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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 09:13

 

 

     Une espèce de vent de folie semble souffler au boulot… on croule sous des entretiens de candidature à la formation d’auxiliaire de santé. Beaucoup plus de refus, il me semble, que le reste de l’année : c’est comme s’il y avait quelque chose à conjurer, des balises à mettre absolument, une urgence ambiante par ailleurs dommageable au cours normal des choses.

 

Beaucoup de refus placés sous le signe d’une insuffisance nette en français, qui aurait dû être repérée par les conseillers-chômage. Des personnes à renvoyer avec l’exigence d’atteindre un niveau standard sans lequel la moindre de leurs interventions en cours est à côté de la plaque, faisant le lit de l’échec programmé - soit six mois au moins de travail assidu en compagnie d’associations du genre « lire et écrire ». Et pas le temps d’évaluer un profil, ce à quoi servent ces foutus entretiens !

Et quand il est réalisé, cet entretien, cela fait beaucoup de gens au comportement inadéquat en regard de ce qui est demandé pour être soignant – ce désir de « faire » pour les bénéficiaires de soins ce qu’ils sont capables d’accomplir eux-mêmes, au lieu d’explorer leurs ressources, ce qui représente le mandat principal d’un auxiliaire de vie. Pas mal de candidatures de la part de gens qui sous prétexte qu’ils ont une bonne expérience commerciale, débarquent avec des credos irrecevables : le client est roi, je connais mon bizness, côté chiffres d’affaire.

     Or le travail auprès de personnes en déliquescence est délicat, demande des antennes affûtées. On ne soigne pas les gens pour aller vers du mieux, mais pour sauvegarder leur autonomie et leur indépendance le plus longtemps possible. On ne les submerge pas de câlins et de tendresses non plus, c’est envahissant et intrusif. On fait des soins palliatifs bien avant l’heure, du côté de la socialisation ou du souhait de ne pas se socialiser de la personne elle-même, c’est même le domaine de santé majoritairement présent. Vous aimeriez qu’on vous impose des animations de groupe, quand toute votre vie vous avez été un contemplatif et un solitaire ? Je me souviens que jeune étudiante infirmière, j’étais sûre de gauler une bonne note en enseignement clinique en plantant mon pépé devant un magazine à la salle de repos, même s’il n’en avait rien à cirer et ne souhaitait que rester perdu dans ses pensées, ou faire un clopet réparateur après une toilette qui l’avait rétamé. Cherchez l’erreur…

D’un autre côté, le même travail tout en finesse demande à être capable de repérer quand un geste devient le truc de trop à faire, qui met la personne au tapis pour la journée et ne lui laisse plus aucune envie de se récréer.

Ce n’est pas seulement laver, nourrir, habiller, accompagner à la marche, comme pour un enfant. C’est tenir compte d’un parcours de vie, d’une personnalité, offrir ce qui est possible, ne rien imposer. Guetter les changements pour déterminer si la situation est installée, ou si c’est juste le fruit du hasard d’une journée.

 

     C’est pas un boulot-poubelle… ça demande de réelles compétences, le cœur ne fait pas tout, et il peut même devenir un handicap tant on veut pour autrui ce que nous estimons être bon nous-mêmes.

 

Bref. La fin de l’année est une sorte de Rubicon personnel pour chacun, et plus il me semble une occasion de mettre en place des objectifs irréalisables que de baster raisonnablement, ou de reporter, de fragmenter ces objectifs, de mettre en place des repères encourageants quand ils sont dépassés un à un.

 

C’est un piège moral, une chausse-trappe à échecs, ces fêtes.

Djizesse n’y peut rien, la dinde non plus, ça ne relève que de nous.

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