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13 juillet 2015 1 13 /07 /juillet /2015 08:31

 

 

Mon pote le Nick est venu bruncher hier, après être descendu en vélo de sa montagne, sous-estimant nettement le temps nécessaire pour se taper les 16 kils de descente en virolets.

 

Œufs sur jambon, beignets chinois vapeur, une tripotée de fruits de saison, des toasts, des gommes odorantes – chèvre et vache – on s’en est mis jusque-là. Je lui ai improvisé un cacao en faisant fondre deux barres maltées dans du lait, bref, un bon petit démarrage de journée.

 

Sa louise, avec laquelle ça péclotait depuis un bon moment, lui a enfin donné une réponse nette… enfin, plus nette que jusqu’ici. Assortie d’une avalanche de reproches imaginaires et infondés -  je connais assez le Nick pour le savoir. La donzelle a besoin de broder, OK.

Du coup, comme il a déjà fait son travail de deuil depuis des mois, il a lâché subitement un de ses sujets préférés de conversation. C’est pas dommage, depuis le temps que tout le monde autour lui disait de s’occuper plutôt de ses fesses... Déjà, je lui ai fait remarquer qu'il défend mieux son temps, qu'il ne l'accorde plus d'entrée de jeu, sans pour autant se justifier.

 

On a donc causé de choses personnelles, intimes. De nos choix professionnels, déjà ; il était bon en maths, la section scientifique lui a été une voie toute désignée par les autres. Puis l’ingénierie en environnement, c’était un choix par élimination, l’important étant de faire l’EPFL – la filière était nouvelle, on commençait à parler d’écologie. J’apprends donc que ce n’est ni une vocation ni même une envie particulière qui l’a amené là, mais une trajectoire « par défaut ». Je suis surprise, quand même…

Voilà qui m’a emmenée sur des chemins de réflexion fertiles ; par un jeu de réseautage cérébral que j’aurais bien de la peine à décrire, j’en suis venue à penser que ce qui fait ma force professionnelle, c’est l’adaptabilité nécessaire pour passer d’un remplacement à l’autre. Je me souviens qu’à l’époque où je ne faisais que de l’intérim, traverser une journée de travail en utilisant simplement mes compétences diverses faisait de moi une collaboratrice éphémère mais débrouillarde, allant simplement demander des précisions quand j’en avais besoin ; j’étais une sorte de fantôme fiable – combien de fois, en fin de matinée, la leader du jour est venue penaude confier son remords de ne pas être venue plus souvent me demander comment ça se passait.

Je me souviens de cette période comme d’un temps béni où j’accomplissais mes journées, mes tâches et mes devoirs en mon âme et conscience, devant peut-être veiller à ne pas faire plus que ce qui était requis même si je savais le faire. J’avais le sentiment que pour une fois je tenais le couteau par le manche : faire ce qu’il y avait à faire, offrir mon aide si je finissais avant les autres (souvent) et si le cœur m’en disait, puis faire signer ma feuille d’heures pour le temps exact passé à travailler. Légèreté d’esprit en cadeau Bonux, car échapper à la routine et la responsabilité du jour, en soi, ce sont des présents inestimables.

De plus en plus, ne pas savoir exactement ce qui figurera sur mes fiches de paie en fin de mois, je m’en tamponne le coquillard. En regard du confort de pouvoir aller chez l’hygiéniste dentaire quand ça m’arrange, de prendre quelques jours de congé à la demande, de la disponibilité cérébrale que ça offre – et dont j’ai bien besoin pour me pencher sur mes dadas – ça ne pèse pas lourd. Et si le problème, c’est de travailler un mois à 60% et le mois suivant à 100%, alors pour casser la routine, moi ça me va.

A bien y regarder, je trouve étrange, rétrospectivement, d’avoir flippé pour ma caisse de retraite. OK, c’était un sacré coup de me rendre compte qu’il allait manquer tout ce que je n’avais pas épargné pour pouvoir accomplir mes études de documentaliste, mais je ne m’explique guère comment j’ai pu envisager, moi, de passer les dix prochaines années à faire la fourmi. La seule chose qui me vienne à l’esprit, c’est que le cumul de coups durs ces deux dernières années a comme empilé des couches de crasse mentale qui m'ont oblitéré le raisonnement.

Entre les deux derniers jobs et la rupture avec ma partenaire formatrice, le paysage plaisant que j’avais envisagé s’était transformé en une taïga désolée. J’avais abandonné mon idée de me partager entre la formation d'adultes et un taf destiné à faire simplement bouillir la marmite, en espérant réduire progressivement le deuxième à la portion la plus congrue possible.

Mais voilà que le ciel se dégage, et que j’y repense ; je me suis surprise à chercher hier quelle police conviendrait pour l’en-tête du site que j’ai à bâtir et poser les bases de mon petit rêve… Je pensais à mon dernier neveu, tout frais émoulu de sa formation de designer interactif, qui va certainement accepter de me concocter une bannière originale et de me piloter pour le site à venir. Voilà que le courant électrique semble se remettre à passer…

 

Comment ai-je pu oublier que les postes de responsable m’ont toujours cassé les pieds ? Car c’est simple : être la personne de ressource pour une équipe signifie que l’on est constamment dérangé pour aiguiller les gens, et que pendant ce temps-là, le travail que personne d’autre ne peut accomplir ne se fait pas tout seul. De plus, on sert de fusible pour les situations délicates, et c’est pour moi une lutte intestine durissime que de ne pas mettre à un collaborateur indélicat le nez dans sa merde.

 

Bref.

Le brunch s’est terminé sur une petite musique d’avenir : le pote Nick s’apprête à passer sa dernière année dans son poste d’enseignant, pour rejoindre un cabinet d’ingénieurs. Sachant qu’il pourrait se faire des couilles en or dans sa spécialité, mais cherchant désormais à transmettre son savoir, car il goûte énormément ce rôle, il envisage de maintenir une partie de ses occupations dans le créneau. Et comme je lui ai redit que notre collaboration me donnait une bouffée d’oxygène vitale, qu’il m’a bien entendue dire que je comptais sur lui pour m’entraîner dans son sillage autant que possible, eh bien si je recoupe toutes les données, il se pourrait qu’il monte gentiment un secteur de formation en parallèle ou avec le cabinet, va savoir… et qu’il m’y introduise. Et puis, en reconsidérant mon parcours de ces 5 dernières années, je vois que mon super-créneau de formatrice, c'est, indéniablement, le "Soutien au travail de fin d'études: structuration, écriture, production de bibliographies et défense". Qu'on se le dise! Entre la haute école d'ingénieurs et la précédente expérience en Ecole supérieure de tourisme, ça se confirme.

 

 

On verra…

 

J’ai une bonne année devant moi pour me replonger tranquillement dans le trend « intérim », voir ce que ça donne. Et bien que je n’aie aucune réserve financière particulière et que je prête bêtement attention aux avertissements de mon horoscope me prédisant des factures inattendues, zé m’en fous, là, en ce moment.

 

Oh, je me connais assez pour savoir que des petites bouffées d’inquiétude vont ressurgir ici et là, mais dans l’ensemble, entre mon état mental d’il y a 6 semaines et à présent, y a pas photo.

Je recompose une toile aux à-plats divers, un ensemble à la Nicolas de Staël – un de ses tableaux dépeint une marina en négatif, je reste des heures devant en me demandant comment il s’y prenait pour rendre les noirs lumineux.

 

Tiens, Sophie Davant est passée hier soir à "Sept à huit"  pour parler de son livre et de sa quinquénitude... En quelques pages de l'introduction que je lis sur Internet, je décide d'aller acheter ce bouquin: au lieu de la crise de la quarantaine, c'est bien de celle de la cinquantaine qu'il parle. Je traverse cette même zone trouble d'insatisfaction voilée et difficile à formuler, à bien y regarder. Son discours me botte, envie de voir comment elle a passé ce cap

 

 

Ce matin, je suis en paix ; Zorro perd du volume… le ciel est voilé, la température agréable.

 

Mais que demande le peuple ?

 

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