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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 12:13

L’ours-de-mon-cœur me relance sur la piste de l’enfant élevé sans que son sexe soit révélé à l’entourage, avec cette suggestion :

 

Plus tard lors de sa découverte sexuelle, n'étant pas définie comme [celle d’un] homme, femme ou autre, sa sexualité serait: hétéro, homo, bi ? Peut être qu'il aurait un univers totalement ouvert et serait pansexuel ou omnisexuel ?

 

Je pars donc en quête de la notion de pansexualité/omnisexualité…  

L'être humain est assez généralement reconnu au départ comme naturellement "pansexuel" (du grec Pan = tout), c'est-à-dire que son intérêt sexuel se manifeste à l’égard de tout, et de toutes les manières. Le goût de la découverte amène l’enfant à jouer avec le sein de la mère, à toucher son propre sexe, à se masturber et à examiner ses excréments, puis à jouer au docteur.

Ce n'est que plus tard que l’inclination sexuelle se définit davantage.

 

 

Parmi toutes les désignations de la pansexualité que j’ai croisées, j’ai de loin préféré celle d’énergie dionysiaque; s’exprimant hors conventions, s’adressant à l’entourage selon les préférences de l’individu, superposant, séparant, mélangeant ses divers modes d’expression au gré de ses humeurs et de son évolution, sans considération aucune à l’égard des normes concernant le sexe, l’âge, les diverses pratiques en vigueur dans le groupe sociétal auquel la personne appartient.

 

Maintenant, si l’éducation épicène de l’enfant dont on parle favoriserait l’expression de cette énergie dionysiaque, je n’en sais rien. Le résultat ne sera observable chez cette seule personne que dans des décennies, et évoluera tout au long de sa vie; et pourrait-on même alors démontrer un lien de cause à effet ?

Même si la sociologie n’est pas mon dicastère, je me prends à imaginer une sociologie du futur… car bien sûr, ma pensée ne peut s‘empêcher de dériver vers la possibilité d’observer un tel phénomène chez des pans entiers de société !

 

 

En attendant, je reste assez sûre d’une chose : l’expression de cette énergie dépend tout autant d’autres facteurs, que de cette donnée de départ qu'est une éducation épicène, qui ne durera qu'un temps. Car la différenciation se fera dès la prise de conscience d'une particularité physique, qui peut survenir bien avant la découverte de la sexualité. D'une manière ou d'une autre, l'entourage sera informé de son sexe par les indications qu'il donnera lui-même. A ce moment-là, il recevra probablement les messages ciblés sur le genre auquel il sera désormais dévolu, et dans l'cul la balayette, pour ce qui regarde l'éducation sociale épicène.


Autre facteur: la sensualité qui se développera ou non chez cet individu, et comment, vers qui, en fonction de ce que transmettent les parents, etc.

Il est ici question d’auto-détermination sexuelle, certes... mais aussi de comment l’on peut offrir à tout être humain la possibilité d’y accéder : principalement, je crois, en tentant de filtrer ses propres tabous, lorsqu’on élève un gosse. Pour autant, il n’échappera pas  à quelque chose qui le construit socialement, et lui permettra de s’intégrer à un groupe avant la prise d'autonomie : l’imitation des comportements autour de lui. L’individu se construit aussi en prenant position « pour ou contre », pour arriver ensuite à une sorte d’équilibre plus ou moins conscient entre les normes-guides de départ et ses propres aspirations. Si c'est un élément dont il a besoin pour se positionner, il choisira de déterminer son appartenance à un sexe ou un autre, à un genre ou à un autre.

 

L’enfant se tournera de toute façon vers ce qui lui plaira et s’il lui plaît de ne pas avoir de sexualité, ou de développer celle, qui reste le standard actuel, à laquelle nous essayons d’échapper toi et moi - et d’autres de notre connaissance… Elle lui restera propre, mélange de dosages entre diverses inclinations ou préférence nette pour un mode qui nous paraît à nous contraignant : ce sera son choix et il sera respectable, de ce simple fait.


[Petite anecdote : le fils d’une copine, éducatrice spécialisée, et d’un père très libertaire et anti-conventionnel, a pris ses marques dans la vie en réclamant  à 17 ans d’être cadré scolairement dans une institution religieuse, puis en intégrant l’armée pour y grader caporal…

Pour comprendre les règles sociales et trouver sa place, l’individu a besoin de se heurter à des limites. Rien ne l’empêche ensuite de bien séparer ce qui est acceptable ou non socialement, et ce qu’il peut choisir en tant qu’individu dans sa vie privée. Le tout est de ne pas confondre ceci avec cela.]

 

Si le champ des options reste ouvert, selon la société où vit l’individu, elles sont désignées comme bonnes ou réprimées : l’hétérosexualité monogame a une raison d'être désignée comme la juste norme dans une société dont la survie dépend de la natalité - par suite, le mariage assure la cohésion parentale permettant à l'enfant d'atteindre l'âge adulte, et de devenir géniteur et parent à son tour. Et concernant l’homosexualité, ce qui fut considéré comme une fonction éducative et de mentorat à une époque et dans une société données est aujourd’hui considéré comme pervers et se voit puni par la loi, très souvent.

Notons que dans quelques cas connus de l'Antiquité, les deux modes pouvaient co-exister... mais plutôt en se succédant dans la vie d'un individu, le mode homosexuel étant une étape.

 

 

La norme sert de base à la loi… et la loi, c’est un truc bizarre, dont le principe possède une aura immuable d'autorité, mais qui dans les faits est aussi polymorphe que les évolutions diverses des sociétés qu’elle reflète. Elle est mise en place par un groupe social particulier, selon les tolérances et les besoins de celui-ci, pour assurer sa cohésion : d’un pays à l’autre, selon la morale ambiante, la faute est considérée différemment ou n'en est simplement pas une, et les sanctions divergent (ou n'existent pas). En somme, c’est sur la base d’un tabou qu’on légifère, la plupart du temps pour punir qui ne suit pas la norme. La loi, elle, en attendant... renforce la norme.

 

Le maintien de la sexualité dans des voies étroites a donc une fonction politique et de maintien de l’ordre social. Notre époque – mais pas toutes les sociétés, par contre - parle de plus en plus de liberté sexuelle et de régulation des naissances; nos marges de manoeuvre sont plus étendues parce que nous maîtrisons mieux notre environnement et notre destin. Nos préoccupations sont donc volontiers axées vers la remise en question des dogmes divers, qui ne sont pas que religieux, loin s'en faut.

Par exemple, les messages que véhiculent les divers médias; même s'il y souffle un vent de liberté, ils risquent simplement d’imposer, à travers un nouveau paradigme, de nouvelles normes et de nouveaux tabous. Le cinéma, la télévision, la musique, la littérature, la photo, et même la BD ! véhiculent certes des révoltes et des appels à plus de liberté ; mais tout comme la publicité, dont il est de bon ton de fustiger le formatage des mentalités qu’elle induit, ils sont des supports potentiels pour d’autres règles sociales.

Je rajoute au passage que la publicité ne fait qu’utiliser les tendances en vogue, et nous tend un miroir révélateur… Le jour où on verra une femme en bleu de travail ausculter une machine à laver encaquée de calcaire; le jour où pour célébrer les bienfaits de l’allaitement – pour mieux célébrer ensuite le marché très juteux, cas de le dire, des laits maternisés !, le jour où on verra un gars tout nu donner à son nourrisson le biberon de lait maternel pompé au tire-lait par sa compagne, alors là, je considérerai que la société a changé quelque chose de fondamental grâce à un mouvement épicène généralisé. D'ici là, on ne nous montrera que ce que nous avons à montrer nous-mêmes.

 

En attendant, si c’est toujours une madame qui répand et laisse agir un produit ménager qui-fait-bang-à-la-fin, ou rabat rageusement la lunette pour canarder le pot de détartrant, ou encore bizoute l’angelot emblématique d’une certaine lessive… ce n’est jamais un mec qu’on voit s’échiner à frotter les chiottes; tout au plus, on en verra un vanter l'efficacité du machin qui-fait-bang-à-la-fin, mais alors en blouse blanche devant des cuves où trempent des vêtements ou des pièces de monnaie... tu sais, c'est pas demain qu'on verra un homme en chemisier et gants de caoutchoucs, brandissant un balai à merde tel un Shiva vengeur des cagoinces en souffrance... Les clichés ont la vie dure!

Faut pas trop demander à la fois quand même, les choses bougent un peu : c’est bel et bien un homme qu'on voit partir à la renverse avec une grimace après avoir respiré les odeurs des canalisations… mais, oups, là je me surprends à penser - de façon pas épicène du tout,

oh la vilaine - que ça doit être un plombier, métier lucratif assurant largement la vie d'une famille moyenne, pendant que sa louise torche la marmaille et touille ses casseroles... et métier également couillu : il en faut, pour risquer de se prendre sur la tronche la vidange pourrie de l’évier!

Oh, va savoir, peut-être que l'histoire est en marche: récemment, pour vanter je ne sais plus quoi, c'est un couple hétéro que l'on voyait dévisser ensemble le tuyau sous le lavabo et endurer le jet nauséabond. En fait, si c'est cette image-là qui s'est imprimée sur ma rétine au détriment du produit qui fait l'objet de la pub' en question, il passe de facto au second plan, le produit... et la publicité elle-même passe à côté de son objectif: comment faire acheter quelque chose à quelqu'un... qui ne s'en souvient pas?

 

La publicité de demain pourrait relever un défi intéressant: arriver à faire vendre... tout en proposant un message évolutif sur la question des clichés genrés. A quand les pubs montrant une gamine faire des glissades ventrales dans les flaques boueuses, alors que le p'tit gars lui, petit tablier noué sur les reins, remuerait son mélange pour faire un gâteau géant au chocolat? Histoire de mélanger un peu les ambitions respectives de chacun? Hein?


Ah, j'aimerais bien rencontrer des investisseurs prêts à parier que c'est possible!  Comme publiciste, on peut se faire des grandes lèvres en or avec ça... Appelez-moi, alors, j'ai plein d'idées créatives et parodiques, et avant de les réaliser, qu'est-ce qu'on se marrerait ensemble rien que d'y penser, oh que voui.

 


 

Tiens, en attendant, voici l’extrait d’un article, « Conjectures sur la publicité au XXIème siècle : Table ronde », co-écrit par François Sullerot et al., écrit il y a presque 50 ans… Visionnaire, le gars.

 

 

« Messages et media futurs

 

On peut évoluer soit vers la personnalisation des messages et même des produits; soit vers la massification des individus-récepteurs et la standardisation des messages; soit vers la stratification des sociétés et la diversification des produits et des messages.

 

La publicité pourra être « négative ». Exemple : les campagnes anti-alcooliques ou contre les accidents de la route (alors que les accidents font travailler les réparateurs, les assureurs, etc.).

La publicité sera pansexuelle, la sexualité étant l'une des pulsions les plus puissantes, les plus constantes et les plus universelles chez l'homme. Parallèlement à la vulgarisation de la psychanalyse, le message dira : «Vous qui êtes un fétichiste de la chevelure ou de la chaussure "( cf. Restif de la Bretonne).

 

Le consommateur sera plus apte à se défendre contre l'agression publicitaire. Quand un symbole sexuel est perçu comme tel, il cesse d'être acceptable et efficient. Exemple de la saucisse américaine, dont la publicité (une femme extasiée) fut efficace, jusqu'à ce que le public

devine la signification sexuelle de l'image. Les publicitaires devront inventer des moyens nouveaux de manipuler le subconscient, de « posséder » le consommateur à moins que le consommateur ne possède la Publicité : « Publicitaire, fais-moi plaisir!... »

 

Il faudra adapter les symboles à la mentalité des publics. Exemple de la cigarette phallique dans   « Lui » et dans « Salut les Copains ». Le facteur sexuel surdétermine les facteurs économiques, culturels et autres : c'est un futur antérieur.

 

La Publicité exploitera toutes les possibilités de l'organisme humain. La pénétration publicitaire se fera par d'autres récepteurs que la vue et l'ouïe. On transmettra des odeurs. On pourra matérialiser Brigitte Bardot chez soi, par utilisation de l'espace-temps. On utilisera la transmission de pensée à distance. La Terre sera entourée de miroirs renvoyant des ondes visuelles, sonores, tactiles, gustatives, olfactives, télépathiques.  Il y aura toutes sortes de machines à capter ‘information, des <casques » à travailler, à dormir, à guérir, à apprendre, à voyager, à penser à autre chose...

 

On utilisera le consommateur comme media, comme réémetteur de message. La publicité fabriquera des consommateurs-pilotes et stimulera leur prosélytisme en prêchant le Bonheur de l'Humanité.


… »

 

 

Bien vu, je dis, en vérité. La publicité en elle-même, nous montrant notre propre reflet, nous donne l'opportunité de le modifier!  Crénom!  C'est pas moi qui l'ai dit! J'avais quatre ans à l'époque, et je me pissais aux culottes en pleine Exposition Universelle à Lausanne...

 


 

En conclusion, je me sens assez en faveur d’une logique de la tolérance touzazimuth, qui foutrait la paix à toutes les sexualités, y compris au bon vieux modèle hétéro et mono de base; qui ignorerait royalement tout message public genré et qui diffuserait le message implicite que toutes les personnes sont OK, comme toutes les sexualités, mélangées entre elles comme chacun le voudrait.

 

Qu’en somme on cesse de se mêler de ce qui se passe dans le slip d'à-côté, car cela ne nous regarde pas, hein, et pourquoi pas. Ranafout, oué.  Ce que l'on fait de son orchidée odorante ou de sa banane-à-kiwis ne regarde que soi, pourvu qu'on ne l’impose à personne…. Histoire de quitter nos peurs de l'inconnu sulfureux, qui nous poussent quand même pas mal à catégoriser Truc et Muche, respectivement, en pédé de la jaquette ou putasse de trans' brésilienne, voire bi-dans-le-placard, ou même hétéromonogame sans imagination.

 

Ca, ça serait foutrement pansexuel.



En attendant, si quelqu’un a envie d’explorer le nouveau paradigme de la sexualité… pour trouver des sujets d’inspiration, c’est ici :

http://didaquest.org/wiki/Sexualit%C3%A9_humaine_%28Paradigme%29
 

 

Là-dessus, je sors; et en m'attrapant l'entrejambes, pour remettre mon sac-à-pouvoirs bien en place.

 

Non-mé-sans-blague.

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commentaires

L
This is the first time I am coming across the term pansexuality. I was shocked to read about the way of growing children without gender revealed. I was very curious to know the purpose behind growing children without revealing gender.
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P
<br /> Toute Pan-toite !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> :-)<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Clémentine, j'adooooore !<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> <br /> Oh, ze deviens toute rouze...<br /> <br /> <br /> <br />

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