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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 20:17

 

 

Je devrais être testeuse d’applications informatiques. Non, pas ingénieur-repéreur de bogues et en débogage, mais utilisatrice lambda.

Je serais comme Tom Hanks dans Big, je pourrais tout de suite dire oui ou non à un produit.

 

Et si en trois clics, comme pour la recherche internet, je n’arrivais pas à mettre en place une demande de traitement de données, ben je déclarerais l’application foutraque et non-validée.

Retour à la planche à dessin, les ingénieurs.

 

 

L’autre jour, notre secrétaire de desk, qui voulait que je tire une fiche à présenter à l’assurance d’un client pour obtenir l’accord anticipé du paiement des prestations, se tenait derrière moi alors que je manœuvrais pour produire cette foutue fiche - qu'il faut refaire tous les six mois pour tous les clients, et à chaque fois que les soins augmentent.... Je crois qu’elle s’imaginait que ça pouvait se faire en appuyant juste sur un bouton… Elle s’est effarée du nombre de clics à faire et de formulaires à traiter pour arriver au fameux devis.

 

Si elle, elle s’en étonne, et le mot est faible, alors moi ça me rassure. Qu’on n’essaie plus de me faire croire que je suis la reine des pommes en informatique : je suis plus intuitive que bien des gens, et si une interface est construite avec simplicité, si elle est user-friendly, je m’en sors très bien.

 

Mais si elle est construite en essayant de concilier des intérêts aussi divergents que ceux des soignants et ceux des factureurs qui doivent donner satisfaction aux payeurs des assurances, alors je suis la testeuse idéale : prout, caca dans la boîte aux lettres.

 

J’ai réceptionné 5 sur 5 les propos qui m’ont été tenus par ma hiérarchie, qui s’étonne de ma peine à comprendre une logique informatique : ben, tiens, je suis soignante, c’est normal, et puis mes types d’intelligences ne comptent pas celle qu’on appelle logico-mathématique. Pragmatique, oui. Mais pas l’autre.

 

Et puis va t’y retrouver quand 10 personnes avec un profil d’apprentissage différent, qu’elles privilégient toutes, t’expliquent à leur manière les relations entre les différents plans de l’application. En tant que formatrice, je me marre. On n’explique pas quelque chose en fonction de sa manière à soi de comprendre ce qu’on enseigne, mais en fonction du récepteur et de son profil. Montrez-moi plutôt les codes-sources et la table relationnelle de cette merde de ProutLien, je m'en sortirai mieux. Car, hé oui, je sais ce qu'est un code-source, et, oui aussi, ce qu'est une base de données relationnelle.

 

(Tiens, ça me fait penser à ma frangine ; qui pose ses messages de la manière qui lui convient à elle (la messagerie écrite du portable), mais pas là où elle sait que moi je vais la trouver facilement (les mails, le répondeur du téléphone fixe chez moi). Du coup, je réponds quand je tombe accidentellement sur un SMS ; un peu tard, certes ; alors entretemps elle a répondu toute seule, en prenant la décision, et l’interlocuteur est ainsi mis en demeure soit de se ranger à l’avis, soit de se démener pour trouver une autre solution. Elle ne souffre aucun retard, et file s’installer  dans la pizzeria devant laquelle j’avais suggéré de discuter du lieu où aller manger - celle-là ne lui convient pas à cause du bruit…, mais la franjegomme trouve moyen, cherchez l’erreur, d’aller se mettre directement sous le haut-parleur qui diffuse de la musique de chiottes de Mövenpick. Et tire la gueule toute la soirée en se protégeant les oreilles et en lançant des regards assassins aux djeunes pleins de vigueur qui rient de tout leur cœur. Mmmh, un  sujet d’observation idéal pour Watzlavick et l’école de Palo Alto.

En plus, elle trouvait la cuisine mauvaise déjà avant de s'attabler - c'est vrai que ça pue la carte du surgelé...

 

 

 

Bref, je crois aussi que je suis tellement en colère que l’on nous fasse travailler avec une cuillère à absinthe là où il faut un tracto-pelle, que je résiste devant cette saloperie d’application, que tous les utilisateurs que je connais réputent tartignolle et bouffant l’énergie.

 

Et rien ne me contente, même l’autre con de recruteur chez Manpower me répond par internet des conneries insurmontables : mais non, papy Mouzo, je n’ai pas fait que des soins à dom’ en trente ans… Un peu comme s’il voulait me désécuriser en me disant que je vais trouver une sacrée concurrence chez ceux qui ont de l’expérience hospitalière et en EMS. Mais trouduc, où t'as pêché que je voulais travailler en hosto ou en maison de retraite? Où est-ce que j'ai parlé de ça, sombre idiot? Quelle tache : j’efface son message, le mien, et salut.

Il serait temps que les soignants réalisent la force qu’ils représentent, et mouchent les commerciaux qui tentent de les mettre à leur botte. Déjà qu’on est payé à coups de pompes dans le train… yapuka mettre la vaseline sur le bout carré-pointu à la mode, et à bien viser la rondelle.

Depuis le temps qu’on essaie de nous faire croire que le small taille du 42!

 

Allez, la gniaque. Oh merde, encore un de ces téléphones de caque, de prospecteurs à domicile. Ceux-là aussi, il faut que je leur barre la route. Ces chieurs, c’est l’hydre de l’Erne, tu coupes une tête, ça repousse et ça en a douze. Féchié.

 

Va caguar.

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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 20:37

 

 

Alors là les bras m’en tombent… En somme, au boulot c’est moi qui suis à la ramasse, et que moi.

Peut-être, remarquez… mais ce serait vraiment étonnant.

 

Laissez jamais vos larmes perler, même si ça vous fait foutûment du bien ; les autres peuvent bien déstresser à leur manière, en n’osant pas râler quand on ne leur laisse pas de temps pour manger le midi… ou en se payant un ulcère d’estomac, des herpès à répétition, en alignant les heures supp’, ou en charognant le long du couloir en préparant la tournée. Mangez même, empiffrez-vous, et si vous vous faites transformer l’estomac en chaussette, commencez à rabrouer les gens pour compenser tout ce que vous ne pouvez plus bouffer… ça va pas alerter la hiérarchie… mais surtout, chialez pas même si c’est votre mode de relâchement habituel.

 

Car le chef est impressionné, se sent mal et veut vous venir en aide, faut voir comment !

 

La semaine passée, en un jour je trouve tous mes clients du jour fracapétés : la première a un poignet comme un pomelo, la deuxième des points de suture au front, un hématome au visage et le nez cassé. Le troisième seul à domicile pour cause d’épouse hospitalisée en urgence, mais avec lui-même de l’eau dans les poumons, soigné olé-olé par un médecin qui partait en vacances… Le quatrième, la même chose, mais c'est Madame qui, hémiplégique en chaise roulante, se pète la gueule en oubliant de serrer le frein.

 

Du coup, beaucoup à faire, beaucoup, vraiment.

L’administratif, du coup, cube aussi. Et faut pas faire d’heures supp’, hein, vous vous rappelez ?

 

Et voilà que je trouve un planning de merde ce matin lundi, personne n’a tenu compte de mes demandes, j’avais un rendez-vous avec patient et consultant externe. Et ben c’est ma faute, je devais remplir mon formulaire autrement. Tiens, c’est drôle, ça avait pourtant bien marché l’autre fois…

Du coup, on me sort que c’est curieux comme je ne comprends pas les choses tout de suite… j’en reste pantoise, là. Pas mal de gens m’expliquent les choses à leur manière, je tente d’en extraire le principe de base.

 

L’autre soir, on me rattrape sur le pas de porte en me demandant d’accomplir de suite une tâche qui prend au bas mot une heure.

Le fait est que depuis mon retour de vacances, le bordel administratif ne se réduit pas, il augmente, je n’ai plus de marge de sécurité avec tous ces gens qui décompensent, ou leurs proches aidants, et bonjour la merde qui se rajoute.

 

Mais bien sûr, c’est moi qui suis en en faute si je n’arrive pas à me guérir, et à endiguer la surcharge.

Ben tiens.

 

Bref, je suis allée manger ce midi avec une de mes responsables à qui j’ai ri au nez quand elle a prétendu me le proposer comme ça dans le bleu du ciel, vu qu’on se connaît depuis longtemps. "Tu veux me parler?"

La conversation n’a pas mis long à arriver sur mes larmichettes de détente… et j’ai eu droit à une avalanche de conseils sur comment gérer mes priorités (mais vazy donc, après 30 ans d’activité), comment faire ceci ou cela… pour finir, quand même, par : de quoi t’as besoin, là ?

 

Oh.

Foutue bonne question.

Ben j’ai besoin d’un jour complet pour mettre à jour mes dossiers, rattraper le caca laissé par celles qui m’ont remplacée pendant ma maladie et mes vacances.

                                                                                                                             

Et là, l’après-midi-même, les tournées sont réorganisées : demain je reste au bureau.

Merci de ça.

Je vais faire honneur à cette faveur, en reprenant toutes les couillonnades qui émaillent ces dossiers informatiques, que ce soient les miennes, ou celles dont j’ai héritées.

Pas le choix d’ailleurs, car ma grande cheffe veut un compte-rendu. Elle l’aura.

 

Le pompon quand même : voyant que deux collègues se foutent dedans sur une prise en charge dermato alors que j’ai indiqué aux endroits idoines du dossier le pourquoi du comment, je leur réexplique par mail personnel le toutim. L’une d’elles, que j’ai déjà repérée comme délatrice et de mauvaise foi, me remercie d’enfin mettre des recommandations dans le dossier, alors qu’elles y figurent depuis des semaines !!! Et en plus, elle allait me le demander ! Oh yé, mais bien sûr !

 

Si j’ai des collègues qui ne lisent pas ce que j’écris pour leur faciliter la vie…

Si un connard de médecin me donne le triple de boulot…

Si c’est seulement moi qui ne comprends rien…

 

Alors je n’ai rien à fiche dans ce poste.

Et puis j’ai horreur qu’on me flique, sur mes déplacements, le temps que ça me prend… et malheureusement, on me flique.

 

Je lui parle, à ma dîneuse, de mon idée de rejoindre plutôt l’équipe d’appoint : je me prends une leçon de morale sur ce que c’est que d’y bosser – comme si je l’ignorais, ayant fait partie de cette équipe bien avant que mon interlocutrice ne rejoigne ce milieu !

Alors comme elle persistait à me renvoyer que j’étais aux pives, tout en m’offrant de l’aide-mais-je devais-dire-comment, j’ai fini par lui glisser que la solution, pour ne pas devenir la personne-à-problèmes, ce serait de m’en aller. Je lui ai glissé que je me donnais 3 mois, pour refaire un bilan. En dedans, je me dis que dans l’intervalle, j’aurai peut-être bien signé un contrat ailleurs.

 

Si elle n’a pas compris entre les phrases, c’est peut-être bien elle qui est dans le déni.

 

Je me dis, comme ça, que si elle acceptait que c’est trop, ce rythme, alors elle accepterait que c’est aussi trop pour elle, et pour les autres.

 

Faut pouvoir. C'est un peu le syndrome de Stockholm, leur truc.

 

 

 

 

 

 

 

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21 février 2015 6 21 /02 /février /2015 22:18

 

 

Pas moyen de me défaire de cette crève, ça va ça vient.

Vu ma grande cheffe pour lui signaler les dérapages du médecin qui me fait chier depuis un moment : on passe le cap de la résistance au changement pour arriver à la mise en danger des personnes, sur deux personnes différentes. En fin d’entretien, elle me dit que comme ma responsable directe est au tapis pour dix jours encore, elle me verra personnellement pour suivre l’affaire.

 

Je pense que ce qu’elle a aussi en tête, c’est de prendre ma température – ma voisine de bureau, sans doute par bienveillance, lui ayant parlé en douce du fait que « je n’allais pas bien ». Manière étrange de reporter une de nos conversations, où je lui avais fait part de ma décision de relancer mes recherches de job, en lui recommandant le silence, qu’elle m’avait pourtant assuré …

 

Faisons le bilan : pour remplir sa fonction, il faut trois choses à un employé – j’ai appris ça en HES, ma filière côtoyant étroitement celle des gestionnaires d’entreprise : un cahier des charges clair, la reconnaissance de son statut par les collègues, et des outils qui permettent d’accomplir les tâches.

 

J’estime que l’outil, cette application de merde, est inadéquate et à la limite du dangereux : il suffit d’une petite case qui n’a pas été cochée pour qu’un examen de sang soit oublié, laissant passer l’échéance du réglage d’un anticoagulant majeur. Par ailleurs, les nombreuses erreurs générées par le mode opératoire de l’application quand elle est transmise aux planificatrices causent des pertes de temps et d’énergie qui conduisent à des comportements maltraitants. De plus, nous venons de recevoir de nouvelles directives pour remplir les formulaires de l’application, du moins le mot de « facturation exacte » a été prononcé ! Donc, du boulot supplémentaire à venir…

J’estime que les réponses fuyantes de mes collègues d’appoint quand elles sont mises devant leurs oublis et leurs erreurs, ça passe les bornes – celle à qui j’ai montré le papier officiel désignant l’appoint comme devant remplir le même cahier des charges que la référente qu’elle remplace a osé prétendre que je pouvais demander que l’appoint règle les paperasseries seulement quand une seule me remplaçait pendant mes vacances. Comme quoi, puisqu’elles avaient été trois à prendre le relais, aucune des trois n’avait à se préoccuper de tenir les dossiers en ordre… D’où le bordel administratif costaud que j’ai dû affronter en rentrant de vacances. J’ai demandé un entretien à ce sujet à ma responsable, celle qui est au tapis pour dix jours, et en est à son deuxième congé-maladie de deux semaines depuis que je suis là.

 

Je me donne donc toutes les chances de prendre appui sur les bugs pour améliorer la marche du service.

Il reste que je n’ai que mon cahier des charges qui soit OK.

 

Malgré mon plaisir immense à côtoyer les clients, à mettre en œuvre tout ce que je peux pour leur maintien à domicile, je sens venir la crise d’urticaire qui signifie que je me sens coincée. En attendant, trop de jours où je soigne un rhume, mon dos, où j’ai les larmes qui coulent parce que sur le point de partir à l’heure pour une fois, on me rattrape sur le seuil pour me demander encore une heure de boulot.

 

L’équation est claire… je vais annoncer à ma grande cheffe que je vais m’en aller : ça fait plus de dix ans que j’ai décidé de ne pas soigner les gens en foutant en l’air ma propre santé.

 

J’ai donc relancé ma chasseuse de tête, qui se remet au boulot. Elle me demande l’échéance… octobre en tous cas, mais plus tôt si je peux obtenir des congés pour terminer ma formation.

 

Ça suffit… la plaisanterie a assez duré.

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13 février 2015 5 13 /02 /février /2015 17:40

 

 

… ça vous la coupe, hein ? Authentique.

 

Là, je suis en congé-maladie, à souffler comme un phoque semi-assise dans mon dodo, les bras surélevés par des coussins de chaque côté. Je regarde tout et n’importe quoi à la TV en file – tout y passe, je m’endors ici et là, j’ouvre un œil, c’est les 12 coups de midi, je rouvre un œil, c’est la géologie des Alpes (d'où le Cervin africain) après le Loch Ness et son habitante improbable.

Il a raison, le monsieur : comment un lac qui ne date que de dix mille ans pourrait-il héberger un dinosaure mouru il y a 60 millions d’années ; oh, sans déc’ ?

 

 

Je me collette depuis 5 jours avec une saloperie virale sans faire de fièvre, ni tousser ni cracher – j’ai juste la sensation qu’un hippopotame me marche sur le dos, et que dès midi mes accus sont morts. Pas pu aller voir ma franjegomme au théâtre.

 

Le bon docteur m’a auscultée, ma sphère ORL est en ordre, je ne ganglionne pas, mes poumons sont clairs… je n’ai plus qu’à pioncer, prendre mes Supradyn et attendre lundi. Pour autant, la sensation d’avoir le dos comprimé vient bien de quelque part : ouais, ben je l’ai plein, le dos. A mon retour de vacances, j’ai trouvé un merdier de ouf sur mon bureau. Des commandes de médics, tu parles si j’en ai rien à taper, j’en fais pas un fromage quand je faxe une demande à la pharmacie… sinon, je pourrais ouvrir une laiterie...

Bordel, je suis pas leur secrétaire.

 

Et puis quelques post-it du genre « j’ai pas fait, c’est à faire, je sais pas comment ». Dites donc, les mignonnes, quand vous remplacez une référente, moi ou quelqu’un d’autre, vous faites comme elle, qui est bien obligée de se démerder pour trouver comment faire… on demande aux collègues, par exemple. Pitaingue, on a suivi le même cours pour comprendre et manier cette application, n’y a qu’à ouvrir tous les formulaires pour trouver le bon. C’est ce que je fais quand je dois faire.

Bordel, je suis pas leur maman.

 

Et puis une belle erreur de report de traitement : l’équivalent, en dermatologie, de faire prendre du bouillon bien salé à un insuffisant cardiaque tout en le bourrant de diurétiques – c'est comme Raymond dans "Scènes de ménage", qui dit à Guéguette que ça sert à rien de faire du bénévolat, puisque l'altruisme soigne l'orgueil: se sacrifier pour se faire du bien, ça s'annule... donc, on bouge pas. (Le pire, c'est que je suis d'accord).

 

Et l’autre qui me soutient mordicus que 72 heures, ça fait 4 jours… donc qui n’a pas changé le patch de Mô au jour dit – oh, comme c’est bizarre, la madame elle a plus mal que d’habitude…

Et notre collègue ergo qui a le moins de pression sur ses horaires qui se défausse de deux visites de plus, prétextant qu’il a peu de temps… et me les balance sur mes horaires, ben je vais aller vérifier avec ma responsable qu’il a le droit de faire ça, plutôt que de négocier avec moi (qui lui dirais « Nein », bien sûr). 

 

 

Bref, je m’apprête à libérer mon dos de l’hippopotame de la charge de colère qui me pèse dessus depuis que je suis revenue de vacances. Ça sert à quoi de se retaper la santé 15 jours, pour trouver en rentrant de quoi faire une demi-journée d’heures supps en une semaine.

 

Je vais reprendre contact avec les agences intérimaires, qui sont tellement demandeuses de collaborateurs volants à faire intervenir aux soins à dom’. Car je préfère encore ne faire que des visites, et m’épargner de faire ce travail de femme de ménage informatique de merde. Faut voir les conditions, comment ça a évolué. Si je peux me garder la santé en attendant d’avoir fini mon brevet cet automne. Et relancer mes recherches comme formatrice en EMS, et en attendant, me faire un truc plus confortable… je sais pas…

 

Et puis j'ai chopé la crève dans la salle d'attente de la permanence médicale, pleine de courants d'air. Y'avait plein de gens qui étaient pas bien: à un moment, je relève le nez du journal, j'étais cernée par des gens un peu gris, avec un masque sur le visage, y'en a même un qui s'est presque évanouillé, et quand j'ai vu qu'on allait le faire sortir en passant près de moi, je suis sortie fissa-fissa panik, pour aller me mettre debout dans un coin, ma pelisse boutonnée et l'écharpe jusqu'aux oreilles. C'est chouette: en somme, je toussote et je mouchaille depuis qu'on m'a dit que j'avais rien aux airbags (ce qui est normal, car le léger bronchospasme d'effort qui m'a tarabusté les fusibles avait bien eu le temps de se relâcher pendant l'heure passée à attendre un toubib disponible. "En premier ne pas nuire", mon cul, oué. En somme, je vais payer une consultation surtaxée, et dommageable à mon état de santé, de surcroît).

 

En plus, Zorro a fait péter son échelle sous son poids.

 

Que yo hecho para merecer esto ?

 

 

Heureusement que je suis allée faire passer un examen à une auxiliaire de santé ce matin - la fille a fait 9 sur 10, c'était cool.

 

Et heureusement que Linda m'a fait un massage complet.

 

Je me sens mieux, j'ai même trouvé la force de passer une heure au téléphone avec un technicien de chez mon opérateur pour trouver pourquoi mon nouveau super-matos à 10 Méga de bande passante merdait. Chic alors, je vais pouvoir retrouver les joies d'Internet, et mon téléphone est à nouveau opérationnel.

 

Mon dos, mon ego et moi-même, on se sent mieux.

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13 février 2015 5 13 /02 /février /2015 17:26

Vu à la TV : un concours de saut de batraciens, dont les coaches claquent des mains juste au-dessus des pôv’ bêtes pour les faire décoller. Mais ça va le chalet, ou bien quoi… Résultat, contre-performances notoires, puisque le bestiau prend n’importe quelle direction pour se soustraire à son tortionnaire.

 

Maussade je suis ce matin, je l’avoue. Bon, je soigne une pseudo-grippette (une des 200 000 viroses contractables surtout l’hiver, puisque le froid conserve extrêmement bien la plupart des virus). Avec comme side-effect les courbatures inhérentes à 3 jours de position horizontale.

 

 

Faiche. Surtout que j’ai derrière moi, en enfilade, 2 semaines de vacances hibernatoires, le pied en soi ; mais suivies d’un semi-remorque en pleine poire, car c’est pas top de revenir pour trouver une pile de documents qui auraient dû être scannés et classés par mes remplaçantes – tu parles si je m’en fous de savoir qu’elles ont dû commander des médicaments, vu que ça fait partie de leur cahier des charges… et comme ma logique me force à les parcourir pour comprendre pourquoi diable elles ne sont pas archivées, j’ai perdu un temps de ouf à les trier, en jeter les preuves de livraison (inutiles), et à poser dans les dossiers des bénéficiaires le résidu de mon nettoyage.

 

De même, j’ai perdu deux heures à éplucher leurs petits post-it, genre « ouin in in, j’ai pas trouvé où je devais reporter ça dans le dossier informatique ». Donc à charge pour moi de le faire – et je ne suis pas mieux qualifiée qu’elles pour ouvrir tous les formulaires de la version gros-β et trouver l’endroit idoine. Putain, surtout lorsque les en-tête sont similaires, c’est juste chronophage, mais pas impossible, de trouver la correspondance… du coup, c’est sur mon temps à moi qu’il faut prendre pour leur donner la becquée. Pff. Comme si j’avais que ça à branler, mais vous avez la polio ou quoi ?

 

De plus, erreurs de reports de prescription de traitement, renseignements posés à des endroits fantaisistes… Vraiment, ça n’a aucun sens de partir en vacances pour retrouver au retour une liste de choses ni faites ni à faire, qui obèrent mon nouveau capital de repos. Ce rôle de référente me dépite par son côté « femme de ménage informatique » : les conneries des autres, c’est moi qui suis responsable de les débusquer et de les corriger. Je le redis : mais ça va le chalet, ou bien quoi ?

 

Et puis je râle de retomber sur la connerie d’un médecin traitant qui se mêle à moitié des traitements prescrits par des spécialistes externes, fout le binz, consulte par téléphone et génère de ma part une multitude de faxes attirant son attention sur le fait que s’il avait écouté son patient qui dort mal, il ne l’aurait pas laissé repartir sans une ordonnance bien à lui pour un somnifère que lui donne sa femme sans se soucier des éventuelles incompatibilités - épuisée qu'elle est de ne pas dormir puisque sa moitié passe ses nuits à se plaindre qu’il ne dort pas. Et puis, je vois que même ma responsable d’équipe qui ouvre un formulaire de traitement d’injections sous-cutanées de vitamine aux 15 jours en oublie un élémentaire : faire en sorte que le matos soit disponible chez le patient. Et qui c’est la bécasse qui doit faire 3 démarches et visites pour un seul soin ? C’est moi. Là, j’ai dit « et rave », et j’ai taxé le matériel en question au bureau, car vraiment, ce serait être plus royaliste que le roi que de partir encore à la pharmacie prendre ce qu’il faut, tout en devant ensuite faire la 4ème démarche qui consiste à faire signer au médecin l’ordonnance pour ce matos…

 

Cherchez l’erreur.

 

Bref, je l’avais mauvaise le deuxième jour de mon retour, ramant pour niveler les bugs. Je continue donc ma stratégie de bloquer mes après-midi avec des pseudo-suivis de dossiers, histoire qu’on ne me renvoie pas sur le terrain sur le moindre créneau-horaire disponible. Je comprends pourquoi le jeudi à midi j’étais à la rue, physiquement parlant, la bise compliquant la donne – c’est fatigant de multiplier allées et venues voiture-service-voiture dans le vent glacial.

 

Ouais, je vais désormais élargir ma pause de midi en allant bouffer ailleurs, en allant faire une sieste réparatrice au local de repos, car les heures supp’ que je cube me sont reprochées, en plus ! Je pensais m’en prémunir en recommençant le taf une demi-heure plus tôt que les heures d’ouverture du service ; et ben mon cul, je suis poussée à mal faire, puisque rien ne me garantit de ne pas terminer plus tard ! Décidé de ne plus répondre aux téléphones internes à partir de l’heure de fermeture : maldonne, la première fois, ma cheffe est venu jusqu’à mon bureau pour me reprocher de ne pas répondre, alors que j’étais censée être partie.

 

Je m’arrache les cheveux devant ces syllogismes du quotidien, je vous jure. Et visez bien celle-là, en plus : quand j’ouvre un formulaire pour mettre en place un soin, je dois en plus, pour bien faire, en avertir par mail les destinataires. C’est un nouveau jeu, on dirait : jouer aux cons et à prendre les autres pour des cons. Tiens, écoute celle-là, d’aberration : Mme Machin vit avec M. Truc. M. Truc a eu un pépin de santé, M. Truc ne peut plus aller faire les courses hebdomadaires ; en toute logique, c’est sur le dossier de M. Truc qu’il faut ouvrir le formulaire. Mais Mme Machin, ayant dûment rendu son petit classeur bleu de suivi, demande pourtant le report de la facture sur son propre compte, qu’il faut réouvrir – donc, dans la foulée, il faut lui remettre à nouveau ce classeur… pour que le pékin qui fait les commissions puisse signer la feuille de présence. Le binz que ça génère, je vous dis pas : 15 minutes pour fermer le formulaire chez M. Truc, et le réactiver chez Mme Machin – et bien sûr, aucun moyen informatique de faire un simple transfert, ni même de copier-coller le foutu formulaire. Et la planification qui ne capte pas le simple transfert… rien ne change dans l’organisation, en fait… (PS: deux jours plus tard, cette vieille pie fait cesser la prestation, non mais ça va les dents.)

 

Quand je vous dis que cette version bêta est une version gros bêta… transformant la moindre démarche en source de friction entre ceux qui organisent des tournées à l’aveugle, et ceux qui font la tournée. Tiens encore celle-là : je regarde ma feuille de route pour lundi et je constate qu’on me fait commencer à 8 000 chez X, pour glander ensuite une demi-heure avant de me présenter chez Y. Dans un contexte où je dois me policer pour éradiquer les heures supps, quelle est l’algorithme de merde qui empêche la planificatrice de coller bout à bout les deux visites, je me le demande… Bref, c’est comme si j’allais au restau, et que pour être sûre de bouffer dans les temps, je doive commander en « libre-service », mais au prix du service à table. Au secours. Je ne compte plus le nombre de délégations de merde de ce genre, qui me font perdre un temps précieux et me mettent en position de transgresser le mot d’ordre « pas d’heures supps ». Alors, évidemment, je triche comme tous les autres, histoire que ça n’ait pas l’air de ce que c’est : un cumul d’absurdités engendrées par la construction d’une application informatique qui tente de réconcilier les objectifs des assurances (pouvoir dire « on paie pas » au moindre faux-pas) et ceux des soignants qui cherchent à assurer les principes de la corporation (en premier, ne pas nuire), c’est à-dire la sécurité, l’efficacité, le confort et l’économie pour tous. Et qui l’emporte, je vous le donne en mille ? Le pot de terre s’éclate contre le pot de fer, et on lui reproche sa fragilité, en plus… Parmi mes collègues, Tijô se paie un ulcère à l’estomac ; ma voisine de bureau envoie chier l’ergothérapeute qui vient parler d’un cas – son tort à lui étant, en ayant tout son temps, de prendre son temps, mais surtout de nous narguer en nous faisant signe d’être cooooool chaque fois qu’il nous trouve bien stressés. Vince nous évite au maximum… Myriam se tient aussi un peu à l’écart…Colinette a décidé de ne pas se plaindre des tournées qui ne lui laissent aucune possibilité de manger le midi, car elle ne travaille plus qu’un jour par semaine comme soignante et s’en trouve assez chanceuse pour fermer sa gueule… Les plus anciennes surnagent, l’une en partant tous les jours à 18 00 ou presque, l’autre en venant bosser ses jours de congé !

 

 

Bon. Les chouettes nouvelles à présent : il fait bleu de chez bleu, avec la lumière donnée par mes rideaux oranges, c’est extra de baigner comme dans une corbeille de mandarines. Zorro promène sa dégaine de fêtard débraillé, le smoking de 5’ du mat’-j’ai-des-frissons. J’arrive pas à dire où il en est question rondeurs, je fais gaffe, je mêle des croquettes light à sa ration de bouchées en gelée… En tous cas, il s’arrache moins de touffes de poils ; là, il est étalé de tout le long de son dos contre ma cuisse.

 

Je vais ce soir voir ma frangine sur les planches, y’a du Dubillard dans l’air, et je viens de pondre pour sa troupe une lettre importante…

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13 février 2015 5 13 /02 /février /2015 17:16

 

Crépuscule du dernier jour de taf avant deux semaines de vacances fort bienvenues – le solde de ce que je n’ai pas pu prendre en 2014, puisqu’en période d’introduction, nul ne prend de congé.

 

J’avais vu venir le stress : boucler mes  dossiers et poser les jalons du relais par mes collègues, vu l’application compliquissime dont nous disposons pour ce faire. J’avais donc bloqué mes disponibilités les deux après-midi d’hier et d’aujourd’hui… las, deux situations nouvelles, donc à débroussailler, m’ont bouffé la marge de temps qui m’aurait permis de partir vers les 16 00 aujourd’hui, au lieu de rallonger la sauce jusqu’à 18 30.

Pour l’une d’elles, j’avais de 13 30 à 14 30 une réunion avec famille et médecin, ça devait éclaircir les ressources et les limites de chacun. Un colloque de réseau, comme on dit.

Il en est sorti pas mal de cibles à atteindre – du moins, à viser !

 

Mais je suis sortie de là dépitée concernant la collaboration avec le médecin : il fait partie des deux-trois connards de mandarins qui nous pètent les couilles au boulot. Je n’avais jusque-là que parlé au téléphone avec lui, et ce que j’ai vu et entendu me confirment ma grande méfiance envers les praticiens imbus d’eux-mêmes et de leur position.

 

Un crapaud aux plaisanteries douteuses, au regard toisant le bas peuple… et qui devant ma calme insistance concernant les règles d’intervention des soins à dom’, hausse le ton : « On ne répond pas comme ça au docteur xxx ».

Faut le faire, non ?

 

Grôcon, va.

 

C’est le même taborniaud qui se permet de consulter par téléphone et de poser un diagnostic sans venir voir ce qui se passe à domicile, et prescrit un traitement dans la foulée : résultat, en quelques semaines, une cliente à mettre dans une ambulance… et un autre à envoyer aux urgences de dermatologie le 31 décembre.

 

Comme je ne vais pas le changer… ni lui, ni le système qui surcharge les soignants… et que bien que je travaille dur à mettre en place de quoi éviter de faire plus d’heures supps’, me voilà avec 75 minutes à rajouter aux 25 heures en trop du seul mois de décembre (cherchez l’erreur : pour partir en congé de Noël et de Nouvel-An 2 x 4 jours, il faut démultiplier le travail informatique par 6, soit 3 jours complets au clavier, merdalors… !), eh ben d’accord, message reçu, je me créerai désormais le double de marge, quel boxon. Soit bloquer tous mes après-midi dès 14 00 au moyen de cette bouffonnerie d’application, histoire de pouvoir réviser ce qui devrait déjà être net depuis bien avant mon arrivée, et pour pouvoir régler les affaires courantes. Et à chaque fois que se profile ce maximum de 4 jours d’affilée à sécuriser et organiser, augmenter encore cette marge pour disposer de mon temps dès 11 00. Pâques sera du même tonneau !

 

C’est moche de devoir rajouter, à la marge de sécurité temporelle due à notre nouvelle manière de travailler, une surmarge pour gérer la connerie d’un partenaire que je ne peux éviter, qui se croit au-dessus des lois, des règlements qui visent la sécurité de tous, et se prend pour un dieulepère – en face d’incroyants, qui plus est.

Comme si le titre de médecin était un titre de noblesse... quelle plaie. Ça devrait plus exister… si seulement il pouvait, ce bouffon qui se croit à particule, entendre ce que disent bien des patients à son sujet : autoritaire, intéressé, jouant à l’ami lorsqu’il devrait être professionnel. Certains patients attendent qu’il remette son cabinet, le trouvant incompétent et sans écoute… le genre de porteur de burnes qui interrompt abruptement un échange avec une formule de congé surfaite – un vrai maître disposant de domestiques; un DSK, tiens.

 

(Mandarins : engeance médicale particulière se sentant investie de pouvoirs supérieurs, et semblant renforcer des comportements méprisants à la hauteur de son insécurité interne.)

 

 

Là. J’espère avoir réussi à me vider la tête, j’ai des vacances à investir, moi.

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9 janvier 2015 5 09 /01 /janvier /2015 11:14

 

 

Mon canard local titre ce matin « … la traque aux tueurs et aux amalgames », et sans lire la colonne de la une, je file sur le clavier pour poser ce que m’inspire le mouvement populaire suscité par le massacre gratuit de Charlie Hebdo.

 

Oui, c’est atterrant, mochissime, psycho-rigide, ce qui s’est passé. Et c’est un tel maelstrom dans les medias, qu’en écoutant certaines réactions à la radio, j’ai failli me planter dans le trottoir en pleine tournée de soins à dom’. Je fais gaffe de changer de chaîne ces jours-ci, lorsque les TJ brassent en boucle les dernières nouvelles, les commentaires éclairés m’irritent à un tel point parfois…

 

 

Mourir pour des idées, oui, mais de mort lente, hein. Tuer pour des idées, là, oui, c’est intégriste, inté-triste.

 

 

Et ce n’est pas moins énervant d’entendre seriner des haut-le-cœur formulés de telle manière qu’on se demande si l’intégrisme ne menace pas également les bien-pensants de l’autre côté de la barrière mentale. C’est dit comme si on avait forcément raison, quand la seule différence entre « nous » et « eux », c’est qu’on ne prend pas les armes.

 

Cabu, et surtout Wolinski, ont travaillé dans la dérision, en se réclamant d’être des ados de 70 ans. Quand il est clair que ce qui paraît de doux quolibets aux uns, tentant le désamorçage des bombes idéologistes, met au contraire les autres littéralement sur les dents, et que la liberté d’expression réclamée n’est tout simplement pas une valeur en vigueur pour ceux qui répondent à la kalachnikov, qu’espérer du fait de camper sur ses positions humoristes? La moquerie est quelque part l’arme de ceux qui se pensent plus puissants par la pensée et le mood d’un groupe qui se tient les coudes, et désigne le mouton noir. Celui qui est moqué peut faire bonne figure, mais ruminer une vengeance subtile ou éclatante, s’il se sent acculé.

 

Le mot d’obscurantisme a été utilisé pour fustiger l'attitude terroriste: « un obscurantiste prône et défend une attitude de négation du savoir. Il refuse de reconnaître pour vraies des choses démontrées. Il pose des restrictions dans la diffusion de connaissances. Il est contre la propagation de nouvelles théories. » (Wikipedia)

 

Voilà les choses posées ; et si l’on disait que « nous » prônons et défendons une attitude de négation du savoir relatif à la donne extrémiste ? Que nous refusons de reconnaître pour vraies les actions extrémistes, largement démontrées donc hautement potentielles ? Et si nous posions des restrictions dans la diffusion de la connaissance que nous avons de telles actions, et si nous étions contre la propagation de cette théorie extrémiste à un point dangereux... J’ai en rétine l’image des 3 singes : je ne veux pas voir, ni entendre, ni dire l’évidence – il n’est pas question de justice pour prévenir les exactions (selon la doctrine, ces trois Justes sont à présent au Paradis avec chacun leurs 72 vierges, alors tu penses bien qu'ils n'en avaient rien à cirer, de la justice) mais de justesse d’évaluation. Je n’ai pas de solution,  pas de prétention. Mais le discours ambiant me laisse perplexe…

 

 

Un truc qui me choque, c’est d’entendre parler comme si l’on avait forcément raison, point. Qui que ce soit, remarquez. Et de vouloir que l’autre s’aligne sur une tolérance de bien-pensiste qui se proclame à sens unique, en fait. Car si nous étions minoritaires de pensée et de valeurs dans une société - je veux dire par « nous « ceux qui prônent le dialogue et la cohabitation des croyances, qu’est-ce qui nous garantirait de ne pas recourir à la violence ? Toute révolution comporte une part de régression sur certains points : 1789 a été l’occasion de réduire les droits des femmes en Hexagonie, par exemple. Et le peuple alors est bien passé par le recours aux armes, non ? Guillotiner ceux qui ne pensent pas « droit », ça s’est fait. L’intégrisme de l’époque a voulu que même des révolutionnaires accomplis se fassent décapiter.

 

 

J’avais vu il y a quelque temps un fragment de documentaire dont le thème général m’échappe ; on y voyait l’épouse de Wolinski et Benoîte Groult tenter de raisonner Wolinski quant à ses provocations des féministes, et lui qui ne cessait de répondre que c’était du trente-sixième degré.

 

 

Benoîte Groult, c’est une de mes figures archétypales ; ses livres, en particulier « Ainsi soit-elle », c’est du bonheur à lire quand on est porteuse de seins et d’un appareil reproducteur, elle met le doigt avec précision sur la haine du con, sur l’attitude qui consiste à dénigrer bassement la gent féminine au moyen de remarques décisives consistant à clore un débat par le simple argument que l’interlocuteur n’est qu’une femme. Pan dans les dents.

 

Wolinski mettait le doigt, lui, sur les absurdités que tout un chacun peut être amené à proférer en dernier recours et à l’inégalité flagrante que Groult évoque dans ce fameux ouvrage. Chacun sa manière. Encore faut-il dépasser le discours premier, ce qui n’est pas évident quand le contexte et la pensée sont en exacerbation permanente.

 

 

 

Alors quoi ?

Ca me soûle d’entendre et les uns et les autres s’indigner sur une attitude dont ils ne sont pas garantis d’être exempts eux-mêmes.

 

 

Tu vois, lecteur, là je pitonne en salle d’accueil en attendant que mon Duplo de voiture soit révisé, il y a une téloche qui crache minute par minute les derniers relents de la chasse à l’homme en France… Hélicos, ambulances, policiers cagoulés, tout le tremblement. On dégommera les affreux, puis on leur portera secours, pour qu’ils arrivent le plus possible en vie à un procès qui ne les mènera pas à la peine de mort, mais qui aurait pu les mener à l’échafaud il y a 50 ans. Entre eux, il y a eu Badinter, c’est la seule différence.

 

 

Au-delà du besoin de manifester solidarité et désolation, les grands rassemblements à Paris et même à la place de la Riponne chez moi me paraissent drainer des désespoirs individuels, qui se raccrochent à la moindre chance d’échanger entre « gens de bien » – c’est-à-dire ceux qui pensent comme « nous ». Si je me joignais à la foule, je chercherais des musulmans, et j’en trouverais. Et j’espérerais aller plus loin que des condoléances, des actes de contrition de la communauté qui bien que croyant aux mêmes valeurs fondamentales que les flingueurs, ne se retrouverait pas dans de tels actes et condamnerait les extrémistes.

 

 

Tiens, j’ai aussi une dent contre ce chroniqueur qui n’a pas hésité à dire que tout comme il y a maintenant un « 11 septembre », il y aura désormais un « 7 janvier ». Obama est allé poser sa griffe à l’ambassade de France aux USA, sur le livre public destiné à recueillir les messages divers ; la belle affaire… sympathie ou diplomatie… tous les deux probablement, mon capitaine : finir son billet par « vive la France », quelle curieuse idée. D‘ailleurs la capacité de nos voisins à tirer la couverture à eux me laisse perplexe, c’est comme Lothar en 2000 ou encore en 1999, je ne sais plus : dans les TJ, les documentaires produits ensuite, on aurait dit que la tempête s’était arrêtée aux frontières, drame national plus qu’européen… S’cusez, mes copains français, on se cause entre potes… hein, Thierry, hein Bruno, hein, les autres ?

 

 

Moué. Voilà, on a nos martyrs du beau, du bien, du vrai, l’encre n’est pas près de s’arrêter de couler. L’embêtant, c’est que les affreux se réclament aussi du beau-bien-vrai. Le sang non plus ne va pas arrêter de couler, du coup!

.

 

 

Allez viens mon Zorro, installe-toi sur la couette, bien calé sur ma hanche. Lance-moi des regards lourds alors que je déguste mon vacherin au four sur patates en robe des champs, toi qui n’as que des croquettes de luxe auxquelles faire un sort.

 

 

Moi je me branche sur M6, Christina Cordula et ses serials shoppeuses ; besoin d’échapper au deuil et aux imprécations, le futile paraît d’un grand secours tout-à-coup. Respirer léger, rose et clinquant. Me cramponner à mon programme du week-end : être soulagée d’avoir fait réviser mon véhicule et d’avoir des balais d’essuie-glaces en ordre, aller voir Oriana et ses doigts de fée sur mon cuir chevelu traité aux huiles essentielles, et aller demain faire détendre mon dos chez Linda. Faire la méduse ensuite, quand les courses seront faites, le frigo plein, les menus pour le midi au travail dûment stockés dans l’excellent frigo qu’est en ce moment le coffre de la titine… anticiper le bien-être de mes vacances d’ici une semaine…

 

Et peut-être un peu de rangement et de ménage, pour autant que cela me paraisse une source de confort et de satisfaction.

 

 

Vous connaissez la définition d’ « égoïste » ? C’est « quelqu’un qui ne pense pas à moi ».

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3 janvier 2015 6 03 /01 /janvier /2015 19:21

 

 

Quoi, ça fait déjà 5 ans que je tiens ce blog, j’y crois pas… Merveilleux exutoire, qui m’a aidée à gérer de périlleux embouquages de détroits personnels et professionnels. Exprimer de ma tête doutes et petits bonheurs, colères et jubilations, voilà ma cure à moi.

 

Noël cette année, en solitude bienvenue, besoin de silence et de non-chocolat, de ne pas me joindre à une effervescence surfaite et que je ne ressens pas. Un simple souper le dimanche suivant avec les neveux, la frangine et la petite cousine qui babole gentiment. Menu habituel des pâtes au saumon et aux morilles, je refile comme d’hab’ mes champignons à ma sœur, rien à faire, ça et les mollusques aisni que les crustacés au-delà des gambas, ça ne passe pas.

 

Echange de menus cadeaux, je repars avec un chouya d’argent, deux bouteilles d’assaisonnement artisanal pour mes salades, une bougie parfumée et quelques produits de beauté à la mangue qui font saliver tous les convives, plus deux promesses d'invitation au resto des deux neveux qui ont zappé les présents. Pour ma part, j’ai trouvé des bricoles personnalisées pour chacun, lors de mon petit voyage à Bienne chez mes potes zarbis: chocolats de confiserie pour l'aïeule, grattoir à dos pour la frangine, gourde pour le neveu benjamin qui aime les randonnées, soin de visage pour l'aîné, carte de Berlin en Néoprène pour le cadet photographe qui y va régulièrement se perfectionner.

 

Le 31, je l'ai plus souvent passé tranquille à la maison ces dernières années: avec le recul, la quête légèrement angoissée d'une invitation à fêter me paraît un acte conjuratoire, comme si la qualité de ce moment allait teinter toute l'ambiance de l'année. S'amuser lors des douze coups de minuit m'a longtemps semblé un must, histoire de retrouver les gens du quotidien en arborant la mine radieuse et fatiguée garante d'une certaine joie de vivre.

Ma foi invitée à une soirée de mercredistes tombant ce fameux jour, je m’y rends avec mon Duplo de voiture, lestée de 4 filets de mandarines en guise de contribution. Le thème annoncé des « vieux à l’EMS » a été abandonné, on était trop peu - et pour cause... pas trop alléchante, l'idée; j’avais d’ailleurs oublié de préparer quoi que ce soit dans ce but - aucun tintébin pour la course -, et l’une des convives a dit avoir renoncé à se vieillir avec du maquillage, les dégâts étant déjà irréversibles… Bref, spontanément, j'avais gommé de ma mémoire toute idée de jouer aux gâteux, lors même que l'instigateur de la soirée avait envoyé un SMS annonçant finalement qu'on ne mimerait pas l'EMS en live.

 

Mais à force de jouer aux vieux cons, gaffe, est-ce que ça déteindrait ? Souper goûtu, mais semble-t-il rien à se dire ce soir-là en petite équipe. On a donc fini devant un grand écran de home cinema, le choix par élimination nous mettant devant les Bluesbrothers 2 Le retour, une resucée gnangnan du premier. Impossible de trouver le sous-titrage, donc seuls ceux qui comprenaient bien l’anglais riaient au bon moment. Bref, comme séance d’animation passive en maison de retraite, c’était parfaitement dans le ton ! A minuit, bises, champagne (très bon, rien à redire). Et fuite  de ma part.

 

Des Nouvel-An comme ça, rhô, non. J’étais mieux chez moi avec mon chat, tiens; qui, lui, passe ce cap en ignorant tout de sa symbolique, quêtant comme d'habitude un rab de croquettes, pas folle la guêpe, droit aux priorités.

 

Le deuxième jour de l’An, je sors de chez moi pour rejoindre mon vieux pote et ses mômes en expédition à la Saline Royale, dans le Haut-Doubs : mais où ai-je foutu ma bagnole? Pour une fois qu’elle était sous mon nez, en face de chez moi, je cherche midi à quatorze heures, à l’autre bout du quartier ! Bien sûr que j’aurais dû me rappeler cet excellent augure pour 2015, ha ha, car j’avais pu me mettre, en rentrant de chez les vioques, sur THE place convoitée par excellence et pour la première fois depuis que j’ai ma nouvelle tire.

(Manquait plus que de marcher dans la houmfa*, comme je le fis il y a une dizaine d'années, portant le nouveau-né d'un couple de potes dont madame avait passé la période à l'hosto, craignant une atteinte cérébro-vasculaire suite à une manoeuvre ostéopathique pourtant précédée de toutes les précautions habituelles; le trajet jusqu'au CHUV avait embaumé le caca, et le papa conducteur avait dégusté, mes semelles étant pour ainsi dire sous son nez! En arrivant dans la chambre privée du service de neuro, j'avais bizouté ma copine  menacée d'un Wallenberg (http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Wallenberg), puis filé dans sa salle de bains pour dégreuber mes pompes, un vrai bonheur d'incrustation. Voilà qui me rappelle un matin d'anniversaire, où nuitamment j'avais traversé un parc en galopant pour choper mon train; croyant marcher dans un simple lit de feuilles mortes, j'avais pataugé dans une flaque de vomi, et rapatrié malgré moi reliefs et odeurs jusque dans un wagon où j'avais vu blêmir quelques faces, avant de confier mon sac de cours à une dame dégoûtée, histoire d'aller relaver mes bottines.)

Quant à savoir si les années ainsi marquées au sceau de la supposée chance avaient réellement été exceptionnelles de bol tous azimuths, je ne me le rappelle pas...

 

 

On a donc fait notre expédition en nous arrêtant le midi à Salins-les-Bains pour manger dans un restaurant à la carte courte et savoureuse ; pour moi, une côte de sanglier, avec ‘tits légumes en marmite de pain maison, des figues au miel et confiture d’airelles. Moi qui ai loupé la chasse cette année, ça m’a vengée.

 

Je n’ai pas bougé aujourd’hui, humeur morose au matin, mots croisés et sudoku puis ménage et sieste prolongée, quelques feuilletons policiers, un 5ème sac de mandarines me tenant compagnie. Le chat est distant, il y a des jours comme ça où on fonctionne tout juste, on cohabite sans plus. Il est revenu en fin de soirée, s'installant contre moi, affairé à s'arracher des touffes de poils en se toilettant, quêtant régulièrement moult grattages de menton et câlins en renversant le chef, me regardant à l'envers d'un oeil alangui.

 

Besoin de déconnecter. Bref, faudra que je pense à me barrer 10 jours entre le 23 décembre et le 3 janvier les années suivantes, dans un endroit où on ne fête rien à ce moment-là, histoire de ne même pas me poser de question. Et même, ne revenir que quand il est considéré comme dépassé de se souhaiter la "bananée", et que le chocolat reçu atterrit sur la table de la cafét'.

 

J’aime pas les Fêtes, décidément: c'est comme se taper les hurlements et les klaxons après la finale du Mundial du je-m'en-foote.

 

Bon, je file regarder "Mot-de passe".

 

 

 

* la merde, en bon français.

 

 

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25 décembre 2014 4 25 /12 /décembre /2014 12:30

 

 

Aujourd’hui, 25 décembre, je me tiens à l’écart de l’air du temps : pas de famille, pas de cadeaux ni de bouffe somptueuse, un congé au milieu de la semaine. Je soupe dimanche soir avec ceux que j’aime et apprécie : mes trois neveux, ma sœur et la petite cousine qui commence à perdre ses moyens cognitifs, mais toujours aussi friande de sorties culturelles et gastronomiques.

 

 

J’en profite pour écrire ici, depuis 3 mois je délaisse ce blog un peu trop à mon goût : nouveau job, des responsabilités connues mais à exercer en tenant compte des changements intervenus depuis la dernière fois que j’ai bossé à domicile ; et puis une application informatique à apprivoiser – pas piquée des hannetons… il me suffit de dire qu’elle a été prévue bien plus pour satisfaire le contrat passé avec les assurances qu’en suivant une logique de soins – nous travaillons en effet sur devis prévisionnel pour 3 mois, voire 6, et tant le nombre que la complexité des opérations de programmations à effectuer sont redoutables, pour simplement garantir le paiement des prestations… sans oublier de mettre en évidence par tous les moyens le besoin de personnel supplémentaire en facturant tout acte professionnel demandant réflexion de diplômée et s’appuyant sur le cahier des charges spécifique à la fonction.

 

 

Lundi, nous avons décidé de concert, ma responsable et moi, de continuer l’aventure des soins à domicile. Fin de la période d’essai… bilan qui laisse bien des questions ouvertes.

 

 

Je remarque avant tout que pas mal de choses que je souhaitais voir arriver dans ce domaine des soins il y a dix ans sont en place : je dispose d’un instrument de travail certes compliqué et chiant à utiliser, une tablette sur laquelle je ne cesse de pitonner à journée longue, mais qui me donne accès à tout renseignement dûment archivé et scanné, histoire de comprendre le fil des événements et de prendre des décisions de soins au plus juste lorsque je suis seule avec le bénéficiaire de soins et mon expertise de terrain.

 

Mon cheminement de pensée et les actions qui s’ensuivent doivent être posées le plus clairement possible, pour que ceux et celles qui prennent le relais ici et là puissent à leur tour décider et agir en toute connaissance de cause. Le système met en lumière de manière imparable toute rétention d’information, même minime : lors d’un jour de congé en semaine, forte de mes annotations, ma responsable a pu dire au médecin qui se plaignait que je ne l’avais pas recontacté alors qu’il me le demandait deux jours de suite, qu’il avait lui-même tendu un piège de communication en me donnant un numéro aboutissant sur le répondeur de son secrétariat, donnant les heures très restreintes où l’on pouvait l’atteindre.

 

Deux après-midi de suite à entendre une boîte vocale me dire de rappeler à des heures où je galope pour voir tous les patients, ça ne le fait pas…

 

 

Sur le terrain, mes 30 ans de diplôme d’infirmière me donnent un avantage indiscutable : ma responsable, m’ayant accompagnée pendant mes visites, apprécie notoirement ma vision d’ensemble qui me permet de décoller des tâches pour lesquelles je suis mandatée, et de réviser les priorités. Par exemple, voyant une dame paralysée d’un côté, installée de guingois dans sa chaise roulante, je laisse de côté les médicaments à préparer pour la semaine entière, et commence par la réinstaller pour que son bras immobilisé ne fasse pas poids mort en tirant sur son épaule : remettre l’accoudoir en plexiglas en place, ainsi que le coussinet bricolé par l’ergothérapeute pour que ses deux épaules s’alignent sur le même plan. Ensuite, en pleine préparation du semainier, débusquer pourquoi la dame se perd dans une tâche qu’elle maîtrise habituellement au point que quand j’arrive, je n’aie plus qu’à vérifier qu’elle a tout préparé sans erreur : son mari tente de prendre le relais pour les lessives, et se paume dans les indications qu’elle lui donne, maîtrisant elle-même le tri et les programmes depuis 50 ans… elle s’énerve, et en perd ses moyens. Du coup, j’arrête la préparation des médics pour mesurer sa tension, car si celle-ci monte, ça augmente les risques de refaire un accident vasculaire cérébral. Tension normale quoique montrant en effet qu’elle est énervée. On recommence avec la préparation des médics, je me borne à lui montrer quelques trucs et astuces supplémentaires pour y arriver d’une main, en utilisant même sa main inerte pour bloquer un objet fuyant sous ses doigts. Là, j’ai marqué des points face à ma supérieure qui est ergothérapeute de métier… et apprécie que je fasse continuité avec le boulot de l’ergothérapeute qui suit la dame, de concert avec moi, mais à d’autres moments – on ne fait que se croiser, je connais son nom, mais je ne l’ai jamais rencontrée.

 

Quant à la responsable infirmière des RH qui m’a aussi accompagnée un autre jour, elle relève également mon expérience et ma maîtrise du processus de visite, y compris lorsqu’il faut dériver un peu avec les bénéficiaires pour pouvoir reprendre le fil des choses à faire.

 

Mon point fort, c’est le lien créé, entretenu et défait à chaque visite : j’ai une demi-heure pour faire ce que j’ai à faire, il s’agit de ramener en douceur la personne à l’objectif de la visite lorsqu’elle dérive, tout en prenant note de ses préoccupations pour la suite de la prise en charge. Prendre des nouvelles, quittancer ce qui se dit sans perdre de vue les buts de la rencontre, faire ce que j’ai à faire, prendre congé en douceur.

 

 

Ces reconnaissances de mon parcours me gratifient énormément. Et puis l’équipe est une des meilleures que j’aie croisées depuis 3 décennies, on rit, on mange ensemble en menaçant gentiment le premier qui parle de boulot pendant la pause de payer la tournée des cafés. A personne on ne reproche son besoin de repli et d’isolement quand il se fait sentir… et je deviens également une ressource en certaines occasions : hier un de mes collègues est venu me demander conseil au sujet de l’informatique, fouchtra, ça m’a fait sourire. A une autre, j’ai montré comment se faciliter la vie avec Outlook, là j’ai la banane, carrément.

 

 

Les points noirs à présent : ce que je peux voir en mobilité sur ma tablette dépend étroitement de ce que j’ai moi-même programmé auparavant, et il y a à faire même de ce côté pour garantir les critères de soins – ils n’ont pour ainsi dire par varié depuis 30 ans. Dans l’ordre prioritaire, sécurité-efficacité-confort-économie, à quoi se rajoute ces derniers 15 ans celui de l’écologie… pondérer ces critères et les garder comme ligne rouge n’est pas évident, et c’est mon argumentation pour les re-prioriser qui fait la différence, lorsque ma responsable me demande pourquoi, par exemple, je décide de garantir la qualité du lien de confiance (une histoire de confort psychique) au lieu de suivre la demande de mettre en place un semainier (donc de travailler à la sécurité du traitement médicamenteux) : pour une dame perdant ses moyens cognitifs et la maîtrise du quotidien, et dont la fierté en souffre, aucune rigidité ne ferait bon ménage avec son sentiment d’être envahie par un service de soins chez elle… car c’est le médecin et l’entourage qui font pression pour que nous nous en mêlions. Comme le répète notre cheffe à l’envi, la négociation reste le maître-mot de la relation soignant-soigné, et l’historique des soins à dom’ regorge d’exemples démontrant que nous devons le respect du « non » d’un bénéficiaire, pour ne pas nous faire mettre à la porte ; ceci est même entré dans les mœurs au point d’être formalisé, un contrat d’intervention est signé de part et d’autre dès le départ, notre charte est claire de chez claire, et à disposition des bénéficiaires dans un petit classeur bleu permettant le suivi, et qui reste chez la personne.

 

Je reviens à l’application informatique qui met à disposition des divers intervenants toute information utile et nécessaire : je ne mets pas seulement en place un plan d’intervention qui part sur l’ordinateur des planificatrices des tournées (encore des braves… je les appelle les « Pénélope », tant leur travail consiste à faire et défaire continuellement nos tournées au fur et à mesure des informations et des aléas du quotidien). Non, je dois prévoir évaluation, réévaluation, temps d’échange avec le médecin et la famille : pour mettre en place une visite hebdomadaire de préparation d’un semainier et prise de contrôles vitaux, une bonne dizaine de formulaires informatiques sont à créer, avec leurs sous-applications… le temps de ouf que ça prend mange la marge de sécurité temporelle dont nous devrions pouvoir disposer. Résultat, une équipe sur les rotules nerveusement, qui fait des heures supp’ innombrables depuis le basculement en mars dernier sur le système informatique ; et sans compter les somatisations diverses, les jeunes équipiers qui se préparent gentiment des ulcères d’estomac, la vulnérabilité aux virus divers (état grippal, tourista et j’en passe) et qui mettent le collaborateur au tapis lorsque le corps cède au stress continuel. J’en ai pleuré deux ou trois fois, c’est ma manière d’évacuer la tension, et ça me va mieux ainsi que de bloquer mes lombaires ou de lâcher l’affaire. Mon signal d’alarme ultime, ce serait la survenue d’une crise d’urticaire – deux épisodes de ce type en 20 ans ont pour moi été un tilt important pour comprendre mes mécanismes de défense, donc de réfléchir à leur prévention. Mes chefs sont au courant, et me scrutent dès que je me gratte un peu les bras !

 

 

La moindre erreur commise sur mes facturations surcharge quelqu’un d’autre, car je ne peux rien corriger, je dois demander l’intervention d’une secrétaire ou d’une de mes chefs. Voilà qui vaccine… enfin, ce serait bien…

 

 

Jusqu’ici, si la plupart du temps je fais l’impasse sur mes pauses de milieu de matinée – tout en m’arrangeant pour les récupérer en temps réel – jamais je n’ai dû sauter le repas de midi. J’ai appris à avoir quelques biscuits de céréales complètes dans la voiture ou au bureau, au cas où… et je bosse heureusement à proximité immédiate d’un centre commercial riche en possibilités de diversifier mes menus : rayon frais, kebabs, plats à réchauffer, resto rapide, ou composition de pics-nics – aucune chance de monotonie alimentaire. La Poste est tout près, la pharmacie aussi, et même quelques magasins de fringues où j’ai déjà dégotté d’assez sympathiques outfits.

 

 

 

Donc, je n’ai plus qu’à travailler la maîtrise du programme informatique pour que ça devienne fluide, réflexe… et que le foutus devis pour les assurances qui en découle soit produit sans à-coups – NB : un bug informatique résiduel nous force à recompter programmation par programmation le nombre de minutes nécessaires, 20’ supplémentaires par dossier au minimum, sachant que j’ai une cinquantaine de dossier à traiter, et qu’en moyenne 5 d’entre eux demandent une telle vérification tous les 10 jours… soit environ une heure par jour de vérifications, sur un timing qui me laisse à peine trois heures pour traiter le quotidien, les imprévus et les divers contacts : en tant que référente, je gère également les demandes de transport, d’installation au domicile d’un système d’appel direct à la Centrale des médecins, les demandes de court-séjour. Déjà sous pression car pendant les tournées, l’I-Pad sonne régulièrement : quelqu’un me demande une précision, souvent ce sont les intérimaires appelés régulièrement en dépannage à qui il manque quelque chose… ou même, mes chefs m’appellent pour me demander une visite supplémentaire… et puis, gérer les hospitalisations ou les chutes quand je trouve quelqu’un en train de dégueuler tripes z’et boyaux ou au tapis… les consultations avec les soins palliatifs au domicile…

 

 

 

 

Le temps est le talon d’Achille, et le restera toujours, même quand l’autre source de groumpferies (au hasard… l’informatique ?) diminuera son impact.

 

 

Il reste que je mesure à quel point l’encadrement des nouvelles personnes devient chronophage.

 

 

Le temps.

 

 

Le jour où l’informatique pondra une application capable de ralentir les horloges, là… J’ACHÈTE !!!!

 

 

 

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12 décembre 2014 5 12 /12 /décembre /2014 10:02

« 10.12 Le Vaudois parti en Syrie pour combattre aux côtés des jihadistes a été condamné par le Ministère public de la Confédération (MPC) à 600 heures de travail d'intérêt général avec sursis, assorties d'une psychothérapie. Le trentenaire avait raconté son voyage dans un reportage de l'émission «Temps Présent», diffusé en octobre. »

 

Interpellant.

 

Tout comme on punit les déserteurs…

 

Trouvé sur Wikipedia :

« La désertion est l'acte d'abandonner ou de retirer l'appui à une entité à laquelle quelqu'un avait prêté serment ou avait prétendu devoir allégeance, responsabilité ou loyauté.

Dans une unité militaire la désertion est l'acte de quitter l'unité. La désertion est considérée très souvent comme un crime sérieux, particulièrement en temps de guerre, mais les peines varient très largement, de la peine de mort à la dégradation. »

 

Délit d’opinion, quelque part.

Et je ne suis pas sûre que le gars en question ait prêté serment ou prétendu devoir allégeance, responsabilité ou loyauté, à moins qu’il ne soit devenu suisse par changement de nationalité.

 

Autant je suis choquée par toute attitude terroriste, extrémiste… autant je reste perplexe, éthiquement parlant, devant la portée et la nature de la sanction. Et puis cette idée d’envoyer le mec en thérapie, ça fait lavage de cerveau : c’est bien connu que seuls les patients motivés font du bon boulot dans une pareille entreprise. Et d'ailleurs ce serait quoi, en l'occurence, du "bon boulot"...

 

J’comprends pas.

 

J’aime bien faire des teintures, j’ai obtenu un bleu uni magnifique sur des pantalons blancs l’an passé. Mais lorsqu’insatisfaite du rouge coquelicot (chaime mieux le rouge bordeaux et profond) obtenu sur une autre paire, j’ai voulu la déteindre: ratage complet, on aurait dit que j’avais fait des nœuds ici et là, il y avait des traînées, le froc a fini à la poubelle.

 

Ben tu vois, lecteur, je me demande ce qu'une thérapie va donner, dans le même ordre d’idée, avec la santé psychique du gaillard. Je repense au "1984" d'Orwell...

 

J’ai un doute. Autant lui retirer son passeport…  ça ferait plus net.

 

 

 

 

J'édite... parce que sur M6 ce soir, je vois le témoignage d'un repenti; qui demande ce qu'on fait pour prévenir les départs en masse...

 

Faire peur à ces gamins, en leur parlant de la punition qui les attend au retour?

 

Ce serait jamais que de la dissuasion via la menace voilée de l'ostracisme social qui les guettera quand ils sortiront de prison, en plus de la geôle ellle-même.

 

Je subodore, à l'origine de ces choix radicaux, le manque d'expériences initiatrices qui donneraient du sens au passage de l'adolescence à l'âge adulte. On en propose salement peu il me semble, avec, de plus, les courants pédagogiques de la fin du siècle passé qui ont produit des enfants-rois, des parents ultra-compréhensifs jusqu'à l'impossibilité de prendre une ferme position d'éducateurs.

 

Un bâti déficient des protections internes, une architecture trop flottante. La problématique ne va donc pas se régler en quelques visites de classes de jeunes de 16 à 20 ans, faut pas croire.

 

Ca prend racine tellement plus loin.

 

Le choix du djihadisme? Un simple symptôme de déroute à un moment-clé, à la croisée des chemins de vie.

 

Entre un avenir de merde, et la satisfaction immédiate d'appartenir à un groupe qui paraît valeureux, qui a un idéal de gloire et de paradis à gagner... on aurait choisi quoi, nous, à leur place? Ben cette voie-là aussi, peut-être.

 

Va savoir. Mais va savoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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