J'émerge de mon sipapu*

*Sipapu : dans la mythologie hopi, c’est un brin de paille, un chalumeau sacré qui permit aux hommes d’émerger, de palier en palier, jusqu’au niveau où ils en sont actuellement. Il est symbolisé, dans les kivas sacrées, par une petite excavation ronde dans le sol.

Le bébé tout neuf va bien… je me réjouis de faire sa connaissance…

Mon côlon va bien, aussi, dit le bon docteur… ma machine à mieux respirer est arrivée, je m’habitue à son look de grille-pain et à héberger sur mon nez le mini-masque à olives narinaires… il ne fait même pas de bruit : par rapport aux chars d’assaut poussifs que j’ai connus il y a 35 ans, c’est prodigieux, je dois dire. L’air qui en sort sent légèrement l’amidon, je me crois dans une blanchisserie, c’est pas désagréable. Le dispositif ne dérange même pas mon Zorro – ici et là, je le vois juste reculer prudemment devant ce qui doit ressembler pour lui à un serpent : le tuyau.

J’en ressens déjà les effets bénéfiques, ça fait 12 jours et mon temps d’utilisation grimpe gentiment, il y a un mieux concernant la fatigue, ça va prendre encore 10 jours pour voir arriver le changement réel, m’a dit l’infirmier de la Ligue Pulmonaire. Félicitations, déjà, pour avoir réussi aussi vite à intégrer ce changement dans mes routines.

Je prends toute amélioration : faire les courses, voilà qui m’était même devenu pesant, et j’y vais avec allant depuis quelques jours, quel changement. J’ai à nouveau envie de me faire plaisir en allant voir des expositions à Pétaouchnok, et je prépare une petite excursion à Lyon pour voir les maquettes réalisées à partir des croquis de Leonard de Vinci.

L’autre soir, souper chinois, très délicieux après la semaine de privation pour l’examen de la tuyauterie – en compagnie de Cat’Pom ; on a parlé boutique, elle semble avoir enfin trouvé une place en soins à dom’ qui lui plaît durablement, et qui traite le genre de conneries harcelantes que j’ai vécues cette dernière année en organisant illico une réunion entre le plaignant, la personne dont il se plaint et la patronne. Le système est plus souple, mais aussi plus demandeur d’investissement – sur un petit pourcentage, ça paraît attrayant.

J’envisage de rejoindre cette équipe plutôt que les grosses boîtes intérimaires habituelles, quand la situation avec mon poste actuel se sera résolue… et si la facturation se fait régulièrement (ça traîne parfois). Il faut simplement que je puisse travailler en appoint ici et là, si nécessaire, et à côté d’une activité pro désormais centrée sur la formation et la prise en charge d’apprentis en souffrance : l’année écoulée m’a confortée dans le sentiment que c’est mon super-créneau de compétences, car ce genre d’activité me plénifie. Je cherche un poste en rapport, désormais – et en priorité.

Le week-end était calme, sans histoires… l’autre soir, grand bonheur de revoir la Sissi et le Vince, on se connaît depuis 20 ans maintenant, on s’en souvient bien parce qu’on a fait connaissance chez une copine commune, Sissi attendait leur fils aîné, qui prépare actuellement sa matu en raccordement, dans le but de devenir biologiste marin…

Comme d’hab’, Vince a calé plus tôt que Sissi, alors on est restées encore un moment au balcon à comparer nos univers de travail respectifs (elle travaille pour les achats d’une entreprise internationale, elle manie des contrats de plusieurs dizaines de millions) ; ça se ressemble étrangement question ambiance… là où je dis « pétaudière », elle dit « vague scélérate », on compare et on croirait qu’on bosse pour les mêmes patrons, parfois.

L’autre jour, visite à mon interlocutrice du centre de santé au travail, pour les dernières nouvelles : j’ai avancé ces dernières semaines avec mon doc’ et avec l’AI concernant l’aide à sortir définitivement des soins de terrain. Les choses devraient devenir plus nettes avec mon employeur d’ci Nouvel An, dans le sens d’un licenciement légal pour congé-maladie prolongé au-delà de six mois. Il faut que je me mette les idées au clair sur la manière de faire le pas, en douceur… car j’ai encore eu un long téléphone avec ma cheffe directe, qui me parle de recommencer à travailler à petit pourcentage et en statut « accompagnement » (un genre de période protégée comme lors de l’introduction) ; alors qu’à l’idée de cette perspective, je fais un bras d’honneur très décidé envers l’association – ce taf, ça me rend malade, rien qu’à l’idée, je me gratte furieusement, mentalement parlant.

Si dans l’intervalle je trouve un autre job dans mon domaine d’élection, une négociation est possible pour transiter d’un employeur à l’autre sans remettre les pieds dans les tournées.

Paradoxalement protégée par mes ennuis de santé, je dirais : la longue procédure d’examens divers en vue de la chirurgie de l’estomac peut encore amener de nouveaux éléments, y compris de pouvoir m’en passer si la machine à respirer la nuit corrige suffisamment le tir; car d’après mes recherches sur les retombées des apnées, qui affolent les hormones du stress et de l’appétit, donc favorise une prise de poids inexorable, c’est bien possible que mon sipapu amène un gros changement – notamment de faire autre chose de mon temps libre que rester comme une larve devant la télé, même s’il y a plein de trucs super intéressants qui passent. Donc... faire de l'exercice, bouger, juste bouger plus, comme avant.

Je dois aussi m’attendre à un contact et une visite de l’assureur… et j’ai bien capté qu’il ne faut rien masquer de ce que je vis au quotidien, le recevoir sans m’apprêter spécialement : une des clientes du centre s’est mise dans une situation très pénible, en voulant sauver les apparences. Donc bien coiffée et maquillée, elle a accueilli le visiteur avec un café, un appart’ nickel… conclusion : elle était bonne pour recommencer à bosser, alors qu’elle était en panique rien que d’y penser. 3 mois de procédure et d’interventions de la part du centre de santé au travail, pour pouvoir inverser la décision, 3 mois de perdus pour ce qui est de se faire du bien, car se battre avec l’administration, c’est pas du gâteau.

Aquagym repris… et comme les nouveaux horaires sont sortis, je vois que je pourrais y aller plus qu’une fois par semaine, et pourquoi pas, surtout que mon temps m’est dédié - à moi et ma petite santé.

Il me reste donc à me taper : un US abdominal (gnognotte), une densitométrie osseuse (gnognotte aussi), mais par contre une pHmétrie (donc un mauvais moment à passer du style endoscopie de l’estomac, tuyau dans la gorge, jusque dans l’estomac).

Et pour faire plaisir à la cheffe de clinique, quelques rencontres avec une psychologue spécialiste des troubles alimentaires… histoire de faire le point sur mes nombreuses prises de conscience et les actions correctives entreprises depuis que j’ai compris que j’avais un rapport émotif avec mon assiette (depuis mes 7 ans ?) … et officialiser que rien de plus ne peut être fait de ce point de vue.

M’en fous, ça m’occupe… et l’assurance me rembourse des sommes folles cette année, que je vais pouvoir mettre sur mon 3 ème pilier (sauf si la Hyundai entame son chant du cygne, mais avec un moteur qui n’a que 3 ans d’âge c’est peu probable). Alors bon, continuons joyeusement nos visites médicales diverses.

Envie aussi de prendre soin de ma coquetterie revenue, ongles, maquillage… dont acte, les rendez-vous sont pris.

C’est le Lundi du Jeûne, pour une fois il fait beau, j’ai vu les branches basses des érables du Japon qui commencent à rougir, ce matin en allant me chercher mon poison préféré (des Camel Silver, toutes légères).

J’avais un chouette contact sur le net, qui après une rencontre, s’est effiloché : j’ai vu la différence entre un discours larmoyant et négatif, rancunier et facilement disqualifiant, et une attitude de légèreté - assez bizarre, le hiatus. J’ai pris de la distance, pas envie de m’investir, et ce type a le don de faire fuir les gens, je le savais mais ne l’avais pas encore expérimenté !

Je ne m’occupe que de moi, en priorité, et na. De retrouver mon rythme et mes enthousiasmes, mes curiosités, de profiter des bons moments.

 CPAP, sipapu...

Je respire. Littéralement!