé quelques jours plus tard la sortie en boîte, et là, même en causant simplement de sa formation tout en nous imbibant de caïpirinhas bien tassées avant d’aller remuer du popotin en cadence sur la piste, je l’ai à nouveau vue s’enfoncer dans le silence. Elle s’apprête à devenir arthérapeute, et comme elle manque de tout, théorie et pratique, évidemment que j’étais une ressource pour elle, avant que cela ne la mette, comme elle dit, « encore plus devant ses manques ».

Même des liens vers des idées et des travaux d’autres graphistes, pour la stimuler et la réjouir, m’a attiré une remarque qui m’a laissée bouche bée : « Merci de me montrer précisément ce que je me sens incapable de faire, ça m’enfonce», ou un truc du genre.

 

    Sur la fin de l’année, je n’osais même plus lui suggérer de l’aider à monter une première fiche de lecture pour combler son retard - 50 monographies à s’enquiller, faut s’en donner les moyens quand on n’a pas le zinzin de bouquiner.  Elle s’absente de la conversation, pour se concentrer sur ce qui lui fait mal. Par exemple, l’été passé, elle avait remis un travail qui n’avait pas obtenu la moyenne, tant il alignait les lieux communs sans montrer son émoi et son implication pourtant palpables – probablement pour se protéger.

 Ayant obtenu un délai pour pondre un petit travail complémentaire, et reculé l’échéance au maximum, elle s’est trouvée coincée en automne ; on avait alors bossé ensemble et dans l’urgence pour dépatouiller ça. Délimitant clairement que je lui montrais une manière de procéder (recherche documentaire, tirer l’important, faire le lien avec son vécu, le retranscrire et l’ordonner), ce travail restait le sien, absolument.

Par souci de montrer son individualité de graphiste, elle en avait confié l’impression sur papier glacé et sous forme de brochure à un reprographiste. Et m’avait montré son ouvrage, très fière : en quelques secondes, je repère que des pages ont été inversées, que l’ensemble n’a plus aucun sens… Elle a juste eu le temps de corriger le tir, en stressant un maximum, pour remettre la bonne version dans les délais.

 


Un bon bout de temps plus tard, elle m’avoue, dépitée et à contrecœur, que ce travail-là aussi a tout juste passé la rampe… Ce dont je me doutais, car le résultat était aussi peu impliqué que le travail précédent. Mais je m’étais tue, il le fallait, je le sentais.

 


 

    Je la sens tourner autour de son propre pot, espérant terminer sa formation sans vraiment avoir levé le voile sur des choses plus poignantes de sa vie, car le reste, ses enfants, son nouveau célibat, son statut d’indépendante, tout ça la met déjà bien assez sur la sellette… alors si elle a besoin de cesser de me fréquenter pour se mettre en sécurité… je vais en effet lâcher l’affaire. Ce n’est pas vraiment moi qui la désécurise, je représente juste un archétype menaçant pour son équilibre, je le sais. Et me contraindre et me surveiller pour ne pas la blesser, ce n'est plus ce que j'appelle une amitié.

 

Aucune garantie que la relation reprenne ; sans dire que si elle a périclité, c’est sa responsabilité, il est pourtant clair que rien ne bougera avant qu’elle arrive dans des eaux plus calmes, et aussi qu’elle confronte ce qu’elle évite soigneusement de voir en elle-même.

 

Je suis impuissante. Et je m’aperçois que je me sens bien avec cette idée, et que faire un croix, lâcher-prise… c’est OK pour moi.

 

 

J’apprends aussi.

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2 avril 2010 5 02 /04 /avril /2010 10:13

 

    Zorro ce matin était spécialement demandeur que je me sorte du lit : miauleur, agité, opérant de nombreux allers-retours – éveillant de vagues souvenirs de Flipper-le-dauphin se démenant pour amener sa famille à la rescousse d’un quidam ou d’un animal...

Mais ses gamelles était pleines; donc je le trouvais juste bien remonté et joyeux jusqu'au moment où j'ai repéré du coin de l'œil une masse sombre sur le carrelage devant la porte-fenêtre. Moi qui suis miro comme Joan, j'ai dû à peu près mettre le nez dessus pour m'apercevoir que c'était une corneille morte...

Impossible de démarrer quoi que ce soit (même me brosser les dents) avant d'évacuer la chose, donc je l'emballe dans un vieux journal (45 cm du bec à la queue, quand même... s'était pas mouché du pied, le Zorro) puis un sac plastique, j'attrape mon peignoir et je sors toute frémissante de mon immeuble pour déposer le tout dans la benne à ordures. Sans oublier de gratifier ensuite mon félin (de la voix et du câlin) pour le cadeau déposé en hommage. La bouche toutefois en boîte aux lettres et l’estomac révulsé, ce que je m’empresse de  combattre en vaporisant du désinfectant sur l’ "aire de dépôt"…

 

Bizarre.

 

J'en ai pourtant lavé et préparé, des cadavres humains, jamais ça ne m'a mise dans cet état. Une collègue des Urgences était même venue me demander de le faire pour elle une nuit, connaissant ma tranquillité devant la mort, car elle en tremblait d'angoisse.

 

 


 

     Après avoir cherché son trophée un petit moment, le petit chasseur dort en rond sur son coussin préféré.


Dis donc, Zorro... déjà, le coup du rat affolé dans ma baignoire, c’était costaud ! Mais ça… Tu vas encore m’en faire beaucoup, des coups comme ça ? Je ne sais même pas si c’est toi qui l’as tué, ce bel oiseau noir et soyeux, ou si tu l’as juste ramené d’un des talus que tu patrouilles autour de la maison…

Belle corneille, mon petit centurion se fout de mes perplexités, son instinct lui dicte sa conduite.

Alors songeuse je reste : côtoyer la mort un Vendredi Saint, alors que Pâques est une fête de renouveau et de fécondité, ça ne peut manquer de me faire travailler l’imagination.

Dans la tradition religieuse de mon entourage, Pâques commémore le supplice et l’exécution.

J’explore le thème, et j’aime mieux y trouver ceci : le Good Friday agreement, l'Accord du Vendredi Saint  entre les gouvernements irlandais et britannique, datant d’avril 1998 et ouvrant la voie au processus de paix impliquant tous les acteurs du conflit-nord-irlandais. L'espoir fait vivre.

 

Ouais mais. Faut que je vous dise...

 

     Après un hiver rempli de doutes, passé à m’interroger sur la finalité de l’existence en général et de la mienne en particulier, sur la prétention humaine devant le fait avéré que nous ne sommes qu’un accident minime de l’univers…  et prenant acte que toute notre belle compréhension des trous noirs grâce aux milliards investis dans le Large Hadron Collider, réactivé il y a quelques jours à 60 kilomètres chez moi, n’empêche pas que certains bouffent des gâteaux d’argile de l’autre côté du globe… je tente de me limiter à l’amer constat : ce déséquilibre monstrueux est bien la preuve de la merde qui bouche les canaux de perception du genre humain au sujet de l’équité. Et à d'autres sujets itou.

Je tente de cesser de m’indigner pour ne pas crever à petit feu de déception, et de faire avec ce qui est à ma portée: travailler à ce qui me botte, être gratifiée pour ce que je fais, la personne que je suis, les ressources que je partage. Rester harponnée devant un Vermeer, un Klimt, un Schiele. Emerveillée devant ces penne à l'aigre-doux de crevettes, cette salade goûtue, des gaufrettes enrobées de chocolat comme je les aime, accompagnées d'un mug de thé bien citronné et sucré - la fête. Une somme de presque- riens, hein.


Nous sommes seuls maîtres de décider de célébrer ou de bousiller notre passage terrien… depuis quelques temps, l'imprévisible étant survenu dans ma vie avec encore plus de force et d'acuité, et par surprise, le petit salaud! certains matins de perplexité complète je me raccroche juste à ce dur désir de durer, à l'idée saugrenue de faire les choses pour la beauté du geste, quelque part. Car, hypothèse, si je me flinguais ou me laissais crever à petit feu (y'a plein de moyens, on n'est pas à court!), ça ferait mal à mes amis, ma famille, mon entourage. Oui, bon, et alors, froidement considéré ?Je ne suis rien, rien de rien.  Mais décidant (par défaut, quelque part) de rester, autant que j’en fasse quelque chose de bien - oh allez, zyvamollo pour commencer, quelque chose de pas si mal. Mmmhh. Ca commence à bien faire, la déprime crépusculaire. Pas sensible à la dépression saisonnière, pourtant... Késkispasse?

 


     Sentant revenir un chouya de niaque, il me vient l’idée de faire la liste des choses dont je repousse l’accomplissement; ce sont des choses qui m’ennuient, mes "procrastinettes", qui ne sont gratifiantes que quand on en est débarrassé, les ayant accomplies; comme une douleur qui lâche sans qu'on s'en rende compte, son absence nous frappant un moment plus tard. Comme remplir ma déclaration d’impôts  / ouvrir l’une après l’autre les armoires-débarras, faire de la place pour accueillir autre chose, ne serait-ce que le vide qui ne fait plus peur / ranger la lessive faite / tenter de ne pas me laisser envahir par la mue du chat et le merdier qu'il ramène du dehors (mais où tu vas traîner tes guêtres? Tu te grilles des cervelas au coin  du feu, ou bien quoi?). Pour le créatif, heuh, bon, on verra ensuite. C'est déjà pas mal, ici, comme défouloir.


Mais quand même, pourquoi ça me coûte tant d'aller poser mes affichettes dans les commerces du quartier, de lancer enfin ce réseau de ressources – viens, je t’aide à faire ta lettre de candidature, et à préparer tes entretiens décisifs, et tu me mets de côté une part de tes petits plats préparés, pour ma pause de midi pendant le temps qu’il faudra pour équivaloir ce service.

Hein? Pourquoi? L'àquoibonisme, encore. Vanitas vanitatis, quel bien revient-il à l'homme de toute la peine qu'il se donne sous le soleil... et gnagnagni, et gnagnagna.

 

      Il y a quelques années, en aidant une amie à préparer son déménagement, nous avons tenté sans succès de soulever un énorme pot où prospérait un arbuste depuis une quinzaine d'années. En y regardant de plus près, nous nous sommes aperçues qu’une radicelle avait passé le trop-plein du fond, franchi discrètement le rebord du sous-pot pour devenir une vraie racine de 5 cm de diamètre au moins, qui était allée s’ancrer sous les dalles du balcon en les soulevant d’une dizaine de centimètres. Ce qu’elle avait trouvé là pour se nourrir, mystère… le béton devait être assez spongieux pour qu’elle en fasse sa citerne de choix. Devant l'obstination et la force de ce pseudopode végétal, et cette preuve du moteur inconscient de la vie qui fait se cramponner à la moindre ressource, on s'est regardées sans rien dire, ma pote et moi: leçon de choses, oué.


      Bref, pourquoi exister, pourquoi survivre, pourquoi être là si on en fait moins que ce qu’on pourrait ? Je ne suis pas une plante, et végéter tout en m'en rendant compte, quelle plaie... Je ne sais pas si le quotidien, sa poussière et leurs éternels « bis repetita »  cesseront un jour de m’accabler – j’aimerais bien. C'est plus facile quand il faut se battre pour préserver quelqu'un, qu'on a des échéances, ou même la guerre (il y a bien moins de dépressifs en temps de conflit, dit-on).

Au rayon « joie de vivre », quand les trucs pas jouasses s'empilent en même temps (loi des séries?), les étagères du bas me paraissent parfois inaccessibles… Hormones de merde.  

 

    Attraper le premier maillon de la chaîne, bon ; s’y cramponner du bout du doigt, bon encore. Jouer avec l'idée de la lâcher pour juste se rouler en boule, mais va savoir pourquoi, s’y enrouler avec obstination et sans trop réfléchir, tels le liseron, la glycine. Pousser ses racines jour après jour, s’accrocher. Etre là, simplement. Bon. Mais j’aimerais accomplir encore deux-trois choses remarquables et gratifiantes; sans déconner, je m'en crois capable. J'emmerde le béton.

 

 

Je vais y réfléchir un peu… et je vous redonne des nouvelles.

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 00:12

Allez,  on remet la compresse... On nous signale ça : pgriffet.site.voila.fr/PF.htm


Déjà, bon courage, ça c'est de la communication qui se soucie d'être lue, vingt dieux. Quant au  contenu...


     J’ai tendance à privilégier la démarche « Etat des lieux objectif et documentaire ». Je n’aime pas cette succession de citations qui sont visiblement choisies de manière subjective et tendancieuse en associant un problème avec un autre, et au sujet desquelles les conclusions de l’une paraîtront pseudo-logiquement devoir s’appliquer à l’autre. Il faut comparer ce qui est comparable : le voile est une affaire qui vire au populisme, à l’heure actuelle ; l’excision une chose qui remue les tripes, la répudiation une injustice pour certains, mais la loi pour d’autres, l’apartheid une réalité sociale et la pub "que c’est d’la merde", grosse fatigue, z'avez rien d'autre en magasin?... et pour évoquer en une phrase le poil dans le X, on  se prend dans les gencives 20 lignes sur les lavements et les dilatations anales que les actrices pornos subissent ; on a même droit à l’évocation des pédophiles violeurs, décidément c’est complet… quel rapport avec l’épilation, misère…  attends, j’ai failli oublier la culture musulmane (et non pas la religion, on s'empresse de nous le préciser) !

 

J'ai gardé le meilleur pour la fin: Malédiction des origines! Poil sur le potage? Oui, bon, mais encore ?

 


Bonjour le sac à dos.

 

 


C’est pas si simple que ça, et je me méfie donc des amalgames...    Je me méfie du saupoudrage de phrases-choc, quand il n’est pas appuyé par une argumentation, quand la continuité veut prouver par le mantra et non pas donner des éléments contradictoires pour que le lecteur fasse lui-même son chemin. Manière, à mes yeux, de dire en sourdine que le crétin moyen n'a pas de conscience d'être opprimé.

Mais d'abord 1) S'il est heureux ainsi, de quoi je me mêle... et de 2) S'il en est malheureux, il a ses propres ressources pour en sortir - quelle urgence y a-t-il? - , qu'il veuille ou non de celles qu'on lui tend altruistement (rleukh, ce mot me donne toujours la sensation d'une peau de kaki sur la langue). Bref, cet espèce de batmanisme impatient de libérer les victimes me fout de l'urticaire. Ma référence: le triangle de Karpman, dit aussi triangle dramatique:  http://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_de_Karpman


 

 

     Mon propre point de vue est que la question du poil féminin n’est pas une revendication de liberté. Question de perspective, et je préfère la mienne : ne me sentant pas emprisonnée, je ne peux adhérer à ce discours. Il est en effet régulièrement question de résister,  de se dégager d’une dictature, d’un puritanisme, d’une censure souvent évoquées comme d’origine masculine d’ailleurs, et qu’en tant que femme je ne verrais plus comme telle, tellement elle est intégrée (un peu facile… on ne peut prouver une chose par son absence, un peu manipulateur, comme raisonnement...).  J’y réponds, entre parenthèses, que pas mal d’hommes pourraient bien avoir intégré une image peu flatteuse de leur sexe… et que la misandrie, et l’auto-flagellation ne sont peut-être pas loin non plus.


Je préfère raisonner en termes de positivisme, évoquer ma propre vision de ma féminité, la charge érotique liée aux odeurs par exemple (qui, poil / pas poil, sont toujours présentes, faut pas déconner!), la tension liée au fait d’anticiper le pouvoir décuplé d’une caresse sur une peau nette: question de sensibilité personnelle ; et non pas universelle, comme il est prétendu dans ce texte, avec d'ailleurs une nette tendance à considérer cette pensée comme supérieure, comme beaucoup d'autres lues là...

 

    Si s’épiler fait mal (et donne aussi parfois du plaisir…), c’est son bénéfice que je vois. C’est le sexe et ses délices qui me semblent importants, dans l’histoire. Chacun son imaginaire d'amour, chacune sa propre vision de  sa féminité... Mon credo, le voici:  « Comment je me plais, détermine comment je me sens belle. Comment je me fais plaisir, c'est mon affaire». Personne ne peut le déterminer pour moi, pas même une autre femme. Et à coup sûr, aucun collectif qui produit une pensée unique et laminatoire!


    Décidément, le féminisme me fait peur : une lutte pour conquérir une place, si elle s’assortit de trop peu de mesure mais au contraire d’un enfermement doctrinal , me hérisse car me contraint. Que le féminisme se targue d’expliquer des choses ne leur confère pas le grade de vérités, ni au mouvement celui de  détenteur de ces prétendues vérités! Et je suis seule, chacun est seul à décider ce qu’il veut faire de son privé, c'est à dissocier du politique, de manière à ce que chacun et chacune puisse les réunir en son nom propre s'il le désire.… L'esprit des chiennes de garde n'a pas à s'inviter dans mon lit, y'a déjà bien trop de fantômes qui tournent là-autour, si j'en crois les psys. La partouze psychique est à son comble: on vous écrira si votre candidature cadre avec nos objectifs ( sous-entendu, heuh, "Bonne chance pour trouver le poste qui vous conviendra").

Du coup, cette affirmation comme quoi "le privé est politique", fait monter en moi un frémissement zygomatique annonciateur de joie, mais qui reste hémifacial car pondéré d'une certaine mélancolie devant cette capacité à froisser les joies intimes, en prétendant y mettre la patte...  Comment arriver à transformer en une aire de combat et en désert asséché les belles oasis individuelles où se prélasser, en se réjouissant de préludes et de plaisirs variés... ça c'est une recette mise au point avec une détermination qui me fait tomber les épaules de découragement.


 

    Au chapitre de la morale, maintenant: qu'elle soit grecque, ou vienne d’autres endroits de l’Antiquité, du Moyen Age, ou d’autres cultures, elle n’est immorale pour nous - et à certains égards seulement - que parce qu’elle reflète une autre morale. Le bien et le mal se redéfinissant continuellement, il y a une nuance de perception de taille ! Le poil en Afrique non-musulmane est célébré ? Oui, bon et alors? Encore une norme, et rien qu'une norme, très anecdotique, de plus. Mon éthique me dit que la morale des autres ne doit pas appeler de jugement de ma part. Comment tenter de la comprendre, sinon? Car comprendre, c'est cohabiter, au final.

 

Pour reprendre et paraphraser une injonction contenue dans cette même page web - de deux kilomètres, heureusement que l'auteur nous en avertit, on ne s'en rendrait pas compte...

...Si vous faites partie des personnes qui croient sincèrement penser sans pression, pour elles-mêmes, je vous invite à réfléchir aux notions de libre arbitre et de pression sociale… Une nouvelle norme à la place d’une autre, ça n’a rien de géniâââl - c'est de la tyrannie  qui ne se dit pas, et de l'opportunisme qui attend simplement son heure.

 

     Ce qui a une chance de l'être par contre, c’est le flot continu de la réflexion et de la remise en question de tout ce qu’on peut lire, entendre et subir dans tout media; cette page web y compris. Fouillez-vous! Donnez-vous les moyens de ne pas être gavé, mais de choisir ce qui résonne le mieux en vous, chaque jour, en continu. Remettez en question, continuellement. En dernier recours, c'est l'esprit qui va rester libre.

     De même, reprenant les termes de l'auteur de cette compil', et qui évoque des discours extrémistes, je peux aussi dire que cette page interminable est pleine de clichés et de contradictions… on voit toujours moins bien les siens propres. Qu'on appelle d'ailleurs souvent convictions intimes à ce moment-là : c'est bien plus flatteur comme ça et ça auto-justifie leur émetteur !


    Je préfère dire que chacun a ses valeurs, et qu’il lui appartient en propre de les examiner, de les réviser… ou pas. Libre-arbitre, pouvoir d'évoluer, et d'en faire le choix du comment... et surtout lâcher-prise sur l'opinion et le chemin d'autrui: les voilà, mes valeurs.

 

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28 mars 2010 7 28 /03 /mars /2010 11:23

     Au début de notre histoire, quand je venais te parler d’un truc qui me taraudait, tu me répondais  avec des solutions,  des « Et si tu allais te balader au bord du lac, si tu buvais un grand verre d’eau, et si tu allais au cinéma, en voyage, etc ? ». Ca n’avait pas de sens pour moi, j’étais irritée, je ne voulais plus me confier ;  car je venais à toi avec mon problème, et ce que je te demandais en fait, c’était de m’aider à trouver ma propre solution, car c’est celle-là et pas une autre qui est la bonne - ou pas la bonne, mais juste la moins pire.

      Qui peut savoir ce qu’elle sera ? Car même moi, je ne sais pas ce qu’elle va être : accouche-moi, veux-tu ? Tu te mets ainsi à mon service un moment, faisant l’effort de laisser momentanément de côté ta propre histoire  autant que tu le peux; j’ai besoin que tu me tendes le miroir, derrière lequel tu acceptes de t’effacer quelques dizaines de minutes.


     Tu as appris à m’écouter sans m’interrompre - ou alors, pour demander des précisions, pour que tu puisses vraiment comprendre mon dilemme. Tu le sais bien, si souvent, il suffit d’une question innocente et de la reformulation qu’elle entraîne, pour que je m’écarte de ma perspective habituelle et que j’entrevoie une issue…

Pourtant je sens bien derrière tes conseils tout ton amour, j’apprécie ton affection sincère, je peux presque palper ton souci de me voir marner, ta désolation quand tu me vois pleurer. 

 

     Je t’ai senti parfois paniquer de me voir en larmes, moi la fille forte, la personne de ressource : quoi, ma Clem’ d’acier fléchit, hhhaaann, si elle, elle plie, alors que va-t-il arriver… Alors je me demande  si tu avais besoin que je cesse d’avoir mal ; et voilà pourquoi peut-être tu me donnais des solutions ? Elle n’est pas grave en elle-même, ma mélancolie, c’est juste une humeur, tu sais… et pleurer, on ne le fait pas toujours par tristesse…

        … prends-moi dans tes bras, berce-moi, fais comme on fait avec un loupiot, dis-moi « Là, là, shshshshsh » dans l’oreille.

 

     C’est vrai, c’est dur, ce que je te demande. Mais tu me connais assez pour me mettre parfois sur des pistes, pour reprendre au vol ce que je dis, utiliser une image, suggérer une direction ; parfois aussi tu es à côté de la plaque, si inspiré par un succès précédent que tu files comme un ballon d’hélium. Tu t’échappes loin de moi, et je me ferme, frustrée. M’écouter – et là je vais dire un truc tartignolle, une lapalissade… c’est avant tout, te taire. Je pourrais parfois, à l’extrême, monologuer – allant dans la bonne direction, juste soutenue par tout ton amour que je sens irradier vers moi.

Ces fois-là en particulier, quand je te remercie ensuite, tu souris simplement : depuis le temps, tu as renoncé même à dire « Mais je n’ai rien fait », car l’entente est subtile : tu es resté, et c’est ce que je te demandais.


Tu sais bien qu'on ne guérit jamais de certaines anciennes blessures, survenues avant la rencontre ;  tu sais bien que les cicatrices ne sont pas élastiques, qu’il faut les surveiller surtout aux endroits où il y a peu de chair, car ça guérit mal.

Je les connais bien, je garde l’œil sur elles. Je les assouplis tous les jours en y passant une main douce et attentive.

 

     Je t’ai appris à le faire aussi, comme je t’ai appris à m’écouter. En te montrant comment faire… en t’écoutant, en fait. Comme j’ai appris à le faire, en étant bien écoutée, et en observant comment d’autres écoutaient.

Moi aussi, j’ai donné des solutions avant d’apprendre à écouter, j’avais soif de venir en aide, tout ne pouvait qu’aller mieux en suivant de si simples avis, n’est-ce pas !


 Ca ne marche pas comme ça.


Bien sûr que c’est l’envie de soulager qui nous pousse vers ceux qui souffrent, et c’est parce qu’on est capables de se laisser émouvoir qu’on peut s’approcher. Je crois que pour arriver à l’empathie, très souvent, s’être laissé atteindre et parfois submerger par la douleur d’autrui est une étape à franchir. Rares sont ceux qui peuvent être empathiques et aidant d’entrée de jeu, comme un don qu’on reçoit.

Par contre, ne pas se noyer est essentiel. Un travail sur soi est le bienvenu, pour identifier ses propres poches de chagrin. Tu l’as fait, avec moi, avec d’autres aussi… je trouve qu’on s’aime mieux, plus vrai et plus profond, comme ça.


C'est de ton temps, de ton énergie, de tes bras que j'ai besoin. Bien plus que de quoi que ce soit d'autre.

 

 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 11:13

     Moi je vous dis que le rhume vient d’ailleurs ; regardez la gueule qu’on a, c’est de la science-fiction, franchement. On se réveille englué dans son mucus comme les proies du garde-manger d’  « Alien », attendant que notre cervelle serve de collation. L’autre jour, à force de nous moucher, ma pote et moi on fantasmait sur la possibilité de se mettre des tuyaux dans les narines qui se prolongeraient jusque dans des réservoirs à mettre dans ses poches.

 

    Déjà qu’on est sonné comme par un électrochoc, avec les éternuements. Vous, je sais pas… mais moi, à chaque fois je me dis que ça me fait 100 000 neurones de moins. Ces journées passées à faire atchiii, et puis aussi atchâââ, à la fin du compte je me sens comme HAL, le super-cerveau électronique de « 2001 : L’odyssée de l’espace » :  je sens mon esprit s’en aller, mes cassettes-mémoire sortent lentement l’une après l’autre de leur logement… je vais me mettre à chanter des comptines, bientôt : « Au clair de la luuuu-neuuuuh, mon ami Pierrot » et en dégueulando, s’il vous plaît.

 

    Là, en général,  je me mets à haïr un vague anonyme que j’ai vu dans le bus, et qui m’a probablement filé son virus. Mais oui, je me souviens, c’est lui, là, ce type entre deux âges, avec un manteau de pluie, qui atchoumait en série ; il mettait bien sa main devant, mais bon, en toussant, en éternuant, les particules s’éjectent à 300 km/heure .  « L’homme invisible ». Sagouin, va. « Les Tommyknockers » sont parmi nous, vert glauque… Le danger rôde sournoisement, il passe les douanes et les portiques d’aéroport en douce, le salaud, il se la joue « L’Armée des douze singes »… Sortez masqué ! Et surtout ayez toujours des photos–passeport en réserve, car ce n’est pas le moment d’aller se faire tirer le portrait pour des documents officiels.

 

    Les nuits deviennent de longs calvaires sans repos, à force de se réveiller toutes les heures et demie en asphyxie, avec  l’impression d’être la lune de Méliès qui s’est pris un gros obus-fusée dans la région orbitale. J’adore pas ma gueule de panda, dans ces périodes-là…  « Va te reposer », oui bon, mais si couchée je  ne peux plus respirer ? Dormir assise ? Voui. Bon, (encore). Ca me rappelle les anamnèses médicales des cardiaques : orthopnée à un coussin, à deux, à trois… Termes barbares pour dire que la nuit, pour dormir à plat, tu mets « Dommage », et puis c'est tout. Suffocation continuelle, atmosphère aussi oppressante et ruisselante que dans « Blade Runner », demi-jour continuel aux nuances rouille-pollution …  « Outland » et ses implosions en atmosphère zéro gravité…  De quoi rêver de « Mission vers Mars » : rhâââ cette tente avec des plantes qui rejettent de l’oxygène et permettent enfin de retirer son casque !

     On finit par bien connaître quelques armes secrètes, à force : les gouttes qui font respirer plus librement, par exemple… Certains comprimés « jour-et-nuit », pas si mal. Oué. On rêve d’avaler un nano sous-marin comme dans « L’Aventure intérieure », pour aller faire le ménage sur place en-dedans… De l’air de l’air…

A part ça, on a sa tronche des grands jours : nez et zone autour de la bouche bien rouge, pelées…  C’est pas trop « Barb Wire »… (Aparté : Pamela Anderson avec la crève, ça donne quoi ?) Si on arrive à en voir la poésie, ça peut devenir « Delikatessen », avec ses gueules incroyables, l’exploitation du cocasse…  Hah, pouvoir se faire changer l’oto-rhino-laryngologie, comme Cruise se fait changer les zyeux dans « Minority Report »…


     Une semaine grosso-modo, à fonctionner au ralenti, super-performant, quoi. Et une autre pour faire dégonfler le tout, retrouver son timbre de boix, pardon, de voix. Comme si ça suffisait pas, retraverser les éternuements du début, la muqueuse redevenant sensible… Pff. On voudrait pouvoir utiliser « La machine à explorer le temps », se faire cryogéniser comme Mel Gibson dans « Forever young »pendant que ça passe, se réveiller frais-dispos. Ou alors se glisser au sein d'un avatar comme dans « Matrix », où on éclaterait la gueule à plein de virus, on vaincrait le Mâââl. Yesss. Vazy, fouzy grave.

 

     Bon. J’ai pas le rhube des foins, encore heureux, j’ai hérité d’autres emmerdements génétiques, faut pas pousser. J'ai déjà pas les ongles en métal de Ripley dans le (euh?? 118?) ème épisode d'"Alien" (encore lui? C'est pas vrai, on est maudits...)

Vous faites comme vous la sentez, hein… Mais à Pâques, moi je mets un chapeau pour aller au soleil : je sais pas comment ça marche, mais là c’est "Armageddon" assuré, sans couvre-chef. D’ailleurs, j’aimerais bien qu’on m’explique !

 

                                C’est vrai, quoi: c'est « X-files », ce truc !

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