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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 08:28

Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi les chats, quand ils dégueulent, choisissent  systématiquement de le faire sur la surface la plus difficile à nettoyer, de préférence ?

Hein ? Siouplaît ?

J’ai appris de mes parents à bondir lorsque le hoquet du chat annonçait un déballage imminent, des fois qu’on arrive assez tôt pour cornaquer minou en direction du carrelage plutôt que du tapis, les deux à équidistance… les catelles au lieu du persan, toujours ça de gagné !

Zorro choisit aussi la descente de lit, à l’occasion, alors que le tissé jaune or repose sur un parquet vitrifié nettoyable en un coup d’éponge.

L'autre jour c'était sur mon livre de recettes, celui que j'ai commencé à 18 ans. La table était encombrée... mais le sol est en lino façon lamelles de bois. Et vlan, en plein sur ma recette de sauce à salade vietnamienne... Pourquoi, mais pourquoi?

 

Va, mais vazy comprendre.

Je me dirais bien que ce serait juste le hasard, si un coup sur deux les katz allaient gerber sur le carrelage. Mais non. Les statistiques de Clémentine sont  formelles, le tropisme est net, clair et sans appel: le tapis.

Parenthèse : je suis dans le train pour Bienne, je vais voir une pote, celle à qui je voulais cuisiner quelques plats, c'est pour ça que j'avais feuilleté mon livre de recettes. Ben je viens de me faire taxer d’une amende de 70 CHF parce que j’ai pris un direct au lieu d’un régional, croyant naïvement que mon abonnement local me dispensait de payer quelques trois francs valant le trajet entre mon lieu de départ et la limite de l’abonnement ! Vengeance ! Je ne sais pas encore comment… mais vengeance. Ces CFF sont déjà en déshérence de popularité, ils ne font rien pour soigner leur bristol, crécochon.

J’ai trouvé ma revanche : je vais gerber sur leur moquette. Pas dans les WC, nooooon…  Merci le chat pour la bonne idée. Justement, je redoute toujours un peu ce trajet, juste avant Neuchâtel, le train se met à pendoliner… cette fois-ci je pourrais bien ne pas résister à la gerbouille. Ca m’embête juste pour la personne qui va devoir nettoyer… Je vais y réfléchir.

J’en étais où… Ah oui, ma pote. Elle vient d’accoucher de son deuxième ; bien que potes depuis pas mal de temps, je n’avais vraiment fait la connaissance de sa fille aînée, 5 ans, qu’il y a quelques mois… elle était déjà enceinte, mais ne m’en avait rien dit. Mais c’est comme ça qu’elle est, ma pote. Une sorte de détachement qui me plaît bien au demeurant, on se comprend bien sur nos visions respectives de la maternité.

J’ai beau être sage-femme, la mamaïte me gonfle. J’appelle comme ça la maladie d’être mère, celle qui se traduit, au choix ou au cumulé, par une espèce d’attitude sacrificielle de pièta, de mièvrerie de ton tout en tenant informé tout un bus que l’on a une sérieuse conversation avec son bambin. L’ostentation, quoi. Tout comme de donner le sein en public, j’entends par là en représentation. Ma pote, elle le fait discrètement.

Houlà, il est temps qu’on arrive à Bienne, j’ai une furieuse envie de dégueuler. En sueur depuis 30 minutes, luttant en respirant à fond et en pressant avec la foi du désespoir sur le point de shiatsu de ma main – j’en viens à me demander si le but n’est pas d’avoir tellement mal en un point précis et autre que l’on en oublie le spasme de l’estomac. J’envisage diverses stratégies, d’abord arriver à viser entre les diverses personnes du compartiment de train… sortir un petit sac plastique pour y canaliser la révolte – ce serait pas plus glamour, mais je n’ai jamais vu personne vomiter avec distinction.

Cherchant des yeux une échappatoire, je regarde imprudemment par la fenêtre d’en face, et à ce moment précis la ligne d’horizon bascule, je voyais le lac et ses berges, je ne le vois plus – bref, tout ce qu’il faut pour me mettre l’estocade. Ooooooooooh… je me meurtris la main, je vais avoir un bleu. Miracle, rien de plus ne se passe.

Car sauvée par le gong. La voix impersonnelle annonce l’arrivée à destination. Je file doux le long du quai, ma pote est là, on progresse gentiment vers un verre de Coca salvateur sur une terrasse le long du lac.

En fait, c’est curieux, mais si j’avais été plus près d’un endroit discret, si j’avais été chez moi, je n’aurais pas autant lutté, et à égales quantité et qualité de symptômes, je me serais laissée aller.

 

Mais pour avoir tenu la cuvette à nombre de patients en délicatesse avec leur estomac, je sais ce que vaut l‘aune du spectacle… Voir souffrir quelqu’un qui s’est cogné, ou endure un malaise quelconque, nous met dans une position d’impuissance. Mais les manifestations du système digestif, par n’importe quel bout que ça se passe, on dirait que c’est le tabou ultime. Je trouverais logique qu’un tabou se forme autour d’un comportement délibéré, mais s’il y a quelque chose qu’on ne contrôle pas, c’est bien sa tuyauterie.  J’imagine que tout ça renvoie à un moment de la vie, vulnérable entre tous : bébé à nourrir, à faire roter, qui rejette le trop-plein, ne contrôle pas ses sphincters. En fait on atteint là le reproche de manque de sang-froid, du niveau de contrôle de soi que l'adulte est censé atteindre, quelque part.

 

Bref, une construction de l‘esprit aussi idiote que ce dont nous discutons par hasard avec ma pote : le code d’honneur asiatique, qui fait que si votre interlocuteur est plus âgé que vous et qu’il ne comprend pas ce que vous lui expliquez, c’est votre faute à vous…  Et le tiraillement impossible à résoudre entre deux mondes et deux logiques qui s’affrontent, quand un collaborateur fait tampon entre la culture de ses origines et celle dans laquelle il se trouve transplanté.

Les normes à la con, quoi. Aaaah, je me sens pas d'humeur à rembrayer là-dessus, ça me fait chier.

  

Oh, "chier"... encore le digestif. En francophonie, on jure beaucoup en-dessous de la ceinture, devant et derrière. Ce qui ne touche pas du tout nos cousins de la Belle Province - je trouve leurs "calice", "ciboire-hostie", et autres "tabernacle" assez mélodieux, mais jamais je n'ai réussi à en aligner trois de suite sans que les québécois présents ne me fassent les gros yeux, fussent-ils les derniers des rebelles... 

 

Bon. Finalement, ma journée s’est terminée devant un magret au pamplemousse et des patates rôties, après un apéro prolongé, campari-orange et prosecco.

 

On oublie vite, ma bonne dame, on oublie vite.

 

 

 

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