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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 13:54

 

Je fuis la cohabitation avec les humains.

 

Un temps, j’ai vécu la colocation, dans le sens qu’il me suffisait de savoir que dans les autres chambres de la maison vivaient des personnes que je pouvais croiser le temps d’une soirée si le cœur m’en disait. A présent, j’apprécie trop ma solitude, de pouvoir larguer mes vêtements passée la porte de mon appart’, de marmonner comme une sorcière et de ne vivre qu’à mon rythme.

 

Là, je fatigue de devoir rappeler à ma voisine du dessus que le fait d’estimer qu’elle fait ce qu’elle veut chez elle jusqu’à 22 00 ne la dispense pas de penser en termes de bon voisinage, lorsqu’elle veut écouter de la musique en-dessus d’un certain nombre de décibels.  J’ai pris mon parti de vivre en-dessous de ce jeune éléphant, qui doit larguer ses chaussures de deux mètres de haut en rentrant de boîte vers les minuits en semaine, vers les deux heures le week-end…

Ce qui me gonfle dans mon voisinage également : la poussette qui voyage le long des boîtes aux lettres, une autre voisine qui descend les escaliers à 6 30 le matin en talons sonnants, les lessives qui passent sur essorage après 22 00 (toute la maison en tremble, mon lit avance tout seul vers le milieu de la pièce…), enfin bref, tout ce qui fait que je laisse des billets à la concierge pour qu’elle fasse respecter ce qu’elle est censée faire respecter; ou sur la porte d’entrée de l’immeuble avant de lui écrire, de guerre lasse…

 

La vie avec un chat me convient bien, par contre.

 

 

Toute môme, j’ai vu arriver le tigré qui vécut 20 ans avec nous : j’ai appris de mon père la sieste avec une boule de poils pelotonnée contre soi, ou un peu plus loin, ou avec la main posée sur elle. L’apaisement que cela procure est difficile à décrire : pour peu que le chat se mette à ronronner, on a droit à une berceuse très efficace.

 

Zorro ronronne assez discrètement. Zorro aime ma compagnie, j’aime la sienne, on est paisibles… Nous avons développé une communication particulière : je lui parle, je lui roucoule des choses, il m’imite dans ses miaulements, et même ses mimiques quand il ouvre la gueule sans qu’un son en sorte. Nous avons des codes silencieux, des complicités, différentes sortes de câlins : de tête quand nous sommes à la même altitude, de mains et de pieds quand je le croise au milieu de la nuit – il vient presque se jucher sur mes arpions, collant son flanc contre ma jambe, appréciant le pétrissage que je lui prodigue. Ou alors il débarque trempé comme une soupe, pour se faire étriller au papier de ménage qu’il adore. La véto m’a dit l’autre jour qu’il avait un poil superbe, je pense que c’est autant de vivre en câlins que la bouffe que je lui prodigue : si l’ordinaire est fait de croquettes, il a souvent un petit bout de ce que je mange, jambon et Cie, bien sûr, mais aussi des choses plus inattendues, comme le fromage frais et fait, les plats épicés, la glace. le pain. Sa curiosité alimentaire me met en joie.

 

J’aime aussi nous retrouver, quand chacun a eu sa dose de distance ; nos salutations brèves, pour retourner chacun à nos occupations. Le chat est un être qui oscille sans arrêt entre le fusionnel et le fissionnel : s’il ne veut pas venir à vous, vous pouvez toujours vous brosser. Il se respecte, et j‘aime les êtres qui sont à l’écoute d’eux-mêmes. Il choisit ma compagnie par envie, pas par besoin.

 

Avec chaque chat qui a partagé mon quotidien, la relation était aussi différente  qu’avec les différents hommes que j’ai côtoyés ; mais vivre sous le même toit avec  un homme qui veut quelque chose de la relation, plus que cette cohabitation tranquille, ça m’angoisse. A mon âge, ce serait de préparer la retraite… puisque ce ne serait plus pour me faire un enfant. Mais je le dis tout net: chacun ses chaussettes sales.

 

Bref, vivre avec un chat, c’est mon quotidien depuis toujours, même s’il y a eu des périodes « sans ». Chaque chat qui a habité sous mon toit, j’ai pu l’accueillir parce que pour celui-ci, celui-ci et celui-ci, j‘acceptais, au nom de la relation qu’on avait, de remplir des devoirs qui n’en étaient pas, au final : lui implanter une puce, le faire vacciner, le protéger contre les vers et les tiques, bref, lui assurer l’aisance de pouvoir aller et venir, et même de me quitter si l’envie lui en prenait. Avec parfois l’inquiétude et le pincement au cœur quand la bête ne réapparaissait pas pendant quelque temps, et tout le déchirement de me rendre à l’évidence qu’il avait dû mourir entretemps, quand il ne vivait pas ses derniers instants dans mes bras.

 

J’ai plus l’habitude des chats que des gens, voilà tout. Et puis… les chats sont moins compliqués, moins stressés, moins angoissés.

 

Là, juste un truc : Zorro copine avec un mulot qui a pris ses quartiers à la maison. Mieux que ça : ses aises ! Je le regarde aller et venir dans les petites bouffes que je lui laisse ici et là, faire son gymkhana entre l’emballage du beurre, trois miettes de pain et un bout de pomme…  Zorro le suit pas à pas, franquème ou razmoquette, mais l’observant plus que le chassant. Pourquoi, je ne sais pas, d’habitude, les souris ne font pas de vieux os ici. Le mulot est plus volumineux, peut-être qu'il se défend mieux? En tous cas, il est sacrément culotté, s’approche des moustaches du katz, grignote tranquillement devant son nez. Parfois détale quand il réalise que le chat est vraiment au-dessus de ses oreilles.  Au moment où Zorro fait mine de lui sauter dessus et que je me dis « cette fois, Mickey, t’es cuit», il casse son mouvement à mi-course : c’était juste pour le faire bouger… En terminant ces lignes, j'assiste même à une scène qui me fait hurler de rire: Mousli s'aventure sous le flanc de Zorro accroupi, qui fait un bond de surprise en arrière!  Je reprends cet article 20' plus tard: voilà le riquiqui qui s'est aventuré là où je suis étendue à regarder la téloche, mon PC ouvert à proximité: le mulot est juché sur la souris, tranquillou... Zorro qui sommeille juste à côté se réveille en sursaut, nez à nez avec Machinet, et les deux battent en retraite! Tom et Jerry, en somme.

 

A suivre… 


Mais au fait je voulais vous dire : les perce-neiges sont enfin dehors. Vieux motard que j’aimais !

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commentaires

T
It was really interesting to read your story life with a cat. Like you mentioned here we all will have such experience during our academic days. I think you really miss your roommate now. That old lady staying at the top floor of the apartment is really a funny character.
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  • : Le blog de Clémentine
  • : Mmmhhh... voyons voir. Il va y avoir: - des billets d'humeur - les trucs du quotidien qui me font gondoler - vous aussi, si tout va bien - des réflexions éthiques (eh oui, je m'en pique) - les aventures de Zorro le chat, qui apprend la vie en sautant dans une baignoire ou des WC qu'il croit vide ou au couvercle rabattu - des choses comme ça, quoi
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