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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 13:22

 

 

Y a bien longtemps que je n’ai parlé de polyamour, dis donc !



 

     C’est qu’après y avoir bien réfléchi, après avoir mis en mots ce que je ressentais, percuté sur pas mal de choses... le polyamour est en train de se refondre dans mon paysage, de s’y réintégrer, de se refaire sa place et avec plus de conviction intime et d'assurance. Du coup j’éprouve moins le besoin de le décrire.



Mais il y a autre chose; et à l’origine de ma toute première envie de quitter le forum polyamoureux, bien  des mois avant de le faire réellement : au bout d’une année de discussions toutes plus intéressantes les unes que les autres, l’arrivée de certaines nouvelles personnes m’a donné le sentiment de tourner en rond tel un hamster dans sa mécanique. Des réponses cruciales qui avaient déjà surgi n’étaient même pas lues… il fallait sans cesse répéter certains basiques, ou renvoyer le forumeur aux riches discussions qui s’étaient déroulées: j'avais faim de consommacteurs, pas d'oisillons affamés d'attention.


Ainsi, la fonction d’accueil à ce qu’il faut bien appeler, pour certaines, des détresses réelles, se confondait avec l’incurie et la paresse de certains autres à prendre connaissance des petits trésors que nous avions déjà amassés.

 

 


     J’avais envie d’avancer sur d’autres plans, de pousser plus loin sur la piste des réflexions que le polyamour ainsi formalisé m’avait ouvertes : remise en question du couple, certes. De la nature de l’amour, aussi. Péter les reins à une certaine société qui repointait le bout de son nez même là, en polyamour: fidélité à trois, entre autres grands principes moraux juste reportés... t'es polyamoureux si... t'es pas un vrai poly parce que... Ce qui convient à l'un ne convient pas à un autre! Pourquoi ton système devrait-il devenir le mien?


Et tant d’autres indices me paraissent tellement intéressants pour partir en chasse d'autres libertés: par exemple, la superposition - donc la possible séparation - du sexe et du genre; le libre-arbitre absolu de chacun, donc la difficile responsabilité d’assumer certains choix – et en parallèle, la nuée de faux prétextes pour rester scotché dans la mouise relationnelle… donc la prise de conscience de la nécessité de s’impliquer personnellement, individuellement, pour amorcer un changement qui ne peut se faire qu’en soi-même et par soi-même. Et par suite, le courage qu’il faut pour quitter les faux–semblants, cesser d’accuser la société, cette pieuvre impersonnelle et insaisissable, au contraire de soi-même.


Et d’un coup, tous ces soi-mêmes en mutation, décidant de changer quelque chose, quelle vision grandiose et gonflée d’espérance!


Il y avait aussi l’hypocrisie de la stigmatisation des putes, comme s’il suffisait de tarifer son sexe pour basculer irrémédiablement dans l’absence de morale – je connais personnellement des filles de joie qui en remontreraient à des politiciens bien en vue, sur le chapitre ! Et des mères de famille qui se contraignent à rester épouses, pour protéger leur progéniture ou leur quotidien de la misère. Ben oui, même chez les polyamoureux, on peut être intolérant.


Et aussi, mon souhait qu'on cesse de blatérer tels des chameaux, à répéter ce que nos parents nous appris à dire, à faire, plaquant seulement des principe entachés de judéo-christianisme coupables sur ce qui n'est même pas une révolution sentimentale, puisque pas mal de gens la vivent sans l'appeler polyamour... non,vraiment, perpétuer ainsi une morale dont nous appelons de tous nos vœux la disparition, moi j'appelle ça réinventer la roue ; l’humilité est nécessaire, du coup, pour se regarder en face et traquer la bienséance et le bien-pensisme dont tout marginal se prétend libéré. Sans blague, faut se donner ce foutu droit à l'erreur!

Et puis, j'aimerais proclamer et assumer l’immense part d’altruisme caché qu’il y a, c’est certain, à laisser les gens se fraiser en cherchant eux-mêmes comment grandir… Fermer sa grande gueule précisément quand on pense tellement avoir raison qu’on pourrait devenir le reflet des petits dictateurs que l’on dénonce: et pourquoi pas? Ca c'est du challenge, bordel à culs de vaches.


Et encore, je voudrais parler du bonheur d’avancer en s’appuyant ouvertement sur des tuteurs de résilience (Lam, merci encore, j’en ai eu "larmaloeil", que tu m’appelles ainsi…), fussent-ils des psychologues qu’on paie ou des penseurs libérés de la peur de paraître, ou encore des amis, des humanistes engagés…  votre voisin peut-être ?

 


 

     Alors, je proclame l'extension du domaine de la lutte : quid de l’amour filial, de l’amitié, de ces valeurs tarte-à-la-crème qui peuvent aussi bénéficier de quelques remaniements ?

 


 

Honnissez-moi si vous le voulez, je m'en cogne, oyez oyez.


J’ai cessé de fréquenter ma mère quand il s’est avéré que notre relation était devenue trop toxique ; à quoi bon maintenir le contact avec une personnalité-poison, sous prétexte qu’elle m’a portée, torchée, nourrie ? Ne me parlez pas d'amour maternel: froidement considéré, faire des mômes, c’était peut-être le seul choix qu’elle avait pour obtenir sa place en société, les mères adolescentes poussent ainsi leur cri de révolte contre l'autorité parentale.

Et si l'amour filial, c'est tolérer de recevoir des mauvais compliments, et de se laisser déverser dans les oreilles de la médisance au kilomètre, très peu pour moi. Je ne peux donner ici que ce j'ai reçu, tout comme la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a: à force de ne pas vouloir être ma mère pendant 40 ans, de se mettre en compétition avec ses propres filles, elle a juste conditionné le détachement que je peux ressentir devant une ex-amie... disons que mon amour filial ne s'est pas développé, tout simplement. Même la psy avec laquelle j'ai abordé la question (et qui m'exhorte par ailleurs à m'accepter telle que je suis, cherchez l'erreur...)  a bien de la peine à ne pas voir ça comme un problème à régler, dans le sens que la solution serait de rétablir ce lien. Pardon, mais... pourquoi faire? Autant équiper un sourd et malentendant avec des appareils coûteux quand il n'en a pas besoin dans son quotidien, s'il a développé d'autres canaux de communication.

 

Revenons z'à nos brebis: je garde avec ma sœur un lien chaleureux, quoique distendu, car elle est comme une amie d’enfance avec laquelle on trouve moyen de se soutenir malgré des choix et des opinions qui peuvent se heurter: on a comme qui dirait trouvé la bonne distance.


J’ai repris contact avec ma petite-cousine de presque 80 ans, car si elle est forte en gueule, son protestantisme constamment en recherche d’amélioration lui donne le respect de ses proches, même quand ils la choquent.


J’ai quitté quelques amies et amis quand l’équilibre entre les bons moments et les reproches ne s’est plus fait – ce qui est parfois survenu parce que je mettais en pratique ce que je découvrais des relations humaines en les décortiquant couche à couche : parfois, la pelure d’oignon est si sèche et sclérosée que ça vient tout seul, parfois c’est comme la croûte sur mes genoux de gamine, si tentante à soulever parce qu’elle baîlle d’un côté – tout-à-coup,  ça se remet à saigner. Alors, d'une manière ou d'une autre: ya basta.


Une des relations les plus équilibrées que j’aie, c’est avec mon ex beau-père, que je connais depuis 35 ans. Un autre Scorpion, une sacrée tête de cochon, une tronche de cake parfumée à la mansuétude, qui regarde les bonnes manières avec un rien de sarcasme qui me met le sourire en coin, ou cette moqueuse déférence qui brouille les pistes quand il le faut vraiment ; avec qui je peux m’engueuler de bonne foi, et que je peux retrouver avec une bonne claque dans le dos. L’amitié, c’est aussi être capable de se dire des choses désagréables, pourvu qu’elles fassent avancer. Un beau spécimen d’iconoclastie, oué.


 


     Pour poursuivre et étendre le raisonnement, la bienveillance n’est pas tant affaire d’amitié que d’indécrottable espérance vis-à-vis des possibilités de changement de l’être humain : même un ennemi ou un détracteur peuvent être moteur de changement, hé oui – ne serait-ce qu’en cultivant sa propre souplesse de réception, en triant le juste et le constructif dans les remarques faites, en négligeant la malveillance, délibérée ou pas…



Je crois en ceci : démontrer sans fustiger, faire après avoir dit, (ou au lieu de dire), préférer la force de l’exemple répété aux cortèges revendicateurs - qui ont quelque part un relent de révolte adolescente, dont on est tenté de dire en souriant « Vazy, ça te passera avant que ça me reprenne ». Quitte, malheureusement, à ce que tant de condescendance ne fasse que précipiter le clivage… autant d’archétypes se répondant par-dessus les têtes des individus.



Je préfère tabler sur l’humilité et l’engagement qui donnent l’élan, non pas de fracasser les moules, mais d’apprendre à les rendre juste malléables et sans brisure ; ce qui suppose de savoir attendre que le changement germe plus haut d’époque en époque, de génération en génération - histoire de cesser de prendre en otage nos semblables et nous-mêmes, pour nous faire croire qu'on est ceux et les seuls à faire quelque chose de déterminant.

La parité "tout de suite" par exemple, c’est une aberration : une politicienne fort capable a atteint dans mon pays la plus haute fonction, pour se faire casser ensuite lamentablement aux élections suivantes – elle n’était que la suivante sur la longue liste des femmes qu’on avait guettées au contour depuis 1984  - date de l'entrée de la première femme au Conseil Fédéral de Suisse - pour démontrer (vous voyez bien, citoyen !) que tout être pourvu de mammelles et d'un utérus se fourvoyait en politique, et faisait perdre son temps à la Confédération toute entière en s’aventurant hors du couloir des trois K (Kinder, Küche, Kirche – les enfants, la cuisine et l’église). Ces femmes sont sacrifiées sur l'autel de notre orgueil: quand elles doivent être meilleures que les hommes pour le même poste, si c'est encore de la parité, ça, là je rends mon tablier.


Pas besoin d’aller bien loin ni de  stigmatiser d’autres pays et se requinquer ainsi  le moral et la morale en désignant le machisme d’autres cultures : Big Brother is watching you, décidément, car on a tout ce qu’il faut ici, en Europe centrale, mais en plus insidieux et en assez discret pour que le pékin lambda puisse encore croire que la Nature détermine quoi que ce soit de l’Humanité et de la Féminité (Elisabeth Badinter vise si juste avec un ouvrage comme « Le conflit : la femme et la mère « ! Allez-y voir comment on est si souvent déchirées par ce dont on a été imprégnées, au point de croire que ce sont nos valeurs personnelles…)

Bref, débiner autrui pour croire se hausser à son niveau est une des défenses mentales les mieux rodées lorsque l’estime de soi fait défaut.

 

 

 

     Laissez sécher et se fendiller les moules pour ne pas être tentés de les reprendre pendant que les vôtres, les nouveaux, les individuels n’ont pas fini de sécher, parce que, précisément, s’ils séchaient ils ne pourraient plus changer de forme ! Gardez-les humides et malléables …


Et souvenez-vous que tout comme la particularité intrinsèque du polyamour, c’est qu’il est poly, à deux, à trois, quatre, homo, hétéro, multiple, changeant, fluctuant, et ne souffre aucune définition morale, ni projection de valeurs, mais se considère au quotidien comme le terrain de l’éthique par excellence… donc, disé-je, souvenez-vous que le polyamour est indéfinissable, sauf peut-être sur le terme « amour », qui reste de l’amour quelle que soit sa forme. Autant de polyamours que de relations, en somme. Un accident de la vie, aussi.


 Car si le polyamour devient une arme pour admettre ses semblables ou les exclure, il ne mérite même plus de parler d’amour.


Quant à l’amour précisément, même quand il fait mal et met à l’épreuve, il fait grandir, et je trouve que c’est sa fonction première, son alpha et son oméga. Avec qui, beaucoup, comment, par-derrière ou par-devant, on s’en tape : un sentiment n’a ni côtés, ni tangentes, ni médianes, ni haut ou bas, et aucun sexe ni aucun genre non plus. Et puis nom de nom, commencez par vous aimer vous-même, prenez soin de vous, ça vous fera pas de mal de vous faire du bien. Prenez le temps de vous écouter, et de répercuter ce soin autour de vous: prenez soin d'écouter ce qu'on vous dit, de comprendre l'intention, de vous donner gratuitement à qui vous fait le cadeau de vous parler - même s'il le fait mal, c'est parce que vous avez ce pouvoir: l'interpeller. Vous vous donnez ainsi un peu de paix, parce que vous prenez de la distance, et ainsi, le moyen de décider de la maintenir, l'agrandir ou de la réduire en continuant l'échange.

 

 

     Tout comme dans l’exercice intéressant et périlleux qui consiste, justement, à séparer le sexe et le genre, tentez la séparation de "poly" et d’ "amour " : si vous mettez votre énergie à débusquer ce que la morale et la société vous ont appris, et à en extraire votre vision personnelle, je vous garantis un sacré voyage humain pour pas un rond.

 


 

     Mmmhhh, c’est si bon, parfois, l’introspection. Branlez-vous un peu le cerveau et le coeur, vous ne ferez que mieux vous connaître vous-mêmes, et vous donner la possibilité de montrer à autrui comment vous faire du bien!

 

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