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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 00:03

     Quand le polyamour arrive sur la table, la première réaction des non-polyamoureux est souvent liée à l’idée du sexe libre et sans contrainte. J’en parle à mes trois copines de diplôme, qui ont à peu près 25 ans de moins que moi : « Ah ? Vous baisez tous ensemble quand vous avez une rencontre ? ». Mmmh, ça c’est du libertinage, poussinette. Et, en passant, ce n’est pas « sssale », comme dirait De Caunes en docteur Toub’ sur Radio Foun. Mais ce n'est pas ça, le polyamour. Il y a certes une idée de liberté, mais pondérée.

 

Etre libre ne signifie pas être heureux, mais tenter de le devenir et de le rester en y travaillant, avec des hauts et des bas, car s'extraire du modèle mono demande beaucoup d'efforts, en continu - quoiqu'au bout d'un moment, l'entraînement au lâcher-prise porte ses fruits!

 

Un de mes intérêts pour le polyamour réside en ceci: chercher l'équilibre du système sans imposer le sien propre. Ce qui signifie que chaque configuration est différente, établit ses propres règles, et que si quelqu'un commence à souffrir, on tente de rechercher pourquoi, on se soutient, sans briser.

 

 

      On ne m'ôtera pas de l'idée que c'est une évolution majeure des rites de rencontre et d'échanges des richesses individuelles en général, au contraire du jugement étriqué qu'on peut porter sur la supposée "insoutenable légèreté de l'être" qui  est attribuée au polyamoureux. Ce qui me fait dire que cette manière d'envisager ses amours fait partie d'un courant plus vaste, plus accueillant.

Car en stigmatisant le polyamour comme une manière déguisée de s’autoriser le libertinage, on fait fi de son aspect de pluralité de relations sentimentales. Les deux ne s'excluent pas forcément, mais c'est la proportion d'attente, de liberté, de vécu à l'égard des deux qui est différente selon chacun.  Les polyamoureux sont poussés à le devenir pour des raisons différentes : l'hédonisme, l'éthique, la preuve par les actes que le polyamour est possible... une bisexualité, une trajectoire de vie, ni pire ni meilleure que celle d’un monoamoureux; et aussi, un nom pratique et flatteur qu’un homme en plein démon de midi pose sur sa retombée en adolescence…  Le vide affectif parfois - faut pas se voiler la face : le polyamour pour assurer ses arrières affectivement, ne jamais être démuni, équilibrer une relation qui fait mal, etc... ça existe.

 

     Pour moi, moins qu'une situation nette, c'est un moyen de grandir, en se posant les bonnes questions sur des choses que nous remettons en question. Chacun a sa propre constellation, en devenir ;  catégoriser les relations, c'est risquer de se remettre dans des petites boîtes auxquelles le polyamoureux cherche précisément à échapper.

Méthode essai et erreur, c'est comme ça qu'on avance. Sinon, on n'essaie jamais rien, on ne tente rien, et qui ne tente rien n'a rien, on peut pas savoir avant d'avoir essayé, et je peux vous le chanter sur tous les tons et de toutes les manières, bon dieu si on pouvait se pardonner d'être imparfait et en train de chercher comment vivre au mieux de ses envies et de ses valeurs... ce serait déjà pas si mal.

 

     Il me semble que plus ça va, plus je tombe sur des témoignages  de gens polyamoureux affirmés qui avouent, clairement ou à demi-mot, que s'ils rencontraient une personne avec laquelle ils seraient totalement comblés, ils laisseraient choir les autres en ne gardant que l'amitié.

Coup dur, là. Polyamour par manque? Pour combler un ou des besoins? Dont on n'a pas même conscience du vide qu'il(s) crée(nt)? Comme par dépit, mais à chaque fois un espoir de cadrer mieux avec la morale, l'entourage, la société. Moments de lassitude peut-être, comme une envie de baisser les bras?

Ca me laisse pensive, ça ouvre aussi la dimension du temps; celui qu'on se laisse pour évoluer et aux autres... pour s'habituer au fait que chacun a son propre paysage, mais qu'il peut en plus évoluer, sembler régresser, vouloir ménager les uns et les autres.

De même, quand des gens cherchent un polyamour où tous les partenaires s'aimeraient d'amour égal, c'est une autre manière de vouloir éviter la réalité. Si cette configuration existe, elle est aussi intéressante et difficile à vivre que n'importe quel polyamour. Mais c'est un idéal... et le fruit du hasard. Aussi fortuit que d’aimer tous ses enfants aussi fort ; on ne peut que les aimer différemment, puisqu’on ne peut donner son attention que de manière différente, à des gosses qui sont différents … et leurs besoins itou.


     Mono, poly... c'est pas un jeu d'opérations immobilières, si j'ose dire. Le plus gros morceau, parce qu'il doit sans cesse se régénérer, c'est la capacité d'ouverture à ce qui va, ou qui ! va croiser notre route. On est toujours capable de s'inventer des petites boîtes où caser des doses d'amour de réserve en cas de coup dur, si on craint cet aspect des choses. Je le dis: la vie c'est risqué. Des fois on se sent fort, des fois moins. Je ne peux m’empêcher de penser qu’une des raisons de fréquenter un cercle de polyamoureux, c’est de tenter de court-circuiter la possible souffrance d’entamer une belle relation avec un(e) non –polyamoureux(se), relation qui pourrait se casser la gueule quand le polyamour pointe son nez. Une manière de se mettre en sécurité ; et pourquoi pas. Mais ce serait dommage que ça devienne un ghetto sentimental : comme ça, ça vous a une aura de « Tournez ménage »… avec un Didier Bourdon à fonds de chopes qui bafouillerait avec une patate chaude dans la bouche « Après la réunion, est-ce que tu veux bien qu’on tombe amoureux ? ». Le polyamour est une chose que j'ai en commun avec des gens avec lesquels on ne peut mutuellement pas s'encadrer par ailleurs!


Ca me semble aussi bizarre de décider de se focaliser sur un groupe qui a un mode de vie amoureux particulier, qui peut changer tout le long de la vie, en plus... que de se focaliser sur une personne. Faudrait voir à ne pas devenir monomaniaque du polyamour !

Mon idée, finalement, c'est qu'on fait de notre mieux quand on est d'accord d'accueillir aussi les zones d'ombre que l'essai de vivre en polyamoureux comporte... la vie, c'est ce qui arrive pendant qu'on fait des tas de projets; au quotidien, elle nous ramène à quelques nids de poule assez cahoteux à passer, et là, je crois plus au courage qu'aux envolées lyriques... même les miennes...

Tiens, juste pour rajouter un nid de poule, voilà une situation particulière :

Le gars initiateur d’un site polyamoureux a freiné le jeu car sa douce ne le supportait pas; mais en gardant tout juste son rôle de modérateur.
Après un enfant, une maison, et une dernière année de relation platonique, finalement c'est elle qui tombe amoureuse de manière poly, et doit le réconforter car lui est dans une solitude terrible... Arroseur arrosé, comme il le dit lui-même. Cherchez l'erreur?

Plus près de moi, le cher G.O., fou d’amour pour une chérie qui n’est pas poly elle-même, et cette belle décision pleine de respect : vivre en mono quelques mois, puis aviser. Le temps d’y réfléchir, à la fois à l’idée, et à leur relation. Qu’est-ce que  j’ai aimé lire ça, quand il nous en a parlé ! Comme quoi, c’est extrêmement important de ne pas se rigidifier dans ce modèle-là non plus.

 

     Au final, tenter le polyamour, c’est embarquer pour de beaux voyages, et parfois ardus ! en Amourzonie et Sexoland. Sortez vos machettes, y’ a des rideaux de lianes et parfois il faut juste faire un sacré détour…

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commentaires

C
Merci. ça fait du bien de se sentir un peu moins seule. <br /> Être polyamoureux-se, c'est tout sauf facile. On a beau vouloir la combattre, la normativité, elle est profondément installée dans nos cerveaux. Elle étouffe nos coeurs!<br /> Même quand ça pourrait être simple, ça ne l'est pas. On ne devient pas poly parce que c'est cool, ça nous tombe dessus comme n'importe qui tombe amoureux. <br /> Si je suis devenue poly amoureuse ce n'est pas par manque. Mon homme, mon premier, me comblait, nous avons une vie amoureuse heureuse, une famillle, il est mon confident. Depuis toujours, je peux tout lui dire. C'est donc naturellement (mais prudemment) que je lui ai dit ce qui se passait dans ma tête et dans mon coeur. Il nous a fallut du temps pour accepter la situation à tous les 3. L'amour en double.. Aujourd'hui, j'ai de la chance, cette si étrange relation dont j'ai besoin existe. Mais elle n'existe que pour nous. J'ai bien essayé d'en parlé à nos amis, mais je, nous passons pour des dérangés, des enfants égarés quand c'est pas pire (salope, manipulatrice...). Aucun ne se demande comment je le vis. Ils se contentent de faire des raccourcis: "ce n'est pas possible, pas envisageable pour moi, alors tu mens, tu ne peux pas avoir deux relations honnêtes". Alors pour essayer de vivre heureux, nous vivons cachés Pour essayer de vivre heureux, nous vivons dans le mensonge. Trois complices, contre le monde, la société, le regard des gens, nos amis, nos parents et dans une moindre mesure nos enfants (même si c'est pour les protéger, c'est eux qui en souffriraient le plus, du regard des gens...).<br /> J'essaie de ne pas trop penser à l'avenir à long terme, parce qu'il est tellement incertain qu'il me fait oublier toute la chance que j'ai d'avoir aujourd'hui deux amoureux (bien différents), deux amis, amants, confidents...dont je n'imagine plus la vie sans eux.. <br /> Il n'est pas exclu qu'ils aient quelqu'un d'autre, même si ce n'est pas le cas pour l'instant, nous en parlons souvent...<br /> En bref, ça se passe bien, mais non, ce n'est pas simple. <br /> <br /> Amicalement.<br /> Cassy
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P
<br /> Super merci !! Je te suis :-)!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Et toi, pour te suivre, pour te back-linker, c'est comment qu'on fait?<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Salut ! Je m'interesse au polyamour et aux relations amoureuses en général. J'ai crée une page sur Fb qui s'intitule "JE T'AIME". Je fais un peu le tour des blogs pour trouver des témoignages et<br /> les mettre en ligne et tu fais parti des zeureuzes élues. Je voulais t'en avertir, car si ça te gène, je le supprime... Mais vu qu'on peut mettre ton blog en partage je me suis servie. Sympa ton<br /> blog!<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Poly ou Polypas?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci de ton commentaire - avec plaisir pour la référence en partage.<br /> <br /> <br /> Bonne prospection!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Merci Fred, explorons en effet, il y a tellement de facettes à la liberté!<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Poly amour ,ou mono?<br /> Renommer ce concept le rendra peu etre accessible pour ceux que le mot polygamme ou monogamme effraient....Usage polygamme majoritairement interdit par les codes civiles en occident....<br /> <br /> Tu cite "le démon de midi", il est a mon sens une des formes les moins honnete du libertinage.<br /> Car la liberté que s'octroie l'un ,l'autre dois également pouvoir en disposer,et profiter de cette ré-assurance ; renouer avec la séduction ,est des plus plaisant.<br /> Et finalement bénéfique a l'épanouissement de chacun ,car ernergétiquement porteur.<br /> <br /> Libertinage ,le mot est laché,et non ce n'est pas sale du tout tu l'as dis ,juste en dehors des sentier battu .<br /> En absence de trame amoureuse "typique" la communication dois alors primée.<br /> Mais etre face a son propre desir est déja parfois vertigineux ,alors le partager avec l'autre...pourtant cela dois etre fait.<br /> <br /> Poly,libertin,ou plus simplement hédoniste.<br /> Un chemin exaltant et escarpé.<br /> Promesse de sublime horizons<br /> Et de désespoir profond<br /> face a nos immensités,<br /> des plus lumineuse,aux plus marécageuse.<br /> <br /> Est ce un Passage?<br /> ou bien un fondement?<br /> <br /> Explorons<br /> <br /> fred<br /> <br /> <br />
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