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19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 11:58

 

Grande douceur sur le balcon, ce matin. En linge-éponge comme tout l’été, à éplucher les nouvelles du monde, à jouer à des jeux en ligne. Vitamines, café et clopes. Ciel bleu de chez bleu.

La température est incroyable, ça me rappelle un autre mois d’octobre, alors que j’étais en visite à New-York pour voir ma filleule. J’ai transpiré à mort en arpentant Manhattan en habits de demi-saison, surprise comme tout le monde par cet été indien en prolongation directe de l’été lui-même.

 

Je venais de terminer mon cours de sage-femme, et je m’apprêtais à réintégrer le pool de la grande usine à médecins locale. Et du jour au lendemain, je me suis retrouvée dans les frimas de novembre, comme tout le monde, dans la Grande Pomme comme à Lausanne…

 

Cohabitant dans un repaire d’étudiants en archéologie, en pleine ville. Et avec un biologiste du genre psycho-rigide, qui me prenait la tête lorsque je laissais baissés les stores du salon. Qui venait me faire la leçon lorsque je déballais mes quartiers de courge, au sujet du carton et du plastique qui partait à la poubelle. Un drôle de coco. J’ai bien ri intérieurement lorsqu’il est venu m’annoncer, dépité, que bien qu’ayant strictement suivi la procédure pour se faire réformer, sa dernière visite chez le psychiatre évaluateur s’était soldée par le résultat contraire à celui escompté : il avait semble-t-il un rude problème à régler avec l’autorité, et le service militaire ne pourrait que l’aider à y faire face… Le gars se plaignait entre autres de s’être fait tabasser dans les douches, après une énième remarque du même tonneau qu’il me servait, à ses camarades lassés de tant de suffisance et de ce rôle de donneur de leçons qu’il s’auto-attribuait régulièrement. Il ne comprenait pas pourquoi les gens étaient si bêtes et méchants à son égard. Le pauvre...

 

Comme quoi la vie se charge de nous resservir les mêmes pénibilités tant que l’on n’a pas compris qu’on en est la cause principale.

 

Je me sens encore en suspens dans ce virage supplémentaire que j’accomplis, professionnellement. Je fais mes visites… je me familiarise avec la paperasse informatique… voilà ce qu’est devenue cette fonction de référente : servir les assurances avec des devis prévisionnels de prise en charge des bénéficiaires de soins. Et se colleter bon gré mal gré avec une logique ratiocinante issue du cerveau des programmeurs au service d’une entreprise d’utilité publique qui doit fouillasser dans des documents innombrables pour séparer ce que raquent les différents payeurs : la confédération, les cantons et communes, le client lui-même. Et alors qu’on nous bassine avec la facturation, ce mot-même semble le grand tabou, puisque nous sommes au service du bénéficiaire.

 

Une survivance étrange de l’éternel débat entre l’administrateur et l’humaniste, servi même pendant les pauses du cours que j‘ai suivi l’autre jour pour comprendre le catalogue des prestations: je remarque que le « politiquement bon » soignant s’insurge encore contre le monde du fric, la comptabilité et ses divers avatars, alors qu’il est juste question de rester dans les chiffres noirs qui permettent la pérennité de son propre emploi…

 

Mon jour de congé a été consacré à une visite chez ma masseuse, et chez l’esthéticienne : je prends soin de moi, et nulle futilité apparente n’est superflue quand il s’agit de se maintenir la tête loin des misères sociales et physiques des gens que je vais voir chez eux.

 

Besoin de croiser des gens qui vont bien, qui maîtrisent à peu près les couilles quotidiennes ; je me tiens à distance raisonnable de mon vieux pote, en pleine déroute sentimentale et professionnelle et pour les mêmes raisons de base. Il pose régulièrement des messages inaudibles sur mon répondeur, ou des SMS atterrés sur mon portable, quand ce n‘est pas un mail de vidange rageuse. J'écoute, et quand je ne me sens pas disponible, je ne réponds pas, ou en différé, ça lui convient on dirait.

Le petit vélo dans la tête va trop bien, et il a tout loisir de s’emballer puisque son propriétaire est en congé-accident, après une erreur de parcours en compétition BMX… donc en toute logique, je l’ai aiguillé sur ma masseuse thérapeutique, et il en est sorti avec une voix plus claire, plus assurée, un discours positif : il apprécie de ne pas devoir parler pendant ces moments où elle lui dénoue les toiles collantes des écueils de sa relation amoureuse et de son rôle d’enseignant qui partent en quenouille.

 

Car fréquenter à la fois un psy et un shaman pour causer de sa situation, ça demande un autre angle d’attaque pour compenser : le corps cristallise ce qu’il ne peut encaisser, et c’est une productrice chevronnée de concrétions corporelles qui parle.

 

Entre mon calcul vésiculaire de la taille d’un pruneau, extrait il y a 3 ans, et ma hanche « électrique » soignée à coups de protocoles stricts d’homéopathie dans la foulée, en plus de mon épisode de rhumatisme hydroxyapatite de la même articulation, juste après la fin de mon bachelor de documentaliste, je deviens une référence… Le calcul trône désormais sur mon étagère, dans une petite boîte en plexi ; trophée qui a eu la bonne inspiration de ne pas se partager en mille graviers dispersés dans mon système digestif – j’ai eu une chance appréciable. Ma hanche me fout une paix royale depuis la fin de mon traitement. A peine, ici et là, mon pouce droit se rappelle-t-il à mon bon souvenir : celui qui fut retourné sur lui-même lors d’un entraînement de volleyball quand j’avais 17 ans, et garde une bosse disgracieuse à sa base. Il râle aux changements de temps… grand bien lui fasse, et ça me donne du grain à moudre.

 

Car je me pose toujours la même question, quand une partie de mon enveloppe corporelle rouscaille dans le même registre : que dois-je travailler, dans ma vie, du point de vue de la souplesse ? Le lâcher-prise est à la mode, mais c’est un thème qui me renvoie bien trop souvent au « faites comme je dis, pas comme je fais », tant ceux qui le recommandent sont souvent ceux qui en auraient le plus besoin.

Et le travail intellectuel a ses limites : le corps a besoin de respirer un bon coup, et de désigner clairement comme fauteur de troubles un foutu besoin de justice qui me mène encore par le bout du nez ici et là. Réorienter mes forces vers la recherche de la justesse, et cesser de stigmatiser l’équilibre à rechercher en le nommant « lâcheté » : je me suis trop souvent mise en situation difficile par goût de dénoncer un manque d’équité de traitement, à mon égard ou à l’égard d’autrui. Que ce soit pour mon propre intérêt, passe encore... mais pour protéger la veuve et l'orphelin, là je commence à faire la moue.

 

La fuite aussi mérite qu’on fasse son éloge : appelons-la plutôt « évasion ». Que je me défende, oui, que je me préserve, oui encore. Mais que je joue les Winkelried pour la gloriole, voilà qui me parle encore de psycho-rigidité : je veux bien, cher Georges, mourir pour des idées, mais de mort lente, et en faisant éclore quelque chose de plus positif que le simple sacrifice de soi. Ne dit-on pas: "Courage, fuyons" ? C'est que socialement, se barrer est téméraire, sur la question de la correction politique...

 

Mon chat se pose moins de questions… il bouffe ses croquettes et s’hydrate bien.

 

Au fait, que contient mon frigo ? J’ai un peu faim, et il est midi.

 

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