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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 09:05

 

    Voilà, je crois que cette fois, ça y est…

 


Elle et moi, on ne se verra plus, je pense – à moins d’un miracle. Après quelques mois de silence respectif, on a fait le point devant une pizza.


    En somme, elle me dit que le spectacle de ma liberté et de mon épanouissement de ces dernières années la met minable, et qu’elle ne veut plus parler de ses amours avec moi. Tout en me sortant, d’un air de fausse-confidence, des remarques –bateaux sur ma manière d’être. J’écoutais, j’attendais quelque chose de consistant, une franche mise à plat des difficultés que notre relation rencontre…  Je n’ai fait que lui dire « Oui, c’est vrai, oui, tu as raison ; et quoi d’autre ? »


Ben rien.

 


    On a testé quelques jours plus tard la sortie en boîte, et là, même en causant simplement de sa formation tout en nous imbibant de caïpirinhas bien tassées avant d’aller remuer du popotin en cadence sur la piste, je l’ai à nouveau vue s’enfoncer dans le silence. Elle s’apprête à devenir arthérapeute, et comme elle manque de tout, théorie et pratique, évidemment que j’étais une ressource pour elle, avant que cela ne la mette, comme elle dit, « encore plus devant ses manques ».

Même des liens vers des idées et des travaux d’autres graphistes, pour la stimuler et la réjouir, m’a attiré une remarque qui m’a laissée bouche bée : « Merci de me montrer précisément ce que je me sens incapable de faire, ça m’enfonce», ou un truc du genre.

 

    Sur la fin de l’année, je n’osais même plus lui suggérer de l’aider à monter une première fiche de lecture pour combler son retard - 50 monographies à s’enquiller, faut s’en donner les moyens quand on n’a pas le zinzin de bouquiner.  Elle s’absente de la conversation, pour se concentrer sur ce qui lui fait mal. Par exemple, l’été passé, elle avait remis un travail qui n’avait pas obtenu la moyenne, tant il alignait les lieux communs sans montrer son émoi et son implication pourtant palpables – probablement pour se protéger.

 Ayant obtenu un délai pour pondre un petit travail complémentaire, et reculé l’échéance au maximum, elle s’est trouvée coincée en automne ; on avait alors bossé ensemble et dans l’urgence pour dépatouiller ça. Délimitant clairement que je lui montrais une manière de procéder (recherche documentaire, tirer l’important, faire le lien avec son vécu, le retranscrire et l’ordonner), ce travail restait le sien, absolument.

Par souci de montrer son individualité de graphiste, elle en avait confié l’impression sur papier glacé et sous forme de brochure à un reprographiste. Et m’avait montré son ouvrage, très fière : en quelques secondes, je repère que des pages ont été inversées, que l’ensemble n’a plus aucun sens… Elle a juste eu le temps de corriger le tir, en stressant un maximum, pour remettre la bonne version dans les délais.

 


Un bon bout de temps plus tard, elle m’avoue, dépitée et à contrecœur, que ce travail-là aussi a tout juste passé la rampe… Ce dont je me doutais, car le résultat était aussi peu impliqué que le travail précédent. Mais je m’étais tue, il le fallait, je le sentais.

 


 

    Je la sens tourner autour de son propre pot, espérant terminer sa formation sans vraiment avoir levé le voile sur des choses plus poignantes de sa vie, car le reste, ses enfants, son nouveau célibat, son statut d’indépendante, tout ça la met déjà bien assez sur la sellette… alors si elle a besoin de cesser de me fréquenter pour se mettre en sécurité… je vais en effet lâcher l’affaire. Ce n’est pas vraiment moi qui la désécurise, je représente juste un archétype menaçant pour son équilibre, je le sais. Et me contraindre et me surveiller pour ne pas la blesser, ce n'est plus ce que j'appelle une amitié.

 

Aucune garantie que la relation reprenne ; sans dire que si elle a périclité, c’est sa responsabilité, il est pourtant clair que rien ne bougera avant qu’elle arrive dans des eaux plus calmes, et aussi qu’elle confronte ce qu’elle évite soigneusement de voir en elle-même.

 

Je suis impuissante. Et je m’aperçois que je me sens bien avec cette idée, et que faire un croix, lâcher-prise… c’est OK pour moi.

 

 

J’apprends aussi.

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