Douces Pâques

Et voilà le printemps joli, que je perçois surtout lorsque je pars pour mes gardes vespérales : il fait jour assez longtemps pour que j’achève régulièrement mes tournées à la tombée de la nuit, et c’est pas dommage.

Voilà qu’il fait une chaleur de ouf dans l’habitacle de ma petite voiture lorsque j’y entre et que le soleil est là. J’expédie mes petits contrôles , pommades et gougouttes du soir, je rentre relativement tôt… pas vraiment l’impression de travailler… donc côté job alimentaire je ne la sens guère passer, car en plus, satisfaction de voir remise à l’ordre l’emmerdeuse qui exigeait que tout dépassement d’une minute – une minute ! du temps prévu pour un soin lui soit signalé et argumenté, bonheur de voir cesser ses messages débiles. Bon, quand même, une année passée à signaler ses débordements réguliers à ma cheffe, qui a fini par en faire part à son chef à elle. Quelle paix, quel silence. Je continue à cultiver la tricherie continuelle (et encouragée) de la facturation, et les vaches sont bien gardées.

Et en même temps je m’occupe bien de mes apprenties, l’une aussi molle que sa poignée de main, l’autre qui n’ose pas dire quand elle n’a pas compris : renforcer ces demoiselles, et leur faire passer leur semestre – ce qui veut dire pour la mollachue qu’elle aura enfin son papier d’assistante médicale, et bon débarras. J’en sors avec la banane, ça me fait un bien fou !

On arrive au bout avec le gardien de prison qui fait son brevet fédéral, son référent est très content… là aussi, une immense satisfaction. En plus des contacts nombreux sur la plateforme d’enseignement aux particuliers, toujours plus de mandats, et je me permets d’en recaler certains, de ne prendre que ce qui me tente vraiment.

Essai de passer à un autre médoc, qui m’a foutu nausées, gerbes, bouffées de chaleur et vertiges ; donc retour à celui qui depuis deux ans me permet de me tenir la tête hors de l’eau quand je constate, au moins une fois par jour de travail, à quel point les soins à dom sont devenus une pétaudière. Là, je travaille sans me demander quelle va être la prochaine supposée erreur que je vais commettre, et je peux m’envisager dans ce poste encore le temps nécessaire à ne plus travailler que comme formatrice, et même les 6, 5 ans qui me restent avant la retraite. Et va savoir, comme Flo m’implique dans ses projets pros, il est possible que dans deux ans je puisse donner ma dém’…

La femme de ménage est venue 3 fois, ça respire mieux. Je me suis offert un matelas très cher et très confortable… un homme à tout faire va venir redonner un petit coup d’éclat à l’appart’, et mes placards de cuisine vont passer du bleu canard au beau rouge profond des robes tibétaines… mes papiers sont triés, pas encore rangés – mais du moins je vais pouvoir attaquer ma feuille d’impôts, une victoire chaque année ! Et mon balcon redevient enfin habitable, 3 ans après l’arrachage des buissons touffus qui me protégeaient de la rue et des vis-à-vis.

Et puis, forte d’une nouvelle énergie bienvenue, j’ai mis en branle un projet pour larguer définitivement les 25 kilos que j’ai mis entre la vie et moi depuis la ménopause, plus les 15 kilos accumulés par frustration de ne pas vivre vraiment ce que je voulais. On verra bien, ça devrait passer par une opération l’an prochain ; en attendant, j’abats peu à peu les obstacles qui me séparent du billard, examen de l’estomac, des poumons, un peu de labo… histoire d’aller consulter  l’équipe qui pourra me donner le feu vert.

Je me suis enfin guérie de cette bizarre relation que j’avais avec Nick, qui fête sa première année avec sa doudou. C’est toujours mon meilleur copain, ma meilleure copine et un compagnon de vie précieux – mais j’ai cessé de compter sur lui ; et je ne me gêne plus pour lui refléter qu’il peut prendre de mes nouvelles sans attendre que je pointe mon nez, quelque chose se rééquilibre là aussi.  

A bientôt 60 ans, il semble que j’aie fait la paix avec la plupart de mes vieux démons.

On respire plus large !