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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 10:25

 

         Salut tout le monde, je vous remercie d'être là et de me lire. Ce sera peut-être la première et dernière fois, mais je sais que vous venez, pour certains, régulièrement. C'est donc que vous trouvez intéressant ce que je raconte. Parfois, on m'écrit, et je remercie globalement ceux qui le font: même si je ne réponds pas forcément, ce dont vous me faites part est toujours un cadeau, que je dois parfois digérer avant de revenir.

L'objet du jour: confrontée régulièrement à la déception de gens à mon égard, ou à leurs collages d’étiquettes, et n’échappant pas moi-même au mécanisme de défense qu’est la projection, je me suis attelée à un petit extrait et résumé de plusieurs articles de Wikipedia.

A l’origine de l’envie de pondre cet article, quelques épisodes tout frais, et moins frais :

 

-      En formation continue, je me suis vue affublée d’une aura de recherche de pouvoir et de leadership par plusieurs personnes, ou une aura de composite entre mère Teresa et Batman. J’ai bien vu qu’aucune introspection publique - portant sur ce qui était l’utilisation de compétences recherchées par le groupe entier, et dont l’utilisation avait sa place au début d’un travail collectif… explication par ailleurs validée et même pressentie par d’autres personnes de ce même groupe… n’allait changer l’étiquette qui m’était collée. J’ai compris que cette perception appartenait aux personnes, et que rien de ce que je disais n’allait la changer, en voyant que certains se permettaient, sur la base de leur perception, de donner des leçons.

 

-      Sur un forum, l’intervention d’une tierce personne dans un dialogue porteur de changement a conduit à une échange de messages privés avec cette tierce personne, démontrant que l’écoute n’était pas au rendez-vous, mais les projections, si, et au tracto-pelle de chantier. La déception mutuelle est sortie au grand jour…

 

Dans les deux cas, après que ce que je considère comme de l’énergie et du courage de confrontation, de l‘assertivité en somme ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Assertivit%C3%A9 ), ait été systématiquement interprété comme de la colère et de l’affrontement, je me suis retirée des débats avec un sentiment d’impuissance, qui s’est mué les jours suivants en lâcher-prise libérateur.

 

Voyons voir tout ça…

 

           Déception : amertume, chagrin, crève-cœur, dépit, désenchantement, désillusion.

Etre déçu de quelqu’un, c’est quoi ?

La déception est une réponse qu’on se donne à soi-même lorsque le fantasme au sujet d’une personne a pris le pas sur la confrontation avec la réalité. En quoi la déception ressentie à l’égard d’une personne nous protège-elle ?

La protection que représente le blâme exprimé envers la personne qui nous déçoit préserve de la dépression liée au travail psychique de réajustement, qui passe par l’empathie - être capable de ressentir ce que  l’autre éprouve, au contraire de la compassion, qui est de l’ordre de se mettre à souffrir avec la personne.

C’est un mécanisme de défense dont l’autre est exclu en tant que sujet, personne réelle, parce qu’il est utilisé comme objet, support d’un fantasme, d’une ombre chinoise mentale. C’est un stratagème dont se sert le Moi lors de conflit interne. Un processus inconscient, et utilisé pour ajuster sa vision du monde en se tournant vers ses fantasmes plutôt que vers la réalité d’une personne qui se manifeste comme très différente de l'image élaborée à son sujet. Puisque l’image qu’on s’est faite de quelqu’un ne correspond pas à sa réalité, elle se réajuste non pas en le considérant comme sujet, mais en le désignant comme un mauvais objet - un objet de plus, juste un autre.

C’est une adaptation pour survivre émotionnellement, une économie psychique qui réduit et supprime toute modification susceptible de mettre en danger l'intégrité et la constance de l’individu.

 

            Car le Moi se défend surtout contre l'angoisse. En quoi ce mécanisme de défense nous parle-t-il de nous ?  La critique à l’égard de qui nous déçoit a deux pôles : soit se défendre contre l’image qui nous est renvoyée de nous-mêmes, car ce qui nous choque chez autrui est quelque chose qui nous choque en nous, soit une chose que l’on ne s’autorise pas à soi-même, et ce dernier pôle s’apparente à l’envie.

 

L'individu met inconsciemment en place des moyens pour déformer la réalité et rejeter certaines émotions hors de sa conscience. Ainsi, un mécanisme de défense sert souvent à diminuer l'anxiété ou la dépression ressentie ; il soulage donc momentanément.

 

Le mécanisme de défense gère l’angoisse de la confrontation à des représentations inconscientes, en générant le refoulement contre des pulsions cherchant la libération de l’individu. C’est une opération mentale par laquelle le sujet repousse et maintient à distance de la conscience des représentations considérées comme désagréables, et inconciliables avec sa représentation de lui-même. C’est en somme la confrontation entre sa carte de visite et sa maison elle-même. Le refoulement touche donc la représentation, qui se construit par les impressions, les souvenirs, les valeurs.

 

           Le refoulement, entre autres, a pour fonction de maintenir une unité de la personne, de construire ou de maintenir un bloc cohérent: ce qui ne convient pas est inconsciemment renvoyé aux limbes.

 

Il entraîne des mécanismes complexes de désinvestissement et de contre-investissements : se retirer d’une relation, ou la reconstruire dans une autre représentation, tout aussi peu centrée sur le processus de découvrir qui est la personne en face.

 

           Il s’agit de résistance au changement de perception, de représentation, qui suppose une remise en question personnelle : accepter d’abord que nous nous sommes leurrés tout seuls sur quelqu’un, mais aussi que nous nous trompons sur nous-mêmes et sur notre faculté à accepter la réalité de la vraie personne, au contraire de l’image qu’on s’en est faite. C’est de l’ordre de sortir de la pensée magique qui maintient l’interlocuteur dans une alternative restrictive : correspondre à l’image que nous avons de lui, ou lui faire porter la responsabilité de notre déception lorsqu’il exprime, en fait, qu’il n’est pas celui que nous croyons. Un résidu de la construction du monde de notre enfance, quand haïr momentanément qui l'on aime représente un réfexe de survie émotionnelle.

 

Exemple à tiroirs multiples: j’ai eu comme colocataire une personne qui prétendait constamment ne pas avoir dit ce qu’elle avait dit : elle conjurait ainsi le danger d’être confrontée à sa propre réalité. Alors que j’avais momentanément réglé la tension en fixant un délai de six mois pour décider de continuer ce partenariat de location ou le rompre, quand l’échéance arriva et que je lui fis part de ma décision de quitter l’appartement, elle s’effondra, ayant tenu pour acquis que le moratoire n’avait été qu’une période positive de réajustement.

Or cette période n’avait fait que mener à la formation de ce qu’on appelle un « objet bizarre », le résultat d’une impossibilité à accepter l’intégrité d’une relation qui devait s’accommoder de bons et moins bons aspects de cette colocation. Le clivage qui en aurait résulté nous aurait donné la possibilité de séparer ces aspects, et de continuer la colocation, en travaillant sur leur différenciation et leur reconnaissance. C’est le besoin que ce soit génial ou, sinon, à chier, ce besoin d’extrêmes lui-même, qui a amené l’abandon de la vie sous le même toit.

 

           L’ "objet bizarre" est une construction de l’esprit, qui refoule un sentiment qui lui est propre, et en fait porter inconsciemment la responsabilité à un objet de son entourage. L'objet qui est alors perçu n'est plus représentatif de la réalité, mais d'un mélange entre la réalité et ce qui a été projeté dans l'objet. Et, réellement, il est bizarre, tant il est malléable et de nature si plastique qu'il peut être tordu dans tous les sens pour servir à éviter le noeud du problème.

C'est le langage qui va fournir au Moi tous ses mécanismes de défense: les figures de rhétorique, par exemple en insistant sur la forme de ce qui a été dit, ou en prenant une petite partie du litige pour le surgonfler en l'arbre qui cache la forêt, exerce sur le discours provenant de l'inconscient une auto-censure, même sous couvert d’expression.

On peut alors aboutir au fantasme, comme une fixation mentale ou une croyance irraisonnée pouvant, dans certains cas, conduire à des actes excessifs.

            Le fantasme se comprend comme une élaboration dérivée de plusieurs éléments, mettant en jeu différentes pulsions inscrites dans l'histoire de la personne. C’est la formation d’un compromis avec soi-même, en élaborant un discours en partie conscient et en partie inconscient.

Ce discours est une représentation mentale du monde extérieur, qui associe une perception à une idée, une catégorie de faits, une image mentale, un symbole ou un modèle explicatif, bref en construisant ou en confortant un idéal qui se heurtera forcément à la réalité toute crue de l’autre, tant qu'il n'est pas accepté comme sujet indépendant de notre fantasme.

 

En somme, ce serait comme se faire mal en faisant porter le chapeau à l'autre (être déçu et projeter sa déception sur un objet sans rapport avec le sujet réel) pour éviter d’avoir encore plus mal (changer sa vision du sujet, l’accepter comme sujet et par extension changer la vision de soi-même) en chamboulant ses défenses : en bref, faire porter à l’objet le poids de sa déception-à-soi, au contraire de l’accueillir comme il est, en personne pour toujours distincte de ce que nous en imaginons.

 

La seule parade que j’ai trouvée à ce mécanisme dont je ne suis pas exempte, c’est l’écoute ; l‘écoute active, et la reformulation, et leur cortège de validations, de quittances, qui mettent en paix en posant en évidence que chacun est différent, même si nous nous pensons semblables dans nos valeurs et nos croyances.

Je trouve bon et nécessaire de reconnaître ses sentiments au préalable, c'est même indispensable: comment puis-je métaboliser l'énervement que je ressens et le transcender, donc me remettre en selle avec moi-même dans la relation avec la personne, si je n'exprime pas ce ressentiment? Corollairement, d'accepter de ressentir une émotion réputée négative?

 

Bon, je vous laisse, j’ai une brioche au four en train de lever, et ensuite il faudra la cuire, et je voudrais pas arriver trop tard aux 60 ans de mon ex beau-père.

Bon dimanche, tous.

 

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commentaires

S
Bonjour,<br /> les mécanismes de projestion peuvent ils être liés à nos rêves d'enfant ?<br /> par exemple, je rêve d un homme parfait comme dans les contes de fée à tel point que j en oublie de voir qu il n est qu un homme avec ses défauts ?<br /> du coup je me dis que peut être nos récits aux enfants les amènent à perdre parfois pieds avec une certaine réalité qu ils rencontreront plus tard....<br /> une jeune fille pensant qu un homme ne peut aimer qu elle et se bat pour elle va projeter sur lui une fidélité et un amour inconditionnel. comment rattraper cette image si elle se retrouve confronté à l infidélité ? lui expliquer que c est une projection et lui rappeler les règles d une certaine réalité alors qu en tant que parent nous avons véhiculé une idée différente à la base ? je pense que certaines douleurs nous ont été induites par les récits dans lesquels l enfant se construit... l acceptation de l autre en tant que tel est donc une remise en question bien profonde de nos fondements<br /> qu en pensez-vous ?<br /> sanrda
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