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29 janvier 2012 7 29 /01 /janvier /2012 13:16

 

 

     Déjà la fin du mois… les choses se précipitent : mon mandat à la bibliothèque abbatiale s’est terminé plus vite que prévu, même pas eu le temps de savourer mon dernier jour, déjà rentrée. Plus de trajets glauques pour aller déprimer dans un endroit sans lumière, à user mon temps à des choses largement déléguables. Leçon reçue : pas de pitié pour les postes-bristol de luxe, plus de temps à perdre à des conneries, je n’ai plus que treize ans avant la retraite.

 

En même temps, j'ai prodigué mes premiers cours de recherche internet : jubilatoire ! Voilà le genre d’activité qui me remplit. A suivre.

 

Pas vu passer ce début d’année : voilà que du côté de mon autre employeur, j’ai eu mon baptême de la vente de fleurs qui a lieu chaque année le dernier week-end de janvier, au profit des mômes défavorisés du coin.

Cette journée fait partie du cahier des charges. Lors de l’entretien de candidature, j’en ai été informée, tout comme j’ai été mise au parfum d’autres obligations : devoir me former à certaines techniques de manutention des personnes - en clair, comment mettre debout et coucher un patient sans s’exploser le dos… Au cours de ma première année de travail dans cette association humanitaire, j’y ai vu se rajouter en septembre une demi-journée de représentation à la plus grosse foire régionale.

 

Lors de ces diverses obligations, on est priés de se montrer enthousiastes de bien des manières: vendeurs enthousiastes des cours que notre employeur propose, proposant enthousiaste de faire plus que son dû, etc. Ce qui me fait irrésistiblement penser au « Soyez spontanés » de Gregory Bateson, le non-sens par excellence… l’injonction paradoxale, cf l’article de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Double_contrainte

 

     Faudrait savoir : ou c’est obligatoire, ou c’est bénévole. Je ne participe pas parce que je le veux, mais parce que je le dois. Donc, qu’il s’agisse d’offrir une seconde journée exposée à la pluie et au froid à harponner des passants bien entraînés à éviter les divers sollicitateurs (surentraînés, devrais-je dire, depuis que les mendiants roms nasillent à chaque coin de rue leur litanie « Mâ-dâm’, silvouplé, pourmanger, mâ-dâm’, silvouplé »), ou de faire plus que mon dû sur un stand à gesticuler lors d’animations débiles, engoncée dans un t-shirt aux armes de mon employeur, pour rentrer chez moi ensuite avec les jambes qui me rentrent dans le corps... c’est non.

Le pompon : se faire happer par le directeur-adjoint au détour d’un couloir et se voir demander des comptes concernant cette autre journée que l’on a la possibilité d’offrir… mais qu’on ne donne pas. Et il faut avoir une sacrée bonne raison à donner sur-le-champ, car l’argument de se garder un bout de son week-end n’est pas recevable, texto ! C'est une possibilité, ou une obligation? Faudrait savoir...

Indécent, culpabilisant : c’est comme si je pourchassais les gens en rue pour exiger de savoir pourquoi ils ne raquent même pas une thune pour un petit bouquet ! Déjà que lors de cette vente de fleurs notre directrice arrive une heure en retard et part deux heures plus tôt en pensant avoir fait son dû, tout en demandant la validation des autres gens du stand pour leur fausser compagnie (et que veux-tu répondre à ton supérieur hiérarchique dans ces conditions ?)… Cherchez l’erreur.

 

Extension du domaine de la lutte : les fameux cours de manutention de patients, je dois les suivre pour pouvoir enseigner les bases de la technique aux personnes qui viennent se former comme soignants – ça fait logiquement partie de leur programme. Mais pour devenir formateur breveté de cette technique, ça prend 7 jours pleins et 35 heures de préparation, et ça se fait sur 6 mois, tout ça payé par l’employeur. Notez bien que j'accomplis cette formation sous la férule de deux de mes collègues formateurs, en compagnie de gens de l’extérieur, qui doivent eux satisfaire à des obligations et accomplir des travaux que je n’ai pas à faire, ou à faire à moitié : le cours que je donne est déjà bâti par le collège des formateurs dont je fais partie, donc... je fais de la figuration, somme toute.

De plus, comme l'exclusivité de l'enseignement du concept a été acheté outre-Atlantique, et que ce sont mes collègues qui en sont les premiers maîtres-formateurs, je me vois évaluée de manière faussée (si  je n’y satisfaisais pas, ils se retrouveraient sur la sellette !) . J’ai ainsi une espèce de statut hybride, très déplaisant : sur quoi va-t-on évaluer que je suis certifiable, puisque les documents que je dois remplir vont rester à moitié vides, car inadaptés à ma situation... et qu'au final, sur plus de la moitié des devoirs à rendre et des actions à mener, l’on est obligé de m’appliquer d’autres critères qu’à mes camarades de cours ?

 


     Déjà que ça, ça huppe du huc, comme dirait Dechavanne… je suis en plus censée ensuite promouvoir le cours de base et faire de la pub’ auprès des gens que je forme, pour qu’ils fassent le cours complet de 20 heures, qui coûte bonbon… C’est du tupperware caché, ça, du jeu de l’avion à la sauce "santé". Eh ben non, je résiste.

 

Autre chose: il n’y a que ces deux maîtres-formateurs, mes collègues, sur le territoire national… et un en formation.

Ce qui contrecarre méchamment les plans de mon employeur: pour rentabiliser cette technique qui lui a sûrement coûté fort cher, il voudrait la voir s’implanter gentiment comme un must, mais en faisant de la prise d’otage, un peu comme dans l’expérience de Milgram (http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Milgram ).  Car lors des cours de base pour soignants auxiliaires que nous donnons, nous formons très basiquement à cette technique des personnes venues, pour la plupart, non pas de leur propre volonté, mais par obligation professionnelle ou via le chômedu. L’impact est différent, mais la manœuvre est similaire : nous devons démontrer la technique tout en les formant imparfaitement à cause du peu de temps dont nous disposons pour le faire, parmi beaucoup d'autres thèmes abordés. La cerise sur le gâteau: elles sont censées l'appliquer lors de leurs stages pratiques, et perdront des points à leur examen si la technique n'est pas maîtrisée, alors que très peu de leurs référents y sont formés,  et sont donc inaptes à les corriger!

Nous-mêmes formateurs devons en sus nous livrer à un exercice de promotion très clairement notifié dans le déroulement des cours : distribution de flyers et sensibilisation au mieux–être que leur apporterait l’apprentissage complet d’une méthode, certes protectrice des lombaires c’est indéniable… mais relativement compliquée sur bien des points, qui les met souvent en mode-échec… et coûte la peau des fesses. Question honnêteté, c’est du concept commercial qui ne dit pas son nom et demande aux formateurs de se faire vendeurs. Comment faire croire que le produit est indispensable, comment créer la demande, ça, si c’est pas commercial, je veux bien avaler ma souris. J’aimerais connaître le montant de l’achat de l’exclusivité de cette technique… et qui peut expliquer ce pushing outrancier.


Soyons clairs, je m’en fous que ce soit commercial ou autre chose, mais qu’on annonce la couleur franchement ! Petit progrès à noter : nous sortons d’un audit avec une entreprise de coaching, qui a mis clairement en avant le fait que pour retrouver un certain équilibre financier, la boîte allait devoir composer avec un concept commercial imparable, et qui n’a rien à voir avec la mièvrerie humanitaire dont il a pu faire preuve jusqu’ici, le mettant en position de péricliter : la notion de public-cible et d’offre/demande.

 

     Et là, on n’a pas fini de rigoler, car puisqu'il n'y a pas département-publicité, cela repose sans que cela soit dit sur les employés-formateurs eux-mêmes... et concilier l’humanitaire et le commercial, même si c’est juste pour renouer avec les chiffres noirs, ça soulève des résistances pas tristes ; que j'observe avec perplexité d’ailleurs, car depuis un lustre au moins, ceux que ça fait frémir de voir nommer la chose par son nom se prêtent au jeu sans s’en rendre compte - mais au fait, essayez, pour voir... après avoir dit "commercial", dites "aaaaahhh" devant un miroir... : vous avez la bouche sssssale?

A part ça, réaliser clairement qu’on s’est fait manipuler pendant des années, ça fait mal au cul. Surtout si on ne peut le dénoncer ensuite : ça équivaudrait à faire tout pour se faire foutre à la porte…

 

Je disais quoi, déjà, au début de cet article? Ah oui: plus que treize ans avant la retraite.

 

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