J'aime pas ce que tu écris, ni comment tu l'écris

Au-delà de larguer les amitiés qui n’en sont plus…

Il y a les mises au point limite trash, par exemple comme ce qui m’est arrivé hier : dire à quelqu’un qu’on n’aime pas ses interventions, ce qu’il dit, la manière dont il le dit.

Et demander que désormais on s’ignore complètement, faute de ne pas pouvoir s’éviter complètement, même en virtuel. Chose qui semblait aller de soi à la longue… mais une réplique moqueuse au milieu d’un silence radio usuel depuis bien des mois, ça ne le fait décidément pas.

Ne pas s’apprécier, c’est une chose. Mais guetter l’occasion de remballer publiquement, c’est différent. Chercher le conflit, quoi. Ma foi, j’ai servi brut de décoffrage à quelqu’un que sa réponse était déplacée, et en privé - dûment relancée par l’individu en question - que je trouvais ses interventions virtuelles en général, tout autant décalées, et pas dans le bon sens du terme. Il l’a cherché, il l’a eu. Sans injures, juste dit le plus simplement du monde.

Un post humoristique, qui dévie en corner une ambiance qui tourne vinaigre, oui. Un truc qui sous-entend qu’un post est nul, que l’interlocuteur est une tache… non.

De même, les posts qui insinuent que l’on a écrit quelque chose que l’on n’a pas écrit ; les posts qui de manière flagrante sont interprétatifs, et portent en filigrane les projections personnelles. Vérifions, vérifions. Par message privé, par exemple, tiens.

Le virtuel est le lieu par excellence où l’on peut se lâcher. Ca a du bon, la franchise, ça replace les liens. Le hic, c’est que sans l’expression du visage, sans le ton qui appuie, c’est sec. La personne qui a eu l’idée des émoticônes a été bien inspirée ! Encore faut-il les utiliser, et même là c’est pas gagné.

Le virtuel a ceci de bon que des valeurs et des idées surprenantes, voire choquantes pour la majorité, peuvent être posées plus librement qu’en face-à-face. Au risque de susciter échanges acides, et pire encore. C’est assez agréable, au demeurant, de pouvoir présenter ainsi certaines factures à des inconnus complets, factures contractées avec la famille, les employeurs, ou même d’autres pékins lambda croisés au hasard du net.

On est un peu plus confortable sur son blog personnel – on ne peut éviter des commentaires déplaisants, certes, mais le chic du blog c’est de pouvoir les rayer de la carte, ah, le côté jouissif d’appuyer sur la touche « delete »… Charbonnier est maître chez lui.

Il y a une autre dimension intéressante dans le fait de dire à quelqu’un que l’on n’aime pas ses écrits, fond et forme confondus : si le dialogue reste ouvert, de pouvoir dire « ce n’est pas toi que je n’aime pas, c’est ce que tu dis, écris, et comment tu le fais ».

J’ai eu le privilège, en un an de fréquentation d’un forum qui m’est cher, de pouvoir passer avec un type intelligent par-dessus au moins trois épisodes d’aigreurs virtuelles, voire d’engueulades sèches.

On a causé, on a mis les choses à plat, fait le décompte des petits mots et des tournures de phrases qui blessent ; on a cerné qu’on se ressemblait assez pour aller taper l’un l’autre droit dans les plaies mal cicatrisées de l’autre, et mis en place des précautions de reprise de contact. C’est un pote désormais, en ceci que nous n’avons pas lâché le morceau, ni l’un ni l’autre.

A tout prendre, j’aime mieux pouvoir continuer à causer avec quelqu’un avec qui c’est pas facile, que de cacher la merde au chat sous des bisouilles que je ne suis pas sûre de pouvoir donner in vivo…

C’est un désir de me prouver que je n’ai pas besoin d’être d’accord et en bons termes avec tout le monde, que je peux supporter d’être d’un autre avis et de le comparer avec la perception d’un interlocuteur. Bref, que j’ai assez d’estime de moi pour pouvoir me passer d’être copine avec tout-un-chacun.

Ca respire nettement mieux, c'est franc du collier.