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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 22:00

 

 

Il y a quelques années, de la part de quelqu’un aux intentions ambiguës (un donneur de leçons, sûrement), j’ai reçu la remarque que je me mettais décidément à dos tout le monde, successivement, encore et encore.

 

C’était pendant cette période où je nouais des contacts sur la toile, en des forums divers. Je n’y restais jamais longtemps, refroidie par l’incroyable facilité de l’internaute moyen à sortir des saloperies gratuites à de parfaits inconnus, sans doute à cause de la distance virtuelle. Pas moyen d’échanger calmement sur nos valeurs respectives sans des circonlocutions qui s’éternisaient, ou des démentis d’intention fatigants.

 

 

Ce quelqu’un m’a sorti, avec pas mal de condescendance, que je cherchais les embrouilles en une attitude immature de provocation, peut-être. Le genre de personne qui cultive la psychologie à la petite semaine ; ça me met toujours mal à l’aise quand quelqu’un fait une sortie de ce genre, d’un air entendu… je suis plutôt gênée d'avoir entendu dire une grosse connerie...

 

 

A part ça, cette déclaration ne m’avait pas touchée, ce genre de propos m’incite plutôt à écourter la conversation, et à mettre la personne dans la colonne « à éviter » : temps perdu.

 

Ne pas répondre, au début j’ai trouvé dur, puis de moins en moins, au fur et à mesure qu’un ultime besoin de me justifier, ou de me défendre, s’effilochait. A la fin, je trouve ça jouissif, de mettre cette distance et de passer à autre chose. C’est une aptitude enrichissante, que d’arriver à passer à autre chose en évitant l’affrontement potentiel – qui me parlait d’attitude provocatrice, au fait ?

 

 

C’était quand même interpellant, de ne pas me sentir émue par la remarque en question.

 

 

Je crois que je viens de comprendre aujourd’hui pourquoi.

 

 

C’est que plus ça va, plus j’ai à cœur d’agir en restant loyale à mes valeurs.

 

J’ai toujours été une nomade professionnelle, je m’emmerde vite ; au bout de deux trois ans, il faut que je bouge, pour aller apprendre autre chose ailleurs. Les années passant, la fréquence n’a guère changé, même si en apparence je suis restée dix ans dans une structure. Et puis une dizaine d’années passée au sein de pools divers m’a préservée de l’ennui profond : aligner sur le même mois des journées en pédiatrie, ORL, chirurgie maxillo-faciale et soins continus de cardiologie, ça me donnait des bouffées d’oxygène.

 

A présent, je m’emmerde toujours aussi vite : après la période « découverte » où j’appréhende le cadre et ses limites, il y a la période « pâte-à-modeler », où j’explore comment le cadre peut s’étirer dans une dimension ou l’autre : je cherche les court-circuits, les facilitations, tout ce qui va me permettre de gagner du temps et de l’énergie.

 

Dans le même temps, je découvre ce qui ne va pas coller avec mes valeurs, et je tiens encore, le temps d’espérer concilier mes attentes et les exigences de la place.

 

 

Et puis je fous le camp, avide de retrouver le même schéma qui me tient en haleine et me stimule.

 

 

Au passage, il paraît inévitable que des frictions apparaissent, car je tiens avant tout à me respecter, et le job qui me rapporte le plus pour le moment est un taf dont le background me hérisse : il baigne dans l’irrespect de la force de travail et des compétences qu’il représente. On a beau ne plus porter la cornette, ni faire la prière dans les écoles d’infirmières, ça ne date que de 40 ans en arrière. Les symptômes ont disparu mais l’ambiance reste difficile à modifier !

 

 

Fatalement, en tentant d’équilibrer mes besoins dans le cade de mes fonctions, je tombe sur des gaps. Ne souhaitant pas autrement m’en accommoder, sachant que dans cette profession l’expertise est très demandée, je n’ai aucune appréhension pour mon avenir – d’autant plus que je dispose d’un bachelor de documentaliste, et bientôt, d’un brevet fédéral de formatrice.

 

En quelque sorte, je me suis donnée les moyens de faire la moue et de pouvoir m’en aller. Et une des dernières valeurs que j’ai découverte comme fondamentale à mes yeux, c’est de dire les choses librement.

 

Le problème, c’est que quand je cause librement à quelqu’un qui n’est ou ne se se sent pas libre, le déséquilibre se fait. Exemple récent : j’ai annoncé que j’allais m’en aller de mon job, sans produire pour autant de lettre de démission formelle, donc sans date fixe. L’annonce s’accompagnait d’explications sur ce qui ne me convient pas, mettait le doigt sur des incohérences d’attribution des tâches, des doubles contraintes évidentes.

 

Et bien ce besoin de franchise a eu comme conséquence qu’un compte-rendu d’entretien a été produit ensuite, tordant mes propos :  je parlais avant tout de temps trop court pour mener à bien tout ce qu’il y a à faire, et voilà que je parais, dans ce compte-rendu de merde, comme la fille qui n’est pas à sa place là où elle est. Faut le faire ! Pourtant, les entreprises de production de produits ou de services sont avides de savoir comment s’améliorer pour garder leur clientèle ; faut croire que quelqu’un se sent vachement puissant, dans l’histoire, pour ne pas tenir compte de remarques honnêtes et honnêtement faites. Et même, pour produire des réponses indignes de nos intelligences respectives… et aux limites du grotesque achevé.

 

 

Bref. Par conséquent, voyant que ma loyauté n’avait pas de répondant, j’ai décidé que je mettais fin à mes rapports de travail au plus vite, alors que jusque-là j’avais annoncé donner le double du délai que je dois, histoire de ne pas mettre l’équipe dans un embarras supplémentaire, mon départ se superposant probablement à celui d’un collègue.

 

Je n’ai rien à devoir à une hiérarchie incapable d’entendre certaines vérités, faute  d’être capable de les considérer avec justesse, surtout si elles sont criantes de vérité.

 

 

Il se peut que j’aie d’autres définitions et applications de mots tels que « fair-play », « droiture », « loyauté », « confiance ». La moralité ambiante me pète les couilles, je cultive une éthique plus personnelle qui m'amène à considérer, par exemple, que le suicide est un droit absolu, le vol une possibilité de se faire justice soi-même, le meurtre aussi… L’ « œil pour œil, dent pour dent » du Kanoun me paraît équitable dans certains cas. Et la peine de mort un objet bizarre qui conduit à remettre en santé un condamné pour pouvoir le flinguer ensuite.

 

 

Bref, je tente de vivre selon cette éthique. Et c’est ça qui fait que je semble aligner les provocs.

 

 

Pourtant, j’essaie juste de vivre avec droiture, rien de plus. Je pense que je me sentirai absolument libre seulement quand je serai à la retraite…

 

 

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