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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 11:45

 

Décidément, un rien m’amuse. Ou me gonfle, c'est selon.

Je vous fais grâce du cheminement de pensée complet qui m’amène à pondre cet article… je vous brosse juste un petit tableau du contexte.

J’ai 3 neveux entre 20 et 30 ans, qui tous ont choisi une voie professionnelle basée essentiellement sur l’outil informatique : un développeur/designer, un photographe et un graphiste.

Si un jour le net disparaît, ils se trouveront sans travail… Et si la technologie continue à progresser en flèche, chaque jour deviendra une ultra-compétition pour se tenir à jour...

 

Je bosse avec mon associée à mettre en ligne le site où nous proposons des formations continues pour formateurs et enseignants; j’ai 53 ans et de bonnes bases informatiques (relativement, hein…) qui me facilitent les choses. Car l’aîné me file de gracieux coups de pouce pour déboguer rapido les erreurs de programmation. Je veux dire... il m'explique et je me débrouille ensuite. On a sa fierté, merdenfin.

Ce qui fait que nous pouvons charogner de concert sur le temps et l’énergie de ouf que peut prendre la recherche de LA virgule qui fiche par terre une page entière d’encodage. Migraine assurée, et on se comprend malgré notre quart de siècle de différence.

J’ai dû apprendre la logique informatique en suant sang et eau, alors que rien ne m’y obligeait vraiment, sauf la poursuite d’un bachelor en information documentaire. Ayant fortement mésestimé combien ce cursus s’appuyait sur le maniement de l’ordinateur, bien au-delà de ce que je pensais nécessaire, j’en ai chié pour rattraper mon retard.

Mettons que j’en ai même attrapé la courante, de ce point de vue. Ma foi, à débarquer en terre inconnue, c’était logique de choper la tourista.

Brèfle.

 

Je suis allée voir sur Wikipedia ce que l’article « fracture numérique » recelait aujourd’hui, vu que ça change tout le temps, puisque tout le monde peut s’en mêler. J’ai beau être une quinqua papable pour être ultra-méfiante face à la nouvelle donne, je sais que pour signer un traité de paix il faut s’approcher de l’ennemi et comprendre son système de pensée. Des fois, ça devient même un allié, ouaille note. 

Et là, je tombe sur les notions de « natif numérique » et d’ « immigrant numérique ». Ah ouaip je me dis, ça le fait, rien que ça; mais aussi le développement de l'article ensuite.

Mes neveux, natifs numériques, sont nés avec la souris dans la main, je me rappelle d’eux devant la tourelle Apple, jouant avec les distractions offertes à l’époque : la transcription de jeux réels, image par image et en noir-blanc  . Je vous parle d’un temps où un ordinateur de ménage coûtait 17 000 CHF, alors que de nos jours, avec quelques centaines de francs on peut s’équiper d’un matos aux performances multipliées à puissance 1000. Et encore, je dois être loin de la vérité... après tout, je ne suis qu'une immigrante. 

 

Tiens, au passage, je me souviens bien aussi de ce que me disait le prof d’informatique pendant mon cursus vers le bachelor : que les engins devenaient désuets au bout d’une année, et même de six mois, pensait-on. C’était en 2004.

Dix ans plus tard, les médias sont quotidiennement inondés de l’annonce de la sortie d’une nouvelle application quand c'est pas deux ou plus. On n'a pas fini de rire, à présent tu peux « vivre » la BD que tu lis, et sur un machin de la taille d’un paquet de clopes, te faire évaluer la beauté en ligne. Plus utilement, te faire opérer à distance par un robot qui reproduit les gestes du chirurgien qui est de l’autre côté de la planète. Ou créer une prothèse de hanche parfaitement adaptée à une anatomie donnée, avec la conception assistée par ordi (la CAO) - à cette heure on dispose de pas moins de trois méthodes différentes pour ça. Tu verses à l'équerre, comme on disait quand j'avais 20 ans. Je vais attendre un peu pour me faire opérer, moi, je crois; et disposer d'un machin dernier cri pour remplacer mon cartilage bouffé aux mites à la hanche droite. Désuet dès le lendemain de mon passage sur le billard, en plus. 

Et j’imagine bien que le nouveau cœur artificiel qui pèse juste un kilo sera remplacé rapidement par une pompe qui aura l’air d’un vrai palpitant; quand l'impression en 3D se fera avec du matériau "intelligent"...

 

Je reviens à l’article sur la fracture numérique. Ça m’a laissée songeuse, je dois dire. Visez plutôt http://fr.wikipedia.org/wiki/Fracture_num%C3%A9rique_(g%C3%A9n%C3%A9rationnelle 

 

Alors que les vioques comme moi seraient interloqués par la gratuité du réseau, donc méfiants, les djeunes trouveeraient ça normal…

Mouais. Gratuit, faut voir. Je dois consacrer annuellement environ la moitié d’un salaire mensuel juste pour disposer d’un équipement de base… et je m’effare de voir des connaissances se ruer sur la moindre nouveauté, ce qui coûte au final des saladiers en platine. Mes neveux, pour bosser, ne pourront faire l’impasse sur la surenchère. Mécolles, je résiste en montrant les dents au smartphone, j’y trouve rien de smart, juste la perspective d’être constamment disponible, sollicitée, en un mot, emmerdable partout et tout le temps. Ben ça doit être générationnel en effet: mon neveu débogueur s'excuse platement quand il ne m'a pas répondu dans les 5'...  Woh l'aut', respire.

Pour le truc de gérer ses rapports sociaux, de protéger sa vie privée, si ça marchait si bien pour les djeunes que le dit le bouquin auquel il est fait référence dans l’article et la rubrique correspondante, je ne pense pas qu’on aurait le moindre cas de harcèlement ou de discrédit total d'adolescents comme il en sort régulièrement dans la presse, suicides à l’appui…

La propriété intellectuelle doit aussi être réexplorée, claro. Les montages vidéos divers regorgent de possibilités de procès pour violation des droits d’auteur, avis aux avocats qui cherchent un nouveau créneau à exploiter…

Par contre, je suis d’accord que le net stimule la créativité, le réseautage, le partage, j’en suis le premier exemple ici ! Et que le pouvoir se partage à la mesure de la circulation de l’information, des buzzes, des taclages des personnalités politiques qui se font épingler plus vite et plus fort quand ils profèrent ou commettent de grosses conneries.

Bref, quelque part il n’y a plus qu’à attendre que la génération des immigrants numériques dont je suis disparaisse… hé les djeunes, je me demande à quel clivage vous aurez affaire quand vous aurez doublé ou triplé le nombre de bougies sur le gâteau d’anniversaire.

On risque de rigoler.

Chaque génération a ses vieux et ses jeunes cons… j'avais peur de vieillir dans la tête pour le coup, mais là, je commence à aimer prendre de l'âge. 

 

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