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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 14:36

Je vis un moment de grâce, en quelque sorte… Depuis l’été passé, je travaille avec une coach pour dépatouiller mes histoires de boulot, et comprendre ce que je veux vraiment.

 

A l’origine de mes consultations, le sentiment que j’avais accompli mon bachelor en information documentaire pour la beauté du geste, étant donné que je me suis toujours dérobée ensuite, consciemment ou pas, devant des postes de bibliothécaire ou d’archiviste. Je me vois plutôt en documentaliste, ça c’est sûr ; mais comme je suis à moins de quinze ans de la retraite, aucune envie de bouffer de la vache enragée avant de pouvoir espérer obtenir un poste intéressant dans la culture ou les media. Mon paysage professionnel, j’ai à le bâtir en entier, avec divers éléments apparemment sans rapport les uns avec les autres. Ce que j’ai déjà concrétisé, c’est mon envie de devenir écrivain public.

Il y a deux ans, flairant quelque chose de crucial pour moi sans comprendre vraiment les enjeux de ma décision, j’ai entamé une formation de base de formatrice d’adultes. Sur le point de la terminer, mon intuition a alors rencontré un poste de formatrice à mi-temps, mais dans mon premier domaine de compétences : les soins. Ma foi, le temps de collecter de l’expérience pour aller proposer mes services ailleurs ensuite, pourquoi pas… Comme il me fallait de quoi faire bouillir ma marmite, j’ai pris un poste de bibliothécaire pour compléter ma fiche de paie : une journée par semaine, j’allais à l’autre bout du canton travailler à la mutation d’un service, passant de sa petite cuisine interne à l’intégration à un plus vaste réseau.

 

Le tableau offrait donc, d’un côté, un job plein d’avantages, de qualités, de choses intéressantes et variées à accomplir, humainement parlant. Pas parce qu’il se déroule dans le cadre des soins, mais parce que l’équipe de formateurs que j’ai intégrée se livre à un véritable processus de développement personnel, comme tout enseignant posté en face de classes qu’il faut guider vers une certification, en sachant gratifier mais aussi sanctionner : des échecs, il y en a, et des définitifs, qui engagent un pronostic de vie sociale, voire de survie sociale.

Par contre, à part le fait que le centre de formation était en crise totale et que je ne l’avais connu qu’en querelle intestine avec la direction, ce qui me dérangeait, c’est que ce job extra était encore étiqueté « soins » : pour ma fierté, mauvais point.

 

L’autre job par contre me donnait de l’orgueil, non pas par ce que j’y faisais, mais par le fait que je pouvais en parler comme de celui de bibliothécaire dans un lieu à haute valeur patrimoniale– à l’usage, je constate que ce poste s’apparente de plus en plus à de la figuration : l'institution bénéficie de ma "noble" carte de visite HES tout en me cantonnant à du boulot... de merde.

 

Contenus croisés, labels trompeurs des deux côtés…

 

Et voilà que les choses s’assemblent ces jours-ci en un puzzle cohérent : je peux augmenter mon pourcentage comme formatrice, proposer mes autres compétences de documentaliste au même employeur, envisager de profiter des locaux pour y former des gens intéressés à améliorer leur maniement du web…

Cela ne fait que quelques semaines que je me suis pacifiée en-dedans, que j’ai décidé de poser ma valise à mon job principal (celui-là justement) pour l’ouvrir et ranger mes affaires ; pour ça, il me fallait mes deux mains, dont l’une était restée crispée sur la manette d’éjection pendant une année entière.

Indépendamment de ça, la crise dans cette institution avait pris de telles proportions que l’intervention d’une entreprise d’audit s’est avérée nécessaire ; les premiers résultats sont tombés en quelques semaines et concernent d’une part l’engagement d’un(e) chef(fe) au profil plus adéquat que les trois derniers qui nous ont claqué dans les pattes… et une séance de retour en plénière, réunissant les divers protagonistes, direction , auditeur et les deux équipes du centre de formation, formatrices et administratrices.

J’y suis allée à reculons, maudissant par avance la perte précieuse d’heures de travail au profit du verbiage à la langue de bois dont l’endroit est coutumier. Au contraire, j’y ai trouvé quelques illuminations, propres à réunir de manière cohérente mes compétences de doc’ et mes projets personnels, à mi-chemin de ce vers quoi mes dadas m’ont amenée : en parallèle à l’écrivain public, qui marche assez bien à présent pour que je puisse choisir mes mandats, je mets en place de manière officielle un service de consulting en gestion de ressources documentaires, calqué sur ce que j’ai adoré de ma formation : la menée de projets ponctuels entre mandants et mandataires.


Cumulant mon expertise du domaine de la formation, celle que j’ai de l’association qui m’emploie et ses nouvelles visées mises au point avec l’auditeur externe, je peux être une personne de ressource à l’interface de deux mondes obligés de se côtoyer, mais un peu comme chien et chat.

Car je comprends le langage marketing qui offusque la formatrice persuadée quelque part que les décideurs sont inhumains, tout comme j'appréhende bien les nouveaux objectifs de la direction obligée de faire ce qu’il faut pour sortir des chiffres rouges, en ciblant son offre sur ce que demande le client potentiel. Je peux servir de dictionnaire de traduction entre les différents lexiques, qui recouvrent les mêmes processus – désamorçant au passage la croyance que si « l’autre » ne parle pas le même langage, il n’a pas le bagage que ce langage désigne.

 

Or, ce que les formatrices infirmières appellent « recueil de données », « analyse de situation par mise en évidence des ressources et des difficultés », cela s’appelle chez les gens du marketing « audit », « analyse de l’environnement » et « Forces / Faiblesses / Menaces / Opportunités ».

Donc, on fait la même chose ! Mais… alors que la formatrice créative pense qu’il serait bon de bâtir tel ou tel cours, le « marketeur » pose en complément cette évidence : l’offre doit rencontrer la demande du public potentiel. D’où la nécessité de prospecter le marché, de ne pas proposer le même cours que la concurrence, etc. Ce qui ne signifie pas que la créativité soit bridée, mais qu’elle peut être réorientée dans certains cours… ce qui rejoint totalement la transversalité des contenus si chère à mes collègues.

 

Entretien avec la direction dans trois jours pour voir si nos vues peuvent s'accorder… tenez-moi les pouces, les gens, quel pied si ça pouvait se mettre en place, tout ça.

 

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